La
conscience porte-parole de l’inconscient
Pour beaucoup de philosophes la conscience est un processus mystérieux,
métaphysique, indépendant de notre matière charnelle. Bergson pensait que
l’évolution de la matière était guidée par une conscience immatérielle
antérieure à la vie alors qu’elle émerge de l’activité de la matière.
Apprendre c’est inconscientiser : Tout apprentissage consiste à confier
à l’inconscient l’essentiel de la réalisation d’un processus. L’inconscient
est une épargne de la conscience. Dans toute pensée ou action
volontaires seul le but à atteindre est réellement conscient tandis que les
différentes étapes pour l’atteindre sont inconscientes. Pour réussir une action complexe il
faut simplifier l’ordre conscient donné à notre corps.
1- Les réflexes inconditionnels sont offerts par la
mémoire génétique =
kit de survie d’origine génétique.
Exemples : Réflexes de retrait. Salivation. Réflexe d’étirement dit
myotatique contraction d’un muscle en réponse à son étirement. Il
maintient le tonus musculaire pour tenir debout. Ces réflexes
constituent une intelligence
inconsciente, animale, froide, très précises et efficiente ; ils
constituent une sécurité qui épargne la conscience.
2- Les
réflexes conditionnels épigénétiques nécessitent un apprentissage,
c’est-à-dire un conditionnement ; nous n’avons aucun effort particulier à
fournir pour qu’ils s’installent en nous. Ils correspondent à la mise en place
de la mémoire procédurale épigénétique ou mémoire de nos
automatismes. Ils furent décrits dès 1902 par Ivan Petrovitch Pavlov.
Au cours du conditionnement, des liaisons nerveuses du cerveau, des synapses,
sont modifiées et deviennent fonctionnelles ; elles relient des centres
nerveux où se forment des coalitions de neurones, qui n’étaient pas
connectés au départ.
3- Les comportements motivés
furent analysés en 1953 par le psychologue
américain Burrhus Frederic Skinner avec sa Boîte à problèmes. Un
animal placé tout seul dans une boîte à problèmes apprend de lui-même à appuyer
sur le levier distributeur de nourriture et à éviter celui qui distribue des
décharges électriques. Ceci montre que l’apprentissage fait intervenir
des renforçateurs qui sont soit des punitions soit des récompenses qui agissent comme agents
de sélection pour favoriser les comportements les plus avantageux et
éliminer ceux qui ne sont pas favorables. Ainsi le système nerveux et tout le corps est modelé par l’environnement, et
par notre instruction et notre éducation. Ce modelage est guidé par les
émotions ; c’est donc un modelage
affectif.
Conclusion : Notre animalité
est génétique tandis que notre humanité est épigenétique.
Les travaux de Pavlov et Skinner ont abouti
à la conception du béhaviorisme qui
considère le cerveau comme une boîte noire. L’erreur des béhavioristes
est d’avoir voulu écarter l’idée d’introspection.
Ces réflexes conditionnés et motivés
illustrent notre plasticité cérébrale et
donc mentale. Nous
sommes donc dotés d’une intelligence animale sur laquelle nous
pouvons installer toutes nos fantaisies humanisantes. Notre esprit est construit par nos sens.
Nos sens sont à l’origine de notre
essence et donc des sens qu’on accorde à notre vie.
L’inconscient devient l’artisan de notre
mémoire et donc de notre connaissance :
Henri Laborit : « Oublier son corps c’est savoir
s’en servir. La conscience se bâtit sur l’inconscient. »
L’information enregistrée et mémorisée dans le cerveau n’est pas toute
directement utile mais, grâce à des
associations d’idées, à un jeu intérieur, elle permet de créer des gestes mentaux prémonitoires permettant
une anticipation des comportements
futurs. Henri Laborit a montré à quel point l’isolement,
la privation sensorielle et l’agression sans possibilité d’agir provoquent ce
qu’il appelle une inhibition de
l’action
Épigénèse d’une étreinte spirituelle : Il
n’y a pas d’immaculée conception de la pensée, ni de la conscience qui
nous la révèle ; il faut que nos capteurs sensoriels soient fécondés
par des informations pour aboutir à des pensées connaissantes. La conscience peut se concevoir
comme une sorte de perception sensorielle. Selon cette idée les neurones dont
l’activité sont à l’origine de la prise de conscience, agiraient comme des
capteurs sensoriels à l’origine de notre pensée consciente. Le corps entier est
l’organe de nos pensées et de notre conscience qui révèle l’unité de notre
organisme ; en effet ce sont les capteurs sensoriels répandus dans tout
le corps qui apportent leurs informations aux neurones de la conscience.
Émergence de la conscience : La conscience ne fait pas
intervenir tous les neurones mobilisés mais seulement ceux qui sont en bout de
circuits et qui sont ainsi plus stimulés que les autres jusqu’à dépasser un
certain seuil de conscientisation. Ce sont les neurones sensoriels de la
conscience. Ces neurones qui sont en bout de chaîne sont les porte-parole de
ceux qui les ont stimulés.
