jeudi 5 novembre 2020

Aliénation : comment ça marche ? FILM CENSURE !

 LA CENSURE DE YOUTUBE AYANT SUPPRIME LE DOCUMENTAIRE CI DESSOUS, NOUS DIFFUSONS LEPOINT DE VUE DE NOAM CHOMSKY :




CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE CENSURE

Vous vous demandez sûrement comment ça se fait que ceux qui étaient vos amis il y a peu, ces personnes avec qui vous partagiez les mêmes valeurs… puissent maintenant avoir perdu tout contrôle de leur raison..

vous leur expliquer les chiffres, leur apportez des études, des faits. Mais les yeux restent vides, rien ne se passe.

Et vous vous dites: c’est pas possible ! Ils dorment ! En réalité, vous n’avez pas si tort que ça. En réalité, le monde est sous hypnose…

Avez-vous déjà entendu parler de l’ingénierie sociale ?
De la fabrique du consentement ? Je vais aller droit au but aujourd’hui.

J’ai une question pour vous: pensez-vous que ceux qui vous dirigent souhaitent votre bien ?

Pensez-vous qu’il serait possible qu’ils vous connaissent mieux que vous ?

Ema Krusi Réalisation/Post-production: Ema Krusi & Pascal Prod'



lundi 19 octobre 2020

INTERRUPTION DU CAFE PHILO POUR CAUSE DE COUVRE-FEU

 

Suite aux décisions gouvernementales et à l’application d’un cessez-le-feu sur l’agglomération de Montpellier le café-philo se voit contraint d’interrompre ses rencontres hebdomadaires.

 

Le programme des sujets en cours reste le même, il sera simplement décalé dans le temps.

 

Nos rencontres reprendront dès que les autorités le permettront.

 

Merci

dimanche 18 octobre 2020

Sujet du Merc 21 Oct. 2020 : La philosophie n'est-elle que politique ?

 

La philosophie n'est-elle que politique ?

 

Je pose cette question, ce soir, à l’évidence provocatrice parce que j’ai ressenti dans ce café philo, de la part de certains participants, fréquemment un arrêt, une interprétation, un débat ayant une tendance plutôt politicienne.

 

Ok, nous sommes des êtres humains sociaux et nos sociétés sont gérées par des politiques. « Tout est politique ». La « polis » qui concerne l’ensemble des citoyens vivant sous le même régime et les mêmes lois ; que ce soit en démocratie ou en dictature ; sous un empire, une royauté ou une république.

 

Les Grecs appellent philosophie l’ensemble des connaissances humaines vers la recherche de la sagesse. Le but de la philosophie est la clarification logique des pensées.

« Quand le passé n’éclaire plus le présent, l’esprit marche dans les ténèbres » selon Alexis Tocqueville. La politique s’occupe de l’existant, du présent alors que la philosophie cherche un idéal universel, basé sur le juste, le légitime, le sage.

 

La politique n’a pas d’identité propre : elle est la croisée de l’histoire, de la sociologie, de l’économie, du droit, de la justice. Elle produit continuellement des propositions qu’elle tente d’imposer. Le philosophe essaye de rendre claires ces propositions. La recherche d’un éclaircissement.

 

Prenons un exemple : la guerre et/ou la paix.

Victor Hugo nous explique qu’entre la logique de la politique et celle de la philosophie, la politique peut nous mener à la guerre tandis que la philosophie fait tout pour aboutir à la paix. En fait la guerre n’est jamais éternelle et il faudrait d’abord débattre comment trouver la paix avant de déclencher la guerre. Si les belligérants réfléchissaient des conséquences de la guerre avant de la déclarer il
paraît évident que nous pourrions peut-être tenter d’éviter cette horreur ! Or rarement, les déclencheurs de guerre donc des politiques sont morts dans leur guerre (voir l’histoire) même si parfois ils subissent les conséquences de leurs défaites (Napoléon, Hitler).

Mais d’autres sont morts tranquillement dans leur lit (Franco, Staline, Mao etc…) alors qu’ils sont responsables de millions de victimes.

Bon, j’en conviens c’est un peu simpliste mais nous allons en discuter. J’ai besoin, envie de « discutants » et non de militants !

 

Alors revenons vers la philosophie. Durant son procès Socrate proclame : « Sachez le bien, Athéniens, si depuis longtemps je m’étais adonné à la politique, il y a longtemps que je serais mort. ». Socrate ne vote pas et Platon dans « La République » affirme que Socrate n’est pas un politique. Il cherche plutôt à définir la justice pour savoir ce qu’est un homme juste qui pourrait l’amener vers la sagesse.

 

Pourtant depuis Socrate et Platon (450 av J.C.) nous sommes orientés et éduqués par des philosophes qui incarnent une philosophie politique : -Aristote (350 av J.C.) -Epicure (270 av J.C.) -Thomas d’Aquin (1250) –Montaigne(1580) -Spinoza (1630) -Descartes (1640)  -Rousseau (1750) -Kant (1800) -Hegel (1800) -Tocqueville (1830) -Fourier 1830) -Kierkegaard (1840) -Proudhon (1840) -Marx (1850)-Bergson (1870)) -Nietzche (1880) -Heidegger  (1940) - Sartre (1950)  -Aron (1950)  -Camus(1950) –Deleuze (1970) –Derrida (1980)…une liste non exhaustive, bien entendu, d’autant que certains peuvent être considérés comme des théoriciens et non comme des philosophes !

 

Aussi pour tenter de comprendre que la philosophie ne doit pas être que politique redonnons encore la parole à Socrate :

« N’oublie jamais que tout est éphémère alors tu ne seras jamais trop joyeux dans le bonheur et trop triste dans le chagrin ».

 

Et continuons avec Albert Camus : « Il n y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie. » (Le mythe de Sisyphe)


Et pourquoi pas Baruch Spinoza (bien entendu ! ) : « Personne ne peut vous enlever votre liberté de penser. Vous pouvez être conseillé, éclairé par d’autres mais ne laissez jamais quelqu’un penser pour vous. »

 

 

 

 

lundi 12 octobre 2020

Sujet du 14/10/2020 : La guerre est-elle la continuation de la politique par d’autres moyens ?

 

La guerre est-elle la continuation de la politique
par d’autres moyens ?

 Le rabâchage habituel sur la guerre c’est qu’elle est née de la « nature humaine », cette fameuse (fumeuse) « nature humaine » qui nous enseigne (matraque) que l’homme est égoïste et violent …. depuis toujours. Alors avant d’aller plus loin il semble utile de jeter à la poubelle des croyances ce qui doit y être jeté : tout discours non scientifique (c’est à dire non adossé à des faits) qui fait « l’air ambiant » de tout discours sur la guerre.

En 2004 un anthropologue, R Brian Ferguson écrit « La guerre, selon les anthropologues, est un type de violence potentiellement mortelle entre deux groupes, quels que soient la taille de ces groupes et le nombre de victimes. Mais dans quelle mesure une définition aussi large de la guerre ou, plus précisément, des cas de conflits dans les sociétés humaines primitives peut-elle éclairer la genèse et les enjeux des guerres modernes et des conflits qui ont éclaté en Iraq, au Kosovo, au Rwanda, au Vietnam ou encore en Corée ? »
( Naissance de la guerre – Mensuel N° 373)

De nombreux autres anthropologues étazuniens dont, Lawrence H. Keeley, archéologue de l'université de l'Illinois, Steven A. LeBlanc, archéologue à l'université de Harvard déclarent : « La guerre est semblable au commerce et aux échanges. C'est quelque chose que font tous les hommes. », « tout le monde a fait la guerre à toutes les époques », pourquoi ? : pour eux, les peuples primitifs ne furent jamais de « vrais conservateurs ». Ils dégradaient leurs ressources, et lorsque la population augmentait, ils manquaient de nourriture, ce qui déclenchait des guerres, bref,  du Malthus, à la sauce ethnographique !

Et R B Ferguson de conclure :  «Si la guerre était courante dans les temps anciens préhistoriques, les abondants vestiges archéologiques devraient en contenir les traces. Or, il n'en est rien. La collecte des données archéologiques, en revanche, est riche d'enseignements. Elle révèle que la guerre n'a pas toujours existé : elle est apparue il y a moins d'une dizaine de milliers d'années, à des dates très différentes selon les continents et les régions Et nous ne sommes pas dans un cas où « l'absence de preuve n'est pas la preuve de l'absence ».

