(Extrait
d’un texte sur l’Internet de Denis PETER, dans « Humanisme Pur »)
Pourquoi faut-il abolir la propriété privée :
Propriété privée : Pouvoir
autocratique d'un individu, modifiable par lui-seul, sur tout ce qui concerne
la destination d'un bien.
La propriété privée ne doit donc pas
être confondue avec un droit de jouissance exclusive qui serait accordé par la
collectivité sous une condition ou pour un temps donnés.
De plus, ce droit est parfois atténué
par des règlements motivés par l'intérêt général.
Quand
nous parlons ici d'abolition de la propriété privée, nous ne prônons pas sa
suppression immédiate dans n'importe quelle circonstance. Nous ne prônons pas
l'expulsion des propriétaires, la confiscation des biens !
Nous
n'émettons pas de jugement moral : la propriété n'est pas "mal "…
Nous disons juste qu'elle est inconcevable dans une économie qui se voudrait
durablement juste, solidaire et écologique, et nous le démontrons.
Il
est souhaitable de concevoir une telle économie puis de la mettre en œuvre en
partant de la situation actuelle. Cela nécessite de s'extirper de certains
conditionnements (voir les idées reçues énumérées ci-dessous), et, pour ce
faire, de penser rationnellement…
Quelques idées reçues :
Avant
d'expliquer en quoi la propriété privée doit être éradiquée d'une économie qui
se voudrait soit juste, soit démocratique, soit fraternelle, soit écologique
(et à fortiori, les quatre à la fois !)
Examinons
un peu les arguments habituellement avancés pour la justifier.
1 Sans propriété privé, c'est le communisme, et
ça n'a pas marché…
2 La propriété privée est nécessaire à la
liberté et à l'autonomie individuelle…
3 Le besoin de propriété privée est dans la
nature humaine…
4 Sans propriété privée, il n'y a pas de
motivation pour travailler…
5 Sans propriété privée, les gens ne prennent
pas soin des biens et se déresponsabilisent…
1 Sans propriété privé, c'est le
communisme, et ça n'a pas marché…
Cet
argument est un sophisme grotesque.
Le
terme communisme a deux sens, ce qui ne manque pas d'induire en erreur par
amalgame. Il désigne une économie sans propriété privée (par exemple, le mode
de vie tribal), mais aussi certains socialismes d'Etat inspirés des théories
marxistes. Or, l'argument 1 part du premier sens, et conclut en utilisant le
second…
Même
en supposant que seul le premier sens est utilisé, il est évident que l'on ne
peut pas dire que le communisme n'a pas marché. Quand bien même aucun
communisme viable n'auraient été expérimenté, on ne pourrait en déduire
qu'aucun n'est viable, puisque seule une infime proportion de ces possibles a
été testée. L'échec d'un communisme n'est pas généralisable à l'ensemble. Bien
que parfaitement inepte, ce raisonnement est tellement ressassé, qu'il devient
un réflexe trompant un grand nombre de gens.
2 La propriété privée est nécessaire à
la liberté et à l'autonomie individuelle…
Il
est évident que le propriétaire d'un bien est libre d'en faire plus de choses,
que celui qui n'en est pas propriétaire. La propriété introduit donc une
inégalité entre les libertés. Les plus riches sont plus libres que les plus
pauvres. L'augmentation de liberté conférée à celui auquel on attribue la
propriété d'un bien se traduit par une diminution de la liberté des autres
(plus nombreux...) Si la propriété était collective, tout le monde aurait une
liberté plus importante par rapport à l'utilisation du bien. Privatiser un bien
revient à réduire à zéro (ou presque) la liberté de l'utiliser pour tous les
citoyens sauf un…
L'illusion
de cet argument vient de ce que l'on a tendance à se placer dans la peau du
propriétaire du bien, en oubliant la privation de liberté induite pour les
non-propriétaires… Si l'on fait l'inverse, la propriété est bien plutôt une
privation de liberté et d'autonomie individuelle. On oublie souvent d'envisager
le nombre considérable de biens dont on pourrait enfin jouir, si la possession
était abolie… Il est clair que globalement, ce serait une sacrée augmentation
de liberté individuelle !
L'abolition
de la propriété privée est souvent fantasmée comme la perte de toute intimité
et autonomie, n'importe qui pouvant venir prendre les affaires que j'utilise,
ou pénétrer dans mon habitation. Or, l'abolition de la
propriété privée n'empêche pas la possibilité de jouir de façon exclusive d'un
bien : il suffit de le louer à la collectivité… ou qu'il soit ainsi attribué
par décision collective… de façon à assurer ladite "intimité" ou
"autonomie". Il ne faut évidemment pas confondre communisme avec
promiscuité ou absence de règles.
3 le besoin de propriété privée est dans
la nature humaine…
Le
concept de nature humaine est évidemment discutable. Le comportement d'un être
humain dépend pour une bonne part de conditionnements hérités de sa culture et
de son mode de vie. Or, aujourd'hui, la culture et le mode de vie sont
fortement influencés par la propriété privée…
On
peut cependant considérer qu'il existe certaines tendances innées chez l'homme,
qui pourraient donc constituer une sorte de « nature humaine ». Ces dernières
sont nécessairement héritées du mode de vie de nos ancêtres sur des périodes de
temps supérieures au million d'années. Le mode de vie de ces derniers était un
communisme (pas de propriété privée de la terre et des moyens de production au
sein de la tribu)… C'est donc plutôt les tendances sociales favorisant le
communisme qui sont vraisemblablement inscrites dans la « nature humaine »…
Elles expliquent d'ailleurs fort bien le sens de la justice, de la solidarité
etc. et aucunement un besoin de propriété privée…
Mais
les idées reçues ont la vie dure...
4 Sans propriété privée, il n'y a pas de
motivation pour travailler…
On
peut fort bien imaginer un communisme où, pour pouvoir consommer, il faille
travailler (cela semble d'ailleurs être une option " réaliste ")...
Donc, même en se limitant à des motivations strictement égoïstes, on voit bien
qu'il peut y avoir une forte motivation à travailler, même en l'absence de
propriété privée !
5 Sans propriété privée, les gens ne
prennent pas soin des biens, ils ne se sentent pas responsables…
Même
d'un point de vue strictement égoïste, on peut imaginer un système socialiste
où les biens seraient loués avec obligation de payer pour les dégradations ou
pertes.
On
peut aussi imaginer une motivation non égoïste, un respect véritable de son
environnement matériel et du travail d'autrui, et non pas uniquement de
soi-même... Une telle motivation n'est évidemment pas dominante dans un système
basé sur la propriété privée et la compétition, lequel entretient plutôt
l'égoïsme… Il y a là un cercle vicieux…
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