vendredi 23 septembre 2022

mardi 20 septembre 2022

Sujet du Merc 21 Sept. 2022 : La liberté peut-elle s'affirmer sans violence ?

 

             La liberté peut-elle s'affirmer sans violence ?

Avant d'aller plus loin il importe de ne pas mélanger les choses. Force et violence : la force contraint quand la violence opprime ou libère.

En 1952, Gandhi présenté comme un apôtre de la non-violence déclare : "Là où il n'y a le choix qu'ente lâcheté et violence, je conseillerai la violence…Je cultive le courage tranquille de mourir sans tuer. Mais chez celui qui n'a pas ce courage, je désire cultiver l'art de tuer et d'être tué plutôt que de fuir honteusement le danger. Car celui qui fuit commet une violence mentale : il fuit parce qu'il n'a pas le courage d'être tué en tuant.

Non-violence n'est pas soumission bénévole au malfaisant. Non-violence oppose toute la force de l'âme à la volonté du tyran."

 

Une volonté libre, une froide détermination, seraient-elles les seuls moyens pour que la liberté s'affirme ?

 

Il faut dire que la violence est mal vue. Tous les auteurs (sauf de rares exceptions) sont contre la violence qui est définie comme un élément du
« pathos », dissociée de la raison elle ne peut être que "mauvaise". Tous les systèmes politiques, inscrivent en lettres d'or la réprobation de la violence au fronton de leur édifices publics.

 

Et pourtant depuis des siècles la violence est là ! Et la liberté si peu présente…

 

En fait il y a deux manières de voir les choses. Soit on considère les choses, les deux concepts : Liberté et violence comme des choses " en soi", immuables, intangibles ; et c'est possible en recourant à la métaphysique. Le risque c'est de sombrer dans la morale, voire la "moraline" (Nietzsche).

Soit on replace les deux termes du questionnement sur la terre des hommes et le concret de leur vie. Dès lors il faut essayer de percevoir ce que liberté et violence signifient sur le plan pratique. Ce sera notre parti pris.

 

Fin du 18° siècle la France pays rural, crève de faim et une noblesse toujours plus arrogante pressure le peuple. Les parisiens défilent sous les fenêtres de Versailles en demandant du pain (la liberté de pouvoir se nourrir), on leur répond qu'il n'ont "qu'à manger de la brioche". La situation se bloque. L'aristocratie veut garder "sa" liberté d'opprimer le peuple. On ne discute pas et la violence s'affirme de plus en plus comme une nécessité pour changer l'ordre des choses. Puisqu'on n'obtient rien par le dialogue et que c'est la VIE même, pas la vie transcendantale, spirituelle ; de millions de français qui est en jeu le seul choix disponible c'est l'usage de la violence. On n'a plus rien à perdre, la vie ne vaut pas grand-chose, autant lui donner un sens politique : la liberté, au prix d'un risque majeur pour soi : la violence (corollaire de l’engagement).

 

Comprenons bien le sens de cet exemple : il ne donne aucune leçon de morale, ou de politique, il ne juge pas les résultats et les conséquences de la révolution de 1789. Il établit des faits dans lesquels les deux notions "liberté" et "violence" sont mis en œuvre.

 

Mais tout cela est bien beau, me dira-t-on, parler de la révolution française, tout le monde est d'accord (pas si sûr). Mais l'utilisation de la violence par les nazis, somme toute au nom de la "liberté de l'Allemagne occupée" (Une partie de l'Allemagne était alors occupée par les puissances qui avaient vaincu en 1918), fait-elle partie de ce point de vue extra-moral ?

 

Il nous faudra alors creuser plus avant la notion de liberté. La liberté se définit elle d'après des critères concrets ou peut-elle se fonder sur des illusions. Lorsque les nazis parlaient de la "liberté de l'Allemagne occupée", dans le même temps ils bafouaient toutes les libertés individuelles, de réunion, d'association, de religion. Ils brûlaient des livres.

La "liberté" prônée par les nazis s'assumait certes, par la violence. Mais on voit bien avec ce court exemple que l'agitation du drapeau de la liberté, ne signifie pas toujours l'adhésion au principe métaphysique de « La Liberté".

Les majuscules ne conviennent décidemment pas à la philosophie.

Nous nous contenterons donc des minuscules pour tenter d'y voir plus clair.