Le cadre étant posé reste à savoir pourquoi la guerre est née à l’aube du néolithique (- 7000 en ce qui concerne l’ouest européen). Plusieurs facteurs peuvent être mis en corrélation : climat tempéré, passage du stade cueilleurs-chasseurs nomades à celui d’éleveurs agriculteurs sédentarisés, accroissement de la population, développement inégal des moyens de production de nourriture, pré-organisation en micro cités (naissance du politique et du religieux comme associé du politique) …….

Alors, foin des fables et mythes ambiants sur notre prétendue « nature humaine » agressive ! L’archéologie, l’anthropologie entre autres sciences nous renvoient une image de notre histoire bien différente.

Pour que la guerre apparaisse il faut certaines conditions historiques, tout comme pour le moteur à explosion ou la fission de l’atome. La guerre, telle que nous la connaissons nait avec le politique, avec la gestion d’un territoire, des ressources, d’humains, réunis pour la première fois en grand nombre (plus qu’une tribu primitive).

C’est ainsi que Carl von Clausewitz (1770-1831) pourra déclarer dans une formule synthétique :  « La guerre n’est que la simple continuation de la politique par d’autres moyens. ... car le dessein politique est le but, la guerre est le moyen, et un moyen sans but ne se conçoit pas. »

Grand militaire et grand théoricien de la guerre, Clausewitz raisonne aussi, et c’est là sa pertinence, en dialecticien. Il ne subordonne pas la politique à la guerre ou l’inverse. Pour lui le phénomène « guerre » est un des éléments d’un processus général comme le montre assez bien A D Beyerchen :  « l'interprétation non linéaire de Clausewitz nous oblige à approfondir notre compréhension de sa maxime sur les rapports entre guerre et politique. L'idée que « la guerre est simplement le prolongement, par d'autres moyens, de la politique » est souvent comprise comme consacrant le privilège d'un continuum d'ordre temporel: d'abord, la politique établit les objectifs, puis vient la guerre, avant que la politique ne reprenne les commandes au moment où le conflit prend fin. Toutefois, dans une telle perspective, la politique est traitée comme quelque chose d'extérieur à la guerre: c'est un artifice produit par un modèle séquentiel linéaire. La politique est une affaire de pouvoir, et les boucles rétroactives qui mènent de la violence au pouvoir comme du pouvoir à la violence sont un aspect intrinsèque de la guerre. Cela ne signifie pas simplement que les considérations politiques pèsent toujours sur les commandants militaires, mais que la guerre est par définition un sous-ensemble de la politique et que tout acte militaire aura des conséquences politiques, indépendamment du fait que celles-ci aient été voulues ou non, voire même qu'elles soient sur le coup évidentes »

Au fond il est nécessaire de comprendre la guerre et de ne pas en faire « une acte de folie des hommes ». Il faut, au contraire, la réhabiliter comme fait politique, moyen politique. C'est-à-dire pratique humaine liée à des conditions concrètes, une situation concrète.

Si nous observons alors quelques éléments des guerres modernes :

1      la décision d'entrer en guerre dépend de la poursuite d'un intérêt propre à ceux qui prennent effectivement la décision. Un conflit peut être relié au problème des ressources alimentaires de base, mais il peut tout aussi bien éclater à propos de biens accessibles uniquement à l'élite. La décision dépend du rapport entre le coût de la guerre et d'autres risques potentiels, menaçant la vie et le bien-être. Et de manière plus définitive, de la position dans la hiérarchie politique interne : Présidents, dirigeants favorisent souvent la guerre, car la guerre favorise les dirigeants.

2        Bien sûr, ceux qui poussent à la guerre ne font jamais état de leurs propres intérêts. Les arguments qu'ils invoquent sont ceux de dangers et de bénéfices collectifs. Ceux qui prônent la guerre la définissent toujours en termes de valeurs élevées à défendre, qu'il s'agisse de la nécessité de répliquer à des actes malveillants, de défendre la seule vraie religion ou de promouvoir la démocratie. C'est comme cela que l'on convainc les indécis et que l'on construit un engagement émotionnel. Et toujours, c'est l'autre camp qui, d'une manière ou d'une autre, a amené la guerre.

Ces roulements de tambour requièrent bien entendu en préalable des manipulations cyniques, dont les mass média sont les vecteurs. (Algérie, Vietnam, Iraq …)

Intérêts réels et intérêts symboliques s’entremêlent car la guerre requiert de la chair humaine.

Apprécier Clausewitz c’est balayer les mythes creux sur la guerre et mettre la politique aux postes de commande.

C’est balayer l’irrationnel apparent (et ressassé par tous les manuels d’histoire). Clausewitz est certainement un des auteurs qui permet de penser le politique dans sa version apparemment inavouable et soi disant « incompréhensible » : la violence institutionnalisée.

Du même mouvement si la guerre est un moyen de la politique elle doit être accessible à la raison. A ce titre a nous de reprendre la politique en main et de cesser d’user de ce moyen. La guerre est née d’un stade social de l’humanité. Il n’y a aucune raison que ce « moyen » de la politique perdure sauf à penser et dire que l’histoire serait un « éternel retour ». Un destin tragique auquel l’humanité serait rivé à jamais.

              Blog du café philo  http://philopistes.blogspot.fr/

mardi 6 octobre 2020

Sujet du Merc. 07 Octobre 2020 : La théorie du complot ... Chomsky et l’intelligentsia française …

                  La théorie du complot

                                        Chomsky et l’intelligentsia française …   
  

Ce sujet commence par une anecdote. On se rappelle que le Pr Redeker avait -parait-il- fait l’objet d’une « fatwa ». Sa vie étant en danger il fut déchargé de son poste d’enseignant et nommé « quelque part » au CNRS. Mars 2008 épilogue ? de « l’affaire » Redeker :   « Le professeur agrégé de philosophie Robert Redeker a été limogé (Mars 2008) à grands coups de pieds au fondement après avoir publié dans le quotidien "Le Monde" une tribune "très violemment anti-Marion Cotillard", a-t-on appris ce matin auprès du ministère de l'Education nationale.

Le ministre de l'Education nationale Xavier Darcos, mis au courant tard dans la nuit ("après une soirée de folie chez Borloo") du contenu de cette tribune, a "pris immédiatement un décret mettant fin aux fonctions du professeur" qui a usé de "termes tout à fait inacceptables" et violé son "devoir de réserve", explique-t-on de même source.

Robert Redeker a notamment déclaré, dans un texte publié hier soir dans "Le Monde", que Marion Cotillard , "en mettant en doute la version officielle des attentats du 11 septembre 2001 contre les Twin Towers de New York", a "offert un puissant amplificateur à "la théorie du complot"" qui "voit les juifs (appelés américano-sionistes) derrière la manipulation".

Le ministre de l'Education nationale a précisé que: "Certes, Marion Cotillard divague". Mais que, pour autant: "Jamais elle n'a tenu de propos à connotation antisémite". Et que par conséquent: "Redeker délire - et ce n'est malheureusement pas la première fois, et moi, je vous le dis franchement, ça me fout des jetons gros comme ça de penser que c'est à ce mec-là qu'on prétend confier l'éducation de nos enfants à la philosophie".

L'affaire est en effet jugée d'autant plus sérieuse, au ministère de l'Education nationale, que Robert Redeker a déjà "sauté à pieds joints sur le devoir de réserve qui s'impose à tout serviteur de l'Etat, en publiant naguère dans un autre journal patronal un long vomissement haineux".

(Et de fait: l'enseignant limogé avait, on se le rappelle, donné libre cours, dans "Le Figaro", à d'effroyables pulsions islamophobes.)

« Sorti à Paris en 1993 sous le titre Chomsky, les médias et les illusions nécessaires, le documentaire de Peter Wintonick et Marc Achbar (Manufacturing Consent : Noam Chomsky and the media) a permis de constater que, malgré les précautions des auteurs, l’assimilation de leur travail sur les médias à une « théorie du complot » est aussi ancienne que récurrente. Pas une réunion publique filmée par les réalisateurs ne semble se tenir sans qu’un participant n’entreprenne de demander des comptes à Chomsky sur les délires paranoïaques qui lui sont imputées. Alors, de débats en conférences, le linguiste répète. « Une des données structurelles du capitalisme entrepreneurial est que les “joueurs” doivent accroître leurs profits et leurs parts de marchés — s’ils ne le font pas, ils seront éliminés de la partie. Aucun économiste ne l’ignore : ce n’est pas une théorie du complot de le souligner, c’est simplement prendre en compte un fait caractéristique de cette institution  ».

