dimanche 21 juillet 2024

Sujet du Merc. 24 juillet 2024 : Doit-on aller au-delà de l’absence d’intention ?

 

Doit-on aller au-delà de l’absence d’intention ?

Mais si, vous savez très bien, le petit garçon de 5 ans qui court comme un dératé et casse un vase dans l’appartement. Au moment où vous chercherez à le recadrer pour que cela ne se renouvelle pas, il vous répondra :

_Mais je ne l’ai pas fait exprès !   Bah heureusement, il ne manquerait plus que ça !

Mais vous êtes bien obligé de reconnaître qu’il a raison. Il ne vous reste plus qu’à lui enseigner la prudence pour ne pas que ça se renouvelle, ou encore mieux, la responsabilité en anticipant les conséquences de ses actes.

C’est une question très contemporaine qui apparemment n’intéresse que le débat politique ou sociologique mais doit pourtant être présent dans toute approche intellectuelle sur notre société. En effet la bonne démarche d’analyse et de critique d’un système doit bien se faire dans la plus grande neutralité sans chercher des causes d’une dégradation dans une volonté délibérée d’individu voire d’idéologie.

Si je dois m’exprimer sur le système de santé d’un pays et chercher d’où peuvent venir les problèmes je ne peux pas envisager que des gens de pouvoir ont fait exprès de le dégrader. Au contraire je vais chercher dans l’histoire ou l’actualité du pays les choix ou les erreurs qui ont été faits et ont produit les défauts que l’on pourrait constater.

C’est une des raisons pour laquelle une grande partie des problèmes politiques seront réduits à des causes économiques qui ont une apparence de neutralité.

Cette caractéristique se retrouve également en droit pénal dans tous les pays développés où les tribunaux feront une distinction importante entre les crimes prémédités, les homicides qui peuvent être intentionnels mais non prémédités et les homicides par imprudence.

Autre exemple, la dénonciation du phénomène de ghettoïsation est très intéressante car le terme de « ghetto » est inventé au XVI° siècle, il désigne au départ une véritable politique publique. Il est utilisé originellement dans la république de Venise en 1516 pour définir un quartier imposé aux juifs où ils doivent être séparés de la population non juive. 

Or l’usage qui est fait le plus souvent à notre époque du terme de ghettoïsation relève plus d’une banalisation que d’une réalité. Sans remettre en cause les problèmes d’urbanisme considérables qui peuvent exister dans tous les pays développés, le phénomène est bien différent. La nuance est importante sans parler d’abus de langage, on est proche d’un sens figuré, comme la différence entre « une table » et « la table de multiplication ». Il faut comprendre qu’il n’y a jamais eu de politique de ségrégation en France. 

Les explications viendront de problèmes économiques, de contraintes venant de la nécessité de loger des gens dans l’urgence et en dernier des phénomènes de communautarisme qui vont progressivement dominer. (Le communautarisme est une réalité complexe spontané et inévitable au départ dans les phénomènes migratoires). 

Beaucoup de nos quartiers dit sensibles ont été construits dans les années 60 et 70 avec les meilleures INTENTIONS du monde. Même si dans ces périodes la puissance publique a fait construire des HLM en contrôlant le montant des loyers. J’insisterai sur la mixité sociale et culturelle qui existait et que j’ai vécue personnellement en banlieue parisienne (Massy, grand ensemble, 91).

 

S’il reste un argument pour convaincre de cette démarche intellectuelle, il viendra du fait que c’est probablement la seule approche rationnelle pour tenter de comprendre ou de chercher des solutions pour satisfaire à l’intérêt général et au bien commun. On peut dire que le reste des problèmes réside dans les lois et l’exercice de celles-ci.  Et force est de constater qu’elles sont très abondantes en France.

(On envisage de faire une loi pour lutter contre la discrimination capillaire.)

Donc si je veux comprendre les problèmes du système économique d’un pays je ferai en sorte d’écarter les causes venant d’actions malveillantes ou d’individus nuisibles.

Mais certains intellectuels pourront contourner ce principe en traquant toute formes de résistances à son projet global de justice sociale, comme une source de véritable volonté malveillante. Donc le fait de ne pas adhérer ou de discuter des idées d’inspiration socialistes peut devenir coupable, la mauvaise volonté est soudainement devenue suspecte. C’est l’inversion de causalité qui devient la norme. Il faut ajouter que cette logique s’appuie sur un principe Rousseauiste, la société est responsable, elle ne fait que créer des déterminismes et des discriminations.

_Vous vous opposez à ma proposition, vous êtes donc le problème, vous êtes le mal.

Il est intéressant peut être, de chercher un lien de causalité entre la quantité de loi d’un pays et la conception générale de la société qui domine.

Je reste persuadé que la désindustrialisation depuis 50 ans en France n’a jamais été recherchée par nos politiques, mais est la conséquence de leurs politiques publiques.

dimanche 14 juillet 2024

Sujet du Merc. 17 Juil. 2024 : L’intérêt général ?

 

                                                 L’intérêt général ?    
Toute société doit être, ou doit faire croire aux hommes qui la composent qu'elle est, une émanation de leurs intérêts. A la différence des communautés précédentes, qui existaient de façon naturelle pour chacun comme source et condition de son existence, les sociétés marchandes, dans lesquelles les individus sont indépendants, séparés, doivent se présenter comme leur association volontaire en un groupe national opposé aux autres ayant pour objet la défense de leurs intérêts communs. Elles sont une sorte d'association, de syndicat, dans la guerre de tous contre tous, dont le nom est la nation.

Le fameux intérêt général, tarte à la crème de tous les idéologues, cache-sexe de toutes les atteintes et violences à l'encontre des individus, est l'idéologie fondatrice de cette société. Mais d'où provient donc la nécessité de cet intérêt général unificateur dans une situation où la main invisible, pour les économistes, est censée coordonner au mieux les activités de tous, et la raison, pour les philosophes, imposer sa loi universelle et unificatrice par la ruse.?

C'est que voilà l'individu indépendant, nouvelle idole de la société marchande, prié d'agir selon ses intérêts privés. Voilà que ceux-ci se représentent par la valeur, l'argent, et toutes les catégories qui en dérivent. Ses intérêts, ses besoins, la façon de les satisfaire, sont le gain, validation sociale de ses efforts, de son existence. Alors, "l'esprit d'entreprise", le dynamisme sont aussi, nécessairement, l'égoïsme, la cupidité, l'aveuglement dans une course anarchique à la production qui est à elle-même son propre but. Tous ces comportements fondent ce qu'on appelle l'intérêt privé.

Mais dans une société où la concurrence et la lutte sont le pain quotidien, les intérêts privés se regroupent en ensembles plus ou moins larges sur la base d'intérêts communs face aux autres. Nous avons vu ainsi naitre les classes avec l'extension de la division sociale du travail propre aux sociétés marchandes. 

D'abord la bourgeoisie, petite et grande, paysanne et urbaine (ce qui était le "tiers état" de 1789) s'organisa pour obtenir son acte officiel de naissance : la propriété personnelle, la libre entreprise. Laquelle n'est pas tant libre, puisqu'elle nécessite l'organisation d'un marché, avec ses règles, ses lois, ses institutions pour les faire appliquer et, aussi, en assurer la défense ou l'extension.

C'est alors, on le sait, que l'intérêt général prit la forme de l'intérêt national. C'est à dire que le marché s'inséra peu ou prou dans le cadre d'anciennes communautés fondées sur des liens personnels (tel le royaume centralisé issu de la féodalité). Ce cadre a fourni son enveloppe toute trouvée à la nouvelle société (limites géographiques, unité de langue, de culture, d'administration, histoire commune).

Donc, si la bourgeoisie a dû développer la notion idéologique d'intérêt général, alors que la main invisible et la ruse de la raison devaient assurer l'unité, la complémentarité des actes individuels, c'est que, bien évidemment, il n'en était rien.

 Des comportements individuels fondés sur des choix isolés, ignorants ceux des autres, ne conduisent qu'à l'anarchie.

 En tant que fondés sur le profit personnel, et donc l'économie du temps de travail, ils ne conduisent qu'à des crises, puisque cela revient à diminuer ce qui mesure la richesse, ce qui produit le profit, dans ce système. En tant que déterminés par une division sociale du travail creusant toujours plus les différences de classes, ils ne conduisent qu'à des conflits qui minent l'unité sociale. Et la liste des séparations et contradictions qui sont l'essence du capitalisme n'est pas ici close. L'unité sociale doit donc être établie par d'autres moyens, autoritairement.

Aussi l'individu marchand, le bourgeois, a et vit des intérêts privés dans la sphère économique qui doivent être complétés par des intérêts de "citoyen", un autre homme créé de toutes pièces pour vivre dans une sphère également créée de toute pièce à cet usage : la sphère politique.           

Dans la première, ce sont ses intérêts personnels d'individu indépendant.           

