dimanche 24 avril 2022

Sujet du Mercredi 27/04/2022 : Le rôle de la violence dans l’histoire.

 

Le rôle de la violence dans l’histoire.

 

Il est souvent admis que la violence de l’homme est dû à sa « part d’animalité »,  la violence serait  intrinsèque à l’homme.

 

Les études de deux cousins éloignés de l’homme qui sont séparés par le fleuve Congo apportent certains éléments de réflexion :   

Les Bonobos vivent dans la boucle du fleuve.  Ils ont un moyen pacifique de résoudre les conflits en interne et avec les autres groupes de bonobos.

Les  chimpanzés qui vivent sur les berges externes de la boucle du fleuve, sont plus agressifs et peuvent, en cas de conflit avec une autre tribu, pratiquer le cannibalisme.

Pourquoi pour des cousins germains ont-ils une telle différence de comportement ? Il faut partir des conditions d’existence de ces espèces. le bonobo n’a pas de concurrent dans sa strate écologique. Le chimpanzé, lui,  est en concurrence avec le gorille des. il doit donc être plus agressif pour défendre son territoire contre les autres groupes de chimpanzés pour assurer la subsistance du groupe. Le régime de la hiérarchie dans les deux groupes est différent , une femelle chez les bonobos, un mâle chez les chimpanzés . Chez les animaux il n’y a pas de violence gratuite mais les conditions de survie de l’espèce déterminent l’agressivité.

 

Pour l’homme, qui est un primate supérieur, comment s’explique la violence ?  
Nous devons avoir une démarche scientifique et pour cela nous allons partir des premières manifestations connues de l’homme par les traces paléoanthropologiques qu’il a laissé.

L’homme apparaît en Europe au paléolithique ancien en venant de l’est de l’Europe et du Proche Orient, il y a un million d’année (il ne deviendra Homo Sapiens que vers -150 000 ans). Il pratique une économie de prédation, c’est à dire qu’il prélève sur la nature  en fonction de ses besoins à court terme. Il est nomade cela ne veut pas dire qu’il se déplace de manière constante mais en fonction des saisons et aussi des refroidissements et des réchauffements climatiques (cinq épisodes en un million d’années).      
Les paléontologues estiment leur population à 1 million sur l’ensemble de l’Europe. Ils vivent par petits groupes entre 30 à 50 personnes. Ils ont peu d’enfants (durée de vie brève et sélection naturelle à la naissance).
L’étude de leurs nécropoles montre qu’il n’y a pas un homme au-dessus des autres. Chaque individu est assigné à une tache qui sert le collectif  (ce que montrent aussi les études ethnographiques sur les tribus isolées à notre époque). Ils collaborent aussi avec d’autres groupes et se reproduisent entre groupes. Nous n’avons pas de trace de batailles (pas de traces sur les ossements de blessures contondantes). Il leur arrive de pratiquer le cannibalisme de manière très occasionnelle. Il n’y a pas de trace de violence sur les personnes ingérées. Ces hommes avaient un grand respect pour les animaux qu’ils considéraient comme faisant un tout avec eux et la nature. Certain paléontologue émettent l’hypothèse qu’étant donné  l’importance de chaque individu dans le groupe, le sacrifice est exceptionnel  mais aucune trace ne vient corroborer cette hypothèse très « moderne ». Durant cette période, sur les peintures rupestres nous ne voyons que des animaux.

 

Au Mésolithique (- 10 000 ans) nous avons un réchauffement climatique qui va découvrir de nouveaux territoires et un climat tempéré. La sédentarisation va se faire à partir de l’élevage. Un moyen de chasse nouveau va  se développer ; l’arc. La domestication du porc va amener des épidémies dont les populations sédentaires ne comprennent pas l’origine, les tombes collectives apparaissent suggérant une augmentation des sacrifices humains ; mais de nombreux chercheurs infirment ces points de vue : Rupert A. Housley, professeur en archéologie à l'université de Glasgow n'est pas aussi affirmatif: «si le sacrifice est une explication possible il y en a d'autres. Je dirais que ce n'est qu'une possibilité parmi beaucoup d'autres.»; conduisant une étude dans le sud de la Russie sur les liens entre l'homme de Neandertal et l'homme Moderne, il souligne que les inhumations multiples étaient courantes à cette l'époque et que de nombreux enfants mouraient à un jeune âge.           
L’agriculture va apparaître, une production qui peut-être stockée  d’une année sur l’autre voire sur plusieurs années. Le matriarcat fait place au patriarcat, les dieux dominants deviennent des dieux guerriers et masculins. Sur les peintures rupestres du néolithique des hommes avec des arcs apparaissent, non seulement ils chassent mais parfois ils combattent d’autres hommes. Dans les sépultures, grottes, dolmens, on voit apparaitre les blessures par flèches, coups etc.. .

