samedi 28 mars 2020

CONFÉRENCE AUDIO 2 : L'ETHIQUE de SPINOZA par R. Misrahi



En ces périodes de confinement, où la paresse devient inexcusable, nous vous proposons la deuxième partie de trois conférences  (audio)  sur l'Ethique de Spinoza.
Vous pourrez les écouter en direct ou bien les télécharger.

Cliquez sur le lien ci-dessous.


Le sceau de Spinoza.

Ci dessous le texte du herem  de Spinoza (impliquant son exclusion de la communauté juive d’Amsterdam mais aussi du peuple “juif” d’Israel pour l’éternité), prononcé par le Mahamad d’Amsterdam (l’autorité juridique particulière aux juifs) le 27 juillet 1656. Toujours en vigueur en 2020.
« Les messieurs du Mahamad vous font savoir qu’ayant eu connaissance depuis quelques temps des mauvaises opinions et de la conduite de Baruch de Spinoza, ils s’efforcèrent par différents moyens et promesses de le détourner de sa mauvaise voie.

Ne pouvant porter remède à cela, recevant par contre chaque jour de plus amples informations sur les horribles hérésies qu’il pratiquait et enseignait et sur les actes monstrueux qu’il commettait et ayant de cela de nombreux 
« Les messieurs du Mahamad vous font savoir qu’ayant eu connaissance depuis quelques temps des mauvaises opinions et de la conduite de Baruch de Spinoza, ils s’efforcèrent par différents moyens et promesses de le détourner de sa mauvaise voie.

Ne pouvant porter remède à cela, recevant par contre chaque jour de plus amples informations sur les horribles hérésies qu’il pratiquait et enseignait et sur les actes monstrueux qu’il commettait et ayant de cela de nombreux témoins dignes de foi qui déposèrent et témoignèrent surtout en présence dudit Spinoza qui a été reconnu coupable ; tout cela ayant été examiné en présence de messieurs les Rabbins, les messieurs du Mahamad décidèrent avec l’accord des rabbins que ledit Spinoza serait exclu et retranché de la Nation d’Israël à la suite du herem que nous prononçons maintenant en ces termes:
A l’aide du jugement des saints et des anges, nous excluons, chassons, maudissons et exécrons Baruch de Spinoza avec le consentement de toute la sainte communauté d’Israël en présence de nos saints livres et des 613 commandements qui y sont enfermés.

Nous formulons ce herem comme Josué le formula à l’encontre de Jéricho. Nous le maudissons comme Elie maudit les enfants et avec toutes les malédictions que l’on trouve dans la Torah.

Qu’il soit maudit le jour, qu’il soit maudit la nuit, qu’il soit maudit pendant son sommeil et pendant qu’il veille. Qu’il soit maudit à son entrée et qu’il soit maudit à sa sortie. Que les fièvres et les purulences les plus malignes infestent son corps.

Que son âme soit saisie de la plus vive angoisse au moment où elle quittera son corps, et qu’elle soit égarée dans les ténèbres et le néant.

Que Dieu lui ferme à jamais l’entrée de Sa maison.

Veuille l’Eternel ne jamais lui pardonner. Veuille l’Eternel allumer contre cet homme toute Sa colère et déverser sur lui tous les maux mentionnés dans le livre de la Torah.
Que son NOM soit effacé dans ce monde et à tout jamais et qu’il plaise à Dieu de le séparer pour sa ruine de toutes les tribus d’Israël en l’affligeant de toutes les malédictions que contient la Torah.