 

 Qu'est-ce que la liberté ? Faut-il se méfier des appareils d'illusion qui nous la vendent dans les pots de yaourt, les crèmes solaires, les frappes chirurgicales, le "droit d'ingérence" ou "l'axe du bien" ?

 

lundi 12 septembre 2022

Sujet du Merc. 14 Septembre 2022 : L'ARGENT EST-IL LE NÔTRE ?

 L'ARGENT EST-IL LE NÔTRE ?

Sur l’argent, va-t-on faire appel à Marx dans ses œuvres ? Ou suffit-il de réunir de nombreux faits anthropo-archéologiques ? Et même ne suffit-il pas de savoir si peut être nôtre ce qui est créé par quelques puissants à leur strict profit ? Mais à notre détriment.

 

Peut-on imaginer l’ampleur de notre conditionnement à l’argent* ? L’argent est créé et géré depuis des décennies sous forme de dettes et de crédits par des entités privées adossées à des richesses humaines et sociales qui sont nôtres (« Il n’y a de richesse que d’hommes », Jean Bodin, philosophe de la Renaissance). Ces entités privées pratiquent un vol devenu légal bien qu’illégitime et d’ampleur ultime, passé inaperçu par la majorité de la population. En outre, ce crime de faux-monnayage généralisé au monde entier se poursuit par l’imposition d’intérêts sur ce vol ; intérêts à verser aux arnaqueurs et constituant ainsi la dette d’un argent qui n’est pas encore là ! Mais qui le sera par la nécessité de l’emprunter aux mêmes qui l’adosseront à la promesse de notre production future par le travail asservi qu’induit la dette.

 

C’est comme si on capturait l’humanité entière au bord d’une route et qu’on la forçait à travailler tout en la faisant payer en sus le prix de son travail. Le cynisme est absolu car il s’agit du prélèvement forcé ad libitum de notre substance. Tendanciellement de l’intégralité de nos forces de vie. En fait, nos vies elles-mêmes. L’immensité des souffrances, atrocités et carnages constatés par centaines de millions (20 millions annuels de morts de faim qui en découlent, sans compter celles des guerres induites) est le crime ultime perpétré à grande échelle partout et tout le temps dans le monde dans une apparente quiétude générale depuis plus de 500 ans. Ci-après on en parle en vérité.

Cette monnaie de « progrès », de mort et de destruction est à l’opposé des « monnaies humaines et sociales » qui ont perduré pendant quelque 99 pourcent de l’existence de Sapiens, mais qui n’ont subsisté de manière résiduelle jusqu’à il y a encore un demi-siècle que pour finir par être détruites de l’extérieur. Ces monnaies ne servaient nullement au commerce. Non, elles représentaient les obligations fondamentales que se doivent les hommes entre eux en société qui s’édifient mutuellement en tant que tels dès leur naissance (« L’homme est un animal social », Aristote). C’était, par exemple, les obligations pour « la richesse de la fiancée » (procréation et soins de vie) ou pour tenter de compenser l’oblitération volontaire ou pas, partielle ou totale d’une vie humaine (cf David Graeber).

 

Pour passer des « monnaies humaines » (coquillages, plumes de paradisiers, barres de bois rares, laiton, or ou argent, etc.) à d’autres monnaies par perversion des premières, il a fallu des actes de violence comme le rapt ou la razzia de groupes voisins par la capture forcée d’une « fiancée » ou d’hommes convertis en esclaves, en objets. C’est la réification d’humains qui dès lors ne valent que leur prix marchand, exprimé en monnaie devenue commerciale et ayant ainsi perdu tout caractère de dignité humaine. Les hommes ont un prix ou une dignité (Kant). Cette violence par réification de l’humain a ainsi conduit à l’émergence de la guerre sur terre. 

 

Savons-nous que cette monnaie est ainsi devenue strictement privée comme appartenant aux puissants. Dès lors, ceux-ci réunis en entités idoines la créent et la gèrent en manipulant et en exploitant le commun des mortels, le vulgum pecus rendu par manipulation mentale toujours plus « ignorant des causes qui le déterminent » (Spinoza) ? Aujourd’hui ce dispositif a asservi la terre dans ses moindres recoins sans qu’étrangement les hommes ne se soulèvent face à l’urgence de la destruction de toute valeur humaine (éthique).

