QU'APPORTE
L'ART ?
S'il est possible de mettre en perspective l'art, le mythe,
la science, la philosophie et la métaphysique, qui inclut la théologie, c'est
qu'on s'accorde pour penser qu'ils sont des formes d'appréhension du monde
ayant une prétention commune au sens et à la vérité. L'être humain est si
divers. La philosophie permet d'envisager l'apport de l'art comparé au sien,
mais aussi son rapport aux autres modes d'appréhension du réel. Prenons
néanmoins garde, voilà que ça démarre!
Globalement, la philosophie distingue
avec clarté les choses réelles les unes des autres mais – contrairement à la
science qui est indifférente -- elle le fait en leur donnant sens pour les
hommes. Si bien qu'elle se distingue aussi de l'art, du mythe et de la
métaphysique en ce que les deux premiers s'épanouissent dans l'expressivité subjective,
toute personnelle pour le premier mais commune à un groupe d'hommes pour le
second. Tandis que la métaphysique raisonne avec une parfaite rigueur, bien que
strictement à partir d'une hypothèse considérée d'emblée comme vérité absolue.
Hum ! Relisons bien tout cela, pour ne pas sombrer dans la confusion par la
suite.
Par
ailleurs, à côté des différences qui les séparent, ces entités n'ont-elles pas
aussi quelques similitudes ? A néanmoins nuancer par ce qui radicalement les
distingue les unes des autres. Ces distinctions et similitudes, qu'éclaire la
philosophie, permettent d'expliciter le rôle spécifique que chacune d'elles
joue dans la vie des hommes.
L'art
ne dévoile-t-il pas une vérité sensible et symbolique aussi rebelle à la
généralisation conceptuelle qu'à la formalisation scientifique ? N'est-ce pas
ce qui le rapproche du mythe ? Et n'est-ce pas de son impossibilité à se
réduire à l'une comme à l'autre que l'art tire toute l'originalité de sa
démarche ? Ainsi, ne donne-t-il pas forme à l'invisible et voix à l'indicible
en suggérant que le réel dispose toujours d'une réserve de sens qui déborde les
contextes pragmatiques où nous avons l'habitude de l'enfermer ? L'art enrichit
notre perception du monde parce qu'il est toujours plus que ce qu'il paraît.
En
ce sens le mythe et la philosophie eux aussi semblent nourrir cette ambition
puisque l'un et l'autre se proposent de dépasser le monde des apparences pour
rendre compte, comme l'art, de la totalité de l'expérience possible. Bien sûr,
leurs moyens divergent même si leur fin les rapproche: le mythe unit des images
que la philosophie sépare dans des concepts. Mais l'un et l'autre partagent une
même volonté explicative du monde. Au même titre que l'art qui, lui, propose
cela par des perceptions sensibles particulières à chacun et donc différentes
entre elles.
Or
cette volonté ne fait-elle pas problème ? A la différence de l'art, qui montre
ou suggère mais ne démontre pas, le mythe et la philosophie ne se bornent pas à
donner un sens au monde. Non, ils prétendent encore en fonder
l'intelligibilité. Sur des principes fabuleux pour le mythe mais assez
rationnels pour la philosophie. Si bien qu'elle se sent en droit de revendiquer
le titre de « science » dès lors qu'elle devient métaphysique.
Mais la science
n'a en fait rien de commun avec ce que la métaphysique désigne ainsi, car la
science n'est pas qu'un domaine cohérent de description du monde. En effet si
ce que la science dit est vrai, c'est parce que son discours est inséparable de
procédures de vérifications qui supposent de pouvoir tester, contrôler et
corriger ses hypothèses. Cela ne fait-il pas complètement défaut tant à l'art,
qu'au mythe et qu'à la métaphysique... ?
Mais
pas à la philosophie quand elle adopte la démarche de la science, pour ensuite
donner du sens. Ce que la science ne fait pas, elle qui reste indifférente aux
hommes. C'est pourquoi au regard de la science, l'art, le mythe et la
métaphysique se rejoignent pour confondre sens et vérité. Les perceptions des
deux premiers et les explications de la dernière ont bien un sens en ceci
qu'elles satisfont notre besoin d'intelligibilité.
Cependant la satisfaction
d'un besoin ne garantit pas la vérité, ni celle de propositions rationnelles
pas plus que celle de perceptions sensibles qui apaisent, les unes notre
curiosité, les autres notre angoisse existentielle. En fait, ces trois
démarches ne font que traduire nos besoins en réassurance et en « connaissances
». Loin d'être les savoirs qu'elles ambitionnent d'être, elles ne seraient que
« des témoignages émouvants de l'enfance de l'esprit humain » (Auguste Comte),
ou encore des perceptions humaines plus ou moins inconscientes.
Le
triomphe de l'esprit philosophico-scientifique n'a pourtant ni fait disparaître
les mythes ni persuadé les métaphysiciens à renoncer à leur conception du sens
et de la vérité. La science elle-même en est-elle totalement immune ?
Elle qui
use de présupposés métaphysiques constitutifs de sa manière « à la Karl Popper
» depuis les années 50 d'interroger le monde et de le croire tel, jusqu'à
preuve du contraire. Dire cela ne réduit-il pas l'écart entre art, mythe,
métaphysique, science et philosophie ? Reste alors à savoir :
1) si l'art, le mythe et la métaphysique ont les moyens de leurs ambitions et
2) si la science et la philosophie doivent nécessairement s'achever en métaphysique ?
1) si l'art, le mythe et la métaphysique ont les moyens de leurs ambitions et
2) si la science et la philosophie doivent nécessairement s'achever en métaphysique ?
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