 

  Mais rien n’y fait. En 2002, l’éditorialiste Philippe Val, patron d’un hebdomadaire satirique longtemps classé à gauche, Charlie Hebdo, inquiet de l’influence radicale de Noam Chomsky, entreprend de la contrecarrer dans trois éditoriaux successifs, d’autant plus vindicatifs qu’ils fourmillaient d’erreurs. La transcription en français d’une des conférences du linguiste, donnée onze ans plus tôt , a suffi à Philippe Val pour aboutir à ce verdict : « Pour lui [Chomsky], l’information […] n’est que propagande  ». Une fois de plus, Chomsky rabâchera alors : « Je n’ai jamais dit que tous les médias n’étaient que propagande. Loin de là. Ils offrent une grande masse d’informations précieuses et sont même meilleurs que par le passé […] mais il y a beaucoup de propagande  ».

  Il n’est pire sourd... Au même moment, Daniel Schneidermann, journaliste spécialisé dans l’observation des médias, « résume » à son tour « la thèse [...] du linguiste Noam Chomsky » : « Asservis au lobby militaro industriel, obéissant au doigt et à l’œil à des consignes politiques, ils [les médias] n’ont de cesse de débiter des futilités au kilomètre, pour empêcher “la masse imbécile” de réfléchir à l’essentiel.  »

 

  En 1996, Edward Herman avait pourtant lui aussi précisé les choses : « Nous avons souligné que ces filtres fonctionnement essentiellement par l’intermédiaire des actions indépendantes de nombreux individus et organisations, qui peuvent parfois, mais pas toujours, avoir des points de vue similaires et des intérêts communs. En bref, le modèle de propagande décrit un système de traitement et de régulation décentralisé et “non-conspiratonniste” s’apparentant à un système de marché, bien que le gouvernement ou un ou plusieurs acteurs privés puissent parfois prendre des initiatives et mettre en œuvre une action coordonnée des élites sur un sujet précis  ».

  « Si je parlais de l’Union Soviétique, complétait Chomsky, et que je disais, “regardez, voici ce que le bureau politique a décidé, et ensuite le Kremlin a fait ça”, personne ne qualifierait cela de “théorie conspirationniste” — tout le monde comprendrait que je parle seulement de décisions planifiées. Seulement voilà, ironisait le linguiste, « ici, personne ne planifie jamais rien : nous agissons guidés uniquement pas une sorte de bienveillance universelle, en trébuchant de temps en temps ou en faisant parfois des erreurs. […] Dès que vous décrivez des réalités élémentaires, et attribuez une rationalité minimale aux pouvoirs en place […] c’est une théorie conspirationniste. »

  C’est peine perdue. En 2004, Géraldine Muhlmann publie Du journalisme en démocratie. Le livre, qui lui vaut aussitôt un déluge de critiques louangeuses, résume les 400 pages de Manufacturing Consent en une douzaine de lignes attribuant doctement aux deux auteurs un « schéma public innocent / journalistes malfaisants, le premier étant pris en otage par les seconds  ».

  Au nombre des louanges que lui vaut ce résumé particulier, Géraldine Muhlmann reçoit ceux de Philippe Corcuff. Cet universitaire lyonnais a fait de la « complexité » une de ses marques de fabrique (au point qu’il est sans doute l’un des seuls au monde à avoir compris le sens et l’intérêt du concept, assurément complexe, de « social-démocratie libertaire » dont il est l’auteur). Il découvre pourtant à son tour en Pierre Bourdieu, en Noam Chomsky (mais aussi en Acrimed et en PLPL) une « rhétorique du “complot” » qui valorise « l'intentionnalité de quelques acteurs “puissants” » . Il a fallu assurément que Philippe Corcuff empile tous ses talents de maître de conférences en science politique, de militant de la LCR et de membre du conseil scientifique d’Attac pour que l’analyse « structurelle » des médias se voit ainsi ramenée à la « rhétorique de quelques acteurs ». Cette prouesse lui a valu d’être à son tour encensé par Edwy Plenel, ancien directeur de la rédaction du Monde, qui désormais s’inquiète lui aussi de « cette vision du monde » dans laquelle « il n’y a place que pour des machinations individuelles » .

Chomsky a un jour expliqué le sens des attaques dont il est la cible : « Le problème est que tout commentaire analytique de la structure institutionnelle du pays est une menace si importante pour la classe des “commissaires”, qu’ils ne peuvent même pas l’entendre […] Donc, si je dis qu’il n’y a pas de conspiration, ce qu’ils entendent c’est qu’il y a une conspiration […] C’est un système de croyances très verrouillé  ».

  Ce verrou demeure en place. En janvier 2005, le philosophe libéral et ancien ministre de l’éducation Luc Ferry fustigeait l’analyse du capitalisme qu’il imputait aux contestataires. Il résumait par contraste sa vision d’un « système » social enfanté de façon « automatique ». Son analyse élargissait au plan de l’économie mondiale la description apaisante et désarmante d’un ordre spontané qu’on oppose aux travaux de Chomsky et d’autres sur les médias :

« Les altermondialistes s’égarent considérablement parce qu’ils s’imaginent que derrière ces phénomènes mondialisés — le jeu des marchés financiers, les délocalisations, la désindustrialisation de certains pays, le fait que les identités culturelles soient balayées par une américanisation du monde qui uniformise les modes de vie et donc détruit les cultures locales — il y a des gens qui contrôlent la chose et qui tirent les ficelles. Et qu’ils ont été formés en gros à l’école de Chicago, que ce sont des néolibéraux, que ce sont des méchants. Et on retrouve l’idée marxienne que derrière les processus qui gouvernent le monde, il y a des puissants. C’est le mythe des deux-cents familles. On retrouve les images d’Epinal avec les financiers à cigare et chapeaux haut-de-forme. Or, le vrai problème, si vous voulez, c’est exactement l’inverse. Quand vous regardez, par exemple, les délocalisations, ce qui est très frappant c’est que personne ne contrôle, personne n’est derrière. Ce sont des processus absolument automatiques. Il n’y a pas d’intelligence derrière. »

  Il n’y a en tout cas rien de très neuf dans ce genre d’exposé d’un ordre social « automatique » sur lequel la volonté collective n’aurait aucune prise. Dès 1932, Paul Nizan dévoilait dans Les Chiens de garde les dessous d’une telle analyse : « Quand les idées bourgeoises furent regardées comme les productions d’une raison éternelle, quand elles eurent perdu le caractère chancelant d’une production historique, elles eurent alors la plus grande chance de survivre et de résister aux assauts. Tout le monde perdit de vue les causes matérielles qui leur avaient donné naissance et les rendaient en même temps mortelles. La philosophie d’aujourd’hui poursuit cet effort de justification  ».

  D’autres que les philosophes ont relayé cet effort-là. Sa fonction de légitimation est suffisamment essentielle pour qu’il soit devenu illusoire d’imaginer qu’un jour l’argumentation et le respect des textes en auront raison. Noam Chomsky et ceux que son travail de dévoilement inspire n’ont donc pas fini de répéter que leur entreprise intellectuelle « est à l’opposé d’une théorie de la conspiration. Ce n’est rien d’autre qu’une banale analyse institutionnelle, le type d’analyse que l’on fait spontanément lorsqu’on essaie de comprendre comment marche le monde ».

lundi 28 septembre 2020

Sujet du Merc.30/09/2020 : « Anéantissez donc à jamais tout ce qui peut détruire un jour votre ouvrage » A. D. de SADE

 

« Anéantissez donc à jamais tout ce qui peut
détruire un jour votre ouvrage »

A. D. de SADE

 

Nous sommes en 1795 et le citoyen Sade, libéré depuis 1789 de La Bastille, participe aux événements révolutionnaires. Mais les choses ne se déroulent pas à son goût : 
«  Je ne le cache point , c’est avec peine que je vois la lenteur avec laquelle nous tâchons d’arriver au but ».

 

Sade voit la révolution sombrer dans le formalisme et les factions, dans ce qui sera bientôt la « terreur ». Il voit la résurgence du clergé, ou plutôt la naissance d’une forme cléricale de la république. C’en est trop pour lui qui rejette le catholicisme dont « les dogmes absurdes, les mystères effrayants, les cérémonies monstrueuses, la morale impossible de cette dégoûtante religion [ ne peuvent ] convenir à une République ».