 

Pour faire simple afin d’éclairer notre lanterne et juger de la situation actuelle en « connaissance de cause », voici l’algorithme qui nous gouverne puisque conçu et géré de mains d’experts, qui pour sûr n’en font pas publicité :

 

                                    Mais comment et d’où vient ce terrible argent-là ?!

 

                                               K = 1 / ( X + Z ( 1 – X ) ) .

 

K :  coefficient multiplicateur de création monétaire par les banques privées.

 

X :  coefficient de préférence de la population pour les pièces et billets. C’est l’effet magique « Carte bleue », de préférence « sans contact » (et zoum, mon paiement éclair ! Je suis libre, rendu comme magique et super puissant ! Youpie !).

 

Z :  coefficient de réserve obligataire de monnaie de fonds propres des banques privées auprès de la Banque centrale (dite nationale ou publique pour mieux occulter sa vraie nature sous main-mise privée) sur lesquels s’adossent les banques pour générer l’argent de dette à profusion. Celui-ci est en sus encore surmultiplié par application d’un taux d’intérêt annuel, en lieu et place d’une simple somme forfaitaire pour prêt d’argent. Par ce génial subterfuge, l’arnaque devient totale. (Youpie pour les banques !).

 

Pour l’illustrer « jouons » avec ce joujou comme nos maîtres le font avec grand sérieux :

1)  Si, comme on nous y incite par l’électronique, l’usage des billets de banque disparaît (X = 0 ) , merci ô grand Dieu-Argent, par usage exclusif de notre amie la Carte bleue, alors K ne vaut plus que  1 / Z .  Tandis que les coûts et gains afférents à la Carte assurent, en sus, de vastes profits à ses émetteurs (cf Margrit Kennedy).

2)  Et si, en outre, par la financiarisation occulte accélérée de « titres pourris » (actions et obligations), Z tendait vers zéro, alors K serait proche de  1 / 0 . Cela, ô grand Dieu-Argent, correspondrait à une création monétaro-financière de l’argent privé presque infinie ! Tout le monde – sauf les puissants émetteurs monétaires qui ainsi peuvent presque s’approprier le monde entier et les hommes -- serait précipité en esclavage au profit des seconds qui créent tout l’argent. Et qui, en outre, en déterminent l’usage puisqu’il est créé par les crédits qu’ils n’accordent qu’à leur gré et qu’à ceux de leur choix. C’est le pilotage économique conduisant aux inégalités vertigineuses et toujours croissantes parmi les hommes, au sein des nations et entre elles. **

3)  Si en outre l’État, qui ne perdure que par nos impôts, s’endette sans fin par le « quoi qu’il en coûte », que se passe-t-il ? Il se rend et nous avec, pieds et poings liés pour des générations à venir, dépendants et esclaves des banques et des fonds d’investissements étrangers privés qui prêtent l’argent qui ne leur appartient pas puisqu’il est strictement adossé à notre « richesse d’hommes » (cf Jean Bodin). Surtout et d’autant plus que s’y ajoutent, crime final, les intérêts indus et arnaqueurs qui exténuent le vulgum pecus que nous sommes.

 

 « Si vous désirez être les esclaves des banques et payer pour financer votre propre esclavage, alors laissez les banques créer l’argent !», Josiah Stamp, gouverneur de la Banque d’Angleterre, 1920.

De son côté, Henri Ford déclarait au début du siècle dernier : « Si les gens savaient comment se crée l’argent, il y aurait une révolution avant demain matin ».

 

A quand une vraie libération mentale ** ? Et puis, à quand une réaction ?

 

Merci.

 

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*          °   °   °        Pour estimer nos dispositions à sortir de nos conditionnements mentaux,

            °   °   °          on peut tenter de relier 9 points disposés en carré par 4 lignes droites non

            °   °   °          parallèles qui ne peuvent pas se croiser entre elles au point central. Réussir est le signe d’une disposition à savoir s’extraire du cadre mental d’un conditionnement. 

**  C’est le contraire de la « théorie du ruissellement » illustrée par la pyramide des coupes de Champagne. En réalité elles ne sont pas identiques, leurs bords devenant toujours plus élevés du bas au sommet. La hauteur des bords est calmement ajustée par les maîtres du système monétaro-économique. Le décile supérieur remporte toute la richesse créée (le Champagne déversé), le décile suivant restant inchangé tandis que les suivants sont toujours plus mis à sec (cf Margrit Kennedy). Ainsi, chacun est rémunéré à la mesure de sa contribution. Ne serait-ce que « justice » 

lundi 5 septembre 2022

Sujet du Merc. 07 Septembre 2022 : QUE FAIRE À PART ÊTRE ?

