lundi 10 juin 2013

Sujet du Mercredi 26/06 : Peut – on conserver notre modèle social en le réformant ?



 Peut – on  conserver notre modèle social en le réformant ?  


J’ai  posé  cette question pour avoir entendu  tout récemment  un  élu  déclarer   « la France peut  conserver son modèle social en le réformant » Pour ce  Politique faisant du sophisme sans s’en rendre compte comme Monsieur Jourdain de la prose cela semble aller de soi.
Or dans une acception populaire,  conserver : « c’est  maintenir en l’état », réformer : « c’est  modifier progressivement  et  sans violence »

 Dés lors  qu’on ne peut  soutenir simultanément  une chose et son contraire cette thèse  est -  elle crédible ? ou n’est elle que l’expression d’un  démagogue soucieux de populisme ?
Tout d’abord cette question est sous tendue par le postulat suivant lequel il  existe, à l’image de l’exception culturelle  française, une exception du modèle social français. C’est-à-dire  une politique sociale qui vise à faire prévaloir notre modèle. Il   est donc utile de  commencer par questionner le sujet sous cet angle. Puis de définir ce que l’on entend par réformer et conserver avant  d’opposer ces deux termes  appliqués au modèle social français.
Qu’est ce qu’un modèle social ?  Y - a – t’il un modèle social français ?
 Un modèle social : c’est un ensemble  de caractères  formant un système donné -  pour servir de référence  sur le plan social - et appliqué à un groupe d’êtres humains  considérés comme un tout et aux rapports de ces individus entre eux.
Un  modèle  social se définit  par son essence,  ce qui fait qu’il est ce qu’il est.
Quelle est l’essence du modèle social français.  En quoi Le modèle social français est –il un modèle ?

 Le présent étant formé de l’épaisseur du passé, le modèle social français  est  le  digne héritier  de l’histoire  de la France formaté au fil du temps  par une culture judéo – chrétienne  de la culpabilité , puis par l’esprit de liberté de la révolution et de la montée de l’individualisme et de la déclaration des droits de l’homme de 1789  mettant en avant le bonheur pour tous,  l’idéologie antagoniste de lutte des classes  de  Marx,((1818-1883), de l’esprit  syndicaliste majoritairement combatif dominant partagé entre réformiste et révolutionnaire né avec l’apparition des sociétés  industrielles, la reconnaissance conférée aux  travailleurs par le  front populaire porté au pouvoir en 1936, les évènements de mai 68 qui ont permis une avancée du droit des femmes, le  confort  de l’état providence et  le développement d’une mentalité d’assistanat,  les avancées  sociales  régulières rendues possibles par « les trente glorieuses » et  considérées comme des droits acquis puis le tournant libéral  des  années 80 débouchant sur la mondialisation et  le retour de la gauche au pouvoir et  des  espoirs insatisfaits. 
A chacun de ces événements qui ont joué un rôle majeur dans l’ édification de la condition ouvrière moderne ont correspondu l’octroi d’avantages sociaux qui se sont  cumulés par effet de cliquet et de citer :  en 1936 les accords de Grenelle : deux semaines congés payés, la semaine de quarante heures, l’ extension des conventions collectives ; en 1945, la création  de la  sécurité sociale, des comités d’entreprise, des délégués du personnel ; en 1950 le SMIG ; en 1982  la cinquième semaine de congés payés, la semaine de 39 h , la retraite à 60 ans  etc…
autant  de pierres  d’un modèle bâti a travers les siècles   par les luttes et le sang  avec le  soucis  Kantien de  prendre l’homme comme une  fin et  jamais comme un moyen. .
Mais  tout s’écoule disait Héraclite. Tout est mouvement et l’époque moderne avec le développement de la mondialisation entraîne des changements continus et accélérés  dans la  gestion des  entreprises  notamment dans les conditions de travail qui servent de variables d’ajustement entraînant la déconstruction rampante  de  notre  modèle social c'est-à-dire  un retour en arrière au sens du mot  réforme.
Tout est dans tout,  il n’existe pas de modèle intangible et la mise en place d’une pratique   d’adaptation permanente inévitable du modèle social français serait  davantage plus crédible et recevable  que celle de la voix des réformes partielles et décousues mais induisant des remises en question  brutales  perçues d’abord comme un   effondrement des fondements économiques et sociaux  de notre modèle.   
Au-delà  d’une harmonisation  continue et Si elle veut s’adapter aux mutations économiques du 21° siècle,  la  France sera  t’ - elle  capable  de saisir l’occasion de penser et  d’aller jusqu’à bâtir un autre modèle de Société cohérent, plus juste et qui placerait l’homme au cœur du système.
Rien n’est moins sur.
Pour le moins le langage tenu par ce politicien est  irresponsable, tant il apparaît difficile, voire impossible de réformer notre modèle sans porter atteinte à son esprit.
qu’en pensez -  vous ?
Yves Le Bars  30/05/2013
Glossaire :
Sophisme : raisonnement qui n’est logiquement qu’en apparence et qui est conçu  avec l’intention d’induire en erreur. (par opposition au paralogisme).
Réformer est un emprunt (1171)  du latin reformare « rendre à sa première forme ,refaire » , d’où rétablir, restaurer   -  re  marquant le retour en arrière et formare = former ,
réformer fut ensuite utilisé comme terme  moral  et institutionnel appliqué à une discipline religieuse
ayant pour objet de ramener l’observance   d‘une règle qui s’est relâchée  ( CF. la progression du protestantisme au 16° siècle) puis l’idée de réformer  s’effacera au profit de celle d’améliorer. Spécialement   au sens figuré de ramener  (qqn, qqch)  à une forme meilleure.  
 sur le plan politique, réformer consiste  à modifier progressivement (c’est la thèse socialiste) sans violence par opposition à révolutionner (c’est la thèse communiste).
Conserver est emprunté au latin conservare    dont il reprend  le sens sauver, garder, préserver, garder intact
Adapter : ajuster, appliquer, mettre en accord avec , en harmonie, approprie.

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