« On ne peut
apprendre la philosophie, on ne peut qu’apprendre à philosopher » E Kant.
“La
philosophie n’est véritablement qu’une occupation pour l’adulte, il
n’est pas étonnant que des difficultés se présentent lorsqu’on veut la
conformer à l’aptitude moins exercée de la jeunesse.
L’étudiant qui sort de l’enseignement scolaire était habitué à apprendre. Il pense maintenant qu’il va apprendre la Philosophie, ce qui est pourtant impossible car il doit désormais apprendre à philosopher. Je vais m’expliquer plus clairement : toutes les sciences qu’on peut apprendre au sens propre peuvent être ramenées à deux genres : les sciences historiques et mathématiques.
Aux premières appartiennent, en dehors de l’histoire proprement dite, la description de la nature, la philologie, le droit positif, etc. Or dans tout ce qui est historique l’expérience personnelle ou le témoignage étranger, – et dans ce qui est mathématique, l’évidence des concepts et la nécessité de la démonstration, constituent quelque chose de donné en fait et qui par conséquent est une possession et n’a pour ainsi dire qu’à être assimilé: il est donc possible dans l’un et l’autre cas d’apprendre, c’est-à-dire d’imprimer soit dans la mémoire, soit dans l’entendement, ce qui peut nous être exposé comme une discipline déjà achevée.
L’étudiant qui sort de l’enseignement scolaire était habitué à apprendre. Il pense maintenant qu’il va apprendre la Philosophie, ce qui est pourtant impossible car il doit désormais apprendre à philosopher. Je vais m’expliquer plus clairement : toutes les sciences qu’on peut apprendre au sens propre peuvent être ramenées à deux genres : les sciences historiques et mathématiques.
Aux premières appartiennent, en dehors de l’histoire proprement dite, la description de la nature, la philologie, le droit positif, etc. Or dans tout ce qui est historique l’expérience personnelle ou le témoignage étranger, – et dans ce qui est mathématique, l’évidence des concepts et la nécessité de la démonstration, constituent quelque chose de donné en fait et qui par conséquent est une possession et n’a pour ainsi dire qu’à être assimilé: il est donc possible dans l’un et l’autre cas d’apprendre, c’est-à-dire d’imprimer soit dans la mémoire, soit dans l’entendement, ce qui peut nous être exposé comme une discipline déjà achevée.
Ainsi pour
pouvoir apprendre aussi la Philosophie, il faudrait d’abord qu’il
en existât réellement une.
On devrait pouvoir
présenter un livre, et dire : « Voyez, voici de la science et des
connaissances assurées ; apprenez à le comprendre et à le retenir,
bâtissez ensuite là-dessus, et vous serez philosophes » : jusqu’à
ce qu’on me montre un tel livre de Philosophie, sur lequel je
puisse m’appuyer à peu près comme sur Polybe(1) pour exposer un
événement de l’histoire, ou sur Euclide pour expliquer une proposition de
Géométrie, qu’il me soit permis de dire qu’on abuse de la confiance
du public lorsque, au lieu d’étendre l’aptitude intellectuelle de
la jeunesse qui nous est confiée, et de la former en vue d’une connaissance
personnelle future, dans sa maturité, on la dupe avec une Philosophie prétendument
déjà achevée, qui a été imaginée pour elle par d’autres, et dont
découle une illusion de science, qui ne vaut comme bon argent qu’en
un certain lieu et parmi certaines gens, mais est partout ailleurs
démonétisée. La méthode spécifique de l’enseignement en Philosophie est
zététique, comme la nommaient quelques Anciens (de dzétein,
rechercher), c’est-à-dire qu’elle est une méthode de recherche, et ce ne peut
être que dans une raison déjà exercée qu’elle devient en certains domaines dogmatique, c’est-à-dire dérisoire”.
1. Historien grec (202-120 av. J.-C.).
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