dimanche 25 février 2018

Sujet du Merc. 07 Mars : « N’entretiens pas l’espoir de ce qui ne peut être espéré» Pythagore



   « N’entretiens pas l’espoir de ce qui ne peut être espéré» Pythagore

 En grec le mot Elpis a été traduit par espoir, espérance. Mais sa signification première est « attente ». Dans la mythologie grecque Elpis est le seul de tous les maux qui restent auprès des mortels après le geste malheureux(?) de Pandore qui ouvre la jarre qui lui avait été confiée et dans laquelle séjournaient tous les maux de la terre (la Vieillesse, la Maladie, la Guerre, la Famine, la Misère, la Folie, le Vice, la Tromperie, la Passion, l'Orgueil).
L’espoir un malheur ! Voilà qui est bien étrange pour notre époque dans laquelle tout le monde espère « s’en sortir », « réussir sa vie », « vivre heureux »…. Mais si tout cela n’était qu’illusions ? Ne dit-on pas « l’espoir fait vivre » ?  Mais de quoi parle-t-on – exactement  - en disant cela ? Il suffirait d’attendre de gagner au loto ? Il suffirait d’attendre l’amour de sa vie ? Il suffirait d’avoir un bon travail bien payé et pas fatiguant ?

L’espoir au sens moderne est une perversion du mythe grec par l’idéologie chrétienne qui, lorsqu’elle eut pris le pouvoir séculier, mis l’espoir dans un monde meilleur APRÈS la mort. On peut, à ce point de notre exposé, remarquer un parallèle saisissant car inversé entre le Mythe d’Eve et celui de Pandore.
En effet, rappelons que selon la fable biblique, Eve aurait mis fin à la vie paradisiaque de par sa curiosité qui l’entraîne à cueillir et à manger la pomme défendue du Jardin d’Eden. En désobéissant à la loi divine, par curiosité et par orgueil, la race humaine s’éloigne des dieux et met fin à sa vie paradisiaque.

Pour Pandore il en est tout autrement : « Pandora n’est pas fautive.  Elle a été fabriquée et ensuite elle exécute à la lettre tout ce que Zeus lui ordonne de faire. On lui dit, tu vas chez Épiméthée, elle va chez Épiméthée. Tu emmènes ta jarre, elle emmène la jarre. Tu ouvres et tu refermes. Il n’y a pas de culpabilité du tout. Les hommes ne sont pas coupables de ce qui leur arrivent. Ils constatent le destin, le vivent, essayent de le déchiffrer, d’en comprendre le sens mais ils n’ont aucun sentiment de culpabilité. Parce qu’en effet ils ne sont absolument pas coupables, en rien. Voilà ! » J.P. Vernant  - 14 Mai 2007 Lycée de Sèvres

Alors si au lieu de fonder de faux espoirs sur l’avenir en déléguant notre destin à des « représentants », en continuant imperturbablement à croire que demain sera mieux qu’hier et que notre histoire personnelle et collective nous est extérieure car « c’est comme ça et on ne peut rien changer ». Si au lieu d’espérer gagner au loto, d’arriver à la retraite (et d’en avoir une !), de sortir d’un cancer en phase terminale par des prières (parabole de nos temps), nous retournions notre regard vers ces grecs qui au travers du mythe de Pandore nous ont donné la clé du sens  notre existence ? Le geste de Pandore n’est-il pas un geste créateur, car il va obliger l’homme à faire face à son destin implacable en toute lucidité et en toute conscience, sans la facilité d’une échappatoire possible qui serait l’espérance ?

Alors oui, en accord avec Pythagore rien ne sert d’espérer et surtout de laisser croire aux autres mortels qu’il faut espérer en quelque sauveur, démiurge, pour nous sortir de notre humaine condition. En amenant le mal de l’espérance Pandore donne au monde sa consistance, sa dualité, car de même que la lumière ne peut exister sans l’ombre, le juste ne peut exister sans l’injuste, le vrai sans le faux. L’homme a désormais le choix et à travers cela, il pourra faire la conquête de sa liberté.      

A lui seul de se doter des armes de la connaissance pour discriminer le vrai du faux, le juste de l’injuste. Armes de la connaissance que le mythe chrétien (et monothéiste en général) a essayé d’éradiquer en condamnant, dans le mythe d’Eve, la curiosité. Cette curiosité qui poussera Adam à manger la pomme, le fruit défendu de l’arbre de la connaissance du bien et du mal.

Nous sommes les seuls maîtres de nos vies à condition de ne pas sombrer dans les illusions des espérances. A condition d’apprendre à décrypter les illusions et pourfendre les illusionnistes qui, comme dans la caverne de Platon ne sont que des « faiseurs de prodige », des bateleurs de foire, des amuseurs criminels, des faussaires au service des nouveaux dieux de l’apparence et de l’argent. Douter de tout.

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