Dans la deuxième, il organise une unité sociale séparée de lui-même, par le biais d'institutions auxquelles il délègue son pouvoir.

Il le fait parce qu'il faut bien qu'il trouve les conditions générales permettant l'exercice de son activité qui, s'il ne la conçoit que comme indépendante des autres, n'en est pas moins collective, sociale. Par exemple il faut des lois qui fondent le minimum d'organisation en dehors de laquelle les individus ne peuvent socialiser leurs activités (protection de la propriété, réglementation des échanges, gestion des finances publiques, de la monnaie etc.…). Il faut que les activités des uns n'empêchent pas celles des autres, ce qui serait le cas si l'appât de gain immédiat se donnait libre cours et allait jusqu'au pillage généralisé des ressources, au vol, au désordre social, à l'épuisement total des hommes (travail des enfants par exemple), si l'un polluait ce que l'autre doit utiliser etc…

Bref, l'intérêt privé doit sans cesse être limité par l'intérêt général sous peine de disparaitre. Ce qu'indique l'adage : « la liberté de l'individu s'arrête là où commence celle des autres". C'est à dire très vite dans des rapports sociaux fondés sur la séparation et la dépossession.

Aussi l'individu marchand, le bourgeois, a et vit des intérêts privés dans la sphère économique qui doivent être complétés par des intérêts de "citoyen", un autre homme créé de toutes pièces pour vivre dans une sphère également créée de toute pièce a cet usage : la sphère politique.

Dans la première, ce sont ses intérêts personnels d'individus indépendants.        

Dans la deuxième, il organise une unité sociale séparée de lui-même, par le biais d'institutions auxquelles il délègue son pouvoir.

Bref, l'intérêt privé doit sans cesse être limité par l'intérêt général sous peine de disparaitre. Ce qu'indique l'adage : « la liberté de l'individu s'arrête là où commence celle des autres". C'est à dire très vite dans des rapports sociaux fondés sur la séparation et la dépossession.

Et plus le développement du capitalisme accroît les séparations entre individus d'avec la maîtrise de leurs conditions d’existence, plus cette société ne leur apparait que comme contrainte d'une part et comme moyen de satisfaire leurs intérêts privés d'autre part. Il en résulte une double attitude à son égard, à celui de l'état qui la représente à leurs yeux : la protestation, le conflit, à l'encontre de ce qui limite leur liberté individuelle marchande ; la réclamation, l'appel au secours, la demande d'assistance pour protéger et valoriser ces intérêts.

L'état finit par être rendu responsable de tout dans le domaine social, les individus de rien : le comble du paradoxe pour un système prétendument fondé sur l'individu TOCQUEVILLE l'avait déjà pointé quand il décrivait la société comme un pouvoir social s'élevant au-dessus des individus, "un pouvoir immense et tutélaire, absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il travaille à leur bonheur ; mais il veut en être l'unique agent et le seul arbitre. Que ne peut-il leur ôter le trouble de penser et le souci de vivre Ill ne détruit pas, il empêche de naître, il hébète...". Diable, ne croirait-on pas aussi que ce chantre de la démocratie bourgeoise la décrit comme le futur soi-disant-communisme !   

Dans ce système, ce n'est qu'en tant que citoyens, qu'en tant qu'hommes politiques, que les individus sont membres actifs (ou plutôt passifs) de la communauté, non en tant qu’individus concrets.

D'un côté les autres hommes ne sont, pour les individus, que des moyens. De l'autre la communauté des individus est nécessaire à leur existence. D'un côté, dans la vie pratique de la société civile, l'individu n'existe pas pour les autres. De l'autre il faut construire une communauté, l'état politique, dans laquelle l'individu n'est qu'un membre imaginaire, sans pouvoir. Cet état n'est qu'une communauté illusoire, opposée aux individus d'une société civile réelle non communautaire (sans rapports sociaux personnels). C'est parce que la société civile marchande est une communauté impossible qu'il faut l'artifice de la société politique-étatique, communauté illusoire, appareil coercitif réel.

Laissons K. MARX résumer toute cette affaire, qu'il a le premier mis à jour :
« c’est précisément en raison de cette opposition entre l'intérêt particulier et l'intérêt commun que celui-ci prend, en tant qu'état, une configuration autonome, détachée des intérêts réels, individuels et collectifs, en même temps qu’iI se présente comme communauté illusoire, mais toujours sur la base réelle des liens existants. ..tels que consanguinité, langage, division du travail et autres intérêts; en particulier...sur. la base des classe sociales déjà issues de la division du travail…dont l'une domine toutes les autres.
Il s'ensuit que toutes les luttes au sein de l'état, la lutte entre la démocratie, l'aristocratie, la monarchie, la lutte pour le suffrage etc.… ne sont que des formes illusoires - le général étant toujours la forme illusoire du communautaire- dans lesquelles les luttes des différentes classes entre elles sont menées…Il s'ensuit en outre que toute classe qui aspire à la domination - même si cette domination a pour condition, comme c'est le cas pour le prolétariat, l'abolition de toute l'ancienne forme de la société et de la domination en général - doit d'abord s'emparer du pouvoir politique afin de présenter, elle aussi, son intérêt comme l'intérêt général, ce à quoi elle est contrainte dès le début
".

L'illusion du pouvoir politique, qui est fondé sur l'intérêt général, est de se croire (au moins quand il est intègre, ce qui n'est plus le cas depuis belle lurette) qu'il n'a plus, justement, d'illusion, et ne reste que le support de l'ambition et de l'enrichissement personnel capable de le représenter effectivement, d'imposer sa volonté.           

D'une façon générale l'idéologie patriotique et démocratique pense pouvoir faire appel au sens civique, à l'enseignement que le bien commun est la plus haute expression du bien privé, à l'altruisme, au dévouement et autres « valeurs morales » pour fusionner les intérêts privés dans l'intérêt général. Mais aucun de ces moyens idéologiques ne peut réunir ce qui est concrètement, réellement, matériellement séparé dans les rapports sociaux, dans cette division sociale du travail capitaliste où activités intellectuelles et d'exécution, travail et jouissance, production et consommation, échoient à des individus différents.

L'intérêt général n’est que forme illusoire du communautaire.

dimanche 7 juillet 2024

Sujet du Merc. 10 Juillet 2024 : French théorie et déconstruction.

 French théorie et déconstruction.


C’est par curieux effet boomerang que les idées développées par des intellectuels français, essentiellement Jacques Derrida et Michel Foucault, auprès d’un public étazunien nous sont revenues sous la forme apparemment structurée de la « french theory » et ce sont répandues dans les universités et jusqu’à sciences Po. Ces idées prétendent déconstruire les catégories classiques des Lumières et fonder une nouvelle mode pensée et d’agir connu sous le terme « wokisme ». Et il aura fallu plus de cinquante années et des générations d’étudiants devenus prosélytes et enseignants, pour cette « french theory » devienne le « must ».


Mais commençons par un canular rappelant le subtil ouvrage de Sokal et Bricmont (Impostures intellectuelles 1966 – O. Jacob.  En 2019 deux chercheurs Helen Pluckrose et James Lindsay imitant la “réflexion” et le sabir universitaires des promoteurs des théories sur le genre, la race, le féminisme, etc, nos chercheurs envoyèrent à des revues de référence des articles bidonnés et délirants qui reçurent pourtant les compliments des comités de lecture desdites revues. La revue Gender, Place and Culture plaça parmi ses 12 meilleures publications celle de nos chercheurs sur la « culture du viol canine » qu’ils avaient, disaient-ils, pu analyser dans les parcs à chiens de Portland en inspectant les parties génitales de 10 000 chiens tout en interrogeant leurs propriétaires sur leur sexualité. Dans un autre article intitulé « Passer par la porte de derrière : défier l’homo-hystérie masculine et la transphobie à travers l’usage de sex-toys pénétratifs », H. Plukrose et ses acolytes préconisaient d’encourager l’auto-pénétration des hommes par voie anale avec des sex-toys pour vaincre l’homophobie et la transphobie. Un universitaire de la revue Sexuality and Culture qualifia cet article de « contribution incroyablement riche et excitante à l’étude de la sexualité et de la culture ».       
Mais de quoi s’agit -il exactement et en quoi les philosophes doivent-ils ne pas perdre le fil des fondamentaux ?      
Denis Collin précise « Deleuze préfère alors les schizophrènes aux gens supposés « normaux », Foucault les taulards, et Badiou, le tout premier, remplace l’ouvrier français, contaminé par l’immobilisme du PCF, par l’immigré, nouveau damné de la terre. La Fondation Jean Jaurès reprendra l’idée trente ans plus tard, à l’usage du PS, avec le succès que l’on sait en 2002 »… « Tous ces courants qui ont fleuri dans les années post-soixante-huit, considèrent, comme Michel Foucault, que la question du pouvoir d’État comme question centrale est dépassée et qu’il est nécessaire de s’opposer d’abord aux « micro-pouvoirs « et aux
« disciplines » qui domestiquent l’individu.
 » C’est encore chez Foucault et son élève américaine Judith Butler qu’est revendiquée la nécessité des « identités flottantes » contre les « assignations sociales » à une seule identité sexuelle.  
Les universitaires américains, en panne d’idées originales, adoptèrent cette French Theory dans le courant des années 1970. Cette entreprise philosophique qui s’appuyait initialement sur Nietzsche et Heidegger est tombée entre les mains de certains intellectuels qui convainquirent des militants de la justesse de leurs aberrations. Et, surtout, de leur appartenance à la grande communauté des victimes — une trans-classe qui transcende les anciennes distinctions sociales.