Et vous qui restez attachés à l’Eternel , votre Dieu, qu’Il vous conserve en vie.x témoins dignes de foi qui déposèrent et témoignèrent surtout en présence dudit Spinoza qui a été reconnu coupable ; tout cela ayant été examiné en présence de messieurs les Rabbins, les messieurs du Mahamad décidèrent avec l’accord des rabbins que ledit Spinoza serait exclu et retranché de la Nation d’Israël à la suite du herem que nous prononçons maintenant en ces termes:
A l’aide du jugement des saints et des anges, nous excluons, chassons, maudissons et exécrons Baruch de Spinoza avec le consentement de toute la sainte communauté d’Israël en présence de nos saints livres et des 613 commandements qui y sont enfermés. Nous formulons ce herem comme Josué le formula à l’encontre de Jéricho. Nous le maudissons comme Elie maudit les enfants et avec toutes les malédictions que l’on trouve dans la Torah.
Qu’il soit maudit le jour, qu’il soit maudit la nuit, qu’il soit maudit pendant son sommeil et pendant qu’il veille. Qu’il soit maudit à son entrée et qu’il soit maudit à sa sortie. Que les fièvres et les purulences les plus malignes infestent son corps.
Que son âme soit saisie de la plus vive angoisse au moment où elle quittera son corps, et qu’elle soit égarée dans les ténèbres et le néant.
Que Dieu lui ferme à jamais l’entrée de Sa maison.
Veuille l’Eternel ne jamais lui pardonner. Veuille l’Eternel allumer contre cet homme toute Sa colère et déverser sur lui tous les maux mentionnés dans le livre de la Torah.
Que son NOM soit effacé dans ce monde et à tout jamais et qu’il plaise à Dieu de le séparer pour sa ruine de toutes les tribus d’Israël en l’affligeant de toutes les malédictions que contient la Torah. Et vous qui restez attachés à l’Eternel , votre Dieu, qu’Il vous conserve en vie.

mercredi 25 mars 2020

CONFÉRENCE AUDIO 1 : L'ETHIQUE de SPINOZA par R. Misrahi.



En ces périodes de confinement, où la paresse devient inexcusable, nous vous proposons la première partie de trois conférences  (audio)  sur l'Ethique de Spinoza.
Vous pourrez les écouter en direct ou bien les télécharger.

Cliquez sur le lien ci-dessous.


Le sceau de Spinoza.

Ci dessous le texte du herem  de Spinoza (impliquant son exclusion de la communauté juive d’Amsterdam mais aussi du peuple “juif” d’Israel pour l’éternité), prononcé par le Mahamad d’Amsterdam (l’autorité juridique particulière aux juifs) le 27 juillet 1656. Toujours en vigueur en 2020.

« Les messieurs du Mahamad vous font savoir qu’ayant eu connaissance depuis quelques temps des mauvaises opinions et de la conduite de Baruch de Spinoza, ils s’efforcèrent par différents moyens et promesses de le détourner de sa mauvaise voie.

Ne pouvant porter remède à cela, recevant par contre chaque jour de plus amples informations sur les horribles hérésies qu’il pratiquait et enseignait et sur les actes monstrueux qu’il commettait et ayant de cela de nombreux 
« Les messieurs du Mahamad vous font savoir qu’ayant eu connaissance depuis quelques temps des mauvaises opinions et de la conduite de Baruch de Spinoza, ils s’efforcèrent par différents moyens et promesses de le détourner de sa mauvaise voie.

Ne pouvant porter remède à cela, recevant par contre chaque jour de plus amples informations sur les horribles hérésies qu’il pratiquait et enseignait et sur les actes monstrueux qu’il commettait et ayant de cela de nombreux témoins dignes de foi qui déposèrent et témoignèrent surtout en présence dudit Spinoza qui a été reconnu coupable ; tout cela ayant été examiné en présence de messieurs les Rabbins, les messieurs du Mahamad décidèrent avec l’accord des rabbins que ledit Spinoza serait exclu et retranché de la Nation d’Israël à la suite du herem que nous prononçons maintenant en ces termes:
A l’aide du jugement des saints et des anges, nous excluons, chassons, maudissons et exécrons Baruch de Spinoza avec le consentement de toute la sainte communauté d’Israël en présence de nos saints livres et des 613 commandements qui y sont enfermés.

Nous formulons ce herem comme Josué le formula à l’encontre de Jéricho. Nous le maudissons comme Elie maudit les enfants et avec toutes les malédictions que l’on trouve dans la Torah.

