samedi 7 janvier 2017

Sujet du Merc. 11/01/2017 : MOI, TERRORISTE ?

                              MOI, TERRORISTE ?

Ce «moi », qui est-ce ? 
C'est celui qui lisant l'intitulé est en quelque sorte contraint, ne serait-ce qu'un instant, à se tarauder les méninges d'interrogations quant à son implication, directe ou à peine consciente, dans des actes de violence majeurs. Pourtant, par le simple fait qu'il est partie prenante à la société, ne sait-il pas qu'il est au moins en partie responsable des actes de violence majeure que commet cette société ? Peut-il en être autrement, sauf à se dédouaner de son absence de résistance ? A tout laisser faire sans (ré)agir, peut-on s'exonérer de la responsabilité de toute conséquence induite ? La violence en question peut être physique, instantanée ou répétée. Mais elle peut aussi être symbolique, culturelle, politique, économique, sociale, psychique et se dérouler sur un laps de temps plus ou moins long qui nous la rend presque inconsciente par sa banalité. Cela souligne l'énormité de cette violence.
Il s'agit aussi de se demander ce qu'est un « terroriste » et si sont nombreux ceux qui au moins confusément sauraient qu'ils en sont un, que ce soit individuellement ou en groupe et que le groupe soit épars ou organisé. Un terroriste frappe d'épouvante d'autres hommes ou lui-même, par des actes de grande violence provoquant crainte majeure, frayeur, peur panique, épouvante.
Déjà, ne crée-t-il pas  une situation de déni de réalité auto-induit par laquelle le réel le rattrape bientôt sans ménagement celui :
1) qui se laisse aller à confusément ignorer le monde qui l'entoure, par exemple en s'illusionnant sur ce que sont vraiment les programmes politiques et la volonté des dirigeants qu'il élit ou laisse élire, ou celui :
2) qui s'invente des mondes illusoires et s'y enferme ? Cette attitude, reproduite par des foules innombrables d'egos à la dérive, ne crée-t-elle pas une situation générale de violence terrorisante ? Pour les individus, pris isolément ou en masse, ce choix ne les plonge-t-il pas dans ces craintes, frayeur et épouvante que leur inflige le parti pris conscient ou implicite d'une terreur dirigée contre eux-mêmes ? En sont-ils conscients ?
Par ailleurs, un individu (moi et mon ego) ou un groupe organisé (des egos réunis dans une même intention) peuvent frapper de terreur. Le « moi » peut être personnel et porter sciemment sa terreur réfléchie sur d'autres hommes. Le « moi » peut aussi être collectif et uni en un groupe terroriste soudé. Il peut être 1) un groupe mafieux, nihiliste, idéologique, religieux ou 2) même et peut-être surtout un Etat légalement institué et reconnu internationalement. Ainsi, la terreur publique ou privée peut émerger d'une idéologie. Dès lors que penser de la terreur légale ? Est-elle légitime ? Dans la praxis du réel, quel est son rapport à l'éthique ? Sachant que l'éthique se comprend comme la simple légitimité de ne considérer tout être humain non pas seulement comme un moyen mais toujours comme une fin (Kant).
Un Etat, un groupe qui impose une idéologie – religieuse ou autre – la fondent le plus souvent sur une ou plusieurs croyances fausses. (Rappelons que la philosophie tend précisément à débouter les croyances fausses par sa recherche de connaissances authentiques.) A cet égard, ces entités peuvent avoir des menées physiquement destructrices et meurtrières à grande échelle. Mais elles peuvent aussi avoir subrepticement des menées destructrices de l'intellect et de la raison privant de l'usage de l'entendement et de la liberté de se libérer une personne seule ici, des populations là-bas et maintenant partout l'humanité tout entière.  La violence symbolique, culturelle, politique, sociale ou psychique qui se développe sur un terme plus long en est-elle moins terrifiante pour autant ? Ou, au contraire, ne l'est-elle pas plus encore ?

Déjà sous la Révolution la Terreur menée par le Comité de salut public fut suivie d'une aussi meurtrière réaction contre Robespierre et ses soutiens ? La terreur exercée par les trois monothéismes et les hécatombes dans le monde de centaines de millions de crève-la-faim chaque année sont évitables parce que les moyens sont là. Pourtant la volonté manque à cet égard. Ou bien est-ce le contraire qui est sciemment poursuivi ? 
En effet le capitalisme débridé de presque toute règle et éthique ne s'autorise-t-il pas une terreur maximale, à la hauteur des profits recherchés, qui broie tant les corps là-bas (et sans doute bientôt à nouveau ici!) que les cerveaux partout ? Le fait-il avec le concours de nos sujétions volontaires, ou celles-ci sont-elles seulement trop ignorantes que pour réagir ? 
Aujourd'hui un Spinoza dirait que nos « é-dispositifs » dévoilent tout de nous aux « Grands Frères débonnaires » qui en purs terroristes se font ensuite causes agissantes de nos vies entières. Il ajouterait que la philosophie permet de voir clair dans ce « jeu » et d'entamer à partir de là une lutte en « connaissance de causes » contre les terrorismes d'Etat et privés imbriqués. Cela justifiera qu'ils nous singularisent en retour comme terroristes. 
Parce que la philosophie est radicale.


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