Selon Pluckrose et Lindsay on peut formaliser la pensée de la déconstruction, socle du « wokisme », par quatre thèmes :

1    Toute distinction, séparation ou classification est relativisée et rendue compliquée, dans le but affiché de dénier une véritable pertinence à quelque catégorie que ce soit, ce qui permet de perturber les systèmes de pouvoir. Ici aussi la pensée de Foucault, mais également celle de Jacques Derrida, surgit puisque, pour eux, une distinction masque généralement une hiérarchisation ; celui qui distingue les catégories hommes-femmes, par exemple, cherche à légitimer la domination des premiers sur les secondes. Pour Derrida, les binaires sont des structures de pouvoir qui oppriment et doivent donc être déconstruites, car « une opposition de concepts métaphysiques (par exemple, parole/écriture, présence/absence, etc.) n’est jamais le vis-à-vis de deux termes, mais une hiérarchie et l’ordre d’une subordination » (Derrida, Montréal 1971). Il faut donc déconstruire ces distinctions et les flouter.  

2    Le deuxième thème est le pouvoir accordé au langage, censé construire plus ou moins entièrement notre perception du réel. Ce thème apparaît sous la plume de Heidegger mais aussi de Derrida, dans ses ouvrages « De la grammatologie, Écriture et Différence », et « La Voix et le Phénomène ». Comme le rappellent Pluckrose et Lindsay, dans ses travaux « Derrida rejette l’idée de bon sens selon laquelle les mots se réfèrent directement aux choses dans le monde réel. Au contraire, il insiste sur le fait que les mots ne se réfèrent qu’à d’autres mots et à la manière dont ils diffèrent les uns des autres, formant ainsi des chaînes de “signifiants”, qui peuvent partir dans toutes les directions sans aucun point d’ancrage ». Ici, une séparation nette entre les discours et la réalité objective (le point d’ancrage) est implicite.

 

3   Le troisième thème, le relativisme culturel, postule l’impossibilité de classer une culture comme supérieure ou inférieure à une autre. Il faut noter que Pluckrose et Lindsay oublient de préciser à ce stade que, parmi les différentes branches de la pensée postmoderne, la pensée décoloniale fera un usage paradoxal de ce thème, postulant parfois de manière plus ou moins voilée une infériorité de la culture occidentale par rapport aux cultures « indigènes ».

 

4   Le dernier thème est celui de l’éviction de l’individu et de l’universel, tous deux perçus comme des fictions issues des Lumières, masques de la domination blanche. Pour Pluckrose et Lindsay, chez les postmodernes, « le concept d’universel […] est au mieux naïf. Dans le pire des cas, il s’agit simplement […] d’une tentative d’imposer les discours dominants à tous16 ». Quant à l’individu libre et rationnel décrit par la modernité, il n’est en réalité que le résultat illusoire des structures de pouvoir et de leurs discours.

 

On ne peut terminer ce résumé sans faire référence au mot fétiche du wokisme : l’intersectionnalité.  
C’est de la théorie critique de la race naîtra en 1989 le concept d’« intersectionnalité » promu par Kimberlé Crenshaw. L’idée est qu’il est possible de discriminer ou de subir des discriminations selon plusieurs axes. Ainsi, l’homme blanc homosexuel est moins opprimé par la société que la femme noire lesbienne handicapée car il est par ailleurs dominant sur plusieurs axes (homme, de race blanche), contrairement à la femme.

Cette notion s’est rapidement répandue, notamment chez les féministes. L’identité ethnique et sexuelle prenant une immense importance, savoir « d’où l’on parle » devient une clé.

 

Parmi les axes de domination considérés dans le schéma intersectionnel, les plus récents sont ceux du surpoids et du handicap. Les penseurs des « disability studies » ne perçoivent pas le handicap comme quelque chose d’individuel mais comme un concept imposé par une société malveillante.         
Ils accusent de « validisme » ceux qui pensent qu’il y aurait une norme physique humaine. Dans leur logique, il ne faudrait pas chercher à guérir le handicap car ce désir impliquerait une hiérarchisation et dissimulerait même la volonté de vouloir éradiquer les handicapés (et pas seulement le handicap, distinction qu’ils brouillent). Pluckrose et Lindsay notent que, chez ces penseurs, « le souhait exprimé de prévenir ou de guérir le handicap est souvent reformulé de manière choquante comme un souhait que les personnes handicapées (et non leur handicap) puissent ne pas exister – un stratagème cynique qui joue sur les mots ».    
Fondamentalement la « déconstruction », la « French Theory », le « wokisme » sont des outils idéologiques mis en place pour effacer les forces essentielles qui meuvent les sociétés et en conséquence les hommes qui les composent. Toute analyse économique est bannie de ces propos fumeux. Le peuple est composé de « beaufs » incultes, probablement mâles dominants et peu écologistes. Seule une élite « d’éveillés » - au fond une bande d’allumés - (le sens même du mot « wok »), grands prêtres de la « nouvelle pensée » peuvent montrer La Voie, par la violence s’il le faut. Ce nouvel obscurantisme n’est qu’une parade idéologique, qui apparait quand des crises majeures comme celle dans laquelle nous sommes. Il s’agit alors de brouiller les cartes, diviser les êtres humains à l’extrême, volontairement ne pas leur fournir les outils leur permettant de prendre consciemment leur sort en main. Plus que jamais il revient plus aux barbares que nous sommes, osant rester fidèles à Epicure, Spinoza, Descartes, Les lumières et quelques autres dont la préoccupation fut d’éclairer les hommes en leur fournissant des outils intellectuels pour fonder une humanité, de résister à ces groupes de pression.    
La barbarie peut se vêtir d’intellectualisme, elle reste une barbarie.

dimanche 30 juin 2024

Suj du Merc. 03 juillet 2024 : Impostures climatiques.

Impostures climatiques.

La directrice de Radio France, (depuis 2022)  Adèle Van Reeth,  (qui anima longtemps les émissions de « philosophie » sur France Culture) a récemment (21/04/2024) confirmé que les médias publics ne donnaient pas la parole à ceux qui ne partagent pas leur ligne éditoriale, en particulier sur les questions du réchauffement climatique et de la vaccination. Cette déclaration de Madame Raphaël Enthoven relance le débat sur la liberté d'expression et le rôle des médias publics..          

Dans une interview, Adèle Van Reeth a récemment déclaré que Radio France ne donnait pas la parole aux
« climatoceptiques », aux « antivax » et aux « fachos ». Selon elle, en tant que service public, Radio France a pour mission « de servir l’intérêt général » et de « promouvoir certaines valeurs ». Elle a également affirmé que Radio France allait plus loin que France Inter en ce qui concerne la cause écologique, en ne donnant pas la parole aux « cerveaux malades » qui propagent des « thèses complotistes ».     

Cette déclaration est une forme de censure et une atteinte à la liberté d’expression et confirme la dérive totalitaire de la part de Radio France. Adèle Van Reeth a répondu à ces critiques en affirmant que Radio France ne « blacklistait » pas des personnes, mais des idées. Elle a également précisé que tous les journalistes et climatologues étaient les bienvenus sur France Inter, à condition qu’ils ne soient pas des
« bouffons du PAF ». La frontière entre les idées et les personnes est souvent floue : cette politique de censure montre de quoi sont capables « les faiseurs d’opinions » des médias, fussent-ils « publics ».         

Toutefois ces déclarations aussi insupportables soient-elles, nous permettent de centrer le débat qui nous réunit sur son point central :        

En fait les termes de « réchauffement climatique », « changement climatique », etc… ressortent essentiellement d’un combat idéologique affirmant que la Nature est innocente et bonne et que l’humanité est mauvaise. Cette passion pour contraindre les Hommes à la pauvreté via une inévitable dictature n’est pas innocente : elle correspond au catastrophisme annoncé imprudemment à court terme et rebaptisé collapsologie.

Les mots, les faits :  

On notera que changement climatique et biodiversité sont des mots-valises suffisamment imprécis pour justifier les luttes contre des moulins à vent dont celui des émissions de CO2… qui fait suite à la disparition de la couche d’ozone, l’acidification des forêts, la disparition des ours polaires, les migrations humaines, la sécheresse, les inondations, la montée du niveau des mers… Un vrai couteau suisse pour faire peur !


