LA POLITIQUE EST-ELLE L'AFFAIRE DE TOUS ?
L'origine
du mot « politique » est grecque et renvoie à l'idée de cité,
« polis », qui désigne la communauté des citoyens. La politique a
donc, à priori, une dimension collective. En Grèce, les hommes délibéraient
pour décider de ce qui valait le mieux pour tous (démocratie).
Envisageons
deux dimensions de la politique :
-La
première : tous les citoyens ont le droit et le devoir civique de
participer aux décisions dont les conséquences sont d'ordre public. C'est dans
leur intérêt.
-D'un
autre côté, la politique peut être un métier pour certains, relatif à
l'exercice du pouvoir de commander. En ce sens, elle ne semble concerner que
ceux qui s'engagent et elle devient alors une affaire de professionnels.
Que
penser de cette dualité ?
La
politique nous apparaît être un domaine particulier, à côté d'autre sphères de
la vie humaine comme le travail, la famille, les loisirs, ou la religion pour
certains. Mais elle tient son originalité du fait qu'elle concerne le pouvoir
par lequel les hommes organisent les règles de leur vie en commun.
Cette
dimension collective semble donc la définir comme étant l'affaire de tous. Mais
certains revendiquent leur apolitisme. Sur quoi fondent-ils leur
position ? (nous le verrons plus loin)
La
politique est en outre un métier pour quelques personnes avec ses codes. Ne
devient-elle pas alors une activité spécialisée en contradiction avec
son premier sens ?
Lorsque
nous disons d'un sujet que c'est notre affaire, nous indiquons clairement qu'il
nous concerne car une partie au moins de nos intérêts est en jeu. Inversement,
dire à quelqu'un de s'occuper de ses affaires c'est lui signifier que le sujet
n'est pas de son ressort et qu'il y prend un intérêt illégitime (curiosité
malveillante).
Aristote
soutient que « l'Homme est un animal politique »et que le but de la
politique n'est pas le simple fait de vivre en communauté (ce que certains
animaux savent faire), mai de bien vivre ensemble. Vaut-il mieux une
monarchie, une aristocratie, une démocratie ? Pour cela il importe que les
citoyens puissent délibérer sans contrainte. Le pouvoir doit être régulièrement
mis « au centre » pour rappeler aux dirigeants du moment qu'ils
n'en sont pas propriétaires à vie.
La
politique est donc ce domaine où les hommes, rendus égaux par l'obéissance à
des lois, s'efforcent de s'accorder sur la façon de faire régner une liberté
commune.
Ceci
contraste cependant avec une opinion qui estime que la politique est du seul
domaine de ceux qui en font leur métier.
Max
Weber souligne que la société moderne est fondée sur une division poussée
du travail, et l'activité politique a ainsi pris les traits d'une profession.
Mais
un candidat à l'élection présidentielle devra avoir fait ses preuves en ayant
participé à des gouvernements car la vie politique demande de l'expérience. Et
un homme ou une femme dépourvue de justice et de sens moral porte atteinte à la
possibilité d'une vie commune aussi bonne que possible
La
politique est-elle donc une technique ?
L'exercice
du pouvoir requiert des qualités que tout le monde n'a pas. Un savoir-faire est
nécessaire, qui n'est pas que l'application d'un savoir théorique. La
responsabilité d'un dirigeant est immense car c'est la communauté qui sera
touchée par les conséquences de son choix.
Machiavel
dans « le prince », s'est attaché à décrire les façons dont un
dirigeant devait se comporter pour régner durablement. Il soutient qu'un
gouvernant qui voudrait se conduire moralement ne pourrait durer car les hommes
sont toujours en guerre pour le pouvoir.
Nous
comprenons ainsi les plaintes que l'opinion adresse sans cesse à la politique.
Cette dernière est une technique au sens où elle consiste à utiliser les autres
pour qu'ils(les dirigeants) servent les fins.
Tout
ne serait donc que stratagème?(humm....) Ainsi, les gouvernés se sentent exclus
et dominés par ces calculs.
L'apolitisme
prend en partie sa source dans cette réalité. Certains déclarent que la
politique n'est pas leur affaire car ils sont excédés par ces rivalités
incessantes. La politique est alors jugée par eux inefficace.
Mais
ce phénomène est tempéré par le fait que la société civile n'est pas prête à
laisser les professionnels (de la politique) gouverner sans rendre des comptes.
En
bref, l'accaparement de la chose publique par une solide alliance de
l'oligarchie politique et de l'oligarchie économique sont les maux dont souffre
la démocratie et contre quoi il faut rappeler que la politique est l'affaire de
tous et que la souveraineté populaire ne doit pas s'exprimer qu'au moment des
votes !...
En
conclusion, il apparaît que la réponse au sujet est positive.
Cependant
dire que la politique est l'affaire de tous ne signifie pas pour autant que
tout est politique, ni que ceux qui ne veulent pas s'y intéresser n'assument
pas leur responsabilité d'homme.
Cela
signifie plutôt que chacun est concerné, dans la mesure où la décision
politique a des conséquences collectives et que la politique n'est pas que
l'affaire des politiciens de métier.
L'enjeu
réside donc dans la capacité et la volonté à mettre en place des instances de
délibération, de confrontation des idées et des intérêts, indispensables à
toute vie politique.
+++++++++++++++++++++++++++ SUJETS A VENIR :
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Mercredi 29 Mars 2017
1107 Comment jouir du caractère
mortel de la vie ?
Mercredi 05 Avril 2017
1108 Avons-nous besoin d’hommes
providentiels ?
Mercredi 12 Avril 2017
1109 En quoi la peur
conditionne-t-elle nos choix ?
Mercredi 19 Avril 2017
1110 Voter c’est abdiquer.
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