lundi 10 juin 2013

Sujet du Mercredi 12/06 : « Se croire vertueux et intègre parce que l’on est esclave. » Alexandre Marius Jacob



« Se croire vertueux et intègre parce que l’on est esclave. » Alexandre Marius Jacob







Malgré des recherches, il semble complexe d’accéder au texte, ou contexte dans lequel cette citation fut créée. Alexandre Marius Jacob fût la personnalité dont M.Leblanc s’est inspiré afin de créer Arsène Lupin.  M.Leblanc le transformait en une sorte d’ « aristocrate » de la cambriole. Aucun rapport avec le Personnage réel existant.En Réalité, la vocation (forte attirance ou inclinaison pour quelque chose        Ce qui est naturellement destiné à quelque chose ou à un lieu) de cette personnalité bien réelle vient de son enfance. Enfance où sa mère fut emprisonnée pour avoir volé un steak alors qu’elle devait nourrir ses enfants et assumer, dans la misère, sans compagnon, les réalités de vie de tous les jours.
A M Jacob, cambrioleur ingénieux et doué du sens de l’humour, fut emprisonné parce qu’il représentait le courant anarchiste illégaliste et incarnait, on s’en doute, un danger pour l’ordre établi de son temps. Il créait un réseau fait d’équipes entraînées au vol sur bonne partie de notre territoire. Ce réseau volait aux très riches pour redistribuer une bonne partie de son butin aux pauvres. 
« Il organise alors sa bande, nommée « Les travailleurs de la nuit. Les principes en sont simples ; on ne tue pas, sauf pour protéger sa vie et sa liberté, et, uniquement des policiers ; on ne vole que les parasites, les patrons, les juges, les militaires, le clergé, jamais les professions utiles, architectes, médecins, artistes… »
« Le bourgeois est un parasite conservateur ; tous ses soins, tous ses désirs, ses aspirations tendent à un même but : la conservation de l’édifice social qui le fait vivre ; alors que le cambrioleur est un parasité démolisseur. Il ne s’adapte pas à la société (…) Il ne travaille pas pour le compte et le profit de Monsieur Fripon et de Madame Fripouille mais pour lui et pour l’avènement d’un monde meilleur » A M Jacob (Souvenirs d’un révolté 105)
« L’ordre social culbute ; ce n’est pas la société représentée par les magistrats et les jurés qui jugent Jacob, chef des voleurs, c’est le chef des voleurs Jacob qui fait le procès de la société »
(François Crucy, dans les colonnes de L’Aurore en date du 13 mai 1905)
«  Ne reconnaissant à personne le droit de me juger, je n’implore ni pardon ni indulgence. Je ne sollicite pas ceux que je méprise et que je hais. Vous êtes les plus forts ! Disposez de moi comme vous l’entendez ; envoyez-moi au bagne, à l’échafaud, peu m’importe »  (Alexandre Marius Jacob 1905) 
- Sous un angle, la condition d’esclave peut motiver une croyance (ici, sans doute, une conviction, espérons non récupérée) selon laquelle il n’est plus question de négocier avec un ordre établi quel qu’il soit.
Contrairement aux propos de certains « spécialistes » dont la vocation et l’intention première sont de noyer le poisson, au fond, selon les circonstances et les réalités historiques, nous sommes poussés par les évènements et les conditions d’existences des plus révoltantes.  En effet, dans une situation d’esclavage sous toutes ses formes, nous n’avons plus rien à perdre finalement…



Se croire (synonyme de s'estimer, s'imaginer, se tenir pour, se trouver), vertueux (capacité de faire du bien) et intègre (d’une grande honnêteté…pour ne pas se désintégrer) parce que notre condition est celle d’esclave. Repérer cela, importe dans nos sociétés dites « modernes » où, de façons plus fourbes, nous devenons parfois esclaves de nous-mêmes.
Sortir de toutes formes d’esclavages, au fond, c’est peu à peu prendre conscience de sa dignité d’être humain vivant. « 
Il importe de rappeler que ce n'est pas la souffrance qui donne du sens à la vie, mais la vie qui donne du sens à la vie et éventuellement à la souffrance » Bertrand Vergely
En espérant que la souffrance en question ne soit pas le seul moteur d’une vie individuelle et collective.







Cela renvoie, aussi, à une intégrité avec soi et les autres, une des vertus principales…Parfois même, la conviction qu’il faille rejoindre toutes formes de résistances, qu’elles soient celles des Communes de Paris, mais aussi celles de Lyon et Marseille, qu’elles soient celles dans les maquis (entre 1939 et 1945 compris), qu’elles soient sans faire de bruit, celles anonymes au coin d’une rue, dans une presse indépendante (de plus en plus rare)…sur la toile…
Cette prise de conscience de sa condition et surtout, celle qu’ensemble il importe de se nourrir de certaines valeurs…sont sans comparaison possible avec les « valeurs » marchandes et autres cotations en bourse voir fluxs financiers…
Alexandre Marius Jacob, dans les conditions du bagne où il était emprisonné, malgré des ennuis de santé, étudiait le droit et défendait la condition de ses semblables avec efficacité. « Que l’apôtre des pauvres repose en paix. Il volait les riches pour donner aux pauvres. A sa façon, Alexandre Marius Jacob était un précurseur la solidarité » Canard enchaîné



- D’un autre côté, la condition d’esclave permet elle de se croire vertueux et intègre pour autant ?  "Liberté implique responsabilité. C'est là pourquoi la plupart des hommes la redoutent."George Bernard Shaw
Quand les esclaves cautionnent leurs maîtres, ils reproduisent les schémas dominants, apparence et du mépris vis-à-vis d’autrui, parfois même aux dépends des personnes de leur propre condition. Ainsi qu’en est-il des supposées  « valeurs » « intègres » défendues ?
La croyance ici ne vient, en aucun cas, d’une énergie vivante et subversive mais bien d’une fascination démesurée à la faveur imbécile et régressive du chef, du père sublimé, des  « stars », des « dominants » de ce monde en conformité avec une manipulation intensive et massive.
Quand certains partis se targuent de défendre des « valeurs » morales, conventionnelles soit disant « vertueuses et intègres », quoique conservatrices et rétrogrades qu’en est il ? Bien souvent, ces valeurs rétrogrades se limitent aux frontières des normes convenues.
"Quand on ne sait pas qui on est, on est ravi qu’une dictature vous prenne en charge." B. Cyrulnik
« …comme Darwin, je crois descendre du singe et non du chien.  Or, on n’a jamais vu un singe lécher la main qui le frappe ou qui va le frapper » A M Jacob 1905  (voir frapper psychologiquement ou manipuler).



Cela pourrait interroger, par ailleurs, les notions de compromis ou de compromission.



Etre ? Se croire ? « Vertueux et intègres » dans un monde de plus en plus superficiel ? Ne sommes nous pas esclaves de multiples pièges qui nous illusionnent, nous trompent, jouant parfois même avec nos valeurs et notre intégrité ?
Ce qui est complexe par des temps décidément très relatifs, où les pervers narcissiques sont admirés par leur « intelligence » stratégique et manipulatrice de l’opinion et d’autrui.
« A l’endroit, à l’envers », de la citation d’Alexandre Marius Jacob, par ces temps d’un tel cynisme médiatique entre autre, les compromis ne sont parfois que des promesses avec particules…à la…

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