samedi 13 décembre 2014

Sujet du Merc. 17/12/2014 : Trouver la vérité ou trouver le bonheur ?



          Trouver la vérité ou trouver le bonheur ?

Commençons par le commencement : Qu’est ce que la philosophie ? Le mot « philosophie » vient du grec ancien et veut dire « ami de la sagesse ». La sagesse peut s’entendre soit comme « savoir, connaissance » ou comme « vertu, morale ». Le sage est donc celui qui « sait » (ou plus exactement celui « qui aime le savoir »), et pratique une vie vertueuse. Cette première définition renvoie à deux orientations de la philosophie :
1 - La philosophie comme « art de vivre » : elle est tournée vers la quête du bonheur ou  vers l’éthique ou vers le sens de la vie. C’est un premier chemin.
2 – La philosophie comme « art de penser » : elle est tournée vers la quête du savoir, de la vérité, d’une méthode, ou tout simplement une façon de s’interroger sur le monde.
Laissons le premier chemin pour plus tard et engageons-nous dans le second, « l’art de penser ». C’est la voie de la connaissance.
Socrate, libre penseur, faisait usage de sa raison pour ne pas s’en tenir aux idées reçues, aux canons officiels. Emmanuel Kant nous l’indique aussi dans « Qu’est-ce que s’orienter dans la pensée ». Descartes et son « Discours sur la méthode ».
Encore des méthodes ? On peut citer la dialectique, la voie empirique, le pragmatisme… Mais pour quels résultats ?
Karl Jaspers  « On est d’accord ni sur ce qu’est la philosophie, ni sur ce qu’elle vaut(…). Pour quiconque croit à la science, le pire est que la philosophie ne fournit pas de résultat (…). Les sciences ont conquis des connaissances certaines, qui s’imposent à tous ; la philosophie, malgré l’effort des millénaires, n’y a pas réussi. » (Introduction à la philosophie).
2ème chemin :
Sénèque « La philosophie enseigne à faire, non à dire ».
Il n’y a pas si longtemps on considérait les philosophes de l’antiquité comme des théoriciens et seulement ainsi. On voyait en eux des auteurs de systèmes, des fabricants de concepts. Des hommes du discours, préoccupés uniquement de raisonner et d’argumenter. Des professeurs, des gens de bibliothèques. Rien d’autre. Finalement, on se représentait les philosophes de l’Antiquité sur le modèle des universitaires modernes : commentant les textes de leurs prédécesseurs, fondant des institutions, entretenant des polémiques. Ce n’est évidemment pas inexact, loin de là. Mais cette vue paraît aujourd’hui partielle, globalement mal orientée.
On redécouvre en effet que la philosophie constituait alors un mode de vie particulier. Elle impliquait certaines façons d’agir, imprégnait les gestes les plus quotidiens. Appartenir à telle ou telle école, s’efforcer de devenir stoïcien, épicurien ou cynique, n’était pas simple affaire de lectures ou de convictions intellectuelles. Tout le style de l’existence se trouvait concerné : manières de se nourrir, de se vêtir, comportement sexuel, attitude politique, relation aux autres et à soi-même.
Une large part de la philosophie ne résidait donc pas des livres. Elle consistait en un effort continu pour se modifier, à force d’exercices quotidiennement répétés.
Ces philosophes étaient bien ce que leur noms indique : chercheurs de sagesse. Voilà un dernier trait qui a fini par être largement perdu de vue, lui aussi. Du terme grec sophia et de son dérivé, sophos, un seul sens en était venu à dominer notre approche moderne : le savoir, et le savant. On oublie que, pour les Grecs, savoir et sagesse étaient un seul et même terme, deux faces indissociables d’une même réalité. Le savant et le sage, à leurs yeux, ne se distinguaient pas : ils n’avaient d’ailleurs, pour désigner les deux, qu’un seul mot, sophos.

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