lundi 9 août 2021

Sujet du Merc. 11 Aout 2021 : FETICHE, OU ES-TU ?

                                           FETICHE, OU ES-TU ?

 

Le fétichisme est ce report de l'affectivité sur un objet symbolique, fabriqué et unique en lui attribuant une efficacité ultime sur la réalité, efficacité liée à des manigances magiques dont les intéressés peuvent même n'être pas conscients. Un fétiche devient alors un objet auquel on attribue un pouvoir bénéfique largement imaginaire. C'est un objet qu'on fabrique de telle façon qu'on s'abuse soi-même en croyant ne pas l'avoir fabriqué. Un comble ! Et pourtant aujourd'hui, nous croyons échapper à tous les fétiches alors même que nous nous laissons aller partout et sans cesse à nombre d'idées et de vues de l'esprit métaphysiques et totalisantes.

 

Un exemple souvent inconscient : la croyance moderne au progrès qui prête à la science une puissance quasi magique. C'est aussi notre représentation scientifique de l'univers strictement matériel, froid, écrasant et absurde pour les hommes. C'est la croyance au Grand Tout, avatar du Dieu omni présent et potent, de tout temps.

 

       Fétiche, où es-tu, qui es-tu ?

       Je suis tout, l'absolument tout à tout instant, pour toujours. Je le suis aujourd'hui plus que jamais.

       Tu es le Grand Maître ! Mais, en fait, ne serais-tu pas plutôt le fruit de notre imagination, de nos affects ?

       Qu'est-ce cela, petit taquin souffreteux ! Contente-toi de croire. Je suis le Grand Tout. Laisse-toi bercer par cette idée qui apaise ta vie de souffrances et ta frayeur de la mort qui t'attend.

       J'ai peur !

 

Les dieux et Dieu sont venus à la conscience des hommes sous deux formes de religion. Même si cela bouscule, la représentation scientifique moderne du monde ne fait-elle pas partie de la première ? Là, le fétichisme est cette perception d'un principe du monde ou archè qui englobe tout, maîtrise tout, organise tout. Cet absolu, l'univers est cette existence unique de l'infini dans lequel soi-disant nous nous trouverions. N'est-elle pas que cette immensité glacée dépourvue de sens humain, absurde, toute réunie en une froide équation mathématique. N'est-elle pas cette tentative, parmi d'autres qui l'ont précédée et lui survivent et prospèrent, d'insuffler du sens précisément là où les hommes en demandent pour faire ordre et société entre eux et apaiser leurs craintes ? Finalement, ne serait-ce pas un invariant ? Ou, alors, un mirage ?!

 

Pour l'autre forme de religion, il n'existe pas qu'une seule conception de l'infini, qu'une seule vision de la religion vraie, mais un nombre infini d'entre elles. Elle correspond à une attitude d'ouverture maximale envers les autres comme ce fut le cas lors de l'apparition chez les premiers hommes du sentiment religieux.

 

Le premier ordre religieux est toujours partout parmi nous. C'est l'autorité du Conseil scientifique (et médical) in fine dévoilant les mécanismes de domination de la société. C'est la finance hyperbolique des algorithmes fétiches qui saborde la vie. C’est l’équivalence de tout à l'argent comme fétiche. Equivalence, identifiée par Marx, à la vie moderne soumise à la division du travail atteignant aujourd'hui les ultimes confins du monde et des affects. Ainsi que l'avait bien compris Edward Bernays qui propulsa la guerre puis le capitalisme des pulsions*. Nous ne cessons d'échanger et d'acheter des objets et des services marchands sans savoir comment ils sont réellement produits et comment ils obtiennent leur valeur.

 

Et c'est aussi cet absolu des autorités monothéistes quasi psychotiques. Et par-dessus le marché, nous nous inventons encore d'autres fétiches à profusion : l'Ecologie, la Planète et la Pancha Mama, le Climat décarboné, les idoles du sport et de la mode, les stars du cinéma, les milliardaires allumés des GAFAM qui s'envoient « en l'air ».

 

Plus prosaïquement, c'est encore d'autres institutions : l'Etat, des textes de loi, l'armée et la police, le directeur ou, plutôt, la directrice. Et puis c'est aussi l'Amour et même le genre (173 variétés officiellement répertoriées dans le monde) et autres LGBTQ ou GPA-PMA, le manager de supérette, l'aiguilleur du ciel et … le scientifique...

 

Bref, attribuer à un « sujet de savoir » anonyme qu'il s'inquiète de l'ordre est une forme de fétichisme dont nous ne pourrons sans doute jamais nous défaire entièrement. (Je mesure bien que j'en fais sans doute moi-même partie à cet instant de pontification philosophique.) Appelons ça la croyance au « Grand Autre présumé savoir » (Lacan), le Big Brother (G. Orwell).

Ainsi, « avons-nous confié à la science la position de garant de la rationalité de l'ORDRE SOCIAL (les rebondissements de la pandémie Covid en sont une illustration patente qui nous est « offerte » de vivre). Mais agissant ainsi, nous lui en demandons mille fois trop, car aucune analyse scientifique ne pourra jamais nous affranchir de la renégociation personnelle des règles de notre vie commune pour les instaurer dans des fondements raisonnables. La fétichisation de la science n'aboutit qu'à une seule chose : nous projetons nos désirs d'ordre et nos idées sur un conseil d'experts qui ne saurait tout simplement même pas exister, un conseil d'experts qui décide à notre place de tout ce qui concerne la manière dont nous devrions effectivement vivre. »

 

Le Grand Autre est celui dans lequel on s'intègre en renonçant à nos responsabilités. Il est plus facile de croire et de vivre dans l'idée que les choses sont déjà réglées plutôt que de vivre, en se souciant que ça ne s'écroule pas autour de nous, en coopérant socialement avec les autres.

 

Le premier outil pour saper tout ça, c'est sans doute de sans cesse comprendre et rappeler qu'un fétiche n'est rien d'autre que notre projection de forces surnaturelles sur un objet que nous avons nous-mêmes créé. Ça alors ! Quelle imposture ! Créer ou adopter sans cesse un fétiche est pourtant tout à fait commun après des millénaires de platonisme et de monothéisme ! C'est cette tendance à se prendre pour la créature d'un autre en intégrant notre identité à un tout rationnel. Nous nous sentons rassurés quand nous nous imaginons être une partie d'un tout que nous sommes capables de comprendre d'une manière ou d'une autre. Rationnelle ou à peu près.