L’approbation enthousiaste de Greta Thunberg, ridicule adolescente (qualifiée par le quotidien Le Canard enchaîné « d’autiste dramatique, idole de Davos et même tête de gondole ») n’est pas un gage de politique raisonnable car il est difficile de faire plus bête pour promouvoir une idéologie ! On peut espérer que la folie du réchauffisme aura du mal à s’en remettre.

 

L’ignorance coupable de l’histoire du climat permet de faire croire aux populations soumises à un bombardement médiatique sans précédent en temps de paix que le climat actuel tempéré est stable et éternel alors que l’humanité a toujours été confrontée à une alternance de périodes glaciaires tempérées et chaudes indépendantes de la concentration en CO2.

Ainsi la Manche recouverte de glace permettait à nos très lointains ancêtres de rejoindre à pied nos deux pays, tandis que les plages de la côte d’Azur étaient à plus de 100 mètres en dessous du niveau actuel de la Méditerranée. De même, avant le refroidissement du Petit Âge glaciaire du XIVe au XIXe siècle, nos aïeux cultivaient la vigne dans la région de Cambridge.

Officiellement, nous vivons en 2024. Scientifiquement, nous vivons en 11 700. Il y a en effet 11 700 ans qu’a pris fin la dernière glaciation qui avait amené la calotte glaciaire jusqu’à Manchester et Cologne, et qui avait coupé l’Italie du reste de l’Europe par un immense glacier recouvrant toutes les Alpes. Nous sommes actuellement en l’an 11 700 de l’Holocène. Ou si on se réfère à la durée de la dernière période interglaciaire, nous serions en -2300. Deux mille trois cents ans avant le début présumé de la prochaine glaciation.

 

Ce dont nous sommes également certains, c’est que nous sommes dans une période chaude depuis plus de 10 000 ans, plus chaude de 5 à 8 degrés que la moyenne des 500 milliers d’années précédentes. Mais aussi que ces périodes chaudes ne sont que de courtes transitions dans une ère glaciaire qui dure depuis plus de deux millions d’années.

 

Scientifiquement, c’est à peu près tout ce que l’on sait sur le climat. Le reste, tout le reste, du possible réchauffement climatique aux causes de celui-ci n’est absolument pas scientifique.
La méthode scientifique dans sa définition est l’objet d’un quasi-consensus (le bannissement de la certitude faisant partie de cette méthode, il est absurde de parler ici de vérité) : elle consiste à évaluer des cycles successifs où une théorie permet de faire des prédictions, ces prédictions permettent de construire une expérience et l’observation des résultats de l’expérience, si ils sont reproductibles, permet de valider, d’invalider ou de modifier la théorie.


Cette méthode nous indique donc une seule chose avec une totale certitude : il est impossible de valider ou d’invalider une théorie sans avoir recueilli les résultats d’une expérience au moins une fois.

Nous sommes effectivement dans un pic de température global, pic auquel il a toujours succédé depuis un demi-million d’années une période froide bien plus longue, ces cycles étant parfaitement expliqués par l’astrophysique.

 

Causes et effets :

La méthode scientifique définit également ce en quoi consiste le principe de causalité.

Si un événement provoque un autre événement, il y a un sens dans la relation de causalité : la cause précède toujours l’effet qu’elle produit. L’eau bout dans la casserole après qu’on a allumé le feu sous celle-ci.                                                                                                                                             

Or les observations des précédentes périodes glaciaires nous indiquent avec certitude que si le taux de CO2 est bien plus important pendant les périodes chaudes, celui-ci a augmenté dans l’atmosphère en moyenne 800 ans après la fin de chaque période de glaciation. Cette observation nous indique donc que l’augmentation de CO2 est une conséquence des précédents réchauffements climatiques : un effet et non une cause.

Un effet ne peut pas être également une cause. Car dans le cas contraire, il se produirait un phénomène d’emballement qui ne s’arrêterait jamais : la cause produisant l’effet qui produit la cause, etc. Chauffer l’eau de la casserole n’attise pas le feu sous celle-ci, car si cela était le cas, la température ne ferait qu’augmenter sans jamais s’arrêter.

 

La théorie la plus raisonnable est donc que l’augmentation du taux de CO2 dans l’atmosphère ne provoque aucune augmentation de la température globale, mais en résulte.

 

Ce scénario, c’est la thèse réaliste sur le climat, la seule qui soit basée sur une théorie scientifique corroborée par l’expérience. Bien sûr, on a tout à fait le droit, voire même le devoir, d’être sceptique, de penser qu’un autre scénario se produira et de confronter ce scénario aux faits qui viendraient par l’expérience accréditer cette théorie.                                                                                                   

Mais ce que nous constatons aujourd’hui est un total renversement de sens : le réalisme serait de croire au réchauffement anthropique, et le scepticisme de croire à un scénario catastrophe totalement à l’inverse de ce que toutes nos observations nous indiquent.


Douter est salutaire, transformer le doute en certitude peut se révéler extrêmement néfaste, bien plus que la catastrophe que l’on prétend prévenir. Il est raisonnable d’évaluer les risques, mais dans ce cas, il faut également évaluer les opportunités ; il faut considérer les faiblesses, mais aussi les forces qui permettraient de profiter d’un tel évènement, car l’un ne va pas sans l’autre.

 

CO2, le coupable ? :

 

Le CO2 est avant tout la nourriture des plantes. C’est leur aliment de base. La photosynthèse, cette merveilleuse transformation que les plantes ont appris à maîtriser, utilise la lumière du soleil et le CO2 pour fabriquer sucres, cellulose et amidon et donner vie à nos végétaux. Pas de CO2, pas de plantes et donc pas d’herbivores, ni de carnivores, ni… d’humains. Le CO2 est vraiment source de vie ! Nous savons aujourd’hui que nos végétaux sont affamés en CO2.

 

Cette dernière propriété explique aussi pourquoi depuis plus de 30 ans on observe un verdissement de la planète de plus de 20 %. Oui, vous lisez bien ! Il y a 20 % de verdure en plus sur Terre aujourd’hui qu’il n’y en avait il y a trente ans. Malgré la déforestation continue – qui n’est une réalité qu’en certains endroits de la planète – et l’action des Hommes, les plantes poussent plus vite et en plus grand nombre car elles ont enfin davantage de nourriture.

L’un des résultats les plus visibles (par satellite) de ces conditions favorables à la croissance des plantes est le recul de certains déserts dont celui du Sahel.

L’autre est l’augmentation constante de la production mondiale de céréales pour lesquelles une hausse du taux de CO2 atmosphérique est un formidable bonus. Une belle gifle pour ceux qui veulent diminuer la quantité de CO2 présent dans l’atmosphère. La nature nous donne un tout autre message : encore du CO2 !

Pour vivre, la plupart des animaux, en ce compris les humains, ont besoin d’oxygène. Celui-ci est produit notamment par les arbres et les végétaux mais en quantités relativement faibles. La majorité de l’oxygène que nous respirons provient du phytoplancton. Ces minuscules organismes marins utilisent la lumière du soleil et le CO2 atmosphérique pour se nourrir. Ils rejettent en même temps d’importantes quantités d’oxygène. Plus de 75 % de l’oxygène présent dans l’atmosphère provient de ce phytoplancton et donc du CO2 qu’ils utilisent ! Pas de CO2, pas de phytoplancton et donc pas assez d’oxygène pour vivre ! À l’inverse de ce que l’on tente d’imprimer dans nos esprits depuis des lustres, les forêts ne sont pas les poumons de la Terre, à peine quelques petites alvéoles pulmonaires. Les vrais poumons, ce sont les phytoplanctons !

 

Malgré toutes ces qualités vitales à notre survie, le CO2 est devenu la bête noire des climatologues alarmistes du GIEC (Groupement Intergouvernemental pour l’Étude du Climat) et des ONG environnementalistes qui accusent le CO2 produit par l’Homme (uniquement celui-là, bien sûr) d’être responsable de l’augmentation de la « température moyenne » de notre globe depuis le début de l’ère industrielle. Le CO2 est un gaz à effet de serre dont la puissance phénoménale de réchauffement est égale à… 1 ! La vapeur d’eau est dix fois plus puissante et certains fréons plus de 10 000 fois !

 

Le problème de cette théorie fumeuse est que depuis plus de 18 ans, la « température moyenne » de notre Terre n’a pas augmenté d’un iota ! Durant cette période, plus d’un tiers du CO2 total émis depuis le début de l’ère industrielle a été relâché dans l’atmosphère. Si ce gaz était vraiment responsable d’un quelconque réchauffement climatique anthropique, on s’attendrait à tout le moins à observer une hausse vigoureuse des températures. Rien de tout cela ne se produit.

 

Comme le disait le grand physicien Richard Feynman :

« Lorsque votre théorie, aussi belle et géniale soit-elle, est invalidée par l’expérience, c’est qu’elle est fausse. Il faut s’en débarrasser et en formuler une meilleure. »


Des « raisons » politiques et financières : 
La vraie question reste cependant : pourquoi le GIEC, l’ONU, de nombreuses ONG, certains politiciens, de grandes compagnies électriques et d’autres veulent-elles à tout prix la peau du CO2 anthropique ?

