La souffrance fait-elle évoluer?
La
souffrance a cela de positif qu’elle n’a pas besoin d’être expliquée! Tout le
monde sait de quoi il s’agit.( Les mots douleur et souffrance sont ici
interchangeables et synonymes.)
A
la question que lui posait un journaliste sur son combat en faveur d’une
réconciliation en Afrique du Sud, Nelson Mandela répondit: «j ai eu 21 ans en
prison pour réfléchir, sans cette condition j’aurais continué à professer la
lutte armée! ». On peut aisément imaginer les souffrances qui ont dû
baliser sa réflexion. A plus ou moins grande échelle la souffrance, qu’elle
soit mentale ou physique, fait partie du
lot quotidien de chacun depuis toujours.
La
religion chrétienne met en avant la souffrance soit comme châtiment de Dieu
soit comme participation mineure aux souffrances du Christ, devenant ainsi un
facteur qui sauve l’homme de ses péchés, qui purifie l’âme. Simone Weil parle
«d’un usage surnaturel de la souffrance» Quant aux religions orientales elles
mettent en avant l’incapacité de l ‘homme à s’affranchir de ses désirs, à vivre
au présent et l invite à l ‘acceptation ou résignation. Ce résumé est quelque
peu caricatural mais reflète un état d’esprit assez courant même chez les gens
athées lorsqu’ils souffrent.
Elisabeth
Kübler-Ross éminente psychiatre américaine d’origine suisse, pionnière dans
l’accompagnement des mourants a permis de changer le regard sur la mort et la
maladie dans les milieux hospitaliers, ne les considérant plus comme l’échec de
la vie et de la santé. Elle dénombre 5 phases que traverse toute personne avant
d’accepter la mort ou tout autre deuil: le déni, la colère, le marchandage, la
dépression, l’acceptation. l ‘acceptation étant la phase qui permet de tourner
la page et donc de transcender la souffrance. Elle insistera sur l’importance
de laisser à chacun la possibilité de s’exprimer à chacune de ces phases exigeant
des médecins le droit des patients de savoir la vérité sur leur maladie.
Sans
parler de deuil, la souffrance au quotidien est présente dans tous les aspects
de notre vie; au travail notamment elle a été étudiée par C. Dejours, psychanalyste,
qui nous rappelle que toute résistance à la maitrise est une expérience de l’échec mais que si
elle permet de mobiliser l’intelligence pour résoudre un problème elle se
transformera en plaisir puisque l’on se sentira plus intelligent, sans compter
le regard des autres qui nous valorisera. Dans le cas de harcèlement c’est la
solidarité qui est un facteur clef. L impossibilité de surmonter une difficulté
accroit ou développe des pathologies qui peuvent conduire jusqu’au suicide sur
le lieu de travail ( chez France Telecom etc) ou parfois même à l école où
l’enfant peut connaitre les mêmes difficultés et a besoin de sentir la
reconnaissance de l’enseignant.
«Un
mot permet d’organiser notre manière de comprendre le mystère de ceux qui s’en
sont sortis. C’est celui de résilience, qui désigne la capacité à réussir, à
vivre, à se développer en dépit de l’adversité. En comprenant cela nous
changerons notre regard sur le malheur et malgré la souffrance, nous
chercherons la merveille» Boris Cyrulnik dans un «merveilleux malheur»
Pourquoi
certains d’entre nous sauront surmonter souffrances et douleurs?
Pardon,
solidarité, regard empreint d’empathie, entraide favorisent la résilience mais
suffisent-ils? Quels sont les tuteurs de résilience qui nous permettent de
surmonter notre souffrance?
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