 

La question est de savoir dans quelle mesure nous serons jamais capables de nous défaire complètement de cette disposition d'esprit a priori confortable. Et comment ?

 

*   Rechercher dur le web : « BERNAYS-Comment manipuler l'opinion ».

 

lundi 2 août 2021

Sujet du Merc. 04 Aout 2021 : Le complotisme : mythe ou réalité ?

 

Le complotisme : mythe ou réalité ?


Je complote
Tu complotes         
Il complote  
Nous complotons : Le complotisme mythe ou réalité ?

Bille Gates en 2015 anime une conférence à Berlin en tant que philanthrope, sa fondation participe à de vastes campagnes de vaccination. Il se permet un discours ou il explique que dans les dangers qui menace l’humanité il faudrait plus s’inquiéter des risques de pandémie que d’une 3 ° guerre mondiale.

Début 2020 cette vidéo ressort avec des commentaires plutôt favorables perçue comme une réflexion d’un visionnaire.

Mais très vite une autre interprétation va apparaitre pour faire place à une réflexion inverse. Comment pouvait-il savoir qu’une pandémie arriverait ? Ce n’est pas de la perspicacité, s’il a dit ça, c’est donc qu’il savait. … Donc c’est Bill Gates qui a peut-être répandu ce virus pour mieux vendre un vaccin potentiel. Et une dernière version de cette conspiration envisage la possibilité d’une introduction d’une puce 5G pour pouvoir nous tracer.

Il faut comprendre que les hypothèses en cascades invraisemblables vont faciliter le buzz et grandement participer la diffusion en masse sans nuire à la crédibilité de la thèse complotistes. Car il laisse croire aux gens à une sorte de libre arbitre raisonnable. L’individu pensera : la puce 5 G je n’y crois pas, mais pour le reste il y a forcément du vrai.

Ces gros sujets de complotismes sont régulièrement dénoncés dans tous les médias avec d’abondantes chroniques documentés. Car les journaux voient par là une occasion de refaire leur légitimité en insistant sur la rigueur de leur propre travail qui serait bien au-dessus de cette information vulgaire diffusée par le peuple. Sans cacher leurs combats avec la concurrence déloyales des méchants réseaux sociaux. De grands médias (libération, Le Monde, Arte) ont eu l’arrogance de créer des supports spécialement dédiés au démontage de thèses conspirationnistes avec une mise en scène de laboratoire scientifique (LES DECODEURS) alors qu’ils ont autant de partie pris que n’importe quel média.

Oui mais voilà, il reste que ce n’est pas satisfaisant pour comprendre la totalité du phénomène. Car les gens ne sont pas forcément victimes simplement d’une curiosité malsaine.

En effet tout le monde cherche à comprendre la société et surtout les causalités multiples de notre époque et quel que soit les idéologies il restera toujours des zones d’ombres qui échappent à toutes explications. Les théories économiques ou les bonnes intentions politiques ne parviendront jamais à éclaircir la totalité des réalités qui nous entourent. Si vous ajoutez à ça le sentiment d’injustice que génère nos sociétés vous créez un terrain favorable à des croyances ou des théories qui peuvent s’avérer fausses.

Le complotisme peut également être reproché de manière abusive à toute personne qui pourrait élaborer un raisonnement économique un peu nouveau. Il est même devenu une facilité pour refuser tout argument de son adversaire sans plus d’explication.

Le conspirationnisme est décrit par Pierre-André Taguieff comme « la vision du monde dominée par la croyance que tous les événements, dans le monde humain, sont voulus, réalisés comme des projets et que, en tant que tels, ils révèlent des intentions cachées — cachées parce que mauvaises. 

Le complotisme est le plus souvent une mauvaise réponse ou une facilité à de vrais problèmes ou de vraies questions. Il y a aussi l’idée confuse que le vrai pouvoir échappe partiellement aux gouvernements.

Mais une corrélation n’implique pas nécessairement une causalité.

Malgré tout il reste un moyen de faire la part des choses assez facilement, qui consiste à ne pas ou à écarter si possible, l’intention dans la réalisation ou la constatation de chaque malheur qui nous entoure.

Ne pas oublier que Karl Marx est peut-être le plus grand philosophe matérialiste, mais dans son œuvre « le Capital » il démonte un système, qui selon lui est mauvais (paupérisation), et est voué à s’effondrer (baisse tendancielle du taux de profit). Certes il reproche aux bourgeois de s’accrocher à la propriété des moyens de productions, mais ne leurs reproche rien d’autre en réalités d’où la force de sa théorie. Marx nous dit que le système est mauvais, qu’il ait raison ou tort, c’est autre chose.

Doit-on vraiment aller plus loin que lui dans la critique du truc qui nous fait vivre ?

dimanche 25 juillet 2021

Sujet du Merc. 28 Juill. 2021 : Diaboliser le CO2, c’est odieux ! L’homme zéro carbone.

 

Diaboliser le CO2, c’est odieux !

L’homme zéro carbone.

 

Il y a actuellement beaucoup de gens qui voudraient « sauver la planète ». Et puis quoi encore ? Ils feraient mieux d’essayer d’abord de se sauver eux-mêmes, ce serait toujours çà de gagné pour boucher le trou de la sécu. Je parle bien sûr de tous ces mystificateurs qui voudraient nous culpabiliser, au prétexte que l’évolution climatique est directement liée à l’activité humaine, particulièrement celle qui génère le fameux CO2.

 

 Il est pourtant évident que notre bonne vieille terre subit actuellement les effets tangibles d’un cycle thermique qui se manifestent, entre autres, par le recul de certains glaciers. Car il faut savoir que l’accroissement actuel de l’activité solaire est directement responsable de ces phénomènes comme ce fut jadis souvent le cas par le passé. Sinon comment expliquerait-on autrement l’augmentation actuelle de la température sur toutes les planètes de notre système, ou bien comment rendrait-on compte de l’existence de vignes en Ecosse au moyen âge, ou de la culture du blé par les Vikings au Groenland quelques siècles plus tôt. 