Que s’est-il passé ? Avec l’augmentation de la production due à l’agriculture il y a une augmentation de la population. La surproduction de céréales et le développement inégal du néolithique à l’échelle d’un vaste territoire, vont amener à la formation d’une caste de guerriers avec un chef. Peu à peu la propriété qui était collective va être privatisée aux profits des guerriers. La caste des guerriers ne travaille pas aux champs. Il faut produire plus pour les entretenir.  Ils vont prendre le pouvoir, les opposants sont dominés ou éliminés. La violence se fait d’abord au sein du groupe. Puis il faut trouver de la main d’œuvre donc ils vont réduire par la guerre d’autres populations en esclavage.  C’est la période du néolithique final

En  Europe vers - 800 avant notre ère les chasseurs cueilleurs disparaissent totalement.

 

Au moyen orient l’évolution est plus rapide et bien antérieure à celle de l’Europe en particulier dans la zone en le Tigre et l’Euphrate : la Mésopotamie  (Irak actuel). La violence de petit groupe (tribu) va se transformer peu à peu en une violence d’état qui va apparaître avec les premiers royaumes et empires. L’écriture, le droit vont être inventés pour contrôler la propriété et la production aux profits des classes dirigeantes qui vont confisquer à leur profit la surproduction.

 

C’est le XIX siècle occidental qui va créer cette vision que la violence est le côté animal de l’homme pour justifier par la violence la colonisation des « sauvages » auxquels les occidentaux vont amener la « civilisation » (ce qui était déjà le discours des conquistadors exterminant les indiens des Amériques au 16ième siècle).

 

Références : sur youtube conférence de Marylène Patou « Préhistoire de la violence et de la  guerre ». Sur youtube encore, « L’état ce n’est pas vous » une explication avec beaucoup
d ‘humour du néolithique





 

Ouvrages : Marylène Patou -  Préhistoire de la violence et de la guerre.  Marx et Engels  l’origine de la famille de la propriété et de l’état Engels : le rôle de la violence dans l’histoire.

Engels Anti-Dühring  économie politique chapitre  II , III , IV


mardi 19 avril 2022

Sujet du Merc. 20 Avril 2022 : "J'exterminerai de dessus la face de la terre l'homme que j'ai créé" Gen. 6.7

 "J'exterminerai de dessus la face de la terre

 l'homme que j'ai créé" Gen. 6.7

Ceux à qui on a donné beaucoup auront beaucoup.

Ceux à qui on n'a rien donné n'auront rien.


A partir d'extraits de l'ouvrage de E. Georg : "Le marché de la détresse"


le texte intégral du "Marché de la détresse" peut vous êtres envoyé par mail sur simple demande.

« Le surplus des Forces de Travail structurellement non intégrables dans le Marché n'était que relativement « protégé » par ce qu'on a coutume d'appeler des mesures d'accompagnement ». Le Marché de la détresse ne rejette pas ipso facto cette population, mais lui offre, loin des politiques coûteuses d'assistance sociale, une opportunité de réaliser son potentiel de talent en servant le Marché sans l'appauvrir.

Du point de vue de la géopolitique, le Marché se compose de bonnes « terres » (pays riches) et de mauvaises « terres » (pays pauvres).

En reprenant le sens primordial de certaines paraboles, on découvre la même dynamique qui a été à l'œuvre dans la genèse des marchés. Sur les bonnes terres (pays riches), les populations structurées à potentiel énergétique fort ou précaire (en l’occurrence, la cible du Marché de la détresse) peuvent être valorisées, grâce aux mesures qui seront mises en place, en parfaite harmonie et complémentarité. La rédemption des talents précaires (potentiel précaire) pourra servir en somme à la survie de tous. Il suffit de réinterpréter la parabole de Luc : le bon grain et l'ivraie cohabitent en vue du plus grand bonheur global pour le plus grand nombre.