Qu’il soit maudit le jour, qu’il soit maudit la nuit, qu’il soit maudit pendant son sommeil et pendant qu’il veille. Qu’il soit maudit à son entrée et qu’il soit maudit à sa sortie. Que les fièvres et les purulences les plus malignes infestent son corps.

Que son âme soit saisie de la plus vive angoisse au moment où elle quittera son corps, et qu’elle soit égarée dans les ténèbres et le néant.

Que Dieu lui ferme à jamais l’entrée de Sa maison.

Veuille l’Eternel ne jamais lui pardonner. Veuille l’Eternel allumer contre cet homme toute Sa colère et déverser sur lui tous les maux mentionnés dans le livre de la Torah.
Que son NOM soit effacé dans ce monde et à tout jamais et qu’il plaise à Dieu de le séparer pour sa ruine de toutes les tribus d’Israël en l’affligeant de toutes les malédictions que contient la Torah.

Et vous qui restez attachés à l’Eternel , votre Dieu, qu’Il vous conserve en vie.x témoins dignes de foi qui déposèrent et témoignèrent surtout en présence dudit Spinoza qui a été reconnu coupable ; tout cela ayant été examiné en présence de messieurs les Rabbins, les messieurs du Mahamad décidèrent avec l’accord des rabbins que ledit Spinoza serait exclu et retranché de la Nation d’Israël à la suite du herem que nous prononçons maintenant en ces termes:
A l’aide du jugement des saints et des anges, nous excluons, chassons, maudissons et exécrons Baruch de Spinoza avec le consentement de toute la sainte communauté d’Israël en présence de nos saints livres et des 613 commandements qui y sont enfermés. Nous formulons ce herem comme Josué le formula à l’encontre de Jéricho. Nous le maudissons comme Elie maudit les enfants et avec toutes les malédictions que l’on trouve dans la Torah.
Qu’il soit maudit le jour, qu’il soit maudit la nuit, qu’il soit maudit pendant son sommeil et pendant qu’il veille. Qu’il soit maudit à son entrée et qu’il soit maudit à sa sortie. Que les fièvres et les purulences les plus malignes infestent son corps.
Que son âme soit saisie de la plus vive angoisse au moment où elle quittera son corps, et qu’elle soit égarée dans les ténèbres et le néant.
Que Dieu lui ferme à jamais l’entrée de Sa maison.
Veuille l’Eternel ne jamais lui pardonner. Veuille l’Eternel allumer contre cet homme toute Sa colère et déverser sur lui tous les maux mentionnés dans le livre de la Torah.
Que son NOM soit effacé dans ce monde et à tout jamais et qu’il plaise à Dieu de le séparer pour sa ruine de toutes les tribus d’Israël en l’affligeant de toutes les malédictions que contient la Torah. Et vous qui restez attachés à l’Eternel , votre Dieu, qu’Il vous conserve en vie.


lundi 9 mars 2020

Sujet du Merc. 11 Mars 2020 : La proposition « vers la paix perpétuelle » d’Emmanuel Kant faite en 1795, est-elle encore pertinente aujourd’hui ?


  La proposition « vers la paix perpétuelle » d’Emmanuel Kant faite en 1795, est-elle encore pertinente aujourd’hui ?

Alors qu’à la première tentative, la Société des Nations (S.D.N.) entre les deux guerres mondiales, a succédé l’Organisation des Nations Unis (O.N.U.) en 1945, assemblée regroupant 193 états ayant pour objet le maintien de la paix et la sécurité internationale. C’est à dire traiter pacifiquement les conflits entre états. On doit faire un constat d’échec, même si celui-ci n’est pas complet, des guerres dévastent certaines parties du monde. La proposition de Kant reste à travailler…

Kant représente le sommet des « Lumières » avec la foi optimiste et exclusive que son époque mettait dans la raison humaine comme instrument de la connaissance du monde sans l’aide quelconque d’origine surnaturelle ou irrationnelle.
Il affirmait : « La paix est le souverain bien politique » (Doctrine du droit.) parce qu’elle ne définit pas la perfection individuelle et morale de l’action, mais son achèvement collectif et juridique.
Propositions de Kant pour y accéder :
Première section.
Articles préliminaires en vue de la paix perpétuelle entre les Etats.
Articles 1,5,6 : lois immédiatement exécutoires.
 Interdiction pour les États :
·         De se résoudre à la paix afin de rétablir leur force, en vue d’une guerre future.
·         De s’immiscer par la violence dans la constitution et le gouvernement d’un autre état.
·         De mener des hostilités qui auraient pour effet de rendre impossible la confiance réciproque dans la paix future : enrôler des tueurs à gages, des empoisonneurs....