 

Lui qui refuse, aussi, ce qu’il appelle le « théisme pur » et qui déclare « on est revenu de ce fantôme, et l’athéisme est à présent le seul système de tous les gens qui savent raisonner. A mesure que l’on s’est éclairé, on a senti que, le mouvement étant inhérent à la matière, l’agent nécessaire devenait un être illusoire et que tout ce qui existait devant être en mouvement, par essence, le moteur était inutile ».

 

Alors Sade se révolte il écrit un texte : « Français encore un effort si vous voulez être républicains »..

 

Comment une nouvelle société, peut-elle s’édifier après son acte fondateur ? C’est la problématique posée par Sade. Pour lui les choses sont claires il faut « anéantir à jamais tout… ».


Il nous faudra éviter le contresens, la lecture de premier niveau de Sade. Sade se félicite de la destruction des symboles religieux et de la monarchie, pour lui c’est un acte nécessaire mais pas suffisant car, aussi paradoxal que cela puisse paraître, et c’est pour moi une des dimensions du sujet, Sade nous propose une éthique.

 

Parler d’éthique ou de morale avec Sade peut sembler incongru, inopportun, et pourtant écoutons le citoyen-marquis de Sade :      
« Français, je vous le répète, l’Europe attend de vous d’être à la fois délivrée du sceptre et de l’encensoir. Songez qu’il vous est impossible de l’affranchir de la tyrannie royale sans lui faire briser en même temps les freins de la superstition religieuse : les liens de l’une sont trop intimement unis à l’autre pour qu’en laissant subsister un des deux vous ne retombiez pas bientôt sous l’empire de celui que vous aurez négligé de dissoudre. Ce n’est plus ni aux genoux d’un être imaginaire, ni à ceux d’un vil imposteur qu’un républicain doit fléchir ; ses uniques dieux doivent être maintenant le courage et la liberté. ».

 

Deuxième contresens à éviter. Ne voir là qu’une histoire ancienne et des propos historiquement datés. Sade nous rappelle à l’ordre :

«  Je viens offrir de grandes idées : on les écoutera, elles seront réfléchies ; si toutes ne plaisent pas, au moins en restera-t-il quelques-unes ; j’aurai contribué en quelque chose au progrès des Lumières, et j’en serai content ».

 

Que l’on comprenne bien Sade. Il est l’homme d’une époque certes, mais– et à lire son œuvre on s’en persuade vite – c’est un philosophe qui écrit pour les temps à venir. Il se revendique des Lumières et c’est de cela que l’on peut, peut-être, discuter.

Quoiqu’il en soit, Sade veut délivrer un enseignement.      
Sade est l’idéologue d’une utopie qu’il sent toute proche. Lui qui participe aux comités révolutionnaires déclare :

« Français, vous frapperez les premiers coups : votre éducation nationale fera le reste, mais travaillez promptement à cette besogne…. Remplacez les sottises déifiques … par d’excellents principes sociaux … qu’ils (vos enfants) soient instruits de leurs devoirs dans la société ; apprenez-leur à chérir des vertus dont vous leur parliez à peine autrefois ».   

« Mais si, par crainte ou pusillanimité, ces conseils ne sont pas suivis, si l’on laisse subsister les bases de l’édifice que l’on avait cru détruire, qu’arrivera-t-il ? On rebâtira sur ces bases, et l’on y placera les mêmes colosses, à la cruelle différence qu’ils y seront cette fois cimentés d’une telle force que ni votre génération ni celles qui la suivront ne réussiront à les culbuter ».

Plus  de 200 années se sont écoulées. L’ouvrage révolutionnaire de 1789, l’idéal éthique des Lumières est-il toujours debout ; ou des « colosses » nouveaux se sont-ils « cimentés » en lieu et place. 

L’avertissement de Sade est-il inactuel ?

 

la philosophie « n’est point l’art de consoler les faibles, elle n’a d’autre but que de donner de la justesse à l’esprit et d’en déraciner les préjugés » A. D. de Sade

dimanche 20 septembre 2020

Sujet du Merc. 23 Sept 2020 : ET L'ARGENT DANS TOUT ÇA ?

 

                                          ET  L'ARGENT  DANS  TOUT  ÇA ?

 

« Comment ça, l'argent est un objet philosophique ? Non, c'est quotidien !». Nos poncifs sur l'argent tombent quand nous découvrons les faits concrets de la monnaie et les principes qui les expliquent.

 

Depuis la Renaissance, le principe de la monnaie a permis un essor considérable des activités humaines : arts, sciences et techniques, immenses progrès, découvertes ; mais aussi domination et destructions tous azimuts. Nous nous échappons de la Terre jusqu'aux confins du cosmos, tout en nous menaçant d'extinction nucléaire ou bactério-virale ; ou encore de mutation transhumaniste et de réification par intelligence artificielle. On sait faire.

 

Cette monnaie-là n'est-elle donc pas le moyen de tout faire ? Ou presque, puisqu'elle se fonde sur les dispositifs réglementaires de la Banque des Règlements Internationaux (BRI) de Bâle la préservant de l'absolu de la saisie sans borne du monde. Rien que ça !? Avons-nous même jamais entendu parler de cette institution ? Voyons cela par la connaissance, plutôt que par la soumission (La Boëtie) à « l'ignorance des causes qui nous déterminent » (Spinoza). Par ce biais, décrochons un peu de liberté d'action face à ceux qui pilotent cet argent tout puissant, sans lequel presque rien ne serait possible de ce qui se fait aujourd'hui.

 

Tout d'abord distinguons les faits, hors préjugés (Descartes), qui attestent qu'un principe de monnaie opposé au nôtre existe depuis des temps immémoriaux. Le système actuel, lui, est récent et mortel. Il n'est pas cet « horizon indépassable du capitalisme » imaginé par des idéologues de la défaite de la pensée. Pour le démontrer, il suffit de savoir ce qu'est notre monnaie : un simple mécanisme mathématique convenu entre des hommes et donc renversable à tout instant. Pour le vouloir, ne devons-nous pas d'abord le connaître, débusquer nos poncifs et fausses croyances si « évidentes », oser regarder nos actes en face ? Oser comprendre l'argent.

 

Au paléolithique, qui perdure encore en quelques lieux sur terre, ont cours des « monnaies sociales » représentant un principe de vie opposé au nôtre. Pour de petites communautés nécessitant peu de travail, l'essentiel c'est la vie, le rapport mutuellement réciproque aux autres qui fonde les hommes à chaque instant : la naissance, l'union de couple, la vie, le deuil. Ces plages de vie partagée sont leurs valeurs fondatrices représentées par des monnaies sociales (coquillages, raphia, etc.) qui passent de main en main, mais qui n'équivalent jamais à une vie. Au contraire, aujourd'hui, pour nous chacun a un prix plutôt qu'une dignité d'homme (Kant).

 

Dans l'ignorance de la biologie, l'origine d'un petit-d'homme paraissait magique : une création spontanée issue du corps d'une jeune femme. Qui est dès lors érigée en valeur ultime. C'est le « bride wealth », « la richesse de la fiancée ». Un homme l'obtient par le partage sans fin de monnaie sociale avec la famille. Ceci jusqu'au retour prochain à la famille d'une vie nouvellement engendrée par sa fille, qu'elle n'avait que prêtée jusque là.

La monnaie était le symbole même de la vie faite de rapports en société. En effet, les hommes sont des animaux politiques parce que sociaux (Aristote). Si bien qu'en définitive « il n'y a de richesse que d'hommes » (J. Bodin). Ainsi les hommes se partageaient-ils les jeunes femmes.

 

Jusqu'à ce que tout bascule. Un homicide survenant et c'est une perte irrémédiable. Mais en tant que représentation de vie, nulle monnaie, même « sociale », ne peut compenser une perte de vie. Si, par inconscience de la valeur de vie, la cession d'une autre vie n'intervenait pas, un rapt compensatoire pouvait occasionner d'autres pertes de vie et la saisie d'otages, souvent convertis en esclaves (M. Patou-Mathis). De fait, par là, la vie humaine devient objet. Comme objet et simple moyen, elle acquiert plus un prix qu'une dignité (Kant) : par mutation du principe de monnaie sociale en son contraire, la monnaie d'échange marchand. Alors règne inégalité et hiérarchie croissantes. Les bénéficiaires souhaitent symboliser ces différences en les traduisant en supériorité, dont ils donnent une représentation par des objets de prestige décrétés rares et précieux.

