Peut-on faire commerce de son
corps ?
Il y a 2 ans, en pleine
polémique sur le "Mariage pour tous", Pierre Bergé déclarait à propos
de la GPA :
"Je suis pour toutes les libertés. On loue bien les bras des femmes dans
les usines, pourquoi pas leur ventre ?".
Une telle assertion aurait
suscité, il y a 30 ans une levée de boucliers de la part des Mouvements
Féministes. Elisabeth Badinter semblait aussi aller dans le sens de P.Bergé.
De nos jours où la parole
s'est affranchie et dévalorisée, de tels propos ont créé un pseudo-débat, là où
la condamnation devait être évidente.
Mais,
"philosophiquement" ouvrons le débat.
Réduire les femmes pauvres,
ici ou dans les pays défavorisés au rôle
"D’usines à enfants", cela semble passer au second plan d'une
problématique dans laquelle " L’obsession d'enfant" devient une
priorité.
Pourquoi "les femmes
pauvres?".
Il nous apparaît évident que
l'on imagine mal, une femme d'un milieu aisé, accepter de louer son ventre.
Sur cette question, nous avons
vu des affrontements entre les défenseurs d'une sacralisation de la fonction
reproductrice de la femme, ces derniers apparaissant comme des réactionnaires
et d'autres, que nous dirions " progressistes" et qui, au nom de la
liberté(?) de toute femme de disposer de son corps, semblaient réduire l'acte
de procréer à un bail de 9 mois.
Nous comprenons l'aspiration
légitime de couples du même sexe à avoir un enfant ("avoir ou
posséder?") mais une telle exigence ne reviendrait-elle pas à créer un
phénomène de masse, pour des gestations conçues comme un "salaire
d'appoint"?
Quel est le sens des mots
"liberté de son corps" pour des femmes, vivant dans la misère, ayant
déjà des enfants à charge et voyant là une possibilité de soulager leur
pauvreté
La Prostitution :
Dans un univers qui évacue peu
à peu les valeurs du sentiment amoureux
et qui réduit les relations humaines à la "consommation " de
l'autre, à un culte du corps devenu un dogme, la "réification" du corps
de la femme est très présent, paradoxalement, avec la montée de la dénonciation
du harcèlement sexuel. Le regard sur la Femme, se dégrade profondément,
alimenté par une culture marchande, il n'y a aucune possibilité d'inverser le
mot "Homme", par contre "meuf" reste un terme possible. Une
certaine image de la femme, avilissante s'est propagée à travers le Rap,
notamment américain, dans laquelle la femme, très souvent noire et
outrageusement habillée, est la "chose" du "boss".....Même
s'il ne s'agit que de mise en scène, le rapport de sujétion est lourd de sens.
Les mots "Liberté de son
corps" reviennent souvent dans ce qui en réalité relève d'une exploitation
de l'être humain, dans laquelle la fatalité écrase toute réelle volonté où
libre-arbitre. Je veux parler de la Prostitution. Nous y reviendrons.
Dans nos sociétés dites de
"consommation", la femme ne semble se définir que par l'objet auquel
on la rattache: le Parfum, la Voiture.....
Chacun a en tête, cette
publicité dans laquelle une femme, en état d'hystérie réclame les clefs de la
voiture de son mari. Quand on sait le lien ancien et erroné que l'on
faisait, il y a 2 siècles, entre
l'hystérie et une sexualité débridée, on comprend les ressorts de cette
publicité. Symptomatique d'une lente dégradation de l'image féminine, ces 30
dernières années, l'on voit une femme dont le corps s'agite, manifester, non
pas une envie légitime de conduire, mais une "urgence physique de
voiture", bref une pulsion qu'il est dirions-nous, dans un langage
trivial, urgent de satisfaire.
GPA, mais aussi prostitution
(féminine ou masculine!): dans les 2 cas, il y a transaction commerciale liée
au Corps. L'on objectera que c'est le cas pour un ouvrier agricole, un enfant
Pakistanais travaillant pour Adidas, ou autrefois un esclave Noir dans une
plantation.....Mais n'y a- t-il pas une différence entre la
rémunération-exploitation d'un savoir -faire, d’une force de travail et la
marchandisation de la forme première de l'existence et de l'intégrité d'une
personne : son corps?
L'on m'objectera que la
Prostitution peut être considérée comme un "travail": ne dit-on pas
le "plus vieux métier du Monde ?", expression qui n'a aucun fondement
historique, même si cette activité est
profondément ancrée dans la tradition et la mémoire universelle : il n'y avait
aucune honte pour Lautrec, Van Gogh, et tant d'autres à aller "voir les
filles".
Aujourd'hui, nous sommes dans
une autre dimension: la traite des êtres humains représente 50% du PIB de
certains pays de la péninsule balkanique. La taxe sur le commerce du sexe
rapporte aux Pays Bas, un milliard d'euros par an. Et de ces femmes africaines
qui racolent à quelques dizaines de mètres de ce lieu, il y a toujours des
bonnes consciences pour rappeler que "c'est leur culture, dans leur pays
d'origine" .Dans un temps, où "tout est culture", la barbarie
semble s'acclimater de ce relativisme.
Que
penser de ces territoires où le ludique le partage à la barbarie, où la mise en
scène esthétique et érotique du Cabaret côtoie la misère de mineures, se
prostituant à l'ombre de poids-lourds, que penser de la Junquera? Libération
des mœurs ou " verrue honteuse"? Comme il y en a tant en Europe.
Cette
question n'est pas ce qui doit départager les défenseurs d'une pudeur surannée
et archaïque face aux défenseurs de la "liberté de jouir sans
entrave", vieux slogan dont la monstruosité a permis à des grands esprits de ce siècle de
justifier la pédophilie. Cette question est morale, à savoir que la sexualité
est un des éléments fondateurs de l'Identité d'un être et de sa dignité.
Pouvons-nous considérer l'autre ou être considéré comme un objet, que l'on peut
acheter momentanément, et dans ce qu'il a de plus intime? .Si la réponse est
négative, alors l'Abolition du "commerce du sexe "s'impose, avec tout
l'arsenal répressif que cela suppose, et aussi l'accompagnement social. Ou
bien, avec Elisabeth Badinter, pouvons-nous estimer que "l'Etat n'a pas à
se mêler de la sexualité des citoyens".
Assertion
qui prise à la lettre est une voie ouverte aux pires déviances: un enfant est
un citoyen.
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