Désormais, les apôtres de la Nouvelle Cité peuvent annoncer : « Le temps est accompli, le règne du Droit global s'est approché, convertissez-vous et croyez au Marché. »

Plus question, dès lors, d'exclusion sauvage, mais de servitude structurée et de rejet « sacrificiel », sur lesquels nous reviendrons plus loin. Le Marché a besoin de partenaires rémunérés mais aussi de serviteurs « bénévoles ». Ce bénévolat est tout donné grâce au Marché de la détresse.

Comment ?

Par exclusion structurée, nous entendons tout d'abord la réhabilitation (nous utiliserons volontiers, quant à nous, le terme rédemption) d'individus vivant en contiguïté avec le Marché mais devenus inutiles ou superflus pour son bon fonctionnement. S'ils se trouvent ainsi récusés et rejetés à la frange du Marché, cela ne signifie pas nécessairement que leur talent (ou leur mérite) soit impropre aux exigences du Bien de la Cité ; si ce talent, sans être nul, se révèle toutefois insuffisant, il n’en reste pas moins une valeur recyclable comme prestateur de services ne générant pas de coûts improductifs. Il sera alors pris en charge dans le Marché de la détresse, mais en tant que part vouée à la  servitude. En d'autres termes, si le talent n'est pas nécessairement mis en cause, sa réalisation objective ressort, elle, d'une volonté bien objective d'essaimer le bon grain (talent) dans la terre idoine.

Qu'entendons-nous par terre idoine ?

« Ecoutez. Voici que le semeur est sorti pour semer. Or, comme il semait, du grain est tombé au bord du chemin ; les oiseaux sont venus et ont tout mangé. Il en est aussi tombé dans un endroit pierreux où il n'avait pas beaucoup de terre en profondeur ; quand le soleil fut monté, il a été brûlé et, faute de racines, il a été séché. Il en est aussi tombé dans les épines ; les épines ont monté, elles l'ont étouffé, et il n'a pas donné de fruit. D’autres grains sont tombés dans la bonne terre et, montant et se développant, ils donnaient du fruit, et ils ont rapporté 30 pour une, 60 pour une, 100 pour une » (Marc, 4,3).

Le Marché constitue une terre bonne, une terre structurée pour tous, à charge pour eux d'accueillir cette terre, et d'y servir la part de leur talent à même d'y fructifier. Sur cette bonne terre, pas de faute intrinsèque pour ceux qui la foulent. Mais le grain mal cultivé dans la bonne terre (et a fortiori le grain implanté dans la mauvaise terre), signifie bel et bien le desséchement du grain, donc du talent. Le Marché ne peut mieux faire que la parabole de Marc. Un talent mal structuré n'aura droit qu'à un pourcentage ténu de qualité de survie. Une mauvaise adéquation au Marché, une médiation insuffisante entre le talent et les exigences structurelles du Marché, oblige ce dernier à un effort permettant une inclusion, mais en contrepartie d'une servitude. » E. Georg.

L’extrait ci-dessus pose le problème (problème pour son auteur !) de l’existence de franges de populations « inadaptées et inadaptables » au Marché conçu comme la nouvelle référence théologique cardinale ( les utopies du XX° siècle ayant toute fait faillite selon lui ).

Il s’en réfère donc tout naturellement, tel un nouvel apôtre, à la Genèse : «  Et l’Éternel dit : J’exterminerai de dessus la face de la terre l’homme que j’ai

Créé, depuis l’homme jusqu’au bétail, jusqu’aux reptiles, et jusqu’aux oiseaux des cieux, car je me repens de les avoir faits. » Gen . 6.7. En fait nous savons par la suite du texte que dieu va se repentir. Il ira jusqu’à désigner une « peuple élu » dont il n’hésitera pas un seul instant à sacrifier un des siens, jésus, pour le rachat de nos fautes. Mais qui aujourd’hui sera le sacrifié du nouveau peuple élu du Marché ? Au nom de quelle faute justifiera-t-on le crime ?


dimanche 10 avril 2022

Sujet du Merc. 13 Avril 2022 : La démocratie est la dictature de la majorité (sur un texte de Tocqueville)

 

La démocratie est la dictature de la majorité.