 

Politique parce que de nombreuses organisations, dont l’ONU, ont trouvé dans la lutte contre le changement climatique et donc contre le CO2 un thème unifiant qui leur ouvre la possibilité d’une gouvernance mondiale à laquelle elles aspirent depuis plusieurs générations. Le CO2 est un problème mondial qui ne peut être résolu que par une action mondiale et qui mieux qu’un gouvernement mondial pourrait y pourvoir ? Ce n’est rien moins que ce qui a été discuté au sommet du climat à Paris en décembre 2015 ou l’on  trouve même la volonté d’instaurer un tribunal climatique mondial.

 

Politique parce que certaines élites occidentales ne veulent pas que les pays émergents quittent leur état de pauvreté et de dépendance actuelles. Ils risqueraient de devenir de nouvelles puissances et leur feraient de l’ombre voire relègueraient leurs rêves idéologiques à l’arrière-plan. Quel meilleur moyen de ralentir leur développement économique et technologique que de leur proposer d’investir dans la sauvegarde de notre Terre commune en utilisant directement des énergies renouvelables et en appliquant les principes du développement durable ? Moyennant finances, bien entendu, via des transferts directs de richesse consentis par les pays « riches ». Ainsi, on maintient les pays émergents dans leur état actuel de précarité, voire on l’accentue, tout en condamnant les pays « riches » à s’appauvrir (le dernier rapport du GIEC préconise expressément la « décroissance », ce concept « scientifique » bien connu pour les pays riches). Bienvenue Mr Malthus !

 

Financier parce que la gigantesque arnaque du développement durable et de son corollaire, les énergies renouvelables, repose exclusivement sur la peur générée dans le grand public – et continuellement maintenue à grand renfort de publicité dans tous les médias – du réchauffement climatique dû au CO2 produit par l’Homme. C’est cette crainte soigneusement entretenue qui permet aux gouvernements de créer de nouveaux impôts verts, de financer avec l’argent du contribuable des éoliennes inutiles et d’investir dans des énergies renouvelables aussi ridicules que superflues, emplissant ainsi les poches de certains industriels peu scrupuleux, voire mafieux, avec l’argent des honnêtes citoyens. Quant aux ONG, elles reçoivent maintes subventions pour maintenir cette peur dans l’esprit du public.

 

La chasse au CO2 n’a évidemment rien à voir avec son misérable effet de serre, ni avec un quelconque réchauffement de la planète. Qui sont les perdants ? Les pauvres des pays riches. Qui sont les gagnants ? Les riches des pays pauvres. Sans l’imaginaire toxicité du CO2 et de ses effets néfastes sur l’environnement, toute cette gigantesque supercherie se dégonflerait comme une baudruche percée. Tant d’intérêts sont cependant en jeu que leurs bénéficiaires ont certainement prévu de larges quantités de rustines pour colmater les fuites et maintenir en l’air aussi longtemps que possible ce claudiquant attelage. 

Aujourd’hui énormément d’ouvrages, vidéos, etc … circulent sur ce sujet. Pour se faire une idée entre les vrais et faux scientifiques, les usurpateurs, les intéressés, les débiles, ceux qui en croquent, ceux qui voudraient en croquer ; les mots nouveaux d’anthropocène, les fluctuations d’appellations :  réchauffement, changement, collapsologie … Le seul moyen de s’en sortir intellectuellement sain et sauf est de pratiquer l’analyse philosophique matérialiste. Quelques éléments de cette méthode d’analyse ont été fourni ici.

C’est à ce prix qu’on se libère des croyances et pour reprendre notre introduction : des idéologies. Nous faisons partie de la nature, certains veulent en devenir les démiurges. Une nouvelle religion est en gestation, et comme toutes les religions elle amène avec elle son cortège mortifère d’obscurantismes.
             
Appliquons-lui la méthode développée par Epicure, Lucrèce, Spinoza, Galilée, Descartes, Diderot, Feuerbach, Marx. Ne subissons pas, luttons.                                                                

Avec l’aide de « Contrepoints »

jeudi 20 juin 2024

Sujet du Merc. 26 Juin 2024 : Critique de l’apolitisme ?

 

                                      Critique de l’apolitisme ?

"Une opinion commune traite ces dernières années comme des années sombres, presque dévastatrices. On parle de perte des libertés, de désordres économiques, de pandémie brisant l’élan de la vie. On parle d’autoritarisme aveugle et insensible, on pleure la totale disparition de la gauche, on souligne l’importance des mouvements de protestation, des Gilets jaunes aux antivax. On annonce que le pire est devant nous, avec l’inflation galopante et les pénuries prévisibles, notamment celles du gaz et du pétrole, la guerre…

Eh bien, une bonne nouvelle ! Le parlementarisme électoral affirme que tout va bien, et que rien ne change ni ne doit changer. La preuve éclatante est la suivante : il y a cinq ans, les élections présidentielles faisaient accéder au deuxième tour un fringant nouveau venu, Emmanuel Macron, et une vedette bien connue du répertoire électoral, Marine Le Pen.

Alain Peyrefitte, en 1981, sut trouver une formule admirable. Il dit : « Les élections sont faites pour changer de gouvernement, et nullement pour changer de société ». Guidé par son angoisse, il retrouvait, très paradoxalement, une considération de Marx :  à savoir que les élections ne sont qu’une mécanique servant à désigner, selon l’expression de Marx, « les fondés de pouvoir du Capital ». L’un et l’autre, au fond, quoiqu’à des fins opposées, disaient que les élections concernent la gestion – le gouvernement – de l’ordre capitaliste bourgeois, mais n’envisagent aucunement la remise en cause de cet ordre lui-même. 

     
Tout d’abord, il est évidemment faux que la démocratie puisse être définie par le rituel électoral. Etymologiquement, « démocratie » veut dire « pouvoir du peuple », voire même « commandement par la multitude ». Il est ridicule de penser qu’un tel commandement puisse être autre chose que « collectif », au sens d’une réunion du peuple, telle que la pratiquait les athéniens dans la Grèce antique. 

De ce point de vue, rien n’est plus ridicule que de déclarer démocratique la pratique de l’isoloir ! Cet isoloir est la trace visible d’une conception totalement bourgeoise de la conviction politique : elle est, dans le cadre électoral, une conviction « privée », comme doit l’être la propriété. Et de même que les bourgeois qui sont actionnaires et propriétaires de capitaux ont une tendance marquée à dissimuler leurs possessions par le recours aux paradis fiscaux, de même le votant doit cacher son vote en remplissant son bulletin, tout seul, dans une sorte de pissotière électorale. 

On ne saurait inventer une procédure aussi peu démocratique que cette solitude ! En démocratie véritable, toute décision doit résulter d’une réunion où les diverses possibilités ont été argumentées et comprises par tous. Et l’échelle de la réunion, qu’elle soit celle d’une usine, d’un quartier, d’un village, d’une ville, d’un canton, d’une région, d’une nation, et un jour de l’univers entier, dépend du sujet traité, et du chemin parcouru dans la direction qu’indique le chant de l'Internationale : « Levons-nous et demain, l’Internationale sera le genre humain ».

L’isoloir est la matérialisation d’une idée typiquement bourgeoise et conservatrice, idée qui affirme que l’unité de base de tout ce qui existe est, dans l’ordre politique aujourd’hui dominant, l’individu.

En un sens, la contradiction majeure est bel et bien celle du mot après lequel on met le suffixe « isme ». Est-ce « individu » ? On dira alors que l’idéologie dominante est l’individualisme, lequel est immédiatement connecté à la propriété privée de type bourgeois, notamment la propriété privée des moyens de production. Ou alors, on dira qu’il faut partir du « commun », de ce qui est en partage dans le destin de tous, de ce qui résulte de délibérations argumentées auxquelles participent, doivent participer, tous ceux qui sont concernés par la décision à prendre. Et on dit alors communisme, lequel est immédiatement connecté à la propriété collective, propriété partagée notamment par tous ceux qui habitent ou travaillent dans le lieu concerné.

On dira donc que le rituel électoral, destiné à désigner dans l’isoloir ceux qui vont être les protecteurs de l’individualisme et de la propriété bourgeoise, doit s’appeler « parlementarisme » et non pas du tout « démocratie », puisqu’à la place de vraies décisions collectives à tous les niveaux, il propose la mise en place d’un lieu unique où, sous des noms comme « ministères » ou « parlements » se rassemblent les représentants du conservatisme capitaliste. D’où le nom que je propose pour un tel régime : capitalo-parlementarisme.

