dimanche 19 mars 2017

Sujet du 22/03/2017 : LA POLITIQUE EST-ELLE L'AFFAIRE DE TOUS ?



LA POLITIQUE EST-ELLE L'AFFAIRE DE TOUS ?

L'origine du mot « politique » est grecque et renvoie à l'idée de cité, « polis », qui désigne la communauté des citoyens. La politique a donc, à priori, une dimension collective. En Grèce, les hommes délibéraient pour décider de ce qui valait le mieux pour tous (démocratie).

Envisageons deux dimensions de la politique :

-La première : tous les citoyens ont le droit et le devoir civique de participer aux décisions dont les conséquences sont d'ordre public. C'est dans leur intérêt.

-D'un autre côté, la politique peut être un métier pour certains, relatif à l'exercice du pouvoir de commander. En ce sens, elle ne semble concerner que ceux qui s'engagent et elle devient alors une affaire de professionnels.

Que penser de cette dualité ?
La politique nous apparaît être un domaine particulier, à côté d'autre sphères de la vie humaine comme le travail, la famille, les loisirs, ou la religion pour certains. Mais elle tient son originalité du fait qu'elle concerne le pouvoir par lequel les hommes organisent les règles de leur vie en commun.
Cette dimension collective semble donc la définir comme étant l'affaire de tous. Mais certains revendiquent leur apolitisme. Sur quoi fondent-ils leur position ? (nous le verrons plus loin)
La politique est en outre un métier pour quelques personnes avec ses codes. Ne devient-elle pas alors une activité spécialisée en contradiction avec son premier sens ?

Lorsque nous disons d'un sujet que c'est notre affaire, nous indiquons clairement qu'il nous concerne car une partie au moins de nos intérêts est en jeu. Inversement, dire à quelqu'un de s'occuper de ses affaires c'est lui signifier que le sujet n'est pas de son ressort et qu'il y prend un intérêt illégitime (curiosité malveillante).
Aristote soutient que « l'Homme est un animal politique »et que le but de la politique n'est pas le simple fait de vivre en communauté (ce que certains animaux savent faire), mai de bien vivre ensemble. Vaut-il mieux une monarchie, une aristocratie, une démocratie ? Pour cela il importe que les citoyens puissent délibérer sans contrainte. Le pouvoir doit être régulièrement  mis « au centre » pour rappeler aux dirigeants du moment qu'ils n'en sont pas propriétaires à vie.
La politique est donc ce domaine où les hommes, rendus égaux par l'obéissance à des lois, s'efforcent de s'accorder sur la façon de faire régner une liberté commune.
Ceci contraste cependant avec une opinion qui estime que la politique est du seul domaine de ceux qui en font leur métier.
Max Weber souligne que la société moderne est fondée sur une division poussée du travail, et l'activité politique a ainsi pris les traits d'une profession.
Mais un candidat à l'élection présidentielle devra avoir fait ses preuves en ayant participé à des gouvernements car la vie politique demande de l'expérience. Et un homme ou une femme dépourvue de justice et de sens moral porte atteinte à la possibilité d'une vie commune aussi bonne que possible
La politique est-elle donc une technique ?
L'exercice du pouvoir requiert des qualités que tout le monde n'a pas. Un savoir-faire est nécessaire, qui n'est pas que l'application d'un savoir théorique. La responsabilité d'un dirigeant est immense car c'est la communauté qui sera touchée par les conséquences de son choix.
Machiavel dans « le prince », s'est attaché à décrire les façons dont un dirigeant devait se comporter pour régner durablement. Il soutient qu'un gouvernant qui voudrait se conduire moralement ne pourrait durer car les hommes sont toujours en guerre pour le pouvoir.
Nous comprenons ainsi les plaintes que l'opinion adresse sans cesse à la politique. Cette dernière est une technique au sens où elle consiste à utiliser les autres pour qu'ils(les dirigeants) servent les fins.
Tout ne serait donc que stratagème?(humm....) Ainsi, les gouvernés se sentent exclus et dominés par ces calculs.

L'apolitisme prend en partie sa source dans cette réalité. Certains déclarent que la politique n'est pas leur affaire car ils sont excédés par ces rivalités incessantes. La politique est alors jugée par eux inefficace.
Mais ce phénomène est tempéré par le fait que la société civile n'est pas prête à laisser les professionnels (de la politique) gouverner sans rendre des comptes.

En bref, l'accaparement de la chose publique par une solide alliance de l'oligarchie politique et de l'oligarchie économique sont les maux dont souffre la démocratie et contre quoi il faut rappeler que la politique est l'affaire de tous et que la souveraineté populaire ne doit pas s'exprimer qu'au moment des votes !...

En conclusion, il apparaît que la réponse au sujet est positive.

Cependant dire que la politique est l'affaire de tous ne signifie pas pour autant que tout est politique, ni que ceux qui ne veulent pas s'y intéresser n'assument pas leur responsabilité d'homme.
Cela signifie plutôt que chacun est concerné, dans la mesure où la décision politique a des conséquences collectives et que la politique n'est pas que l'affaire des politiciens de métier.
L'enjeu réside donc dans la capacité et la volonté à mettre en place des instances de délibération, de confrontation des idées et des intérêts, indispensables à toute vie politique.

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