« Je regarde comme impie et détestable cette maxime, qu'en matière de gouvernement la majorité d'un peuple a le droit de tout faire, et pourtant je place dans les volontés de la majorité l'origine de tous les pouvoirs. Suis-je en contradiction avec moi-même ?

Il existe une loi générale qui a été faite ou du moins adoptée, non pas seulement par la majorité de tel ou tel peuple, mais par la majorité de tous les hommes. Cette loi, c'est la justice. La justice forme donc la borne du droit de chaque peuple.

 

Une nation est comme un jury chargé de représenter la société universelle et d'appliquer la justice qui est sa loi. Le jury, qui représente la société, doit-il avoir plus de puissance que la société elle-même dont il applique les lois ?

 

Quand donc je refuse d'obéir à une loi injuste, je ne dénie point à la majorité le droit de commander ; j'en appelle seulement de la souveraineté du peuple à la souveraineté du genre humain. Il y a des gens qui n'ont pas craint de dire qu'un peuple, dans les objets qui n'intéressaient que lui-même, ne pouvait sortir entièrement des limites de la justice et de la raison, et qu'ainsi on ne devait pas craindre de donner tout pouvoir à la majorité qui le représente. Mais c'est là un langage d'esclave.

 

Qu'est-ce donc une majorité prise collectivement sinon un individu qui a des opinions et le plus souvent des intérêts contraires à un autre individu qu'on nomme la minorité ? Or, si vous admettez qu'un homme revêtu de la toute-puissance peut en abuser contre ses adversaires, pourquoi n'admettez-vous pas la même chose pour une majorité ? Les hommes, en se réunissant, ont-ils changé de caractère ? Sont-ils devenus plus patients dans les obstacles en devenant plus forts ?

Pour moi je ne le saurais le croire ; et le pouvoir de tout faire, que je refuse à un seul de mes semblables, je ne l'accorderai jamais à plusieurs. Ce n'est pas que, pour conserver la liberté, je crois qu'on puisse mélanger plusieurs principes dans un même gouvernement, de manière à les opposer réellement l'un à l'autre.

 

Le gouvernement qu'on appelle mixte m'a toujours semblé une chimère. Il n'y a pas, à vrai dire, de gouvernement mixte (dans le sens qu'on donne a ce mot), parce que, dans chaque société, on finit par découvrir un principe d'action qui domine tous les autres.

L'Angleterre du dernier siècle, qu'on a particulièrement citée comme exemple de ces sortes de gouvernements, était un État essentiellement aristocratique, bien qu'il se trouvât dans son sein de grands éléments de démocratie ; car les lois et les mœurs y étaient ainsi établies que l'aristocratie devait toujours, à la longue, y prédominer et diriger à sa volonté les affaires publiques.

 

L'erreur est venue de ce que, voyant sans cesse les intérêts des grands aux prises avec ceux du peuple, on n'a songé qu'à la lutte, au lieu de faire attention au résultat de cette lutte, qui était le point important. Quand une société en vient à avoir réellement un gouvernement mixte, c'est-à-dire également partagé entre des principes contraires, elle entre en révolution ou elle se dissout.

Je pense donc qu'il faut toujours placer quelque part un pouvoir social supérieur à tous les autres, mais je crois la liberté en péril lorsque ce pouvoir ne trouve devant lui aucun obstacle qui puisse retenir sa marche et lui donner le temps de se modérer lui-même.

La toute-puissance me semble en soi une chose mauvaise et dangereuse. Son exercice me parait au-dessus des forces de l'homme, quel qu'il soit, et je ne vois que Dieu qui puisse sans danger être tout-puissant, parce que sa sagesse et sa justice sont toujours égales à son pouvoir.

 

II n'y a pas donc sur la terre d'autorité si respectable en elle-même, ou revêtue d'un droit si sacré, que je voulusse laisser agir sans contrôle et dominer sans obstacles. Lors donc que je vois accorder le droit et la faculté de tout faire à une puissance quelconque, qu'on appelle peuple ou roi, démocratie ou aristocratie, qu'on l'exerce dans une monarchie ou dans une république, je dis : là est le germe de la tyrannie, et je cherche à aller vivre sous d'autre lois.