Quant à l’effet de serre peu de gens peuvent définir ce qu’est vraiment ce phénomène et expliquer s’il est cause ou effet du réchauffement. En effet n’est-ce pas parce que le soleil est plus actif que la température augmente, et qu’ainsi davantage d’eau s’évapore et donc que l’atmosphère se charge ? Précisément se charge en vapeur d’eau, premier gaz, et de loin, responsable du fameux « effet de serre ». Et en ce qui concerne le dioxyde de carbone, avec lequel on nous satanise, par exemple dans le débat sur la fameuse taxe, il n’est qu’un composant très marginal du mélange des gaz atmosphériques (0,038%) et même si son augmentation conjoncturelle est réelle, elle ne saurait aggraver son rôle de manière sensiblement significative, ni par conséquent étayer le moindre début preuve de son influence éventuelle sur l’augmentation infime de la température moyenne du globe. Alors, à qui profite la clim ?

 

Il ne fait plus de doute qu’une pensée unique s’est installée dans les esprits sur la responsabilité des hommes dans l’évolution du climat. Dogme qui justifie que la culpabilisation qu’on leur fait porter doit être à la mesure des pressions que l’on va exercer sur eux. Car on va le payer cher, évidemment si nous sommes solvables et parce que tout le monde ne pourra pas, ou ne voudra pas, participer à l’effort «  vert ». Le prochain sommet de Copenhague est couru d’avance, comme ce fut le cas pour Kyoto.

 

Derrière toute cette agitation entretenue par les prêtres subventionnés de la nouvelle religion, qui doivent bien justifier leur pain quotidien, pavane, fièrement adoubée par un jury scandinave, l’institution papale du nouveau Vatican : le GIEC bras armé de l’ONU. Par un modèle d’imposture scientifique (qu’heureusement on commence enfin à décoder) cet organisme déclare sa loi suprême sur l’obligation de réduire drastiquement les « gaz à effet de serre », sans autoriser la moindre contestation. Toute la hiérarchie écologiste relaye avec le plus grand zèle cette position officielle, et les gouvernements y vont de leur démagogie plus ou moins accentuée pour rester au diapason d’une opinion publique apeurée par les zozos Gore, Hulot, Bertrand et Cie. 

On a alors des illuminations grenellistiquement correctes comme la « taxe carbone » à efficacité plus que douteuse, des  «  éoliennes » ridicules, des « politiques de transport en commun » stupides, des « énergies renouvelables » absurdes, des « bio carburants » lamentables, des « ampoules basse consommation » cancérigènes, des  «  isolations thermiques » comiques, des  «  ventes de permis d’émission de CO2 » grotesques, des « subventions diverses pour équipements domestiques « citoyens » » incohérentes et démagogiques etc… etc…

Car il faut, non seulement « sauver la planète », noble mission de la nouvelle église, mais aussi sauver l’homme qui vivra avec. Tout un programme. 

Alors, au lieu de s’emparer et de s’atteler aux vrais problèmes de l’humanité ( gestion mondiale de la ressource en eau, lutte contre le sida, faim dans le tiers monde, développement des terres cultivables, réduction de l’illettrisme, traitement des déchets urbains …), on nous amuse avec des gadgets comme le passage de 130 à 110 km/h sur les autoroutes , l’heure d’hiver, l’obligation de pisser avant de prendre l’avion, au prétexte que çà réduit les « bilans carbone », ou, mieux encore, d’ aller, la nuit, aux toilettes sans allumer le couloir.

 

Si l’on n’a pas trop de difficultés à deviner comment les hommes s’adapteront aux évolutions de l’exploitation des ressources de la planète, en particulier par la progressivité de l’épuisement des stocks d’énergies fossiles, et dans le contexte du rattrapage par les pays « émergents » de leur propre développement, justement au moyen de ces énergies, on a, par contre, beaucoup plus de mal à imaginer comment sera «  l’Homme Zéro Carbone ».

 

L’ « Homme Zéro Carbone » sera, sans nul doute, un vrai zombie. Vivotant dans une grotte et ses environs immédiats comme un troglodyte efflanqué, ayant supprimé les élevages intensifs de bovins et ovins pétogènes, il erre dans la campagne fleurie, cherchant des champignons hallucinogènes et des protéines de substitution, trottinant à pied dans les hautes herbes et il tire avec son arc  des flèches en bambou sur les étrangers parvenus à maturité qui ont encore l’audace de se balader avec leurs 4X4 rescapés des réquisitions préfectorales. Immigrés qui bravent en permanence les lois sécuritaires de son beau pays malgré les risques de subir les violences de la féroce répression policière. Les lapins de garenne qui prolifèrent grâce aux protections qu’ils ont obtenus pour leur « développement du râble », lui chapardent les salades de son jardin bio, un potager qu’il essaye de cultiver avec les obligations éthiques de n’y utiliser, pour nutriment, qu’un compost naturel fermenté sans le moindre dégagement de carbone gazeux. 

Pour se chauffer et se couvrir par temps froid, il fait des joggings en hululant, même de nuit (surtout s’il y a la pleine lune), et se vêt comme il peut. Car il n’a pas droit aux fibres textiles hautement carbogènes, le mouton sauvage étant une bête à poils laineux, à poils haineux, à poil. Pour sa reproduction autocloonique, c’est encore plus difficile. Pas question de faire des photocopies à cause de l’encre carbonée. 

Non, l’Homme Zéro Carbone ne se reproduit que de bouche à oreille, un comble de l’érotisme. Son système sexué ayant en effet perdu toute vigueur, il faut bien qu’il y substitue un ersatz aqueux, ce qui lui donne tout de même l’assurance de ne pas rester en panne sèche, dans les moments les plus décisifs du tirage aléatoire de sa courte paille.

 

Bref, toute une nouvelle existence, difficile, il faut en convenir, attend le nouveau messie. Zéro carbone ou Zorro carbone, il y a du justicier dans le personnage, il faut lui reconnaître un certain courage. Mais sans doute un courage que ne s’imaginaient pas ses pères concepteurs. 

Toutefois, il convient de noter une consolation dans cette vie d’ascète des temps post modernes à connotation rousseauiste rétroactivement typique : la température de la planète n’a augmenté que de 0,0006 °C depuis trois siècles alors qu’elle aurait augmenté de 0,0008°C si les pionniers du Nouveau Monde n’avaient pas veillé sur lui. Il est sauvé et il sait à qui il le doit.



 

dimanche 18 juillet 2021

Sujet du Merc.21 Juil. 2021 : La science est-elle la panacée qui va sauver le monde ?

 

La science est-elle la panacée qui va sauver le monde ?

 

Tout d'abord définissons le domaine de validité du « monde » pour cette problématique : il s'agit du monde des Hommes, l'environnement, les interactions et les questions.