Aujourd’hui, il est particulièrement clair que ce nom est justifié. En effet, les élections de chambres diverses – ces salons politiques du Capital – sont littéralement programmées par un appareil de propagande gigantesque, lui-même tenu en laisse par la propriété bourgeoise. Les grands quotidiens et hebdomadaires nationaux, les chaînes de radio ou de télévision, sont, depuis de longues années, l’objet d’un processus ininterrompu de privatisation. C’est cohérent, après tout ! Elire une majorité de fondés de pouvoir de l’individualisme capitaliste est plus assuré si c’est à des capitalistes notoires et convaincus qu’appartiennent tous les moyens de propagande ! Les quelques survivants publics appartiennent à l’Etat bourgeois, et il est constamment question de les privatiser eux aussi. Une « propagande » tenue en mains par l’Etat, dit l’individualiste bourgeois, c’est totalitaire ! Tenue par un milliardaire, c’est… démocratique.

Une objection qui peut ici être faite, c’est que la procédure parlementaire engage non pas seulement des individus, mais des partis, et qu’un parti peut prétendre être le représentant d’une collectivité, comme les ouvriers, quand on dit par exemple qu’un parti communiste est « le parti de la classe ouvrière ». Selon cette vision, la procédure électorale serait collective, puisqu’elle opposerait des groupes représentant la diversité sociale.

Tout repose, ici, sur la notion suspecte de « représentation ». Après tout, le capitalo-parlementarisme peut prétendre que, grâce aux partis politiques et au vote parlementaire, c’est bien le réel de la société qui est finalement « représenté » dans les assemblées élues.

Ma thèse est alors la suivante : ce qui caractérise la démocratie véritable, c’est qu’elle n’admet pas la représentation. Elle n’est pas représentable. Un parti, si prolétarien qu’il se déclare, n’est pas, ne peut pas être, la représentation des ouvriers, de la classe ouvrière. Il ne peut être qu’un des instruments politiques dont se dote la classe dans son combat contre l’hégémonie bourgeoise. Il demeure donc sous le signe du multiple : il est une multiplicité prolétarienne organisée, rien de plus.

En fait, en politique, ce qui est déterminant est la présence, la présentation, et non la représentation. C’est le multiple de la décision qui compte, et non l’Un de la représentation et d’une décision séparée.

La démocratie véritable implique certes des formes d’organisation, mais une organisation n’est pas et ne doit pas être une représentation. Elle doit rester subordonnée à la multiplicité agissante.

 

Mais la multiplicité agissante à son tour ne doit pas être ramenée à une collection d’individus. Elle n’est pas réductible à un total d’individus. Elle ne pratique pas l’isoloir. Elle travaille collectivement à analyser la situation, et à déterminer l’action qui importe. Toute réunion politique vraiment démocratique revient à trouver une réponse, travaillée et partagée, à deux questions classiques : un, quelle est la situation actuelle ? Deux, dans cette situation, quelles sont nos tâches ?

On dira donc que le multiple politique agissant définit la situation actuelle et ses tâches, entre deux périls, deux aliénations : sa réduction électorale aux suffrages d’une multiplicité d’individus, qui est sa forme propre de décomposition ; et sa réduction parlementaire qui consiste à nommer une direction unifiée du multiple. Ce qui est sa manière propre de se confondre avec une représentation.

En vérité, ce que la prétendue démocratie parlementaire redoute par-dessus tout, c’est que les deux vices du capitalo-parlementarisme, la décomposition et la représentation, soient affaiblis. Cela arrive si on conteste le suffrage comme unique validation politique, et si l’on conteste le pouvoir d’Etat comme unique figure unifiée de l’action politique.

Le crétinisme parlementaire des forces d’opposition est de reculer sans cesse devant ces deux critiques radicales de la politique pseudo-démocratique, et de prétendre que, une fois au pouvoir, on fera autrement. Mais du coup, le pouvoir sera en réalité le même. Car c’est dès la mobilisation des multiplicités populaires qu’il faut se tenir à distance et de la décomposition, et de la représentation.     

La machine électorale, avec sa pompe décomposante et son robinet représentatif, risque de donner dès le mois prochain un président sans pouvoir face à un parlement sans majorité, alors même que personne n’a vraiment dit la vérité : à savoir que ladite machine peut s’accommoder de tout, sauf bien entendu, c’est l’axiome de Peyrefitte, d’un changement quelconque de la société, à savoir : d’une atteinte portée à l’emprise, elle inconditionnée, du capitalisme moderne sur le jeu électoral. Cette atteinte, jamais !

Pour le reste, dès lors que le réel capitalise sous-jacent prospère, la machine électorale peut tourner à vide, elle en a vu d’autres. Quand j’étais jeune, on était dans la quatrième république, les majorités étaient en général si peu solides qu’on changeait constamment de premier ministre. On votait sans savoir qui serait ministre, et les gouvernements valsaient agréablement. Est-ce que cela a empêché que le capitalisme français se reconstitue, dans les années cinquante et soixante, jusqu’au point qu’on parle à son propos de période fastueuse, des « trente glorieuses » ?  Pas du tout ! Est-ce que cela a empêché les situationnistes de Guy Debord de parler de la naissance d’une « société de consommation » ? Encore moins…


La conclusion sera donc : pour éviter les traquenards de la dialectique entre décomposition et représentation, ne vous approchez surtout jamais d’un isoloir, ne votez pas, ne votez plus jamais. Montez partout, sur tout ce qui vous intéresse, tout ce qui vous mobilise, de vraies réunions collectivisantes sans la moindre trace d’élection. Songez que le seul ennemi impavide, le seul bénéficiaire du système, est la dictature économique et sociale du Capital. 

La « démocratie », celle qu’on oppose au totalitarisme, concrètement, ce sont les Etats-Unis, l’Angleterre, la France, l’Allemagne, et ainsi de suite. A savoir le cortège des puissances impériales, et des milliardaires mettant au service de leurs milliards tout le tiers monde des pauvres, de ceux qui, pour vivre ou survivre, doivent quitter leur pays et tenter de venir ailleurs, chez nous, par exemple. Pourquoi voter, sinon pour chasser de chez nous ces rapaces ?


 Mais c’est ce que justement la machine électorale n’autorise pas. Alors, en tout cas, cessons de voter, et appelons, dans des réunions multiformes en vue de construire une autre humanité, tout le monde à faire de même."

Séminaire public d’Alain Badiou 2022 - Larges extraits.

lundi 17 juin 2024

Sujet du Mercredi 19/06/2024 : QU’EST-CE QUI COMPTE LE PLUS ?

 

                                      QU’EST-CE QUI COMPTE LE PLUS ?

Il peut être difficile de répondre à cette question. Sans doute parce que nous sommes souvent noyés d’informations sommaires ou fausses, ou pointant vers de multiples sujets anodins, doctrines infantilisantes et théories erronées. Cela s’appelle l’aliénation et empêche de voir ce qui compte le plus.

 

L’intitulé peut signifier au moins trois choses. Tout d’abord, on peut considérer que ce qui compte le plus « ce sont mes intérêts personnels ». Parce que « je le vaux bien, quand même, moi ! », disent les Narcisse actuels. Par ailleurs ce sont les banques, fonds de placement, les compagnies d’assurances et leurs affidés qui comptent sans cesse, jour et nuit, partout dans le monde. Ils calculent bilans et ratios, comparent des valeurs monétaires. Parmi celles-ci il y a surtout celles qui graduent les vies humaines. Pour ces entités privées à but lucratif toutes les vies ne sont pas égales. De plus, différents membres et organes humains ne s’échelonnent-ils pas sur de vastes échelles de ratios monétaires ?

 

Enfin, en premier lieu et au-delà de ces ratios abstraits, il y a deux critères de ce qui compte réellement le plus. N’est-ce pas la vie en soi ? Toute vie humaine ? C’est la valeur première. Ou presque car, par-dessus les vies particulières, compte plus encore la perpétuation darwinienne de l’espèce par sélection et conservation. Là on voit que le sujet est majeur. Aussi allons-nous montrer que, contrairement à la doxa partout promue par les instances de pouvoir, la vie de la majorité des hommes sur terre se dégrade.

Au sein de toute vie d’homme, qu’est-ce qui compte avant tout ? C’est simple. Ce sont la santé (« Tiens, comment vas-tu ? »), la sécurité (« On t’a attaqué ? »), l’alimentation (« As-tu soif ? Tu as mangé ? »), un vêtement pour le corps et un abri pour la nuit (« Tu crèches où ? »), disait Epicure à chacun. Et pour vivre et survivre en exerçant, en connaissance de cause, une part de liberté humaine (Spinoza), ne faut-il pas tout un tissu de relations avec d’autres vies humaines et avec le milieu qu’elles construisent dans le cadre vivant et inanimé qui les soutient.

 

C’est ainsi que nous nous construisons mutuellement les uns les autres dans un processus dialectique en tant qu’êtres humains, que sinon nous ne pourrions jamais devenir. Entre nous, nous édifions des relations, des ratios concrets. Se constitue ainsi une société nécessairement faite de relations. « L’homme est un animal politique » et donc social (Aristote).