Articles 2,3,4 : lois dont l’application peut être différer car leur mise en œuvre doit tenir compte des circonstances :
·         Nul État Indépendant ne pourra être acquis par un autre État que ce soit par héritage, échange, achat ou donation.
·         Les armées permanentes devront disparaître entièrement avec le temps.
·         On ne contractera aucune dette publique en vue des querelles entre États.

Seconde section.
Articles définitifs de « Vers la paix perpétuelle » : toutes les relations entre les hommes doivent être définies par le droit. Or l’histoire des hommes a été à maintes reprises celle de la guerre. Il montre comment la guerre entre les peuples peut mener progressivement à la paix.
-          Article 1 : dans tout État, la constitution doit être républicaine.
 C’est à dire exiger le consentement du peuple pour chaque décision politique. La guerre deviendra improbable puisque le peuple n’a aucune raison de la souhaiter.
-          Article 2 : le droit des gens doit être fondé sur une fédération d’États libres. Il faut constituer une « fédération de peuples » qui n’aurait pas pour autant à être un état fédératif, et finirait par contenir tous les peuples de la terre. Ces peuples consentiraient à des lois publiques contraignantes (tout comme les individus renoncent à leurs libertés sauvages) qui permettraient de régler les conflits entre États sans qu’il soit nécessaire de recourir à la guerre.
-          Article 3 : le droit cosmopolitique doit être limité aux conditions d’une hospitalité universelle. C’est un « droit de visite » qui appartient à tous les hommes de s’offrir comme membre de la société, en vertu du droit de la propriété commune de la surface de la terre (un État humain universel).
La raison nous oblige : il s’agit avant tout d’instituer et de garantir les droits fondamentaux de l’humanité aussi bien à l’intérieur des frontières d’un Etat qu’entre les Etats. Aucune présupposition anthroplogique (l’homme est bon ou mauvais)ne doit entrer dans la définition du droit. Le respect de ces droits, et par dessus tout celui de l’usage commun de la liberté, est le plus sûr moyen d’accéder à la paix.
Kant ne fait pas dans l’angélisme : la réalisation du droit dans l’histoire ne dépend pas de la bonne volonté consciente (moralité) des hommes ; elle n ‘est que le produit du mécanisme de « la Nature » c’est à dire de l’affrontement mécanique des passions égoïstes, de sorte que je puis agir en bon citoyen (respect de la légalité) sans être pour autant animé par des motifs moraux(mais par crainte, par espoir, par intérêt…). « La question n’est pas de savoir comment on peut améliorer les hommes, mais comment on peut utiliser à leur progrès le mécanisme de la nature.. »(1er supplément de « vers la paix perpétuelle »)
La philosophie kantienne est une philosophie de la finalité (3ème critique du jugement : que puis-je espérer ?) où la perfection peut seulement être approchée. « Une tâche qui s’approchera toujours davantage de son but ».
 L’idée de paix doit donc animer tout projet politique sans pouvoir pour autant le réaliser, mais « vers la paix perpétuelle » établit les conditions juridiques de la paix, aux hommes de réaliser cet idéal.

Déjà de son vivant les Romantiques s’opposeront à Kant. En réaction à la valorisation de la raison par les Lumières, les romantiques vont mettre en avant les sentiments, la foi, les émotions, l’introspection, la vie intérieure. Ce n’est pas par la raison que l’on arrive à la liberté mais par une sensibilité éduquée. Il faut une éducation esthétique, pour une sensibilité cultivée. Exit la raison, c’est le retour de la religiosité et des passions et avec elles le militarisme triomphant. C’est surtout en Allemagne que ce sentiment de déclin de l’élite confina à un pessimisme, qui produisit les œuvres de Schopenhauer, de Nietzche entre autres, et justifiera la guerre (le cataclysme rédempteur).

