"Contre le positivisme, qui en
reste au phénomène, « il n’y a que des faits », j’objecterais : non, justement,
il n’y a pas de faits, seulement des interprétations. Nous ne pouvons constater
aucun factum « en soi » : peut-être est-ce un non-sens de vouloir ce genre de
chose. « Tout est subjectif », dites-vous : mais ceci est déjà une
interprétation, le « sujet » n’est pas un donné, mais quelque chose
d’inventé-en-plus, de placé-par-derrière. – Est-ce finalement nécessaire de
poser en plus l’interprète derrière l’interprétation ? Ceci est déjà de
l’invention, de l’hypothèse. Dans la mesure exacte où le mot « connaissance » a
un sens, le monde est connaissable : mais il est interprétable autrement, il
n’a pas un sens par-derrière soi, mais d’innombrables sens « Perspectivisme ».
Ce sont nos besoins qui interprètent le monde : nos pulsions et leurs pour et
contre. Chaque pulsion est une sorte de recherche de domination, chacune a sa
perspective, qu’elle voudrait imposer comme norme à toutes les autres
pulsions."
Nietzsche,
Fragments fin 1886 - début 1887.
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