 

Le mode de société préhistorique nomade est largement égalitaire, libre et pacifique, évoluant dans la prédation mesurée du milieu. Par contre l’avènement du mode sédentaire de la mise en valeur par exploitation du milieu naturel crée des stocks de surplus qui sont capitalisés. La préservation de ce capital – nécessairement privé comme représentation du travail d’un groupe particulier et non de tous, qui dès lors deviennent des prédateurs -- requiert propriété privée, gens d’armes et spécialisation d’activités. Il s’en suit une hiérarchisation sociale et une accumulation du capital et du pouvoir par un nombre toujours plus restreints d’individus. C’est la définition du capitalisme.

Cette concentration sans fin conduit à une liberté d’agir toujours plus grande pour les plus forts et, pour les autres, une privation de liberté et à terme leur exploitation-exténuation ainsi que celle de la nature. Aujourd’hui n’approchons-nous pas de la fin de ce processus ? L’existence même, la pérennité de la vie, ce qui effectivement compte le plus sur terre disparaît tendanciellement à un rythme accéléré au profit d’artefacts de pseudo richesses. Car en effet « Il n’y a de richesse que d’homme » disait Jean Bodin, un philosophe de la Renaissance.

 

C’est ce qu’un capitaliste de la fin du 19e siècle traduisait par « Il faut prendre l’argent où il est, chez les pauvres. ». Ils en ont peu chacun mais, ensemble, ça fait vraiment beaucoup d’argent. Dès lors prodiguons leur le strict minimum (expérimenté dans les camps de travail nazis) pour en extraire au débours le plus bas, tel d’une mine d’or, le minerai humain, la plus-value de leur activité (K. Marx).

 

Dès lors bien sûr « Que périssent les faibles ! » dont la plus-value est inférieure au coût net de leur maintien en vie. Ici les Bill Gates et autres gestionnaires ne rejoignent-ils pas l’assertion prédictive de Nietzsche ?  Et pour que la chose paraisse aussi naturelle que bénigne – sans devoir recourir à la guerre ou à une pandémie planifiées –  un conditionnement-aliénation général ne serait-il pas utile ? Le préparerait-on par une indigence réflexive et un affaissement mental préalablement obtenus par la transformation de l’Enseignement en « Fabrique du crétin » (J.-P. Brighelli) ?

Ne prendrait-on pas alors la précaution de conserver des échantillons de « naturels » vigoureux dans des réserves génétiques ou « zoos humains » (« Le marché de la détresse » d’Emil Georg en 1998) comme pure application du précepte heideggérien de l’« animal laborans » ? Une traduction déguisée de ce projet en un programme édifiant, mais trompeur et fallacieux, avait suivi deux ans plus tard en 2000. Ce fut le rapport de l’ONU intitulé « Objectifs du millénaire pour le développement » mondial.

Pendant des décennies auparavant, les progrès du néolibéralisme partout dans le monde n’en ont-ils pas été les prémices ? Ne constatons-nous pas une profonde aliénation généralisée ? Ne nous serine-t-on pas encore et encore -- avec l’intention d’anesthésier plus sûrement les consciences et contre toute évidence crevant les yeux – l’édifiante litanie de la déliquescence humaine et de la pauvreté reculant partout dans le monde ? Et celle des inégalités qui s’estompent ? En attestent les rapports d’avancement annuels vers ces objectifs rendus publics, les « World Developement Report » de la Banque mondiale et les « Rapport du Conseil » de la FAO (agence de l’ONU pour l’alimentation dans le monde).

 

En voici une réfutation argumentée en quatre points fondés sur des faits avérés et repris dans des audits secrets réservés aux plus hautes instances de pouvoir.

 

-  Avant tout, n’est-il pas implicitement admis dans ces rapports publics que le référent général est la civilisation et le mode de société des Etats unis ? Oui. D’emblée les normes d’évaluation s’y réfèrent. C’est l’usage de l’unité de compte « US dollar » (ce qui est loin d’être anodin) et celui du mode de consommation étatsunien. Ce dernier est pourtant sans commune mesure avec celui de la toute grande majorité de la population mondiale qui vit dans le dénuement. Cela ne discrédite-t-il pas d’office toutes ces normes et les conclusions qu’on en a tirées ? Dès lors « Rendez à César ce qui appartient à César ». Ou alors soyez son obligé.

 

-  Ensuite, et là je l’atteste personnellement pour les avoir pratiqués pendant plus de vingt ans, que les audits des institutions financières internationales (restés secrets pour des raisons de géostratégie et d’économie mondiale) montrent que la définition même des concepts et critères de mesure ainsi que les méthodologies utilisées tentent de faire passer un indicateur partiel pour une réalité générale. Tout d’abord, les normes utilisées ignorent que les dépenses des démunis sont majoritairement alimentaires et que leur coût est primordial pour eux. Ceci alors même que ce coût dépend de multinationales de trading telles que Cargill, Nestlé ou Dreyfus. En outre, ces normes n’excluent-elles pas des dépenses indispensables à la survie comme l’habillement, le logement, l’adduction et l’assainissement de l’eau, les soins de santé et les moyens de transport ? Et pourtant ces dépenses sont, au-delà de la nourriture, prépondérantes chez les pauvres, plus particulièrement dans une économie monde néolibérale.

 

-  Il n’est donc pas anodin d’ignorer les effets délétères sur les conditions de la vie humaine sur terre de la propagation d’un mode de gestion du monde propre à des Anglo-saxons blancs de sexe masculin, protestants, xénophobes et spoliateurs des milieux de vie, les WASP (Anglo-saxons blancs et protestants). L’évidence est pourtant patente. Imposer les critères d’une ethnie, d’un sexe, d’une religion, d’une culture et d’une prédation sans fin de la nature et des hommes est un biais majeur. Cela détériore les fondements de la vie d’un nombre et d’une proportion rapidement grandissants d’humains sur terre. Sont concernés en quantité et qualité : alimentation, eau, air, logement, soins de santé, liens social et culturel, traditions, endettement sans fin, tourisme destructeur de conditions de vie locale. S’y ajoute la déliquescence de la sécurité sociale, de l’emploi et du travail. Nier ces faits en les passant sous silence dans les critères d’évaluation est une imposture d’un grand cynisme des instances de décision mondiales.

 

-  Au-delà de ce constat, les audits posent la question de la mesure dans laquelle tant l’éventail des données que leur qualité représentent fidèlement la réalité. Les audits montrent qu’il suffit de changer en cours de route la définition des critères utilisés ou d’astucieusement choisir les points initial et final des comparaisons statistiques pour aboutir à des conclusions conformes aux objectifs initialement choisis. Aussi ces audits montrent-ils comment des biais systématiques de résultats, subrepticement trafiqués et joints à d’habiles argumentations sophistiques, rejoignent voire dépassent les pronostics les plus optimistes des objectifs assignés. Les immenses progrès des technologies de data ne peuvent dissimuler les sophismes et les impostures d’un tel travestissement de la réalité conduisant, en outre, à un fallacieux conditionnement de masse généralisé. Ce que croit presque tout le monde serait ainsi erroné ..?

 

Mais cela serait peu si les conséquences pour les plus faibles n’étaient pas terrifiantes. C’est l’exploitation voire même à terme la destruction sans bornes de la nature et de la vie humaine sur terre. Et cela alors même qu’on vient de montrer que c’est justement cela « qui compte le plus »…

 

Les enseignements à tirer pour l’action sont laissés à notre sagacité. Mais pour commencer ne se doit-on pas de n’être pas dupe des proclamations des « hautes instances » relayées ad nauseam par les universités, les clercs et les médias qu’elles stipendient ? Ne peut-on pas pour le moins éviter d’être manipulé et de devenir aliéné au point d’ânonner des crédos vissés sous nos crânes qui animent nos pulsions ?

samedi 8 juin 2024

Sujet du Merc. 2/06/2024 : Philosophie et religion.

                                                 Philosophie et religion.

Le divorce nécessaire entre philosophie et théologie

    Les religions monothéistes se sont fondées en opposition à la philosophie des connaissances et les sciences et en opposition chacune par rapport aux autres. 

   Les chrétiens reprochent à Pythagore d’avoir défini la nature comme réalité suprême.

   Dans L’Épitre de Saint-Paul aux Philippiens : « Prenez garde qu’il ne se trouve quelqu’un pour vous réduire en esclavage par le vain leurre de la philosophie. Si quelqu’un d’entre vous pense être sage selon le monde, qu’il devienne fou pour devenir sage ; car la sagesse de ce monde est une folie devant Dieu. »

   Platon, le fossoyeur de la philosophie, a contribué à livrer la philosophie aux religieux. En 325 l’empereur Constantin, disait dans un discours : « Platon était supérieur à tous les autres et le premier qui a habitué les pensées des hommes à s’élever des réalités sensibles aux intelligibles. » Aristote, par son opposition à Platon, est tenu à l’écart par les chrétiens. Il est reproché à Aristote de confondre Dieu et le monde.