 

A la Renaissance une nouvelle étape est franchie qui conduit au principe de l'actuelle monnaie d'échange. Les marchands confient leurs objets précieux à la bonne garde des orfèvres contre un certificat de dépôt et le versement d'un loyer proportionnel à ses sûreté, valeur, et durée. Bientôt les certificats ne renseignent plus que la valeur des biens. Cet anonymat des objets permet de rembourser par simple prélèvement sur les valeurs détenues dans les coffres, dès lors devenues interchangeables. Les certificats peuvent servir de moyen de paiement ne nécessitant plus la corvée de récupérer des objets précieux et de les transporter (un peu comme nos cartes de paiement et puces incorporées remplacent le port encombrant de billets et de pièces). Ce dispositif présente deux avantages majeurs pour l'orfèvre devenu banquier. Il retarde considérablement les demandes de remboursement, tandis que seule circule une image scripturale comme représentation des valeurs.

 

Un nouveau principe intervient. Les objets précieux ne désemplissent plus les entrepôts du banquier : 1) il constate que les dépôts nouveaux tendent à équilibrer les retraits et 2) il spécule que la probabilité est très faible pour que les certificats devenus « billets » soient présentés tous à la fois pour récupérer les biens devenus des « actifs ». Il se convainc qu'ils ne doivent plus « dormir », mais fructifier. Simple : la Renaissance regorge d'hommes ayant des projets mais souvent dépourvus de moyens financiers pour les réaliser. Les banquiers émettent des billets qu'ils leur prêtent bien au-delà de la valeur des biens précieux sous leur garde. Biens qui, eux, étaient déjà assurés par les billets les représentant et qui à leur tour avaient déjà généré la création d'autres billets par le loyer de garde. De la fausse monnaie est ainsi créée, potentiellement ad libitum. L'homme – emprunteur ou financier – est considéré comme la mesure de toute chose (Protagoras, sophiste antique).

 

Les banquiers fournissent donc des prêts de billets aux ambitieux démunis pleins de projets. Et ils s'estiment en droit d'exiger le paiement d'intérêts sur un capital fictif  (fausse monnaie prélevée/volée à la communauté) pour l'entière durée du remboursement. Par ce stratagème, les banquiers créent frauduleusement à leur profit un nouvel apport considérable de monnaie. Qui sert de fondement à de nouveaux prêts, par le même subterfuge de faux-monnayeur « utile ».

 

La monnaie résulte des demandes de financement et non plus des découvertes d'or et du travail requis pour l'extraire. Cette monnaie devient des dettes dues aux banques et qui circulent parmi nous. C'est l'ARGENT-DETTE. Cela signifie que, si les dettes étaient toutes remboursées, il n'y aurait plus d'argent... Tout s'arrêterait. De plus, comme ce système repose sur le principe d'une création monétaire sans fin, il faut qu'il y ait sans fin toujours plus de dettes. Cela signifie aussi qu'il suffit de produire des lignes comptables bancaires comme monnaie écrite (dite scripturale), ou simplement des bits numériques de monnaie-dette. Facile l'envolée !

 

Pourtant, cette création monétaire souffre du pouvoir du néant (zéro monnaie) et de l'illimité (infiniment de monnaie) par lequel les banques pourraient arrêter l'économie, ou acheter le monde entier et (é)puiser les ressources vives des hommes. Et même l'univers. Ce danger, outre qu'il menace la vie d'extinction, serait mortifère aussi pour ses banquiers et créateurs. Au-delà de la problématique philosophique de l'absolu de l'illimité que nous pouvons régler, une solution mathématique de limitation est évidente et nécessaire. Même si elle est soigneusement passée sous silence par les maîtres du système de l'argent-dette. Les maîtres réalisent la nécessité d'auto-limiter la création sans fin de monnaie. Ceci afin de préserver leur richesse fondée sur la rareté et qui leur confère un pouvoir « absolu ».

 

Ils le font par le « système de création monétaire avec réserves fractionnaires (partielles) »*. Bien, mais encore ? A cet effet, il faut une hiérarchie stricte. C'est le principe fondateur qui a été instauré presque partout sur terre par la mutation des monnaies sociales du paléolithique en monnaies d'échange. Celles-ci marchent de pair avec les guerres. Il faut une institution sommitale d'autorité référente décidant des règles de santé et de prospérité de la monnaie. Ne faut-il pas aussi des Etats et leurs personnels pour un accord nécessaire avec les banques privées en vue d'une représentation de ces entités hiérarchiques au sein d'une institution sommitale de préservation du système d'exploitation mondial par l'argent-dette ? C'est la Banque des Règlements Internationaux de Bâle ou BRI. Qui pourtant n'est pas une banque, car de monnaie on n'y en trouve nulle part.

 

Pour s'en convaincre, il faut présenter le mécanisme bien concret de la chose. Le principe fondateur de fonctionnement de la création monétaire se traduit par une simple formule algébrique attendant des applications arithmétiques simples d'addition, soustraction et division, introduites à l'école élémentaire en CE1 et maîtrisées en CM1. C'est simple. Pourquoi ne pas s'y mettre pour construire une philosophie d'action directe ? Une forme graphique illustre clairement le processus du mécanisme monétaire et ses limitations auto-salvatrices :

 

                                                           K = 1 /  ( X + Z (1 - X ) ) .

 

                        K =  le multiplicateur de prêts des banques privées mesurant leur capacité                                               globale de création de monnaie-dette.

                        X =  l'indice de préférence de la population ou société pour les billets.

                        Z =  l'indice de réserves obligatoires en Banque Centrale comme fraction des billets                               déposés par les clients sur leurs comptes auprès des banques privées.


On constate que le volume et le pouvoir  K des banques privées sur tout et tous par les crédits qu'elles allouent seront d'autant plus grands que le dénominateur sera petit, voire presque nul :

 

La disparition des pièces et billets ( X= 0 ) de la circulation par le paiement numérique par carte, smartphone ou puce sous-cutanée non seulement accélère les flux monétaires, ce qui les sur-multiplie, mais surtout laisse Z seul en dénominateur. Ce qui projette vers des sommets la multiplication de la monnaie-dette  K  des banques privées et les profits qui en découlent.

A son tour, la minoration par les banques privées de leurs réserves minimales  Z  de billets de Banque centrale augmente leur multiplicateur de prêts  K . 

Si  X  et  Z  devenaient très petits ou nuls, disons 0,01 (ou moins encore), le multiplicateur  K  égalerait 90.  Si  X  et  Z  deviennent nuls, K  croît à l'infini. Le volume de l'argent privé devient infini. Aujourd'hui, on y est presque. D'où les expédients actuels.          

Les banques, parties prenantes dominantes à la BRI, poussent à une réglementation monétaire et à des manœuvres accroissant leur pouvoir inscrit dans la valeur de  K, création privée de monnaie-dette. C'est la financiarisation de la monnaie. Outre l'abandon en cours de l'usage  X  des billets, elles travaillent à la minoration de leurs réserves obligatoires Z  de billets. L'équation montre que ces deux opérations se renforcent mutuellement ce qui aboutit à en exténuer le potentiel ! Ce qui serait mortifère pour le système.
Entre temps, cette minoration permet un surgissement presque illimité de produits financiers, coquilles vides de valeur authentique. Par ce processus de minoration de   X  et  Z  nous approchons du bout du rouleau du principe du système de monnaie-dette. Cette situation ne s'est-elle pas développée à tout-va de 2007 à aujourd'hui ? Une rupture inévitable est en marche. Un paroxysme de mesures d'ordre social sont en cours. En voyons-nous la cause ?    

Sans cesse le système oscille donc de crise en crise selon la rigueur avec laquelle les règles de la BRI sur les indices  X  et   Z  sont appliquées en fonction des intérêts des puissants réunis dans le consortium mondial oligarchique de la BRI. Ces jeux de vie et de mort ont des ramifications infinies auxquelles nous pouvons nous adonner pour bien comprendre les potentialités et les failles du système qui nous détermine. Cette connaissance offrirait le fondement nécessaire à partir duquel concevoir les actions d'affrontement du système de domination en place.


