Comment vivre sa
mort
Et si la
mort n’existait pas ?
En citant
Epicure : « la mort n’est rien pour nous : quand nous
sommes, la mort n’est pas là et quand la mort est là, c’est nous qui ne sommes
plus » ; en passant par Montaigne : « nous troublons
la vie par le souci de la mort. C’est une perfection absolue et pour ainsi dire
divine que de savoir jouir de son être. Qui a appris à mourir, a désappris à
être un esclave. » Et jusqu’à Spinoza : « l’homme libre ne
pense à rien moins que la mort et sa sagesse est une méditation non de la mort
mais de la vie. »
L’éternité est dans l’instant, le présent
qui lui n’est pas immortel. Plus nous
comprenons la vie et plus nous nous
comprenons nous-mêmes et plus nous vivons dans un espace d’éternité. Alors la vie devient une aventure
extraordinaire et la mort n’existe plus.
De mutation,
en mutation : des vertébrés aux invertébrés, des bactéries aux algues, des
poissons puis aux oiseaux puis aux mammifères. Quand je dis que la mort
n’existe pas ce n’est ni une bêtise ni une théorie c’est la raison et la
réalité.
Parce que je
vis avec Épicure, Montaigne et Spinoza ; mais aussi avec Beethoven, Mozart
et les Beatles ; mais aussi avec les chansons de Brel, de Barbara
ou de Brassens mais encore avec les cathédrales et les pyramides et les
myosotis qui renaissent chaque année et les arbres centenaires ; mais
encore avec les 1000 dessins de la grotte Chauvet, mais aussi avec ma mère avec
mes ancêtres et d’autres amis et amours que j‘avais de si prés tenus.
Comme le dit
Edgar Morin : « c’est Spinoza le plus grand de tous qui a rejeté le
dieu créateur du monde pour la nature créatrice. » Oui, nous sommes avant
tout dans la vie et cette vie continuera avec ou sans nous. Le dérèglement
climatique qui nous inquiète tant ne concerne en rien le cosmos quand nous
constatons l’infime infinitésimal que nous représentons. Il faut arriver à
admettre que nous ne sommes pas éternel .
Le problème
que pose la mort c’est celle qui advient par une guerre, un attentat ou un
crime; et nous pourrions aussi réfléchir à celles qui sont provoquées par
l’alimentation ou la mal nutrition, par les pesticides, par les vaccins ou
l’absence de vaccins, par les industries mais sachons et avouons que toutes ces
morts sont provoquées par l’homme et son comportement. Je préfère vous dire les
premiers mots d’Ovide dans « les
métamorphoses » : « laissez-moi vous chanter comment les
humains se transforment en d’autres créatures ».
Michel
Onfray nous démontre que la mort est
décomposition de ce qui fût composé et rien d’autre. Nous sommes un amas
d’atomes. Les atomes sont immortels parce que systémiques.
Mais on ne
peut pas nier, chez les humains la peur
de la mort qui peut dégénérer en angoisse. D’abord la mort quant elle advient
dans la famille, surtout si elle atteint un plus jeune ou un enfant elle est
vécue comme une profonde injustice et cause un immense chagrin .
La mort
devient douleur pour le vivant même
s’il croit au paradis ! Il n’est jamais évident d’assumer qu’on cesse
d’être et que c’est un point final à nos objectifs et nos projets. On peut
avoir peur de se perdre dans le néant alors comme l’enseigne Freud face à notre
impuissance la peur peut se transformer en angoisse et entraîner névroses et
même psychose.
Je me
rappelle le comportement de ma belle-sœur qui a la mort de sa mère est devenue
muette et on ne l’a plus entendue parler jusqu’à son décès. Elle a vécu encore
une dizaine d’année dans une tristesse absolue.
Michel
Onfray préfère nous citer Catulle (contemporain d’Ovide, de Cicéron, de
César) qui nous dit que la mort est un grand sommeil : alors si la mort
n’est qu’un sommeil pourquoi pleurer, pourquoi avoir peur, au contraire elle
nous permet de quitter toutes nos souffrances, nos inquiétudes, oublier ce
monde si imparfait et si difficile.
Comme nous le conseille Spinoza la seule chose que nous pouvons faire
c’est cultiver la joie de vivre.
Et voilà le poème que nous offre Catulle 60 ans avant notre ère :
« Vivons,
aimons-nous et tous les grondements des vieillards sévères n’en donnons pas un
sou. Les soleils peuvent mourir et
revenir : nous une fois qu’est morte la lumière brève, il nous faut dormir
une même nuit éternelle. Donne-moi 1000 baisers, puis cent puis mille encore,
puis cent de nouveau puis encore mille autres, puis cent… » .
Vivre dans
la joie : un sage doit s’occuper du bonheur. On peut toujours trouver du
bon dans les épreuves les plus sombres et les plus difficiles.
Revenons
encore et terminons avec Platon et Montaigne : « philosopher est
apprendre à mourir » donc apprendre
à vivre.
Nous devons
alors raisonner sur nous-mêmes, sur nos pratiques, réfléchir sur nos désirs et
les mettre en action, tenter de se connaître et s’accepter avec nos limites et
nos compétences, savoir se remettre en question et peut-être avoir la
prétention d’apporter à l’humanité le meilleur de nous en s’appuyant sur notre
responsabilité et notre engagement.
Alors nous pourrons penser que la mort n’est
qu’un passage comme la vie d’un myosotis ou d’un papillon qui n’ont comme
objectif que de continuer la vie.
Repenser aux
premières phrases des métamorphoses d’Ovide quand il nous dit « comment les humains se transforment en
d’autres créatures ». Aussi restons plus modestes et devenons plus
raisonnables pour ne pas dire sérieux. La philosophie n’est pas unique pour répondre à notre questionnement
sur la mort.
Il faut
s’informer sur les recherches de la biologie, de la biochimie donc de la
biodiversité.
Et mourir paisiblement si notre corps le
permet et laisser place à la vie !
J’avais
écrit un poème dans ma jeunesse : « et mourir que la vie est un
rêve… ». J’avais trouvé bien plus tard un poème de Calderon de la
Barca : « la vida es sueno y los suenos, suenos son »(la vie est
rêve et les rêves, rêves sont)
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