 

Une panacée c'est un remède universel qui soigne tous les problèmes.

 

La science c'est l'ensemble des travaux et des résultats des sciences. C'est la connaissance exacte, universelle et vérifiable exprimée par des lois.

 

La science repose sur des principes rationnels immuables. Elle seule peut appliquer au monde la connaissance du réel et la rigueur mathématique qui sauve de l'absurdité de sens. Elle n'avance jamais rien qui ne puisse être prouvé.

Or, la vocation de la science n'est pourtant pas de donner une représentation ultime du monde et qui nous sauverait. Elle permet à l'Homme de comprendre un peu mieux le fonctionnement du monde mais elle ne répond pas à ses questions existentielles.

La réalité ne se réduit pas à des phénomènes physiques et biologiques.

Ici donc, se pose un problème conceptuel : la science est-elle la seule à fournir une représentation du monde qui serait la panacée qui le sauverait ?

 

Dans un premier temps nous verrons que seule la science atteint à la panacée qui sauve le monde car elle est objective.

Puis dans un deuxième temps nous montrerons que la philosophie, la connaissance peuvent sauver le monde.

 

La science sauverait-elle le monde ? :

 

1- La raison scientifique est universelle et immuable. La constitution d'une mathématique rationnelle dont l'origine remonte aux grecs a établi une représentation du monde que personne ne peut nier.

A partir de Leibniz notamment, les penseurs vont définir la raison comme un système de règles formelles dont on use avant même d'en avoir conscience.

Les nécessités exemplaires de la science montrent que les lois de la raison sont invariables et se situent bien au-delà de l'aspect subjectif de la pensée individuelle.

 

2- La connaissance est le dernier lieu de sens. Berthelot, chimiste et homme politique du XIXème siècle, affirmait que le monde est aujourd'hui sans mystère. En effet, les progrès dans la connaissance, les méthodes rigoureuses que la science développe et son objectivité permettent à l'Homme de résoudre d'une façon rationnelle certains problèmes qu'il se pose.

Ainsi, la connaissance est le dernier lieu de sens. Elle est une sauvegarde contre les instincts, les opinions, le fanatisme et l'intolérance. Elle permet à l'homme d'accroître sa liberté et de prétendre au bonheur.

 

La science n'est pas une panacée :

 

1- Or, il faut tenir compte des limites de la science.

Weber affirmait que la science n'a pas pour vocation de donner une représentation totale du monde.

EX : La médecine qui a le devoir de sauvegarder la vie et de diminuer la souffrance mais qui ne répond pas à la question de savoir si la vie mérite d'être vécue et dans quelles conditions.

 

2- Il existe une panacée qui sauve le monde et qui n'est pas scientifique.

 

En effet, il est impossible d'étudier l'Homme comme on étudie la matière et le vivant. Pourtant la philosophie et les sciences humaines sont parvenues à fournir des représentations du monde sur des manières de penser et d'agir.

Mais les représentations du monde sur le bien et le mal sont hors de portée des sciences « exactes ».

 

 

En conclusion, La science fournit aux Hommes des certitudes démontrées sur la représentation du monde constituant une panacée qui sauve de l'absurdité de sens. En dehors d'elle, ce qu'on appelle « panacée » renvoie à de simples convictions.

C'est par la rationalité et une éthique de la connaissance que l'Homme peut espérer donner du sens au monde.

 

Mais, le scientifique ne doit être ni un prophète, ni un démagogue. La véritable vocation de la science n'est pas d'indiquer à l'Homme ce qu'il doit faire, mais plutôt d'éclairer sa réflexion.

Certaines sciences (humaines et sociales) peuvent en effet répondre à des questions que se posent les Hommes. Mais les sciences dites « exactes »(mathématiques, physique, chimie,...) ne s'occupent que des faits et des lois et ne tiennent pas compte de l'aspect humain.

La science, dans son ensemble ne peut donc pas être une panacée qui peut répondre à toutes les problématiques humaines......

 

lundi 12 juillet 2021

EXCEPTIONNELLEMENT Sujet du Jeudi 16 Juillet 2021 : Pourquoi pousser à la performance ?

 

Pourquoi pousser à la performance ?

 

 

La philosophie ne pousse-t-elle pas la pensée à la performance radicale d'une perpétuelle remise en question? Ne faut-il pas rechercher et réaliser le meilleur de soi en actes sans transcender l'humain par aucune prothèse qu'elle soit médicamenteuse, génétique ou autre? Ne faut-il pas rechercher le meilleur de la performance collective dans des limites acceptables?

 

Allons aux origines. Depuis toujours on arrange des mariages pour améliorer un patrimoine social, culturel ou génétique. Depuis ses origines, le vivant n'a été qu'«erreur» de réplication génétique et lutte, sélection et prédation pour la survie. L'aptitude à une performance adaptative est inscrite dans l'évolution génétique et culturelle. De là à imaginer un but ultime est une erreur métaphysique.

 

Pour Platon, «éduquer les hommes c'est les élever, c'est-à-dire leur apprendre à renoncer aux séductions du sensible pour réaliser le meilleur d'eux-mêmes qui participe de la divinité». A cet égard, n'y a-t-il pas une contradiction logique entre la finitude postulée de l'humain enserrée dans des bornes et le supposé infini de ses capacités? Si les limites de l'humain existent, nous pouvons le définir; mais si nous ne pouvons pas le définir, le voilà illimité. C'est ce dernier choix philosophique que poursuit majoritairement l'Occident considérant que l'humain change si souvent et tant qu'il excède toujours ce que l'on croit savoir de lui et que les multiples façons de le penser requièrent de le re-penser toujours dans le questionnement continu de la philosophie.

 

Mais alors, si la pensée n'a pas de fin et qu'on ne peut la borner, la philosophie peut-elle logiquement critiquer la recherche partout présente d'une performance toujours supérieure? D'emblée, toute performance requiert un référent. Mais quelle norme apposer à l'humain, comment échapper à cette exigence? Reconnaissons qu'une norme n'est pas en soi une et absolue mais évolutive. Un homme se définit-il une fois pour toutes ou bien émerge-t-il à l'existence par les actes qu'il pose? Ne se mesure-t-il pas à ses actes librement consentis face à une situation toujours changeante? Poser une norme, un objectif ou une fin prédéterminés est attentatoire à la dignité et participe d'une démarche fascisante, totalitaire. Le nazisme décréta le handicap «hors norme», à éradiquer. Les performances aryennes supposées visaient la transcendance du surhomme (Nietzsche), sans confirmation aux jeux olympiques de 1936 ni dans la guerre ou la supériorité génétique.