A deux reprises la guerre ruinera l’Europe au XXème siècle, les démocraties pacifiques seront contraintes à se défendre de l’agression des empires autocratiques (en 1914) puis du nazisme (en 1939).

La dernière entreprise pacifiste fut la fondation Bertrand Russel pour la paix (1963), mise en place avec la menace thermonucléaire des années 50-60. Son action visait deux objectifs, l’un à court terme qui consistait à condamner publiquement l’agresseur et de décider des sanctions à son encontre, le second à long terme consistant à promouvoir toutes les conditions et institutions propices à la formation d’un gouvernement mondial.

Si l’affrontement thermo-nucléaire entre le monde occidental et l’U.R.S.S. n’eu pas lieu, nombre de guerres virent s’affronter les anciens colonisateurs et leurs colonies, de la fin de la deuxième guerre mondiale jusqu’aux années soixante dix. Le paysage géo-politique contemporain, sans entrer dans le détail car ce n’est pas le sujet, fait la part belle aux pouvoirs bellicistes de potentats qui assoient leur légitimité sur leur capacité de violence et n’hésitent pas à entrer en conflit armé. Par ailleurs le fonctionnement de l’ONU est largement paralysé par le vote « des membres permanents », qui au gré des alliances s’opposent aux décisions du conseil de sécurité.

Quels sont les obstacles à la proposition de paix perpétuelle de Kant ?
Encore à ce jour ce ne sont pas les intérêts rationnels qui mènent le Monde mais les passions, religieuses ou Nationalistes. La guerre est déclenchée pour défendre des valeurs qu’on juge, à tort ou à raison, comme sacré : on meurt pour la religion, pour la patrie, quelque fois pour distraire l’attention d’un peuple insatisfait par des conquêtes qui flattent l’orgueil national, pour la révolution, mais aussi pour l’accès aux matières premières (pétrole).

Quelles sont les raisons d’espérer ?
La guerre est devenue illégale alors qu’elle était un moyen politique de gouvernance, les états sont immortels et les frontières sanctuarisées. Il faut donc favoriser l’existence de forces internationales de maintien de la paix.
Ce ne sont plus les tyrans mais les peuples qui décident en démocratie. L’autonomie du citoyen doit lui permettre d’influer sur la décision politique. C’est en démocratie qu’est née la sacralisation de la vie humaine : à la vision mortifère de se sacrifier pour « la cause » succède « la vie humaine sacrée ». Le développement de la démocratie dans le monde apparaît comme le meilleur moyen de tendre « vers la paix perpétuelle » proposée par Kant.
Mais les démocraties sont fragiles et même si globalement le monde s’est enrichi et que l’on vit mieux, les inégalités économiques se sont creusées depuis la révolution conservatrice des années quatre-vingt, initiée par Thatcher et Reagan, tant au niveau des états que des individus. Ces tensions favorisent la renaissance des nationalismes exacerbés et des autoritarismes salvateurs.
La démocratie existe au moins depuis Solon en Grèce, VIème siècle avant J-C, on peut donc espérer l’améliorer et la rendre plus fidèle à ses principes. On gardera à l’esprit que l’une des bases de la démocratie, régime politique fait d’équilibre et de liberté entre les hommes qui la composent, doit rester : « la liberté de se plaindre repose sur la garantie que le gouvernement ne punira pas ou ne fera pas taire ceux qui se plaignent ».

Sources :
(1) « Vers la paix perpétuelle » Emmanuel Kant (classiques Hatier de la philosophie).
(2) « Une lecture des trois critiques » Luc Ferry (Grasset)
(3) « Le triomphe des Lumières » Steven Pinker (Les arènes).

lundi 2 mars 2020

Sujet du Merc. 04 Mars 2020 : Mais quelle est donc cette dérangeante méthode de l’ami Descartes ?