   Hegel dans Esthétique affirme que : « La religion est la sphère universelle dans laquelle l’homme prend conscience de la seule totalité concrète unissant sa propre essence et celle de la nature. La philosophie n’a d’autre objet que Dieu ; elle est essentiellement une théologie rationnelle, et le culte perpétuel de la divinité sous la forme du vrai. »

   Marcel Conche : « La philosophie ne peut exister que là où la religion n’exerce pas un droit de préemption sur la pensée. Le religieux implique le surnaturel, mais on ne passe du naturel au surnaturel que par la croyance non par la raison. Je ne crois pas qu’il y ait un Dieu. Dieu est pour moi un mot vide. La philosophie de Descartes ou Kant est un mixte de religion et de philosophie. Il appartient à la philosophie d’être irréligieuse, et c’est ce qu’elle est chez Spinoza, Hume, Nietzsche, Bergson ou Sartre. La philosophie est l’œuvre de la raison alors que la religion suppose une Révélation. Il n’y a donc pas entre elles de compatibilité possible. »

   Comme la laïcité impose une séparation entre églises et État, il faut exiger la séparation des églises et des universités et toutes les institutions chargées de l’enseignement.

   Extraits du Système de la Nature de Paul Thiry, Baron d’Holbach 1723-1789 : « L’homme n’est malheureux que parce qu’il méconnaît la Nature. Son esprit est infecté de préjugés. Il voulut être métaphysicien avant d’être physicien, il méprisa les réalités pour méditer les chimères, il négligea l’expérience pour se repaître de systèmes et de conjectures. L’homme dédaigna l’étude de la Nature pour courir après des fantômes. La raison guidée par l’expérience doit enfin attaquer dans leur source des préjugés dont le genre humain fut si longtemps la victime. C’est aux erreurs consacrées par la religion que sont dues l’ignorance et l’incertitude où l’homme est, de ses devoirs, de ses droits les plus clairs, des vérités les plus démontrées. Les êtres que l’on suppose au-dessus de la Nature ou distingués d’elle-même, seront toujours des chimères. Tout ce que nous faisons ou pensons, tout ce que nous sommes et ce que nous serons, n’est jamais qu’une suite de ce que la nature universelle nous a faits. L’ART n’est que la Nature agissant à l’aide des instruments qu’elle a faits. C’est par nos sens que nous sommes liés à la nature universelle, c’est par nos sens que nous pouvons la mettre en expérience et découvrir ses secrets. Faute de connaître la Nature, l’homme se forma des dieux qui sont devenus les seuls objets de ses espérances et de ses craintes. Les hommes n’ont point senti que cette Nature, dépourvue de bonté comme de malice, ne fait que suivre des lois nécessaires et immuables. »

   Pour simplifier je distingue Deux Philosophies : celle des Croyances et celle des Connaissances ; je pense ici, bien sûr, aux Connaissances de la Nature. Il y a la philosophie de l’Obscurité et celle des Lumières ; celle du Ciel des Idées et celle du Jardin terrestre, celle des a priori et celle des a posteriori, celle de l’idéalisme et celle de l’empirisme, celle du dualisme et celle de l’émergentisme, celle de l’essentialisme et celle de l’existentialisme, celle de l’abstraction pure et celle de la réalité uniment matérielle et spirituelle, celle de la foi religieuse de celle du mythe allégorique, celle d’un extra-monde de celle de ce monde naturel, l’intemporelle et la temporelle, la désincarnée et l’incarnée. Celle dont la pensée castratrice s’acharne à séparer ce qui est indissociable et celle qui tente de réassocier ce que la première a dissocié : le sujet de l’objet, le Corps de la Pensée, le Sensible de l’intelligible, les Créatures de la Créatrice, la Culture de la Nature, l’Inconscient de la Conscience. Et bien sûr pour la philosophie des Lumières la Créatrice n’est autre que la Nature, elle-même Autocréatrice d’elle-même, Autopoïétique et Créatrice de Créatrices qui sont elles-mêmes Créatrices. Étant donné que ces deux Philosophies sont incompatibles il y a la Faussaire et l’Innocente. Pour les départager dans son tribunal seule la Nature dans sa Réalité autant Objective que Subjective me semble pouvoir jouer le rôle de Juge habilitée.      
 

   La fresque de l’École d’Athènes de Raphaël illustre ces 2 philosophies qui représente entre autres Platon qui désigne le divin perché dans le ciel de ses Idées et Aristote la Nature enracinée dans la Terre.

   Comme il y a 2 philosophies il faut distinguer deux spiritualités opposées : la spiritualité naturelle laïque humaniste reconnaissant comme transcendances la Vie, l’Humanité et la Nature et la spiritualité religieuse ou théologique, déiste dont la transcendance est divine.

   La connaissance n’est pas une fin en soi ; c’est un moyen de s’accorder avec le monde.

   L’acquisition des connaissances doit pouvoir remettre en cause la définition de certains mots : transcendance, métaphysique, âme, esprit, conscience, philosophie, temporel, spirituel, spiritualité, Nature, Culture, blasphème, sacré, liberté, libre-arbitre.


Deux lignées de philosophes
 :

   Lignée Luminescente des philosophes qui ont su ne pas soumettre la philosophie à la religion : Anaximandre, Pythagore, Anaxagore, Démocrite, Épicure, Lucrèce, Spinoza, Auguste Comte, les philosophes des Lumières du XVIIIème siècle : D’Holbach, Diderot, Théodule Ribot, Kierkegaard, William James, Etienne Gilson, Henri Bergson, Maurice Merleau-Ponty, Jean-Paul Sartre…   

   Lignée obscure des philosophies théologisées qui ont concilié philosophie et religion aux dépens de la connaissance du réel : Parménide, Socrate, Platon, Plotin, Descartes, Kant, Hegel, Heidegger, Jan Patočka 1907-1977, Chantal Delsol, Robert Redeker…Entre ces deux lignées philosophiques il y a les philosophies purement abstraites, déconnectées de la réalité qui se basent sur les mathématiques comme chez Alain Badiou, Catherine Malabou, Quentin Meillassoux.    

   Ce sont, semble-t-il, les Hébreux, en détachant Dieu de la Nature, en rendant transcendant l’être divin et sa volonté, qui ont fait le premier pas hors de la mythologie. Chez les religieux la volonté de Dieu remplace tous les mythes ; Dieu commande, l’Homme obéit. Pour les Égyptiens et les Mésopotamiens les dieux étaient dans la nature, le soleil par exemple était un Dieu parmi d’autres. L’Épopée de Gilgamesh date du II° millénaire AJC, les Hébreux datent du I° millénaire AJC. L’approfondissement philosophique de la mythologie ne sépare jamais radicalement l’homme, la Nature et le Divin.

   Les connaissances acquises par la biologie pendant le XX° siècle remettent en cause des concepts encore défendus par la philosophie et qui sont devenus obsolètes ; il est donc nécessaire d’actualiser la philosophie. Parce qu’elles traitent toutes deux de la Vie et en particulier de la Vie Humaine, nul ne peut ignorer la complémentarité qui existe entre philosophie et biologie. La biologisation de la philosophie doit s’accompagner de la philosophisation de la biologie ; c’est un accord gagnant-gagnant. Aucune des deux disciplines n’y perd son autonomie propre. J’appelle BIOSOPHIE la philosophie qui intègre les connaissances de la biologie.    

   En grec sophia signifie à la fois sagesse et connaissances ou savoir. Autrefois le mot sophia signifiait l'habileté dans les beaux-arts et enfin le savoir de manière générale. C'est de cette façon que ce terme sophia en est venu à désigner la sagesse en connotant la connaissance.

   Aristote dans Métaphysique I : « J'appelle philosophe, celui qui, dans la mesure du possible, possède la totalité du savoir. » En tout cas il ne doit fermer la porte à aucune source du savoir ; tout philosophe doit faire preuve d’ouverture.  Sachant que le savoir est l’ensemble des connaissances acquises par l'étude, par l'observation, par l'apprentissage et par l'expérience.

   Voltaire : « Les sectes religieuses sont multiples alors que la science est une. » Cela montre bien que la religion se base sur des opinions, des croyances et une foi, tandis que la science se construit sur des connaissances confrontées à la réalité. 

   La laïcité ne distingue pas le temporel du spirituel mais le pouvoir politique civil du religieux ou ecclésiastique. Selon les chrétiens le royaume du Christ n’est pas de ce monde ! Chantal Delsol ose affirmer qu’elle est dans ce monde mais pas de ce monde.

+ voir Auguste Comte et la déesse Humanité (Clothilde de Vaux) et le Deus sive Natura (Maïmonide, Descartes et Spinoza). La bibliothèque d'Alexandrie -288 détruite entre -48 et +642.          

Sujet du Merc. 24 juillet 2024 : Doit-on aller au-delà de l’absence d’intention ?

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