 

Avec la supposée «fin de l'Histoire» dès 1989 (Fukuyama), l'«élite» ploutocratique des profits croissants tend à se constituer en surhommes génétiquement probables. Leur pendant obligé est la constitution de masses infrahumaines génétiquement programmées à la docilité.

 

Ainsi se réalise en parcs humains obéissants le rêve des camps du «Arbeit Macht Frei» tendant vers le «zéro humain» que ces camps avaient vainement approché par une sublime performance de déshumanisation (Primo Levi).

 

Le projet de transformation génétique de l'humain vise à neutraliser les velléités révolutionnaires des multitudes généralement plus inutiles que laborieuses et assurer l'Eden des princes du profit et de la bio-informatique. La démocratie nous y conduit irrésistiblement parce que les gens veulent la meilleure progéniture possible, comme lors déjà des mariages arrangés (système hindouiste des castes). D'où la dérive autoritaire précitée du pouvoir absolu sur les choses et les êtres (Descartes) car cette volonté de maîtrise génétique développe des contrôles pour un prétendu bénéfice collectif. Il y a menace sur les libertés par conformisme des buts collectifs, sur l'égalité via la hiérarchie qui sortira des ordinateurs des généticiens, et sur la fraternité parce que l'autre deviendra celui que la génétique définit et débusque dans le génome.

 

Mais cette performance inouïe a-t-elle le moindre sens? Ce qui en aurait ne serait-ce pas l'usage qu'on veut faire d'un quelconque sur­ou sous-homme à construire pour une utilisation précise? A cet égard, qui spécifiera la norme qui présiderait au choix :

 

1-    entre la quête métaphysique de la transcendance, du divin et de l'impossible dans le fantasme de l'idéal et celle de la compréhension du monde tel qu'il est ?

 

2-    entre la course au progrès infini et la recherche de l'humainement raisonnable et réalisable ?

 

3-    entre l'objectif absolu de l'efficacité prédictive de la science qui veut tout connaître et tout expliquer, même l'homme, et celui de servir celui-ci dont la science ne saurait déterminer le sens ?

 

4-    entre la société concurrentielle de marché, guerre, profits infinis, et argent roi et celle du partage libre, équitable, solidaire et économe des efforts des hommes et des ressources naturelles ?     

5-     entre l'acharnement thérapeutique, la «passion» papale et une mort dignement consentie-     

6-    entre la performance physique par le dopage et la liberté de l'épanouissement personnel, convivial et fraternel

7-    Le problème n'est-il pas de savoir s'il faut fixer une norme pour que l'homme se construise en conséquence et si faire cela n'implique pas de savoir s'il faut penser l'homme et particulièrement chercher sans cesse comment le penser ?

Ce qui est proprement philosopher.

 

 

dimanche 4 juillet 2021

Sujet du Merc. 07 Juillet 2021 : Les petits secrets d'Orwell.

 

                               Les petits secrets d’Orwell.

 

1984. Orwell. Il suffit de prononcer cette date et ce nom pour qu’aussitôt la bien pensance dominante s’illumine. De « droite »  ou de « gauche » ces deux termes font l’unanimité (preuve peut être de l’inanité des concepts même de droite et gauche ?).
C’est quasi pavlovien.           
           
J.C Michéa un des grands défenseurs d’Orwell peut-il ainsi écrire :          
           
« Telle est donc, en dernière instance, la raison pour laquelle les critiques libéraux, qu’ils soient de droite ou de gauche, tiennent tellement à réduire la critique orwellienne du totalitarisme et de la « double pensée » à sa seule dimension antistalinienne (critique dont on pourrait, tout au plus, utiliser certains aspects pour ironiser sur les « vérités alternatives » du pauvre Donald Trump, mais en aucun cas pour s’interroger, par exemple, sur les pratiques – pourtant autrement plus proches de celles du ministère de la Vérité de 1984 – des propagandistes de France Inter ou de France Info).       
C’est que si la thèse récurrente d’Orwell (toute tentative de construire une société libre, égalitaire et décente sera toujours vouée à l’échec tant que les classes populaires n’auront pas réussi à se soustraire à l’emprise politique et culturelle des nouvelles classes moyennes métropolitaines et de leur intelligentsia « moutonnière » – selon la formule, chaque jour plus pertinente, de Guy Debord) demeure globalement exacte (et Orwell ne faisait ici, en somme, que reprendre sous une autre forme le principe socialiste, et populiste, selon lequel « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes »), alors le temps n’est certainement pas venu où – comme l’écrivait Simon Leys dans son petit essai fondateur sur Orwell ou l’horreur du politique – « l’évolution politique et la marche des événements auront finalement réussi à faire d’Orwell un écrivain définitivement dépassé ». C’est même, en réalité, tout le contraire qui est en train de se passer. Car à l’heure où le système capitaliste mondialisé prend désormais l’eau de toute part – emportant malheureusement sur son passage tout ce qui rend encore cette planète habitable et la vie humaine digne d’être vécue – comment ne pas voir, en effet, que le jugement que formulait Simon Leys – il y a de cela déjà trente-six ans – au terme de son magistral essai, est lui-même devenu, en 2020, plus pertinent et actuel que jamais ? « Aujourd’hui – écrivait-il ainsi – je ne vois pas qu’il existe un seul écrivain dont l’œuvre pourrait nous être d’un usage pratique plus urgent et plus immédiat. »       

À nous, dans ces conditions, de savoir enfin faire des écrits de George Orwell l’usage révolutionnaire et émancipateur qu’ils appellent depuis si longtemps. Sous peine de voir advenir beaucoup plus tôt que prévu, ce que Victor Serge appelait, en 1939, « minuit dans le siècle ».
 » (Orwell, la gauche et la double pensée).

Alors Orwell « dépassé » ? ou faire d’Orwell une « usage révolutionnaire » ?  Michéa a choisi. Mais que sont les propositions d’Orwell ? Qui fut-il vraiment ? Comme on dit aujourd’hui : « d’où parle-t-il ? ».

Michéa avec Orwell nous propose une synthèse en trois points :   
-    Rompre avec la notion de « sens de l’histoire » (dont, c’est toujours vers la civilisation occidentale – avec ses « droits de l’homme », son économie marchande mondialisée et sa culture hollywoodienne – qu’il devrait nous acheminer).