 

Ce que je reproche le plus au gouvernement démocratique, tel qu'on l'a organisé aux Etats-Unis, ce n'est pas, comme beaucoup de gens le prétendent en Europe, sa faiblesse, mais au contraire sa force irrésistible. Et ce qui me répugne le plus en Amérique, ce n'est pas l'extrême liberté qui y règne, c'est le peu de garantie qu'on y trouve contre la tyrannie. »

 

Alexis de Tocqueville TYRANNIE DE LA MAJORITÉ -(1835) Extrait de "La Démocratie en Amérique" :

dimanche 3 avril 2022

Sujet du Mercredi 06 Avril 2022 : Relire Platon ou aller à Delphes ?

           RELIRE PLATON OU ALLER A DELPHES ?

" Nous croyons notre époque profondément différente de celle de Socrate parce que notre démocratie ne repose pas sur l'esclavage et que l'histoire ne se déroule l'échelle des cités.

 

Nous nous croyons à l'abri d'une décadence identique à celle de la civilisa­tion grecque parce que le procès de production inclut depuis la révolution industrielle une très grande part de travail mécanique, alors que l'essentiel du travail en Grèce était effectué par des hommes, ce qui nous permet d'envisager des solutions techniques qui étaient hors de leur portée.

Mais, en réalité, qu'est-ce que cela change? Avons-nous  vraiment de si bonnes raisons de croire que l'histoire ne se répète pas et que les démocraties modernes ne sont pas ravagées par les mêmes fléaux que les cités grecques ?

 

Je crains que nous ne fassions erreur. Nous, les modernes, pou­vons lire notre avenir dans le passé des anciens, Car ce qui est arrivé à la démocratie grecque, en particulier à Athènes, nous commençons à le vivre.

 La prospérité des démocraties modernes tient au tribut qu'elles lèvent sur les nations qu'elles "protègent".. Quant à la paupérisation qui sévit au sein des pays riches, elle n'est pas liée à la subordination de l'homme a la machine, mais à son remplacement par la machine.

 

Or c'est exactement ce scénario qu'a connu la Grèce antique : c'est l'hégémo­nie scandaleuse de substitution généralisée du travail servile au travail libre, qui a poussé la démocratie grecque à sa perte, au terme des décennies de guerre civile. Démocratie grecque qui est issue d'un processus analogue à celui de la démocratie moderne : elle provient, comme celle dont nous sommes héri­tiers, d'une décomposition d'un édifice féodal fondé sur l'appropriation des forces productives par des hordes de guerriers conquérants d'origine indo-européenne au terme de siècles d'invasions barbare.

 

Cette décomposition est elle-même est le résul­tat d'un renversement des rapports de service seigneur/serf en rapports marchands vendeur/acheteur. Ce processus révolutionnaire. a permis l'apparition de « lumières » nouvelles sur l'Univers et la place que l'espèce humaine y occupe : il a conduit une foule de « penseurs » à rompre avec l'approche mythologique de la réalité (comme en Europe à partir de la Renaissance), même si la masse elle-même le, le démos, préférait quant à elle remonter en deçà des mythes de ses anciens maîtres pour donner un sens communautaire aux promesses de prospérité contenues dans l'avènement de la démocratie….

 

… L'heure est au bilan. Et il est lourd.

Le progrès de la société mar­chande se paie très cher. Rien ne garantit qu'il poursuive sa marche en avant au profit de tous, bien au contraire. Plus les choses « progressent», plus les menaces se précisent: inutile de reprendre ici la liste.

Comme à l'époque de la prospérité des anciens Grecs, un mal est à l'oeuvre qui ressemble furieusement au fléau invisible dont ils étaient frappés. Emus par les plaintes qui s'élèvent de toutes parts, les chefs d'Etat des pays riches, qui répondent du destin de leurs peuples, promettent de prendre les mesures qui s'imposent, dès qu'ils tireront au clair la cause pre­mière du fléau.

Mais il semble qu'ils aient beaucoup de mal à trouver le bon oracle.

 

D'où la dernière suggestion, à leur inten­tion  : s'ils n'ont pas le temps de relire Platon, qu'ils envoient leurs émissaires à Delphes … pour y consulter
la pythie. "

 

In : Marc Sautet : un café pour Socrate - 1995 (extraits )

 

 


Sujet du Merc.27/03/2024 : PEUT - ON SE PASSER DE SPINOZA ?

         PEUT - ON SE PASSER DE SPINOZA ? Ce texte est contre-intuitif et peut passer pour une vanne. Mais non, blague à part, il est une ...