dimanche 21 octobre 2018

Sujet du Merc. 24/10/2018 : L’homme est-il bon par nature ?


L’homme est-il bon par nature ?

Dans  son  œuvre  Rousseau  juge  de  Jean-Jacques  (1772-1776),  le philosophe écrivait : «  La nature a fait l’homme heureux et bon, mais la
société le déprave et le rend misérable ». Rousseau critique tout au long de
sa vie la société de son temps et l’oppose continuellement à l’état de nature de l’homme.
 
 L’état de nature n’est pas à interpréter comme une vérité historique
mais comme un outil de réflexion créer par et pour les philosophes. Cette
notion  de  philosophie  politique,  qui  s’oppose  à  l’état  civil,  désigne  la situation dans laquelle l'humanité se serait trouvée avant l'émergence de la société et avant l’institution du droit.

Si cette hypothèse d’un état de nature  ayant  précédé  l’apparition  d’une  société  ne  fait  nullement  l’objet  d’une  véracité historique, il est utile d’en avoir une idée pour distinguer en l'homme ce qui vient de sa nature de ce qui vient de la société. 

Dans  un  état  de  nature  ou  seul  les  aptitudes  physiques  viennent
restreindre la liberté de l’homme, ce dernier serait-il bon ou instaurerait-il un état de guerre universelle ? 

Selon  Rousseau,  l’homme  naturel  est  animé  par  deux  passions  :
l’amour de soi, c’est à dire l’instinct de conservation, et la pitié que l’auteur définit comme la «  répugnance naturelle à voir périr ou souffrir tout être sensible et principalement nos semblables ».

C’est à partir de cette réflexion qu’il tire son idée maitresse selon laquelle l’homme est naturellement bon et que c’est la société qui le corrompt : «  J’ose presque assurer que l’état de réflexion est un état contre nature et que l’homme qui médite est un animal  dépravé.  » Rousseau Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755). Cela signifie que l’instinct de l’homme le pousse à faire le bien et ce même si il est libre de toutes lois pouvant le contraindre.

Cependant, il faut dissocier la bonté de l’homme de sa moralité. Dans la  théorie de Rousseau, l’homme naturel n’est pas moral car pour accéder à une forme de moralité il devrait développer une conscience du bien et du mal et entretenir des relations constantes et durables avec ses semblables,
ce qu'il ne peut faire qu'en accédant à l'état social. 

 Thomas Hobbes est l’un des premiers à introduire la notion d’état de
nature et il la décrit comme un « état de guerre de chacun contre chacun »,
Léviathan (1651). Il expose dans ses oeuvres sa conviction que l’absence de loi et de chef inspirant la peur entrainerait nécessairement la guerre entre les individus. 
La volonté de nuire en l’état de nature est aussi en tous les hommes : mais
 elle  ne  procède  pas  toujours  d’une  même  cause,  et  n’est  pas toujours également blâmable” Hobbes.

Le philosophe insiste sur le fait que la guerre entre les hommes à l’état de
 nature  ne  serait  pas  le  fruit  d’une  haine  incontrôlé  et  instinctive  mais résulterait de 3 principaux facteurs :
 La  rivalité  :  les  hommes  convoiteraient  les  biens  de  leurs  pairs  (qu’il s’agisse de biens matériels, des femmes, de la force de travail…).
La  méfiance  :  les  hommes  n’ayant  pas  de  lois  pour  les  protéger,  ils
pourraient attaquer leur semblables dans un objectif de sécurité.
La fierté : les hommes pourraient se battre avec leur pairs pour acquérir
 une réputation.

 L’état de nature dans la philosophie de Hobbes n’est donc pas viable, à long terme, pour les hommes et il montre la nécessité d’instaurer un contrat social garantissant des droits et des devoirs la nécessité d’un chef (Léviathan) inspirant une peur suffisante pour le garantir.

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