Mais quelle est donc cette dérangeante
méthode de l’ami Descartes ?

Pourquoi en France se prétend-on cartésien en croyant comprendre Descartes sans trop bien réaliser que lui-même n'a pas pensé ce qui lui a permis de penser ? Penser est une chose qui lui semble évidente et qu'on est tenté d'accepter sans examen, alors même qu'elle ne l'est pas.

Essayons ensemble de comprendre tout cela. Par son je pense, donc je suis, ce professeur de raison ne se leurrait-il pas un peu ? Comment peut-il conclure donc je suis – c'est à dire qu'il est – alors qu'il a déjà gratuitement affirmé qu'il est par le je de  je pense ? N'est-ce pas une tautologie ? Mais surtout, ne lui eut-il pas d'abord fallu prouver qu'il est ? Eh oui, professeur, comment penser si on n'est pas encore ? Suis-je irrévérencieux, à l'instar d'Anaximandre envers Thalès ? Oui : Descartes n'aurait-il pas plutôt dû conclure « donc j'existe » plutôt que donc je suis ? Ceci pour la raison que « je suis homme parce que je pense, et que donc j'existe ».

Même si c'est peut-être cela que Descartes avait voulu dire, reste qu'il ne l'a pas écrit et qu'il ne pouvait affirmer être par le je de je pense sans expliquer d'où provient cette possibilité d'un je... C'est crucial. Mais, en réalité, le problème est ailleurs. Descartes se considère d'office en adulte accompli : je pense donc je suis. Implicitement, c'est parce que je suis déjà un homme accompli que je pense pleinement : la seule chose dont je ne puis douter est que je pense. Et donc, c'est parce que je suis occupé à penser que j'existe. Et qu'en conséquence je ne puis douter d'être homme accompli.

Il n'en demeure pas moins que Descartes ne se posait pas la question anthropologique du processus d'hominisation. Celui de l'individu et celui de l'espèce. L'individu part de deux gamètes suivies d'un fœtus, pour passer ensuite par le nouveau-né vagissant tel un animal que son milieu matériel et humain transformera en un être humain vers 7-8 ans, à l'âge de raison. On voit qu'il n'y a pas d'homme qui vaille sans adaptation et éducation. Mais Descartes, lui, était déjà pleinement éduqué quand il conclut je pense, donc je suis.

En toute philosophie, c'est ce processus d'émergence de l'humain qu'il nous faut tenter d'expliquer à sa place, afin de pouvoir ensuite essayer de justifier puis de pleinement comprendre son Discours de la méthode pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences. C'est peut-être à cause de cet hiatus que souvent nous croyons percevoir son Discours sans bien le comprendre, ni surtout l'appliquer. C'est un comble car pour bien conduire sa raison il faut être pleinement rationnel, ami Descartes. Allons-y en deux points.

1.  Sans méthode pour comprendre l'univers, il resterait vain et vide pour nous. Il serait dénué de signification. Certes, l'univers est. Mais il serait vide d'objets sans les hommes pour leur donner une identité particulière en les nommant. Pour cela, encore faut-il qu'il y ait discours. Or la possibilité d'un discours appartient aux seuls hommes qui, par la conscience d'eux-mêmes qu'ils ne développent que par leurs interactions, acquièrent la pensée auto-réflexive, la conscience. Il faut débrouiller tout cela, avant de passer à une compréhension du Discours proprement dit.

Certes, il faut lire et relire ce grand œuvre philosophique français de 1637. Mais reconnaissons à sa décharge que Descartes n'était pas à la recherche d'une définition de la conscience, mais d'une évidence : un fait capable de résister à toute mise en doute, y compris celle du message de nos sens. Après mûre réflexion sur toutes les observations et expériences de sa vie (les faits), il en induit une et une seule évidence : le fait même qu'il est en train de faire cette recherche. (A cet égard, parler d'intuition reviendrait à dire la même chose. Mais aucune intuition ne tombe jamais du ciel, mais des seuls faits.)