Un exemple historique majeur de lien entre création monétaire  K  et menace d'Armageddon est celui de la crise-opportunité pétrolière. Les Etats-Unis assurent à l'Arabie une protection absolue par leurs immenses forces de guerre en échange de la vente uniquement en dollar du pétrole, sang de l'économie et du pouvoir mondial. Toutes les nations doivent acheter des dollars à proportion de leurs achats d'or noir. Et cela au cours de change fixé par l'émetteur. En permanence, de gigantesques profits pour l'émetteur et des pertes équivalentes pour tous les autres sont assurés sous peine de guerre (il y en a eu plusieurs). Ces tombereaux d'argent transitent par les banques qui les sur-multiplient par des prêts d'argent-dette sans fin. Qui financent, entre autres, les forces armées étatsuniennes.        


Par opposition, si la population exigeait l'usage unique de billets, l'indice  X  serait maximal et égal à 1. Et  K  aussi. Les banques ne pourraient prêter que des billets, tous déposés sur des comptes par leurs clients (Z= 0). Elles deviendraient des lieux de dépôt au service intégral du public en échange de modestes émoluments plutôt que sans fin l'exploitation privée actuelle. La contrepartie serait que peu de projets pourraient être financés et éclore. Tant les immenses progrès que les destructions actuelles n'existeraient pas. Une solution d'entre-deux pourrait être définie qui soit décidée par la population, dont l'argent est un bien commun en tant que représentation de ses valeurs de vie en société.

 

Ces connaissances une fois acquises, reste précisément de vouloir agir ensemble en connaissance de cause. Alors là, malgré Alain et Spinoza, « ce n'est pas demain la veille ». A nous de voir...

 

 

dimanche 13 septembre 2020

Sujet du Merc. 19 Sept. 2020 : Quelle spiritualité aujourd’hui ?

 

Quelle spiritualité aujourd’hui ?

C. G Jung a dit un jour que l’être humain naît trois fois. La première correspond à la naissance réelle, physique. La deuxième a lieu avec le développement de l’ego, et la troisième est ce qui désigne la naissance de ce qu’il a appelé la “conscience spirituelle”.

 

Cette conscience spirituelle est une quête de l’Esprit, dont seul l’homme est doté, à l’inverse des animaux qui ne sont pas conscients mais seulement dotés de « sentience ». Ainsi l’Homme est amené à se questionner, à s’interroger sur le sens de sa vie. Y a-t-il quelque chose après la mort ? Y en avait-il avant la naissance ? D’où vient le monde ? Est-ce qu’il existe un Démiurge au Monde … ?

 

Toute une série de questions autour de la Transcendance qui font rentrer la conscience dans une approche métaphysique de la réalité. Cette démarche a un double effet, d’une part elle remet le réel en question mais d’autre part, elle opère un changement sur l’individu qui tend à se transformer, à s’élever et à se transmuter.

 

Cette quête spirituelle a été longtemps noyée dans un cadre religieux, tout comme la philosophie l’a été. Car il se trouve qu'il a existé des éléments de philosophie dans plusieurs pays avant la Grèce, mais ce n'est qu'en cette dernière qu'est née une philosophie autonome, distincte et séparée de la religion.

 

Dans tous les autres pays du monde, il y a bien eu des essais de philosophie, mais soit cette philosophie est contenue dans ce qui s'apparenterait à une religion, soit cette philosophie se veut religion, tel est le cas des religions orientales qui sont en même temps des sagesses philosophiques.
Tandis qu'en Grèce, au contraire, nous avons l'apparition d'une spéculation philosophique autonome et, on constatera, que toutes les questions touchées par les Grecs se retrouvent dans les thèses modernes et contemporaines...

 

Le schisme entre religion et Spiritualité s’est opéré grâce à la Science. Cette dernière a certes provoqué le recul des pensées religieuses mais à aucun moment elle n’a pu initier un déclin de l’esprit spirituel, qui a continué de perdurer en dehors des religions. La littérature latine de l'Antiquité a transmis plusieurs étymologies du mot religion. La plus citée aujourd'hui est religare signifiant « relier ».

Là où la religion a été considérée comme « lien social » qui « Relie » pour constituer un acte collectif, la Spiritualité s’y oppose diamétralement pour s’affirmer comme un acte éminemment Individuel. Au lieu de relier, elle « Délie » !
Elle délie les êtres de tout ce qui n’est pas vrai, de tout ce qui ne participe pas à leur essence, de tous les préjugés reçus et des différentes opinions issues des divers groupes ou sociétés.
C’est pour cela que souvent la spiritualité a créé des séismes dans la religion au point d’être persécutée et annihilée. Combien de mystiques ont été stigmatisés par l’Institution religieuse. Nous citerons l’exemple de Al Hallaj, considéré comme le Christ de l’Islam, assassiné et sacrifié pour ses expériences mystiques et sa compréhension du divin. La spiritualité résumerait donc un état modifié de conscience qui génère un message aux autres, mais propre à la personne, et souvent aux antipodes du dogme religieux.

 

Historiquement c’est grâce à la Science que la tyrannie de la religion s’est vu décroitre.
Un hiatus a alors pris place entre religion et spiritualité et, à la grande surprise la Science tend à converger vers la spiritualité. Grâce aux avancées et aux découvertes de la Mécanique quantique, une révolution est en train de s’opérer qui remet en cause la nature de l’Homme mais surtout de sa Réalité. De plus en plus d’études démontrent que la compréhension du Réel lié à l’Espace-temps dans lequel évolue l’Homme ne peut être complète jusqu’à présent. Il est nécessaire d’admettre l’existence d’une réalité supra-sensorielle, source d’informations qui proviendraient en dehors de l’Espace-Temps, hérité d’Einstein.        
Parmi ce que la Science présente comme arguments, figurent en premier lieu, les informations du Vide, dans son sens cosmique et communément appelé énergie noire et qui reste jusqu’à présent mystérieux et inexpliqué. En second lieu, toutes les découvertes de la Mécanique quantique viennent faire admettre aux scientifiques une compréhension toute autre de l’espace et son lien aux particules élémentaires.

 

L’intrication quantique et ce qu’elle engendre à l’échelle de l’infiniment petit a fait dire à Einstein que Dieu ne joue pas aux dés ! La notion d’espace, lui-même tend à être remise en cause tant il présente des incohérences (spatialement non local, temporellement non local, déformable, troué, pixellisé, en vibrations…) et qu’il perd toute sa cohérence lorsqu’on s’approcherait du plus petit « pixel » qui le constituerait et qui connaît continuellement des fluctuations, connu comme la longueur de Planck (10 puissance -35 m).

 

Les informations présentes à cette échelle considérablement petite présentent un impact considérable à notre échelle macroscopique et donc les informations issues de cette réalité déterminent l’espace perçu par l’Homme. Or il ne le perçoit que par sa conscience, autant dire que l'espace c'est la conscience et que notre réalité extérieure est notre conscience collective. Notre réalité visible, composée de particules de matière et de lumière, est plongée à l’intérieur d’un immense univers d’informations qui est connecté à cette réalité.

 

A échelle humaine, d’aucuns ont déjà expérimenté la manifestation d’«informations » issues de l’extérieur de l’espace-temps. Ces phénomènes peuvent s’apparenter à l’intuition ou encore aux phénomènes de synchronicités (coïncidences chargées de sens), introduites par C. G Jung... Ces phénomènes vont dans le sens où l’Homme est un être spirituel, embarqué dans une réalité matérielle, ayant la faculté d’être réceptif d’une information ou d’une intuition non fabriquée par son cerveau, mais provenant d’un ailleurs, dont il ne maîtrise pas encore l’étendue mais dont il peut développer la faculté d’en capter des informations qui peuvent radicalement changer sa destinée.

 

Ce cheminement nécessite cependant une pratique ayant pour but de mettre l’individu en condition. Plusieurs pratiques héritées des anciens peuvent nous mettre sur cette voie comme la pratique de la méditation, l’introspection en favorisant un retour authentique vers soi, et en permettant au final de se débarrasser de tout conditionnement pour que la personne soit en état de « réceptivité » de toute information non émanent du cerveau comme une idée ou intuition qui va finalement se transformer en intention pour amener quelque chose qui sort de l’ordinaire. Cette intention va alors avoir un pouvoir considérable sur l’avenir puisqu’elle émanerait du « Soi » et il y aurait une répercussion dans le futur qui attend la personne.

