lundi 21 mai 2018

Sujet du Merc. 23 Mai 2018 : Peut-on faire commerce de son corps ?


                             Peut-on faire commerce de son corps ? 
           

Il y a 2 ans, en pleine polémique sur le "Mariage pour tous", Pierre Bergé déclarait à propos de la GPA :

"Je suis pour toutes les libertés. On loue bien les bras des femmes dans les usines, pourquoi pas leur ventre ?". 

Une telle assertion aurait suscité, il y a 30 ans une levée de boucliers de la part des Mouvements Féministes. Elisabeth Badinter semblait aussi aller dans le sens de P.Bergé.

De nos jours où la parole s'est affranchie et dévalorisée, de tels propos ont créé un pseudo-débat, là où la condamnation devait être évidente.

Mais, "philosophiquement" ouvrons le débat.
Réduire les femmes pauvres, ici ou dans les pays défavorisés au rôle  "D’usines à enfants", cela semble passer au second plan d'une problématique dans laquelle " L’obsession d'enfant" devient une priorité.

Pourquoi "les femmes pauvres?".
Il nous apparaît évident que l'on imagine mal, une femme d'un milieu aisé, accepter de louer son ventre.

Sur cette question, nous avons vu des affrontements entre les défenseurs d'une sacralisation de la fonction reproductrice de la femme, ces derniers apparaissant comme des réactionnaires et d'autres, que nous dirions " progressistes" et qui, au nom de la liberté(?) de toute femme de disposer de son corps, semblaient réduire l'acte de procréer à un bail de 9 mois.
Nous comprenons l'aspiration légitime de couples du même sexe à avoir un enfant ("avoir ou posséder?") mais une telle exigence ne reviendrait-elle pas à créer un phénomène de masse, pour des gestations conçues comme un "salaire d'appoint"?
Quel est le sens des mots "liberté de son corps" pour des femmes, vivant dans la misère, ayant déjà des enfants à charge et voyant là une possibilité de soulager leur pauvreté
 
La Prostitution :
Dans un univers qui évacue peu à peu les valeurs du sentiment amoureux  et qui réduit les relations humaines à la "consommation " de l'autre, à un culte du corps devenu un dogme, la "réification" du corps de la femme est très présent, paradoxalement, avec la montée de la dénonciation du harcèlement sexuel. Le regard sur la Femme, se dégrade profondément, alimenté par une culture marchande, il n'y a aucune possibilité d'inverser le mot "Homme", par contre "meuf" reste un terme possible. Une certaine image de la femme, avilissante s'est propagée à travers le Rap, notamment américain, dans laquelle la femme, très souvent noire et outrageusement habillée, est la "chose" du "boss".....Même s'il ne s'agit que de mise en scène, le rapport de sujétion est lourd de sens.

Les mots "Liberté de son corps" reviennent souvent dans ce qui en réalité relève d'une exploitation de l'être humain, dans laquelle la fatalité écrase toute réelle volonté où libre-arbitre. Je veux parler de la Prostitution. Nous y reviendrons.
Dans nos sociétés dites de "consommation", la femme ne semble se définir que par l'objet auquel on la rattache: le Parfum, la Voiture.....

Chacun a en tête, cette publicité dans laquelle une femme, en état d'hystérie réclame les clefs de la voiture de son mari. Quand on sait le lien ancien et erroné que l'on faisait,  il y a 2 siècles, entre l'hystérie et une sexualité débridée, on comprend les ressorts de cette publicité. Symptomatique d'une lente dégradation de l'image féminine, ces 30 dernières années, l'on voit une femme dont le corps s'agite, manifester, non pas une envie légitime de conduire, mais une "urgence physique de voiture", bref une pulsion qu'il est dirions-nous, dans un langage trivial, urgent de satisfaire.

GPA, mais aussi prostitution (féminine ou masculine!): dans les 2 cas, il y a transaction commerciale liée au Corps. L'on objectera que c'est le cas pour un ouvrier agricole, un enfant Pakistanais travaillant pour Adidas, ou autrefois un esclave Noir dans une plantation.....Mais n'y a- t-il pas une différence entre la rémunération-exploitation d'un savoir -faire, d’une force de travail et la marchandisation de la forme première de l'existence et de l'intégrité d'une personne : son corps?
L'on m'objectera que la Prostitution peut être considérée comme un "travail": ne dit-on pas le "plus vieux métier du Monde ?", expression qui n'a aucun fondement historique, même  si cette activité est profondément ancrée dans la tradition et la mémoire universelle : il n'y avait aucune honte pour Lautrec, Van Gogh, et tant d'autres à aller "voir les filles".
Aujourd'hui, nous sommes dans une autre dimension: la traite des êtres humains représente 50% du PIB de certains pays de la péninsule balkanique. La taxe sur le commerce du sexe rapporte aux Pays Bas, un milliard d'euros par an. Et de ces femmes africaines qui racolent à quelques dizaines de mètres de ce lieu, il y a toujours des bonnes consciences pour rappeler que "c'est leur culture, dans leur pays d'origine" .Dans un temps, où "tout est culture", la barbarie semble s'acclimater de ce relativisme.

Que penser de ces territoires où le ludique le partage à la barbarie, où la mise en scène esthétique et érotique du Cabaret côtoie la misère de mineures, se prostituant à l'ombre de poids-lourds, que penser de la Junquera? Libération des mœurs ou " verrue honteuse"? Comme il y en a tant en Europe.

Cette question n'est pas ce qui doit départager les défenseurs d'une pudeur surannée et archaïque face aux défenseurs de la "liberté de jouir sans entrave", vieux slogan dont la monstruosité  a permis à des grands esprits de ce siècle de justifier la pédophilie. Cette question est morale, à savoir que la sexualité est un des éléments fondateurs de l'Identité d'un être et de sa dignité. Pouvons-nous considérer l'autre ou être considéré comme un objet, que l'on peut acheter momentanément, et dans ce qu'il a de plus intime? .Si la réponse est négative, alors l'Abolition du "commerce du sexe "s'impose, avec tout l'arsenal répressif que cela suppose, et aussi l'accompagnement social. Ou bien, avec Elisabeth Badinter, pouvons-nous estimer que "l'Etat n'a pas à se mêler de la sexualité des citoyens". 

Assertion qui prise à la lettre est une voie ouverte aux pires déviances: un enfant est un citoyen.

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