dimanche 2 novembre 2014

Sujet du Merc. 05/11 : Qu'est ce que le transhumanisme ?



                      Qu’est ce que le transhumanisme ?         

Notre société est fondée sur un paradoxe. Le spectacle médiatique nous prévient que du fait de la progression de l'individualisme le "lien social" se défait, la "cohésion nationale" est en danger.     
Pourtant l'uniformisation contemporaine destructrice d'existence humaine créer une société unie dans l'indifférence et la conformité de nos égos narcissiques connectés, mis en réseau.    
Il n'y a jamais eu autant de liens entre les individus qu'aujourd'hui, mais dans une société niant l'individualité, ces liens ne s'établissent qu'entre fantômes, projections d'images virtuelles.   
Le totalitarisme marchand est là pour nier l'individu (et son individualisme non égoïste) conscient qu'il n'existe que par une communauté (de vivants et de morts), que sa réalisation en tant qu'individu passe par la collectivité ; ce totalitarisme doit nier cette conscience anti-marchande et promouvoir en substitut un égo consommateur, un homme augmenté.       
Le trans-humain est ce substitut ; le trans-humanisme, formant partie intégrante de l'idéologie dominante, est la réalisation dans les faits de cet homme nouveau.      
Ce mouvement idéologique hérite en grande partie des Lumières nous expliquant que tout ce qui fait notre identité, c'est-à-dire ce qui nous permet de nous rattacher à une communauté, est un asservissement dont nous devons nous débarrasser.    
Le trans-humain ne connaît pas la notion de limite (il accepte la modification de son génome et prétend à l'immortalité échappant à la vieillesse qu'il ne pourrait supporter, l'impuissance et l'improductivité étant ses plus grandes peurs), et croit trouver sa libération dans la fuite du réel. Ce serait être réactionnaire que de refuser la technologisation, la machinisation de toutes les activités humaines désormais réduites à des chiffres. Le terrorisme intellectuel marche à plein ; sous peine d'être relégué à la case de passéiste fascisant il nous faut approuver le progrès scientifique prétendument indissociable du progrès sans précédent de l'espérance de vie, approuver l'équipement technologique qui est là pour nous assister. Le trans-humain est un cyborg doté de prothèses électroniques qui lui facilitent soi-disant la vie. Il nous faut accepter le progrès technologique puisqu'il nous permet de nous libérer des contraintes matérielles            .
Mais la seule forme d'amélioration que cet homme robotisé, nomade, déraciné, vendant son corps-marchandise, migrant de métropole en métropole, peut espérer c'est celle du prix de l'ensemble de son corps. Il est bel et bien intégré et connecté, il est marchandise et correspond aux exigences du sacro-saint Marché.           
Cet homme marchandisé, réduit à des variables quantifiables, est virtuel, il n'a aucune prise sur le réel, tel un bébé qui ne distingue pas son corps de celui de sa maman il est allaité par le Marché qui lui procure jouissance, plaisir, absence d'effort, satisfaction instantanée...     
Comment le trans-humanisme pourrait être l'abolition des contraintes du réel si le réel disparaît avec lui ?
Le réel disparaît, l'homme est happé par le flux de marchandises. Pour son bonheur on lui a fait accepter toutes sortes d'écrans, puces et autres capteurs, c'est en réalité pour le surveiller, pour vérifier qu'il est bien heureux. Dès lors, il n'a plus de souci à se faire, uniforme, indistinct, il n'a plus de choix à faire, le Marché en connaît plus sur lui (tout un rayon) et sait ce qui est bon pour lui, ses attentes sont déduites des statistiques accumulées sur lui, toute sa vie est régie, définie, déterminée.   
Il suffit de demander au quidam ce qu'il fera des minutes économisées que lui promet tel TGV dernier cri ou telle friteuse avant-gardiste pour observer son ahurissement devant un choix de qualité qu'il ne pourra faire car sortant de ses habitudes où prime le quantitatif ; se révèle ainsi la vacuité du trans-humain contempo-rien.   
S'il y a vacuité c'est aussi parce que cet homme libéré l'est aussi de toute sorte de repère, de tout ce qui faisait son autonomie. L'identité disparue, l'homme obéit à la Méga-machine sur laquelle il n'a aucun contrôle. Ainsi, l'on assiste à l'atomisation de l'identité familiale, nationale, sexuelle, religieuse, linguistique, historique et sociale. Toutes ces entités que sont la famille, la patrie, la différence sexuelle, la religion, la langue, l'histoire, le bien commun à une société subissent aujourd'hui les attaques du transhumanisme intégré au totalitarisme marchand dont la marche passe par leur dislocation.
Cette dérive à l'œuvre et visible avec le transhumanisme n'est-elle pas consubstantielle à tout humanisme ?         
Cette volonté de définition de l'homme est la caractéristique commune à tous ces humanismes, pourtant fondamentalement divergents sur le plan idéologique, qui se sont fourvoyés dans le mythe de l'Homme Nouveau.           
Y-a-t-il une dignité intrinsèque à l'homme que présuppose toute tentative de définition de l'homme ?       
En suivant Günter Anders l'on peut dire que ce qui fait le sens de l'homme, c'est son œuvre, et son œuvre, son action ne permet pas de justifier un tel développement technologique qui le dépasse, son état de conscience est trop bas pour un niveau technologique trop élevé.       
Comment peut-il se dire humaniste, dès lors que l'humanité cherche à définir l'homme et renie ce qui fait sa spécificité à savoir l'impossibilité de le définir, de le réduire à des données chiffrables
?

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