Cette démarche aboutit non pas à un objet mais est un processus, dont l'existence pour lui est indubitable. C'est le cheminement de sa propre pensée. Il ne trouve donc aucun objet (ce qui est). Pas même son propre je. Bien que néanmoins il le prétende implicitement. Tout en se fourvoyant. Le je pense, donc je suis notifie simplement que le processus de sa pensée lui signifie le processus conjoint, non pas qu'il est (un objet figé) mais qu'il existe. Ce qui est bien un processus. Penser présuppose en effet l'existence du je, objet préliminaire dont l'émergence ne va pas de soi. Descartes a éludé ce questionnement. Essayons donc ensemble d'en relever le défi philosophique.

 Il faut donc préciser cette émergence afin de justifier tant son Discours que sa méthode, mais aussi le caractère philosophique et scientifique de celle-ci, tous éléments explicitement énoncés dans l'intitulé de son travail de maturité. Par ces apports, il nous fait le don amical des si dérangeants mais nécessaires efforts de compréhension que requiert sa quadruple méthode. Qu'implicitement il nous invite en toute amitié à sans cesse appliquer.

Il nous faut donc questionner l'universel du je pense. Comment les néandertalo-sapiens ont-ils pu dire cet unique objet faunistique, ce je que Descartes imagine aller de soi ? Comment avoir conscience de soi--même ? La raison est que, contrairement aux autres animaux, les hommes sont seuls capables de se figurer un objet. Considérons la chose. Tout ce qui appartient à l'univers, particule ou astre, caillou ou animal, est, par convention, doté d'être (la prémisse au « je » et au « donc je suis »). Oui, tout objet est. Mais sa définition est arbitraire. Tel caillou n'est considéré comme un élément individualisé que grâce à un observateur qui, traçant les limites de ce qui appartient à cet objet, lui assigne une singularité. Pour être objet de l'univers, il faut être objet du discours d'un observateur.

Certes les hommes ne sont pas les seuls observateurs mais ils sont seuls capables, par exemple, d'aller au-delà de la constatation que des éléments brillants se déplacent dans le ciel. Leur « discours » les nommera astres. En effet par cette constatation tout objet est une création, d'abord de borborygmes alliés à un geste, tous deux échangés entre des êtres (pré)humains. Ensuite, sur des centaines de millénaires d'évolution, il y a une progressive émergence du discours articulé entre eux. Le « entre eux » est la clé de la conscience humaine. Celle du je à la pensée auto-réflexive : je pense, donc je suis. Et donc j'existe ; et surtout, je le sais, j'en ai conscience, la perception auto-réflexive ! Tout objet est une création du discours humain. Sans les hommes, le monde ne serait qu'un continuum sans structure. Et surtout, je dis-je  parce que d'autres m'ont dit tu, dans une réciproque dialectique. C'est cela l'humain. Il faut qu'il y ait un nous pour qu'il y ait un je. Et même, il faut qu'il y ait au préalable un univers d'objets singularisés par un groupe d'hommes.

2.  Ceci étant acquis, passons au Discours de la méthode. Rappelons-nous qu'il fut précédé des discours de Vinci, Copernic, Bruno, Galilée, Brahé, Képler et de tous les sapiens, ensemble, avant eux. Mais aussi, ensemble, après eux. Voici donc la méthode en quatre points et la conclusion du Discours. Il est assez maladroitement adapté en langage d'aujourd'hui (caractères non italiques et non gras), mais cela devrait nous permettre de le comprendre plus directement et peut-être avec plus de justesse :