-     Le « mythe moderne du progrès » : « Si chaque époque est forcément meilleure que la précédente, alors tous les crimes et toutes les folies qui peuvent faire avancer le processus historique peuvent être justifiés. […] Le crime succède au crime, une classe dirigeante en remplace une autre, la tour de Babel s’élève puis s’effondre, mais on ne doit pas résister au processus – en réalité, on doit même être prêt à applaudir chaque nouvelle crapulerie (scoundrelism) – car, par quelque détour mystique, du point de vue de Dieu, ou peut-être de Marx, c’est là le Progrès » Catastrophic Gradualism (1946).

-     L’invasion systématique de notre vie quotidienne par les nouvelles technologies, L’idéal d’autonomie (que ce soit sur le plan individuel ou collectif) est en effet voué à demeurer purement rhétorique et formel si on ne restitue pas en même temps toute sa dimension philosophique au sens de l’effort (sachant qu’une vie plus libre et plus heureuse ne signifie pas nécessairement une vie plus facile).         

Michéa, en bon moraliste, ne se pose pas la question du « programme » réel de son maître. Pourtant habile écrivain il ne perçoit pas que lorsqu’il déclare : « Comment pourrait-on ignorer, en effet, que l’intelligentsia de gauche actuelle a depuis longtemps rompu avec tous ses anciens démons totalitaires ? Et qu’elle est même devenue (grâce, entre autres, à la salutaire thérapie de choc imposée par la « nouvelle philosophie » de BHL et par les années Delors/Lang/Mitterrand) la seule véritable gardienne de ces valeurs « citoyennes » sur lesquelles est censée reposer toute démocratie libérale digne de ce nom – comme en témoigne suffisamment, du reste, son combat inlassable (et d’ailleurs célébré comme tel par tous les grands médias modernes) « contre toutes les formes d’exclusion et de discrimination » – de l’« hétéro-patriarcat » au « privilège blanc », en passant par la fessée, l’orthographe classique et l’élevage « contre-nature » des brebis et des vaches ? »(Id. supra) qu’il décrit, on ne peut mieux, ce à quoi la pensée pratique de son mentor conduit.          

C’est la vieille et toujours vivace critiques des Lumières (reprise par Michéa lui-même), la nostalgie - qui sait - d’un âge perdu où nous étions tous frères, partageant le leit motiv orwellien de la « common decency ».

Celle d’une révision de la Révolution Française à la Furet. Celle, en pleine guerre, des alliés soviétiques qu’Orwell n’hésite pas à discréditer dans la « ferme des animaux » (A sa publication, en 1945, le roman a été censuré à de nombreuses reprises, notamment en Europe, avant d’être à nouveau autorisé petit à petit. A l’inverse, sa promotion fut assurée par la CIA, qui finança un film d’animation destiné à assurer sa diffusion ).

Outre les trois « points/programme » qui nous fourniront matière à discussion, il sera bon de préciser :

-   Qu’en 1996 : The Gardian révéla qu’il avait livré, en 1949, une longue liste de noms de journalistes et d’intellectuels « cryptocommunistes », « compagnons de route » ou « sympathisants » de l’URSS à l’Information Research Department. C’est-à-dire à la section anticommuniste et antisoviétique créée en 1948 par le très droitier secrétaire au Foreign Office travailliste Ernst Bevin. Y compris sur l’effarante « liste d’Orwell », riche en remarques, antisémites, antiNoirs et anti-homosexuels, la réalité est bien pire sur cet ancien policier colonial (en Birmanie), aussi violent que requis par la fonction, déjà très avancé dans les années 1930, malgré sa démission officielle de 1927, dans la chasse aux dissidents rouges sous couvert de haine du stalinisme, « pacifiste » spectaculaire mais employé depuis 1941 par le « service oriental » de la BBC, curieux « patriote » que cet antisoviétique toujours notoire alors qu’officiellement, Londres aimait les Soviets depuis juin, agent de l’IRD, etc. Les révélations ont afflué depuis le pavé jeté dans la mare par la Britannique Frances Saunders, avec The cultural Cold War : the CIA and the world of art and letters, New York, The New Press, 1999, étude qui, comme les suivantes, apparente le tandem Orwell-Arthur Koestler.   

Saunders a été impitoyable sur leur collaboration avec l’IRD et avec la CIA. Laquelle, via les rééditions (de son éditeur-paravent Praeger), le cinéma et la bande dessinée (indispensable pour les peuples colonisés analphabètes), forgea après le décès précoce d’Orwell (1950), , avec sa veuve Sonia, l’immense carrière « occidentale » des Animaux de la ferme et 1984 – et poussa celle de Koestler, qui se vendit au mieux (jusqu’en 1983), aux services anglais et américains, pour devenir « l’homme [officiel] de la droite » (Tony Shaw).

Alors, moraliste Orwell ? Ou habile double jeu d’un intellectuel au programme éculé ?  
           
Bibliographie (un seul ouvrage a été traduit en français) : 
Richard Aldrich, The hidden hand : Britain, America, and Cold War secret intelligence, London, John Murray, 2001
Hugh Wilford, The CIA, the British Left and the Cold War: Calling the Tune?, Abingdon, Routledge, 2003, rééd. 2013
James Smith, British Writers and MI5 Surveillance, 1930-60, Cambridge, 2012 (fabuleux chapitre sur Orwell et Koestler, p. 110-151)

Andrew Defty, Britain, America and anti-communist propaganda 1945-53 : the Information Research Department, London, Routledge, 2013
Tony Shaw,        
https://researchprofiles.herts.ac.uk/portal/en/persons/tony-shaw(d6062eb5-b560-4803-b267-7b568a0b81e6)/cv.html?id=943264


dimanche 27 juin 2021

Sujet du Merc. 30 Juin 2021 : EVOLUER.

                                                         EVOLUER

"L'Homme descend du singe". Quels scandales cette découverte n'a-t-elle pas suscités ! L'hypothèse évolutionniste frappait de plein fouet l'enseignement traditionnel délivré et l'autorité des livres saints. 