La conscience résulte de l’interaction organisée de milliards de
milliards de molécules au sein de neurones spécifiques qui sont activés jusqu’à
franchir un seuil quantitatif et qualitatif ; elle émerge d’une
multitude d’inconscients actifs et discrets.
L’être humain par rapport aux autres animaux est caractérisé par son incomplétude.
C’est parce qu’il y a des pages blanches, vierges, dans notre livre charnel, la
tabula rasa, à la naissance, que nous pouvons écrire notre histoire.
La conscience est synthétique ; elle ne peut être consciente que parce
que l’essentiel de ce qui se passe dans le corps est inconscient. Le silence
de la plupart des neurones nous permet d’entendre la parole signifiante de la
conscience. Nous avons accès à la conclusion, au résultat attendu,
et non pas à toutes les activités qui participent à son élaboration. La
chair est la porte-parole et la conscience : sa parole. Autrement
dit, c’est parce qu’il y a une conscience non communicante, silencieuse,
que la conscience unifiante devient audible. Le corps entier aux pouvoirs
spiritualisants devient communicant grâce à tous ses langages charnels.
Parmi les cent milliards de neurones du cerveau, il faut distinguer trois
types : sensoriels, intermédiaires et les moteurs. La conscience est le résultat d’une
collaboration organisée entre ces trois catégories de neurones ; ce sont
les neurones intermédiaires qui sont le plus importants chez l’homme. Les
animaux ont souvent des capacités sensorielles et motrices beaucoup plus
sensibles que les nôtres. Les
biologistes ont mis en évidence les corrélats
neuronaux de la Conscience. L’arrière du cortex est dédié surtout à la
réception sensorielle, l’avant à la commande et entre les deux se situent les
aires d’association qui, comme leur nom l’indique, les mettent en relation.
Ces aires d’associations sont très développées chez l’homme par rapport aux
animaux non humains.
On peut résumer la conscience en disant que ce sont les aires du cortex
cérébral situées à l’avant du cerveau qui regardent les aires
sensorielles situées à l’arrière ; l’avant est le porte-parole de
l’arrière. Le lobe frontal contrôle nos comportements complexes, la prise
de décision, la planification, la coordination motrice volontaire, la maîtrise
du langage et la créativité. L’arrière du cerveau informe l’avant et le lobe
antérieur traite cette information pour prendre les décisions adaptées conscientes.
Toute prise de conscience est générée par une coalition de neurones, une constellation, un réseau spécialisé qui
constitue un encodage.
La conscience est une création de
l’inconscient. L’inconscient est soit en
résistance contre la conscience, soit il abonde en sa faveur. Il faut utiliser notre conscience
comme un levier pour activer l’inconscient qui nous est favorable et nécessaire.
Pour Francis Crick, découvreur de la structure de l’ADN et son
collègue Christof Koch, la conscience
serait un phénomène de seuil
atteint grâce à la coalition de
neurones capables d’atteindre le seuil.
L’Américain Gerald M. Edelman, désigne la sélection des neurones de darwinisme neuronal, le Français
Jean-Pierre Changeux, parle de darwinisme
des synapses. On peut parler aussi de darwinisme mental. C’est un processus d’évolution darwinienne du comportement car l’individu réagit au
hasard puis l’environnement sélectionne les comportements adaptés.
La conscience émerge d’un processus neuronal qui est à l’origine de la
mémoire. Les neurologues ont constaté
que des interactions réciproques de
groupes de neurones localisés entre le cortex et les thalamus, dans les deux
sens, jouent un rôle important.
La conscience nous permet de comprendre l’intuition, la simplexité, les
compétences des autistes Asperger, gestion mentale : Comme pour la conscience beaucoup
de philosophes se plaisent à croire que l’intuition est une pensée mystérieuse,
métaphysique qui ne pourrait être qu’un don d’origine divine. En réalité
c’est une pensée complexe essentiellement traitée et mijotée par l’inconscient
et qui surgit comme par magie dans notre conscience en s’exprimant en toute
simplicité. La simplexité est la capacité de réaliser simplement un
processus complexe.
Les autistes Asperger fonctionnent essentiellement de façon
inconsciente.
La gestion mentale étudiée par Antoine de La Garanderie permet de
comprendre les gestes mentaux, visuels, auditifs, kinesthésiques.
Le travail inconscient des rêves joue un rôle fondamental pour
l’imagination, la mémorisation et l’élaboration d’une conscience efficiente et
préventive.
L’inconscient est à l’origine des archives mémorielles de la pensée
dans lesquels la conscience puise l’information nécessaire pour la
compréhension des activités du présent.
La solution c’est la CONFIANCE en notre INCONSCIENT !