jeudi 13 février 2014

Sujet du Mercredi 12 février : Faut-il perdre son temps à gagner sa vie?





Faut-il perdre son temps à gagner sa vie?



Dans une conversation, un intervenant a dit cela: plus on travaille plus on crée du chômage pour les autres.

Dans la publication de Jérémy Rifkin intitulé " la fin du travail " (1996), l'auteur affirme que la quantité de travail nécessaire pour produire les biens dont on avait besoin serait de plus en plus faible, étant donnés les formidables gains de productivité réalisés, et que seuls les emplois susceptibles de se développer dans les usines à venir seraient ceux des "manipulateurs de symbole", emplois très qualifiés et en très petits nombres. Pour éviter qu'une très forte partie de la population ne voie son avenir réduit au chômage, il recommandait donc de développer à grande échelle un tiers secteur, communautaire et relationnel, donnant ainsi un coup d'arrêt à l'économie marchande. Ceci amène la réduction du temps de travail ou à la flexibilité de celui ci.

C'est au  XVIII ème siècle que  le terme travail trouve très clairement son unité. A bien lire Adam Smith et ses contemporains, le travail est une unité de mesure, un cadre d'homogénéisation des efforts, un instrument permettant de rendre différentes marchandises et différentes actions comparables. Le temps est son essence, mais même s'il devient le fondement de l'ordre social, le travail n'est en aucune manière "valorisé", "glorifié". Il reste chez Smith et ses contemporains synonyme d'effort, de sacrifice comme Karl Marx le reprochera plus tard. Le XVIII ème siècle voit donc l'invention du concept de travail comme "ce qui produit de la richesse", ou comme on dirait aujourd'hui : "un facteur de production". C'est à l'époque même où se développent les conditions de travail inhumaines et où fleurissent les discours sur le paupérisme que se met en place une véritable idéologie du travail. Le travail devient synonyme d'œuvre. Dans l'objet que je fabrique je mets quelque chose de moi même comme l'indique Marx. Lorsque le travail ne sera plus aliéné et lorsque nous produirons de manière libre, alors nous n'aurons plus besoin du médium de l'argent. Les biens et les services que nous produirons nous dévoilerons les uns aux autres tels qu'en nous mêmes. "Supposons, écrit Marx, que nous produisions comme des êtres humains. Nos productions seraient autant de miroirs où nos êtres rayonneraient les uns vers les autres. Ce n'est plus seulement l'abondance matérielle que poursuit l'humanité, mais l'humanisation, la revalorisation du monde".

Parallèlement chez Marx comme chez P J Proudhon, L. blanc et dans l'ensemble de la pensée socialiste mais aussi libérale, le travail est devenu synonyme d'activité humaine, pleinement humaine. L'activité propre de l'homme s'appelle travail, et le travail est l'activité fondamentalement humaine.

Cependant Marx demeure cohérent. Il sait fort bien que le travail n'est pas encore cette liberté créatrice ou du moins qu'il ne l'est qu'en soi, pas encore en réalité. Il ne le deviendra que lorsque nous produirons librement, c'est à dire lorsque le salariat aura été aboli, et que l'abondance aurait été atteinte. Alors le travail ne sera plus peine, souffrance ou sacrifice, mais pure réalisation de soi, pleine puissance et expression, et la différence entre travail et loisir sera aboli

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