lundi 19 mars 2018

Sujet du Merc. 21/03 : Conséquences de la déconstruction des valeurs.


     Conséquences de la déconstruction des valeurs.

L’humain est un animal grégaire assez remarquable. Chaque individu agit au sein d’une société en interaction les uns avec les autres. « Ces relations entre individus sont des « relations sociales ». Les relations sociales forment les « valeurs sociales » et celles-ci se manifestent sous la forme de « normes sociales » qui, inscrites au plus profond de la conscience des gens, servent à orienter leur comportement dans la société. » (Diogène, 2008/1 (n°221), p.73)
Ces valeurs sociales sont donc des attributs et des perceptions qu’une personne partage avec des membres de son groupe social. Elles peuvent être constitutives d’une morale qui peut permettre de juger des actes et construire une éthique personnelle. Elles ont un double statut à la fois subjectif, car elles sont constitutives d’un ressenties par les individus, mais aussi d’une certaine manière objectives, car partagées socialement.
Dans leurs ouvrages De la justification (Gallimard, 1991), le sociologue Luc Boltanski et l’économiste Laurent Thévenot considèrent qu’une valeur ne peut avoir un statut universel, mais au contraire tout un système de valeurs relativement disjointes, qu’ils appellent des « cités » et qui constituent des ensembles cohérents de référentiels, normes, figures, etc. Ils estiment que chaque individu n’est pas enfermé dans un système de valeurs, mais qu’il peut mettre en place plusieurs d’entre elles en fonction des situations.
Cette première approche d’une définition de la valeur nous permet de mettre en évidence que celle-ci peut varier dans l’espace et dans le temps.

Pour Montaigne, il y a avant tout une somme d’usage et de tradition à laquelle une société adhère, car cela lui donne une cohésion dans l’espace et dans le temps et le fait d’affirmer que cette tradition relèverait d’une morale, et donc d’une somme de valeurs, serait une forme de justification apostériori de quelques choses qui est déjà là, une justification politique. Si nos usages sont les nôtres, qu’ils sont déjà là et nous permettes de vivre ensemble, c’est que c’est bien. C’est pour cela que les doctrines politiques reposant sur la morale sont bien souvent conservatrice, elles font l’apologie de ce qui est toujours en place. L’apologie de la tradition sur l’invention.
Les progressifs sont parfois vus par les personnes qui leur sont opposés, comme des personnes immorales à cause de leurs désirent de changement, du fait qu’ils bouleversent l’ordre établi, la tradition déjà présente et donc le système de valeur en place.

Nous vivons à une époque où nos sociétés sont en pleine mutation. L’éclatement de nos institutions traditionnelles ainsi que l’émergence des effets de la philosophie libertaire sur les individus ont induit des conceptions différentes de la société et par conséquent des valeurs politiques. La déconstruction des valeurs ne serait-ce donc pas plutôt une reconstruction des valeurs qui correspondrait à ces nouvelles conceptions de la société? Pour autant, les débats qui rythment notre société depuis plusieurs années montrent un clivage important entre les personnes qui sont toujours dans le prisme des valeurs traditionnelles et ceux qui rejettent ces anciennes valeurs.
L’idée d’une société partageant dans son ensemble des mêmes valeurs semble être une idée utopique. Mais est-il encore possible de construire des consensus politiques responsables sans mettre en avant des valeurs et sans céder à une panique morale, car c’est comme cela que devrait fonctionner la démocratie? Une société des valeurs ne saurait être une société de droit et cela serait l’inverse de la démocratie.

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