            ainsi, au lieu de ce grand nombre de préceptes dont la logique scolastique est composée, je crus que j'aurais assez des quatre suivants, pourvu que je prisse une ferme et constante résolution de ne manquer pas une seule fois à les observer.
            Le premier (règle de l'évidence ou des faits avérés) était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse comme vraie pour ce qu'elle m'apparut d'emblée être telle ; c'est-à-dire d'éviter soigneusement toute conclusion hâtive sans examen suffisant, tout comme la prévention et tout préjugé ou idée d'autorité, et de n'inclure rien de plus en mes jugements que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit que je n'eusse aucune occasion de le mettre en doute (fait avéré).
            Le second (règle de l'analyse qui décompose le complexe en éléments simples, clairs et distincts), de diviser chacune des difficultés que j'examinerais en autant de parcelles qu'il se pourrait et qu'il serait requis pour les mieux résoudre.
            Le troisième (règle de la synthèse ou induction), de conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître (notamment ceux qui sont connus par l'évidence des faits), pour monter peu à peu comme par degrés jusques à la connaissance des plus composés, et supposant même de l'ordre entre ceux qui ne se précèdent point naturellement les uns les autres (Descartes postule que tout objet de connaissance est rationnel et comporte un ordre).
            Et le dernier (règle des dénombrements, des recensements, de la prise en compte ou des précautions à prendre à titre de vérification), de faire partout (aussi bien dans l'analyse que dans la synthèse ou induction) des dénombrements (précautions de vérification ou passage au tamis de critères de pertinence par rapport à la question en étude) si entiers (par la considération de tous les éléments un à un) et des revues si générales (cohérence de l'ensemble), que je fusse assuré de ne rien omettre (de pertinent et juste suffisant parmi les faits par rapport à la question).     

            Ces longues chaînes de raisons, toutes simples et faciles, dont les géomètres ont coutume de se servir pour parvenir à leurs plus difficiles démonstrations (en fait « monstration » ou induction ; ce mot n'existait peut-être pas mais veut actuellement dire l'inverse de dé-monstration), m'avaient donné occasion de m'imaginer que toutes les choses qui peuvent tomber sous la connaissance des hommes (reconnaissance de notre finitude) s'entresuivent en même façon. Et que, pourvu seulement qu'on s'abstienne d'en recevoir aucune pour vraie qui ne le soit (effectivement), et qu'on garde toujours l'ordre qu'il faut pour les déduire (en fait, induire !) les unes des autres, il n'y en peut avoir (de questions, d'objets) de si éloignées auxquelles enfin on ne parvienne, ni de si cachées qu'on ne découvre.

On reconnaît ici la démarche philosophico-scientifique de recherche de connaissances authentiques. Elle est aujourd'hui souvent négligée et donc souvent rappelée dans nos assemblées. La voici :

  Mise à l'écart de toute prévention, préjugé, vue de l'esprit ou hypothèse à laquelle on se tiendrait résolument jusqu'à preuve factuelle de son invalidation ou « falsification » (démarche à la K. Popper, par opposition au « Hypothesis non fingo. » cartéso-newtonnien (« Je ne fais pas d'hypothèse. »).

  Recherche de tous les faits avérés, pertinents et juste suffisants (passés au crible ou tamis des  critères de pertinence et de suffisance), utilisés afin d'expliquer l'objet dans la troisième phase ci-après.

  Induction : recherche rationnelle (seul élément de spéculation de la démarche, mais sur ces seuls faits précédemment passés aux cribles) et énonciation du principe général explicatif de l'objet.

  Ce principe explicatif ou loi générale permet ensuite de déduire, ou expliquer des cas particuliers. Si dans cette opération le principe ou loi est invalidé – apportant ainsi un ou des faits nouveaux et, par là, le principe étant transformé en erreur devenant prévention si elle est maintenue (méthode de Popper écartée au point 1°) – il doit être soumis à la démarche décrite ci-avant.

Qu'attendons-nous pour essayer d'appréhender et sans cesse appliquer cette démarche? Plutôt que de nous laisser porter à agir et penser à tort et à travers.

Sans doute préférons-nous nos opinions et excès. Ils nous divertissent souvent plus que le don amical mais rude de l'ami Descartes : une démarche et une méthode visant à conduire notre raison pour tenter de découvrir des connaissances authentiques (philosopher). Mais gare aux troubles qui naissent de l'étourderie d'ignorer ce rude camarade. Ou son ami Epicure qui nous prévient des troubles des personnes, certes, mais aussi de ceux que l'on voit aujourd'hui partout sur nos places, terrasses, cafés et brasseries. Et même et surtout jusque dans nos Etats, entreprises et maisons.

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