 QUE FAIRE À PART ÊTRE ?


Avant tout traitement de ce sujet il faudra au préalable déblayer rapidement le terrain. Il sera en effet nécessaire de faire un sort à un pan de la philosophie idéaliste (Idéaliste : qui donne une prééminence de l'esprit sur la matière), dont le représentant le plus éminent est Berkeley et son fameux "raisonnement" qui aboutit au non moins fameux solipsisme (enlevons les propriétés des choses observées - goût, couleur, forme, etc…. et nous pouvons alors en conclure qu'elles n'existent pas ! * --- Mais Mr Berkeley existe-t-il ?).

 

Nous poserons donc que nous sommes. Que les divers objets ou être qui nous entourent, sont. De même que les productions que sont nos pensées sont. Mais qu'il est nécessaire, en préalable, d'être.

Être, somme toute, est assez facile. Nous accédons au monde et par des processus naturels et culturels, nous parvenons à l'existence qui, pour les hommes s'adjoint un attribut : la conscience de soi. Jusque là rien de bien compliqué. Mais que faire de cette existence. Que faire à part être ? Les animaux ou les végétaux ne se posent pas cette question. Les hommes eux se la posent. Diverses solutions ont été et nous sont proposées. Nous sommes,
 alors :

Méditons sur la mort ; quel sens à la vie (a la vie) ?; occupons nous de la cité, soyons égoïstes, aidons notre prochain …. La liste pourrait être longue d'injonctions, de conseils, de recettes …. pour "être". Mais toutes ces définitions ont en commun de considérer l'homme en tant qu'individu, en tant que monade isolée.

 

Il faudra attendre Hegel pour qu'avec force soit déclaré :   
" L'association en tant que telle est elle-même le vrai contenu et le vrai but et la destination des individus est de mener une vie collective ; et leurs autres satisfactions, leur activité et les modalités de leur conduite ont cet acte substantiel et universel comme point de départ et comme résultat " Hegel, Principes de la philosophie du droit.

L'essence de l'homme ne pourrait donc se réaliser pleinement que par une "vie collective" et cet "acte substantiel" serait à considérer comme un "point de départ et un résultat"

 

Ainsi Hegel définit un point supplémentaire, heurtant de front la philosophie classique pour laquelle la conscience de soi était le pivot de tout autre manifestation de l'être, celui de son inclusion dans une collectivité. Certes Aristote nous avait dit que l'homme était un "animal politique", mais il n'avait pas vu ce que Hegel révèle de manière pertinente, la question du "point de départ et un résultat".

Qu'apporte donc Hegel à la philosophie qui modifie de manière irréversible la conception - que nous pouvons désormais aborder sous un autre angle - de l'essence humaine ? Certainement la perception dialectique des phénomènes.

On pourrait résumer cette méthode d'analyse de la manière suivante :

-        La vie collective est le point de départ de l'essence humaine

-        Est simultanément elle en est le résultat

 

Pas d'homme sans collectivité et réciproquement pas de collectivité sans homme. L'interaction est permanente c'est ce qu'on appellera un processus. Hegel rompt ici complètement avec les catégories figées et dogmatiques de la philosophie classique qui auraient séparé : l'homme - la collectivité - le point de départ - le résultat.

Un autre philosophe, Moses Hess, reprendra cette conception en l'appliquant au domaine de la liberté.

"Si réellement l'individu correspond à son concept, en d'autres termes, si l'homme est réellement ce qu'il doit être selon son essence, alors la liberté individuelle ne se distingue pas de la liberté générale ; car l'homme véritable vit seulement la vie de l'espèce et ne sépare pas son existence individuelle, particulière, de l'existence générale" Gazette rhénane, 17 mai 1842.

 

Voilà qui nous écarte radicalement des théories hédonistes ou nombrilistes, et qui remet en cause l'aspect infernal que Sartre croyait voir dans les "autres". Mais n'est ce qu'une question de point de vue ? Sommes-nous sans les autres ? Et que pouvons nous faire (agir) à part être (faire)… avec les autres ?


Sujet du Merc. 17 Avril 2024 : L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme …

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