FAUT-IL QU’ADVIENNE LE SURHOMME ?
« Zarathoustra parla au peuple et lui dit : Je vous
enseigne le Surhumain. L’homme est quelque chose qui doit être surmonté.
Qu’avez-vous fait pour le surmonter ? » (Prologue 3 de Ainsi
parlait Zarathoustra, F. NIETZSCHE)
Les avancées scientifiques des prochaines années, notamment de la génétique et
des neurosciences, devraient à terme rendre possible, et même probable,
l’avènement d’une « humanité augmentée ». Nous entendons par ce
terme, une humanité dont l’espérance de vie se trouverait sensiblement
rallongée, les capacités physiques et intellectuelles décuplées ; une
humanité qui ne serait plus concernée par la majeure partie des handicaps
graves et maladies incurables qui l’affectent encore actuellement.
Avec les progrès de la
thérapie génique, il est aujourd'hui possible de séquencer un génome humain en
quelques heures et pour quelques milliers d'euros, et de sectionner ou modifier
des gènes « défaillants ». Autrement dit, on peut « reprogrammer »
un être humain en réécrivant son ADN.
Pour donner un exemple
concret, on a récemment isolé le gène dit du « petit dormeur ». Selon
les travaux des chercheurs de l'American Academy of Sleep Medecine (AASM), les
personnes porteuses d'une mutation du gène BHLHE41 ont besoin de moins de 6
heures de sommeil pour se lever frais et dispos. On pourrait avec la thérapie
génique inoculer cette mutation du « petit dormeur » à l'ensemble de
la population. Chacun peut imaginer l'impact qu'aurait un temps de sommeil
réduit à peau de chagrin sur ses relations sociales et ses activités...
Nombres d'avancées dans
des domaines tels que les nanotechnologies, la biomécanique (greffes d'organes
et de membres...) ou les sciences cognitives pourraient aussi venir bouleverser
nos façons de vivre dans des proportions inconcevables.
Dans la vision
nietzschéenne, le Surhomme, avant d'être un être doté de capacités physiques et
mentales extraordinaires, et un être capable de s'affranchir d'un cadre moral
qui tienne compte de ses semblables. L'Humanité désigne en effet cette
reconnaissance fondamentale de l'Homme par l'Homme. Dans l'acception
religieuse, elle est fondée sur la
reconnaissance mutuelle des « Créatures » issues d'un même
« Créateur ».
Pour Nietzsche, l'Homme se
définit par ses limites, ses faiblesses, son contentement de soi, quand le
Surhomme se définit par sa puissance démiurgique, notamment sur lui-même :
« Es-tu le victorieux, le dominateur de toi-même, le maître de tes
sens, le seigneur de tes vertus ? ».
Partant du
postulat que nos systèmes de valeurs sont organisés autour de nos limites
humaines et de celles de nos congénères, les avancées scientifiques
précédemment évoquées ne risquent-elles pas de créer un Surhumain, qui au faîte
de sa Surpuissance, réelle ou imaginaire, ne s'encombrerait plus d'aucun cadre
moral pour mener son existence ?
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Prochain sujet : ATTENTION : Mardi 30 Décembre
Comment nous donner les moyens de nos espérances ?
Comment nous donner les moyens de nos espérances ?
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