L'Eglise catholique réagit en 1905 par l'encyclique "Pascendi" par laquelle elle se replia comme dans une citadelle assiégée, et ce n'est qu'en 1950 avec "Humani generis" qu'elle autorisera, du bout des lèvres, ses propres savants à étudier, "avec modération et mesure", l'hypothèse de la formation du corps humain à partir d'une "matière déjà existante et vivante". La réhabilitation, timide et récente, des écrits de Darwin par le Vatican, ne prolongea ces crises de foi que d'un épisode aussi burlesque que les précédents. Burlesque pour deux raisons :

- La première est que les théories de l'évolution ont singulièrement évolué depuis les célèbres recherches du voyageur des Galapagos (depuis Lamarck et Darwin, les lois de Mendel et tous les développements de la génétique). Tellement évolué que plus personne, sauf certains fixistes et autres rétrogrades, ne croit plus même à la formule révolutionnaire du singe, surtout si l'on observe, pour ce cas particulier, l'évolution rétro-anthropoïde de son os pénien.

- La seconde raison est que même le texte biblique ne dit pas que l'homme est sans ascendant. Il a été créé, en effet, dans la foulée des animaux ; de plus les mythes babyloniens dont s'inspire la Genèse (l'épopée de Gilgamesh) rapportent que l'homme a d'abord été proche des animaux avant d'être façonné par la culture. Ainsi l'homme n'a pas été créé "ex nihilo" par Dieu, mais par un processus justement évolutionniste ("faisons l'homme" est au pluriel lorsque Dieu formule sa décision (Gen 1, 26).

Les problèmes philosophiques ne sont pas résolus pour autant. En effet, selon Darwin, l'évolution qui se poursuit par la sélection naturelle, n'effectue pas "la lutte pour l'existence" (struggle for life) ; ce sont les plus forts qui gagnent, qui survivent et qui éliminent les plus faibles. 

Si cette théorie était transposée au niveau d'un nouveau dogme théologique, elle serait très inquiétante. Seuls devraient survivre les élus du Seigneur. Pourraient alors se développer les thèses de Gobineau inventeur du mythe "aryen", d'Alexis Carrel qui justifie les castes sociales sur une base biologique et d'Adam Smith concepteur du libéralisme, c'est à dire de la libre concurrence où les plus faibles sont écartés sous le prétexte d'une progression économique…. "naturelle". 

Quant au surhomme de Nietzsche, point le plus haut de la transcendance humaine, produit de sa volonté de puissance, il ne fait, finalement, que singer le singe qui remonte dans l'arbre, arbre duquel il n'était que trop bas descendu. Évidemment, le débat continue, évolue, sur l'évolution.
- Evolution sous le signe d'un hasard aveugle, ou d'un hasard opportuniste. Intervient alors l'idée de progrès, de sens. L'Homme est-il le but de l'évolution ? 
- Evolution en contradiction ou non avec les lois de l'entropie (Clausius) lorsqu'elles engendrent des phénomènes d'auto-organisation et d'auto-complexification.
Enfin et sans doute pour éviter de rapprocher trop malencontreusement  création-finalité et évolution, faudrait-il attribuer leur place respective à ces deux concepts :
- le premier dans le domaine de la théologie (spéculative) ;
- le second dans celui de la science (descriptive).

Ce serait bien la moindre des choses que de demander à la philosophie de nous faire évoluer plus clairement dans ce panorama où la croyance l'emporte trop souvent sur la raison.


dimanche 20 juin 2021

Sujet du Merc. 23/06/2021 :F. Dolto : la déraison pure.


                           F. Dolto : la déraison pure.


 Après 18 mois d’enfermement et de brimades, de mensonges et de manipulations ; faisant suite à une année de violence extrême contre des revendications que l’on aurait pu penser banales ; où en est la raison ? Et surtout comment en sommes-nous arrivés là ?


Il y a peu, les intellectuels français, se demandaient comment le peuple allemand duquel émergea Goethe, Kant, Wagner, Marx, avait pu plonger dans cet abîme d’horreur que fut le nazisme.


Aujourd’hui les intellectuels français, ne s’étonnent point. Il y en même qui eurent le courage de dire qu’il fallait tirer sur le peuple à « balles réelles ». Les intellectuels français se demandent comment tenir avec moins de 3000 euros par mois …. Pas tous bien sûr. « L’élite », les grands noms, les têtes de gondoles et leurs représentants de commerces dans les médias.


Il n’y pas un bloc « intellectuel ». Il y a ceux d’en haut et ceux d’en bas. Les futurs anciens ministres, les plumitifs à la chemise éternellement blanche car lavée avec ardeur par Arielle (le sang lybien requiert ce travail de lessivage). Puis la ribambelle des autres qu’on assassinât avec une distanciation d’autant plus meurtrière qu’elle fut sociale et non physique. Adieu, poètes, théâtreux, intermittents de la création. Et je ne parle même pas des philosophes. Ceux-là ils se turent, ce fut plus radical.

Pour en arriver là, pour qu’à nouveau nous puissions dire comme Goya que « le sommeil de la raison engendre des monstres », il faut de la patience et du travail, de la rigueur et des moyens. 

Aucune destinée ne préside à ces époques-là, à notre époque. Point de fatalisme. Du labeur besogneux de quelques tacherons auxquels on assigne une mission : domestiquer la pensée au nom de la pensée elle-même, déraisonner au nom de la raison, brouiller les cartes, parler compliqué pour faire croire qu’on est savant. Bref, traduire dans le ciel glacial des idées, la domination et la faire accepter comme un bienfait. 

Toutes les guerres classiques se font au nom du bien. Et comme l’a si bien dit E. Macron en 2020 : « nous sommes en guerre ».


Long préambule diront certains. On veut du Dolto ! Pourquoi Dolto au fait ? Parmi les intellectuels qui depuis 1945 recréent la « pensée moderne » à coups de déconstructionisme : Nolte, Schmitt, Arendt, Foucaud, Deleuze, Girard, Furet, Guattari – liste non exhaustive ! J’ai choisi F. Dolto. (les autres suivront) parce qu’elle est probablement à la racine de la fracture qui a permis à ces toxiques intellectuels de s’engouffrer dans le système éducatif français.

Le refus de l’autorité, l’autonomie totale de l’enfant, l’évitement des « frustrations » - dogmes doltoïques - ne sont-ils pas, somme toute, ce nouveau monde du narcissisme roi dans lequel nous sommes désormais plongés ? (Lire à ce propos : C. Lasch, « la culture du narcissisme »).


Avertissement : pour le débat qui va suivre la moindre des choses sera de s’être renseigné – a minima – sur la « pensée Dolto » (elle a beaucoup écrit, et parlé sur les radios). Précisons aussi, immédiatement, que Dolto a fabriqué tardivement son histoire familiale et personnelle. Rien de tel pour une riche « disputatio ».


