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20H30 SALONS DU GRAND HOTEL DU MIDI, PLACE DE LA COMEDIE.
La bêtise une philosophie supérieure ?
ARTURO qui avait sa réputation bien établie et son blog bien à jour (nonjenesuis.com),
fut contacté sur Internet et invité à assister à un «
Café-philo de cons ». Il avait été ciblé, par les philosophes de
comptoir, car c’était plus simple, pour eux, de s’adresser à un inconnu de très
faible QI, plutôt qu’aux empêcheurs de tourner en rond qu’ils subissaient régulièrement.
Ils pensaient qu’ainsi, pour pouvoir baver leurs supposés savoirs
intellectuels, étaler leurs couches pleines de …culture, ou déverser leur
logorrhée verbale, un faire-valoir comme ARTURO pourrait faire l’affaire. Ce
dernier n’était- il pas un typique cagot des Pyrénées, un cousin des crétins
des Alpes, un supporter acharné des Ch’tis de Paris ? N’avait-il pas, jadis,
servi de cobaye pour des expériences sociologiques sur l’importance des
horoscopes décalés, au prétexte qu’il serait né sous le signe du Chacal
(ascendant Limace) ?
Après les présentations d’usage,
les débatteurs commencèrent à traiter du sujet suivant : « La raison
raisonnante doit-elle dépasser la raison raisonnable ou bien doit-elle se
laisser dépasser par la raison raisonnée ». Tout un programme !
Les intervenants patentés, fiers
de prendre la tribune et flattés du roucoulement de la partie la plus aviaire
de leur public, tentaient désespérément de démêler l’écheveau des concepts à
l’ordre du jour : raison, raisonner, raisonnable, raisonnement. On frôla même
l’incident lorsqu’un poète, complètement hors sujet, confondit raisonner et
résonner. Ce fut le moment que choisit l’animateur, quelque peu dépassé, de
s’intéresser à ARTURO.
- ARTURO, vous avez maintenant la
parole. Pouvez vous en profiter pour nous dire si, selon vous, le tambour est
un objet de résonance ou bien un sujet de raisonnement ?
ARTURO intervint donc à son tour
:
« Le centre de gravité de la
bêtise d’aujourd’hui se situe sans doute dans cette critique de plus en plus
radicale du discours rationnel.
A une époque où il n’y a plus grand-chose à
transgresser, le seul refuge face à la rationalisation croissante des
comportements et du discours est la bêtise. Cette résistance rejoint une
certaine tradition religieuse. Comme le souligne Avital Ronell, philosophe
américaine auteur de Stupidity, un essai sur la bêtise, le christianisme «
représenta, sur la scène occidentale de la bêtise, un phénomène jusqu’alors
inconnu » parce qu’il « repose sur une certaine bêtise et sur une certaine
aversion de la sagesse et de la science temporelle ».
La connaissance de ma propre
nullité et de l’absurdité du monde, solidaires de l’affirmation d’un possible
salut divin, débouche sur la promotion de ma bêtise. Il ne faut pas vous-même vous
en étonner, alors que votre proximité avec le christianisme abonde dans ce
sens.
Quand j’étais moi-même un
chanteur renommé et que j’avais créé un univers étrange et stupide qui plaisait
beaucoup à mon public, j’avouais ma fascination pour la figure de Jésus, « le
premier idiot sur terre » ; Dans mes délires les plus créatifs, je
m’identifiais à lui car « il faisait des trucs que personne ne faisait, et tout
le monde se foutait de sa gueule ». L’homme bête repousse la toute-puissance de
la raison discursive, refuse la simpliste distinction du savoir et de
l’ignorance, et s’offre au salut.
L’animateur, assez interloqué par
cette tirade inattendue, questionna ARTURO :
- Les nouveaux bêtes seraient-ils
alors l’avenir du christianisme, des religions en général ?
- Pas forcément. Mais cette
déferlante de la dérision à laquelle on assiste actuellement signifie au moins
une perte de confiance dans la rationalité du réel. Comme je le lisais
récemment dans un livre de Harry G. Frankfurt
« L’art de dire des conneries » : « La prolifération contemporaine du baratin
[bullshit] a des sources encore plus profondes dans les diverses formes de
scepticisme qui nient toute possibilité d’accéder à une réalité objective et
par conséquent de connaître la nature véritable des choses ». Au fond, la
bêtise serait peut-être le sommet de la sagesse, dans le sens où elle remet en
question notre domination du monde.
La bêtise : une nouvelle philosophie ?
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