« Le vrai mystère du
monde est le visible et non l’invisible »
Oscar Wilde – Le portrait de Dorian Gray –
Les philosophes ont souvent préféré méditer sur l’âme et ses
passions, faire des enquêtes sur l’entendement humain, ou encore critiquer la
raison pure, plutôt que se pencher sur la réalité du corps et sur la finitude
de la condition humaine. Pourtant, même si le corps a souvent été considéré
comme un fardeau entravant la connaissance et la vertu, aucune philosophie n’a
jamais pu faire l’économie de sa présence. C’est dans et avec son corps que
chacun de nous naît, vit, meurt c’est dans et par son corps qu’on s’inscrit
dans le monde et qu’on rencontre autrui. Il suffit d'expliquer le corps pour
comprendre l'esprit car l'esprit n'est qu'une propriété de la matière. Cette
option matérialiste forte conduit soit à éliminer du vocabulaire philosophique
et scientifique le mot «esprit», soit à faire de l'esprit un épiphénomène des
processus neuronaux. On aboutit alors à une naturalisation de l'homme, de la
pensée, de la subjectivité dont il convient de mesurer les enjeux.
Il s’agit tout d’abord de nous interroger sur le corps en tant que
tel. Nous avons l’habitude de penser le corps en référence à autre chose comme
s’il ne se suffisait pas à lui-même : en référence à l’âme dans la perspective
d’une ontologie, en référence à la conscience dans la perspective d’une
philosophie du sujet, en référence à l’esprit dans la perspective d’une
philosophie de la connaissance. Le corps est presque toujours le corps par
rapport à son autre qui lui donne consistance et le pense comme un objet. Corps
de l’âme, corps dans la conscience, corps comme corrélat d’un esprit qui le
connaît. Peut-on penser le corps tout seul? C’est ce à quoi le sujet de ce soir
vous invite à vous pencher, sujet qui cherche à mettre au défi de penser de
façon cohérente le corps dans son isolement. Et si le corps se suffit à
lui-même, la conséquence n’est-elle pas que nous pourrions tout aussi bien nous
passer des notions d’âme, de conscience ou d’esprit ? Ou tout au moins,
renverser la situation et comprendre en quoi ce sont ces notions qui ne peuvent
être pensées en dehors du corps.
Nous sommes parvenus à l’organisme vivant. Il nous
faut passer à cet organisme pensant et doté de conscience qu’est l’homme.
Comment penser les rapports du corps et de la conscience? Le fait d’avoir un
corps est-il pour l’homme un obstacle à l’épanouissement de sa rationalité ?
Nous nous souvenons tous du Phédon et du corps défini comme « le tombeau de
l’âme ». Certes, mais il y a des façons de penser plus pacifiquement les
rapports du corps et de l’esprit, de les comprendre comme une complémentarité,
une expression mutuelle. Nous aurons ici l’aide de Platon, Descartes, Spinoza,
Hegel, Nietzsche et Bergson.
Nous sommes parvenus à l’organisme vivant.Il nous
faut passer à cet organisme pensant et doté de conscience qu’est l’homme.
Comment penser les rapports du corps et de la conscience? Le fait d’avoir un
corps est-il pour l’homme un obstacle à l’épanouissement de sa rationalité ?
Nous nous souvenons tous du Phédon et du corps défini comme « le tombeau de l’âme
». Certes, mais il y a des façons de penser plus pacifiquement les rapports du
corps et de l’esprit, de les comprendre comme une complémentarité, une expression
mutuelle. Nous aurons ici l’aide de Platon, Descartes, Spinoza, Hegel, Nietzsche et Bergson. Mais c’est sans doute une impasse de penser les rapports du corps et du spirituel en nous comme si notre corps n’était pas d’emblée un corps animé d’intentions (donc d’une volonté de nature spirituelle) et comme si notre esprit n’était pas un esprit d’emblée incarné. Nous tenterons donc d’analyser l’être au monde de notre corps pour nous comprendre comme un corps situé dans un monde et approfondir l’expérience de notre être au monde en tant que corps.
C’est désormais vers le corps vécu et non vers le concept du corps que nous nous tournerons pour en analyser les implications. Corps vécu aussi dans le monde politique à travers une analyse du pouvoir comme maîtrise des corps. C’est bien sûr vers la tradition phénoménologique, vers Husserl, Merleau-Ponty et Sartre que nous nous tournerons avant de terminer par un parcours des analyses de Foucault.
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