Le traumatisme initial de la petite F. Marette. En 1986, interrogée par sa fille, Dolto déclare : « ça a été une enfance emprisonnée dans la famille ». Or de 1925 à 1929 elle a de nombreuses activités de loisirs, céramique, faïence, moulage, se passionne pour la radio, pratique la musique, passe des soirées au Carlton de Paris, apprend à conduire (elle à 18 ans) pour les vacances à Deauville où elle joue au bridge, au tennis … En 1929 elle devient infirmière puis en 1932 entreprend des études de médecine (Enfances, 1986). Mais 54 ans plus tard ce n’est plus la jeune fille « élevée de manière très traditionnelle selon Élisabeth Roudinesco, « elle a eu une enfance catholique, d'extrême droite», étant élevée selon les valeurs en cours dans une famille maurrassienne » ; elle est devenue psychanalyste et sa grille de décodage est celui de la psychanalyse c’est-à-dire que « ce qui est conscient » et les actes réels de la vie ne sont jamais la vérité.

Dès lors l’interprétation deviendra son acte de foi.


Marette  = Cosette ? « Je n’avais presque rien pour vivre, juste ce que je gagnais comme externe des hôpitaux » (Enfances). Mais elle nous fait part dans un autre ouvrage (je m’appelle Carlos) d’un courrier à son père daté de 1936 (28 ans) : « Voilà maintenant une question importante. Je n’ai plus que 475 francs… Tu m’avais dit de t’écrire quand je n’aurais plus d’argent… J’ai reçu de la banque l’avis de mise au nominatif de 40 obligations d’électro-chimie… A bientôt mon cher papa, je t’embrasse bien tendrement ». On a vu plus malheureuse en cette époque de Front Populaire. Elle suit, depuis 1934, une psychanalyse avec le Dr Laforgue. En 1938 le papa actionnaire qui finance sa fille devient l’ennemi qui n’a point su la protéger de sa mère. L’être humain ne peut exister qu’en tuant symboliquement, les désirs de ceux qui l’aiment : credo Doltoïque.

- Maréchal me voilà. Premier juillet 1940, pleins pouvoirs à Pétain. « J’aimerais m’occuper d’éducation, puisque, enfin elle va être dirigée dans une voie qui me parait pleine de promesses … dans la ligne amorcée par Pétain… Un pays ne meurt pas tant qu’il y a des hommes sur son sol, nés de lui et se nourrissant de ses produits. » (in : je m’appelle Carlos). En décembre 1941 Dolto est embauchée par Alexis Carrel pour la création du « Centre de la mère et de l’enfant » (Loi du 17 novembre 1941) visant à « étudier les mesures propres à sauvegarder, améliorer et développer la population française ».

Alexis Carrel, collaborateur notoire, dit dans « l’homme cet inconnu » (1935) qu’il faut éliminer les populations inutiles d’Europe et propose un consistoire de savants pour conseillers les dictateurs. A. Ohayon dans son essai « Psychologie et psychanalyse en France » nous apprend que parmi celles et ceux qui furent les collaborateurs de la Fondation Carrel beaucoup « refoulèrent ou nièrent » leur participation et parmi ceux-ci : Jean Delay et F. Marette-Dolto. Dolto était payée 5000F par mois par la fondation, un temps plein, et nous ne disposons d’aucune trace de sa démission éventuelle.


- École je te hais : « « Ainsi très souvent les troubles scolaires sont le signe d'un profond malaise de la personnalité de l'adolescent en difficulté lié aux données de sa relation avec ses parents » (in, la cause des adolescents). Et si les parents ne sont pas condamnables, la faute en incombe aux enseignants et à leurs méthodes pédagogiques. Rappelons-nous que Françoise Dolto qualifie l’enseignant qui se plaint du retard d'un élève en classe de... «nazi».

« Il importe d'adapter l'école aux enfants. On essaie de substituer à une pédagogie de l'échec une pédagogie de la réussite : en valorisant les bonnes réponses plutôt qu'en pénalisant les mauvaises, en attachant de l'importance au rendement d'un groupe d'élèves plutôt qu'en soulignant les performances individuelles, [...] en essayant d'éviter des redoublements » (id. supra). « Accepter d'être jugé par des plus jeunes, cela vaudrait toutes les réformes… Le principal défaut de l'instruction publique, c'est d'être obligatoire. Ce qui est obligatoire prend le caractère du travail forcé. Le bagne existe toujours... dans les esprits » (in, La cause des enfants).


Allant plus loin Dolto déclare : « Si on rayait la notion de mineur? Elle porte avec elle une mentalité rétrograde qui ne fait pas confiance à l'être humain … Ce qu'il faudrait c'est que la loi ne s'occupe plus de l'âge. Ne s'occupe seulement que de l'inceste, des relations entre parents proches, frères, sœurs, parents, oncles, tantes, mais qu'il n'y ait absolument rien entre adultes et enfants comme interdiction » (in, La cause des adolescents).

Comme le souligne le docteur D. Pleux, psychologue clinicien (De l’enfant roi à l’enfant tyran) : « Non, l'égoïsme de l'enfant n'est pas à stimuler, l'excès d'ego délite, nous le savons bien, le lien « Soi-Autrui », c'est-à-dire le lien social. ». 


Mais qu’importe pour Dolto ces considérations « castratrices » de la part d’un professionnel de l’enfance. Avant gardiste, Dolto a co-signée, aux côtés de Matzneff, Sartre, Beauvoir, Sollers, Foucault, Derrida, Althusser, Lang ….. en mai 1977 la célèbre pétition qui se concluait ainsi : « …Les dispositions prétendant à une « protection » de l’enfance …. ou concernant le « détournement de mineur » (sont) … de plus en plus incompatibles avec l’évolution de notre société.. et doivent être abrogés, ou profondément modifiés, dans le sens du droit de l’enfant et de l’adolescent à entretenir des relations avec des personnes de son choix ».


Mais, place au débat. Revenons à la philosophie : « La nature veut que les enfants soient enfants avant que d’être hommes. Si nous voulons pervertir cet ordre, nous produirons des fruits précoces, qui n’auront ni maturité ni saveur, et ne tarderont pas à se corrompre ; nous aurons de jeunes docteurs et de vieux enfants. » (J.J. Rousseau – l’Émile).


Sujet du Merc. 17 Avril 2024 : L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme …

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