 

Le simple fait d’avoir développé cette intention mais surtout d’avoir été en état de la réceptionner va provoquer, au niveau de la réalité sensible de l’être, des synchronicités (hasards extraordinaires) qui vont se manifester pour réaliser l’intention. Cette opération, pour être achevée, nécessite un cheminement spirituel, en se déconditionnant totalement par un lâcher prise, qui passe par le contrôle du foisonnement du mental, et un détachement de tout ce qui a conditionné l’individu dans sa vie de tous les jours.

              

samedi 5 septembre 2020

Sujet du Merc. 09 Sept 2020 : Que doit-on enseigner ?

 

                     Que doit-on enseigner ?

Que doit-on enseigner et quand doit-on enseigner? Les réponses dépendent des aptitudes que l’on prête à l’enfant, et de la destination que l’on souhaite pour l’individu et l’humanité.

 

Emmanuel Kant suggère d’agir sur l’enfant dès le plus jeune âge pour le détourner de ses tendances néfastes, et de lui imposer une discipline. L’instruction, elle, est la partie positive de l’éducation, mais l’homme ne peut la recevoir que d’autres hommes qui l’aient également reçue. Ce ne sont pas les individus, mais l’espèce seule qui peut arriver à destination. L’éducation est donc un art à perfectionner où Il faut substituer la science au mécanisme, sans quoi elle ne sera jamais un effort continu, et une génération pourrait bien renverser ce qu’une autre aurait bâti.

 

Il pense qu’on doit élever les enfants d’après l’idée d’un état à venir de l’humanité. Mais deux obstacles existent: Les parents souhaitent que leurs enfants fassent bien leur chemin dans le monde, et les princes ne considèrent leurs sujets que comme des instruments pour leurs desseins. L’individu doit apprendre à penser, à connaître combien il est difficile de se suffire à soi-même, de supporter les privations et d’acquérir de quoi se rendre indépendant. Il doit aussi apprendre à travailler pour en venir à jouir de ce qui est nécessaire à sa conservation.

 

Pour Kant, l’élève doit d’abord montrer de la soumission et une obéissance passive, ensuite apprendre à faire usage de sa réflexion et de sa liberté, mais à la condition qu’il les soumette à des lois. L’obéissance de l’adolescent est distincte de celle de l’enfant. Elle consiste dans la soumission aux règles du devoir. L’homme doit apprendre à se passer de ce qui lui est refusé. Il ne doit pas estimer sa valeur d’après les autres, sous peine de s’élever au-dessus d’eux, ou bien de les rabaisser. L’enfant doit aussi apprendre à sentir du respect pour Dieu, d’abord comme maître de sa vie et du monde entier, ensuite comme protecteur des hommes, et enfin comme leur juge.

 

Rien n’affaiblit autant l’esprit et le corps de l’homme que le plaisir auquel on se livre sur soi-même, contraire à la nature humaine. Lorsque l’on porte son penchant sur l’autre sexe, au moins rencontre-t-on quelque résistance. Le devoir de l’adolescent est d’attendre de se marier, agissant ainsi, en homme de bien, et en bon citoyen

 

La philosophie de Jean-Jaques Rousseau est au contraire bâtie autour de l'idée que l'Homme est naturellement bon et que la société le corrompt, que les premiers mouvements de la nature sont toujours droits et qu’il n'y a point de perversité originelle dans le cœur humain. Il favorise donc un homme apte à résister à la corruption sociale.

 

D’abord, pour le nouveau-né qui ne parle pas encore, la nature ne doit être contrariée et l'enfant doit découvrir qu'il peut commander par des signes. Puis l’enfant doit multiplier les relations avec le monde, et s’habituer à procéder, à partir des données sensibles, à des déductions. Vers l’adolescence, Rousseau considère comme nécessaire l’apprentissage d’un métier manuel, moyen idéal de socialisation.

 

Les instructions de la nature sont tardives et lentes ; celles des hommes sont presque toujours prématurées. Dans le premier cas, les sens éveillent l'imagination ; dans le second, l'imagination éveille les sens. La puissance du sexe est toujours plus hâtive chez les peuples instruits et policés. Le langage épuré qu'on dicte aux adolescents, les leçons d'honnêteté qu'on leur donne, le voile du mystère qu'on affecte de tendre devant leurs yeux, sont autant d'aiguillons à leur curiosité.

 

Rousseau reprochait à John Locke, de vouloir trop tôt considérer l'enfant comme un être raisonnable et de vouloir utiliser l'éducation pour transformer l'enfant en homme, plutôt que de laisser l'enfant être un enfant, en attendant qu'il grandisse et devienne adulte de manière naturelle. Pour Rousseau, c'est seulement au moment de la puberté que l'éducation doit donner une formation morale et permettre à l'adolescent d'intégrer le monde social à ses yeux corrompus où règnent l'intérêt particulier, l'abus de pouvoir, et le dépérissement de l’État.

 

John Locke prétend que l’enfant est vierge de toutes connaissance, et que l'éducation fait l’individu, s’opposant à Saint Augustin qui base sa conception de l'humanité sur le péché originel, et à René Descartes qui affirme que l'homme connaît de manière innée les bases de la logique. John Locke décrit un esprit vide qui se remplit par l’expérience, tout en admettant des talents naturels que les parents devraient déceler.

 

Mais quelle doivent être les bases de la connaissance? Depuis d'Edgar Morin, la transdisciplinarité dépasse le seul domaine philosophique, en particulier pour la connaissance humaine mêlée aux croyances.

dimanche 30 août 2020

Sujet du Merc. 2 Sept. 2020 : « Celui qui me tient d'un fil n'est pas fort; ce qui est fort, c'est le fil " Antonio Porchia, Voces (Voix)

 

                          « Celui qui me tient d'un fil n'est pas fort; ce qui est fort, c'est le fil »          
                                                                                                                       Antonio Porchia, Voces (Voix)

« Celui qui me tient d'un fil n'est pas fort; ce qui est fort, c'est le fil. » Certains diront, tout dépend du poids de la personne retenue. D'autres rétorqueront : « Que nenni ! Tout dépend du fil ! » Et c’est cette deuxième proposition qui doit surtout retenir notre attention ce soir, même si, au fond, les deux propositions peuvent être tout à fait complémentaires…

Tenu par signifie : retenir, empêcher de… de quoi ?? C’est la bonne question ! De toute manière, s’il y a en a un qui entrave l’autre dans son action, il le prive de sa liberté. Pour aboutir à ses fins, le censeur utilise soit la force, soit des stratagèmes plus subtils tels que la manipulation. La manipulation mentale est une technique spécifique d'échange : elle consiste pour un influenceur à profiter d'une opportunité pour détourner subrepticement vers son profit personnel et son prestige, les ressources, matérielles et morales, c'est-à-dire les biens et les services, les forces et les faiblesses, les espoirs et les peurs, d'un influencé, de préférence d'un groupe d'influencés.

La manipulation implique un rapport de pouvoir, de domination pour influencer subtilement – consciemment ou non – une personne ou un groupe de personnes et en retirer des bénéfices. 

Cet abus se fait au détriment du manipulé. Son pattern est d’autant plus aliénant qu’il est répété, sournoisement, parce qu’il prive l’être de sa liberté. Pour parvenir à ses fins, le manipulateur dispose de nombreuses stratégies dont certaines sont facilement décelables. Les identifier, c’est poser le premier pas permettant de reconquérir le respect de soi et sa liberté.

Le manipulateur ment, ne communique pas clairement ses besoins, ses sentiments en restant flou. Il remet aussi souvent les qualités et compétences de l’autre en question, parfois en critiquant de manière plus ou moins subtil, en dévalorisant ou en jugeant de sorte qu’il ouvre une faille dans l’esprit de sa proie où le doute va germer. Il lui sera alors plus facile de faire penser à l’autre ce qui va servir ses propres intérêts.


Il tente de se rendre indispensable de façon à créer une dépendance lui garantissant une fidélité, une exclusivité de ceux qu’il choisi d’aimer et faciliter ainsi la réalisation de ses désirs cachés.

Le manipulateur possède une intelligence émotionnelle très développée qui lui permet d’anticiper les besoins et désirs de l’autre. Il sait très facilement se mettre dans la peau de l’autre et n’hésite pas à le faire afin de mieux saisir sa victime dans sa toile d’araignée. Il va ainsi tirer sur toutes sortes de ficelles pour susciter des émotions tel que la culpabilité, le sentiment d’être redevable, de ne pas être correct en doutant de l’autre et le fait que lui, le manipulateur, a raison. 

Ce dernier est d’autant mieux capable de jouer avec les sentiments d’autrui qu’il peut lui même incarner un rôle et simuler des états émotionnels dans le but d’obtenir ce qu’il veut de l’autre.
Il évite de prendre ses responsabilités, va nier l’évidence et chercher à vous convaincre qu’il a raison en jouant avec le doute et les émotions de culpabilité ou autres qu’il a semé en vous.

Le manipulateur demande souvent au manipulé de faire et croire ce qu’il dit alors que lui-même fait le contraire.

N’est-ce pas au nom de la démocratie que ces mêmes techniques sont utilisées pour mieux asservir les peuples et les garder dans leur servitude volontaire ?

Nos sociétés occidentales, sont des éléphants aux pieds d’argile, telle est l’analyse de nos dirigeants politiques. Nos concitoyens sont fragiles. À la moindre contrariété sociale, la paix civile et institutionnelle peuvent être menacées.

 « Les gens savent rarement ce qu’ils veulent, même quand ils prétendent le savoir », disait au début des années 50, l’agence de sondage Advertising Age. En 1965, 1.100 directeurs d’entreprises américaines se rassemblent à New-York (organismes pour l’American Management Association) afin de tenter de résoudre un problème commercial particulièrement aigu : personne ne pouvait prédire les comportements des consommateurs. Cela se traduisait par un désastre en termes de chiffre d’affaire. Les difficultés que dénonçaient ces agences, provenaient de l’apparent esprit de contradiction des individus interrogés. Il était impossible de prévenir leurs réactions. La question étant de savoir comment agir sur le subconscient d’une population déterminée. Comment persuader les masses et influencer leur conduite par des techniques ingénieuses dans le seul but d’un quelconque conditionnement psychologique ?

Que se soit en marketing ou en politique mais aussi pour faire passer de nouvelles normes en société, on utilise la loi la plus banale de la suggestion psychologique, la loi de la répétition. La chose affirmée arrive par la répétition à s’établir dans les esprits au point d’être acceptée comme une vérité démontrée.

On accapare les pages des journaux, des magazines, de TV, on offre des programmes coûteux aux auditeurs de radio en utilisant deux autres moyens de suggestions également très efficaces : l’affirmation (de préférence dégagée de tout raisonnement et de toute preuve, est un moyen sûr de faire pénétrer une idée dans l’esprit des masses) et enfin l’intensité de cette affirmation. Ces explorations de la psychologie collective n’étaient pas anodines.

Cependant, la science politique américaine va également se pencher sur la psychologie collective des populations vivant dans nos sociétés démocratiques d’après-guerre. Une société post-industrielle, de production, de culture mais aussi de communication dite de masse… Le but ultime de ces études visait avant tout à établir des procédés et des techniques permettant aux démocraties d’avoir un contrôle social direct sur la population, via notamment les médias.   

    
Autrement dit, comment canaliser une population dans un régime démocratique sans recourir à la force ? Il fallait créer une science du maniement du cerveau des foules au service de la paix civile et sociale.

Pour qu’une véritable discipline de persuasion des masses se crée, il faudra attendre les véritables manipulateurs du symbolisme politique, apparus aux États-Unis au milieu des années 1950. Ces maîtres d’une discipline d’un nouveau genre, faisaient la synthèse des travaux de Setchenov et de Pavlov (la psychologie soviétique) et de leurs réflexes conditionnés, de Freud et de ses images du père, de Rienman et de son idée de concevoir les électeurs américains comme des spectateurs consommateurs de la politique.

Dans nos sociétés modernes, l’ensemble de la population habite un univers factice composé de « stéréotypes » L’individu moyen de ce début de siècle, vit de plus en plus par procuration (identification à telle ou telle « vedette ») et dans un « pseudo-environnement mental » que les médias institutionnels se chargent pour eux d’organiser ; déformant, simplifiant la réalité, à l’extrême.


Cela permet à l’individu de penser à moindre coût (l’Etat pense à sa place ce qui est bon ou pas afin de maintenir le consensus social) faisant ainsi l’économie d’une expérimentation de la réalité, réalité pas souvent bonne à voir et encore plus difficile à assumer par la population.

Dès lors, il est facile en agissant sur les symboles et les stéréotypes (et donc les consciences) de fabriquer totalement une opinion publique, usant des méthodes de communication de masse et de psychologie. Dans ce cadre, il est bon de s’interroger sur un autre phénomène découlant de ce processus. La chute vertigineuse du niveau culturel de nos sociétés. Autrement dit, la prolifération constante de ce que l’on pourrait appeler l’insignifiance intellectuelle.

Déjà en 1861 l’économiste Augustin Cournot prévoit pour l’avenir, un monde monotone et source d’ennui car tout sera uniformisé et aseptisé. Un univers où tout sera organisé, planifié, prévu pour les individus ayant perdu toute originalité, fondus au sein d’une masse incapable de penser. L’Histoire ne sera plus qu’une gazette officielle servant à enregistrer les règlements, les relevés statistiques, l’avènement des chefs d’Etat et la nomination des fonctionnaires, dit-il.             

 
Ce magnifique tableau d’anticipation de notre société contemporaine est à rapprocher de la vision futuriste d’Alexis de Tocqueville dans son célèbre « De la démocratie en Amérique »(1835) « « Je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme - Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; Il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. »

En 1891, dans « The New Utopia », le romancier Jérôme K prévoit également une uniformisation des pensées ou les individus ne sont plus que des numéros, parfaitement identiques d’aspect (on opère ceux qui ont des différences trop marquées). Les trois auteurs ne se distinguent guère sur l’approche avant-gardiste de notre société. 

          
Néanmoins Cournot souligne un élément fondamental. Selon lui, dans ce monde futur, il subsistera malgré tout la menace du soubresaut, à cause de « toutes les sectes de millénaristes et d’utopistes » prêtes à faire renaître la lutte des classes, le plus redoutable antagonisme dans l’avenir pour le repos des sociétés ; il pourra toujours apparaître « un chef de secte, inventeur d’une nouvelle règle de couvent, capable de l’imposer au monde civilisé tout entier » Cournot a bien écrit cela en 1891.
Enfin en 1903, Daniel Halevy publie un roman de fiction politique intitulé « Histoire des quatre ans, 1997-2001 » Il imagine la société de la fin du vingtième siècle dominé par une démocratie de démagogues ayant un tissu social en pleine décomposition. « Les populations, réduites à l’oisiveté, ayant perdu tout stimulant, toute vigueur et toute notion de valeur, s’adonnent à des divertissements passifs, drogue, érotisme, homosexualité, pratiques considérées comme normales. Les organismes, corrompus et affaiblis par une vie malsaine, sont victimes d’une nouvelle épidémie, que la médecine n’arrive pas à maîtriser » rajoute-t-il.

Afin d’éviter l’implosion de la société, le pouvoir politique dévie l’attention du public de certains problèmes contemporains qui l’entourent. C’est ce que l’on appelle l’ « État illusionniste ». Le maniement habile du symbolisme politique et de l’illusionnisme politique afin d’entretenir la légitimité du pouvoir est une des caractéristiques de l’État. Le plus grand et le premier théoricien de l’illusionnisme politique fut très certainement Machiavel. L’illusion en politique est un art, disait-il, une méthodologie indispensable qui permet à l’État de « s’affairer à la chose tandis qu’il oriente son regard ailleurs » Machiavel comparait l’espace politique à l’espace théâtral, avec ses coulisses, ses ficelles, ses acteurs, mais aussi ses décors en carton-pâte et ses polichinelles ! 

L’espace politique permet, à l’instar de l’espace théâtral, de recourir à de multiples effets d’optiques. Machiavel désignant le pouvoir politique par « le prince » jouant autant de rôles devant ses « spectateurs » (les masses) qu’exigent les circonstances du moment.

Le manipulé a-t-il encore des chances devant ces grands illusionnistes politiques ? 

De quoi a-t-il réellement peur ? De couper le fil et de se casser le cou ? 

Et si ses pieds n’étaient en réalité que sur terre ? 

Ne serait-il pas alors grand temps d’avancer seul en refusant d’être le jouet en chair et en os d’habiles marionnettistes ?


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