vendredi 23 mai 2025

Sujet du Merc.28 Mai 2025 : La conscience porte-parole de l’inconscient.

 

La conscience porte-parole de l’inconscient

   Pour beaucoup de philosophes la conscience est un processus mystérieux, métaphysique, indépendant de notre matière charnelle. Bergson pensait que l’évolution de la matière était guidée par une conscience immatérielle antérieure à la vie alors qu’elle émerge de l’activité de la matière.

   Apprendre c’est inconscientiser : Tout apprentissage consiste à confier à l’inconscient l’essentiel de la réalisation d’un processus. L’inconscient est une épargne de la conscience. Dans toute pensée ou action volontaires seul le but à atteindre est réellement conscient tandis que les différentes étapes pour l’atteindre sont inconscientes. Pour réussir une action complexe il faut simplifier l’ordre conscient donné à notre corps.

1- Les réflexes inconditionnels sont offerts par la mémoire génétique = kit de survie d’origine génétique. Exemples : Réflexes de retrait. Salivation. Réflexe d’étirement dit myotatique contraction d’un muscle en réponse à son étirement. Il maintient le tonus musculaire pour tenir debout. Ces réflexes constituent une intelligence inconsciente, animale, froide, très précises et efficiente ; ils constituent une sécurité qui épargne la conscience.

2- Les réflexes conditionnels épigénétiques nécessitent un apprentissage, c’est-à-dire un conditionnement ; nous n’avons aucun effort particulier à fournir pour qu’ils s’installent en nous. Ils correspondent à la mise en place de la mémoire procédurale épigénétique ou mémoire de nos automatismes. Ils furent décrits dès 1902 par Ivan Petrovitch Pavlov. Au cours du conditionnement, des liaisons nerveuses du cerveau, des synapses, sont modifiées et deviennent fonctionnelles ; elles relient des centres nerveux où se forment des coalitions de neurones, qui n’étaient pas connectés au départ.

3- Les comportements motivés furent analysés en 1953 par le psychologue américain Burrhus Frederic Skinner avec sa Boîte à problèmes. Un animal placé tout seul dans une boîte à problèmes apprend de lui-même à appuyer sur le levier distributeur de nourriture et à éviter celui qui distribue des décharges électriques. Ceci montre que l’apprentissage fait intervenir des renforçateurs qui sont soit des punitions soit des récompenses qui agissent comme agents de sélection pour favoriser les comportements les plus avantageux et éliminer ceux qui ne sont pas favorables. Ainsi le système nerveux et tout le corps est modelé par l’environnement, et par notre instruction et notre éducation. Ce modelage est guidé par les émotions ; c’est donc un modelage affectif.

Conclusion : Notre animalité est génétique tandis que notre humanité est épigenétique.

   Les travaux de Pavlov et Skinner ont abouti à la conception du béhaviorisme qui considère le cerveau comme une boîte noire. L’erreur des béhavioristes est d’avoir voulu écarter l’idée d’introspection.

    Ces réflexes conditionnés et motivés illustrent notre plasticité cérébrale et donc mentale. Nous sommes donc dotés d’une intelligence animale sur laquelle nous pouvons installer toutes nos fantaisies humanisantes. Notre esprit est construit par nos sens. Nos sens sont à l’origine de notre essence et donc des sens qu’on accorde à notre vie.

   L’inconscient devient l’artisan de notre mémoire et donc de notre connaissance : Henri Laborit : « Oublier son corps c’est savoir s’en servir. La conscience se bâtit sur l’inconscient. » L’information enregistrée et mémorisée dans le cerveau n’est pas toute directement utile mais, grâce à des associations d’idées, à un jeu intérieur, elle permet de créer des gestes mentaux prémonitoires permettant une anticipation des comportements futurs. Henri Laborit a montré à quel point l’isolement, la privation sensorielle et l’agression sans possibilité d’agir provoquent ce qu’il appelle une inhibition de l’action

   Épigénèse d’une étreinte spirituelle : Il n’y a pas d’immaculée conception de la pensée, ni de la conscience qui nous la révèle ; il faut que nos capteurs sensoriels soient fécondés par des informations pour aboutir à des pensées connaissantes. La conscience peut se concevoir comme une sorte de perception sensorielle. Selon cette idée les neurones dont l’activité sont à l’origine de la prise de conscience, agiraient comme des capteurs sensoriels à l’origine de notre pensée consciente. Le corps entier est l’organe de nos pensées et de notre conscience qui révèle l’unité de notre organisme ; en effet ce sont les capteurs sensoriels répandus dans tout le corps qui apportent leurs informations aux neurones de la conscience.

Émergence de la conscience : La conscience ne fait pas intervenir tous les neurones mobilisés mais seulement ceux qui sont en bout de circuits et qui sont ainsi plus stimulés que les autres jusqu’à dépasser un certain seuil de conscientisation. Ce sont les neurones sensoriels de la conscience. Ces neurones qui sont en bout de chaîne sont les porte-parole de ceux qui les ont stimulés.

   La conscience résulte de l’interaction organisée de milliards de milliards de molécules au sein de neurones spécifiques qui sont activés jusqu’à franchir un seuil quantitatif et qualitatif ; elle émerge d’une multitude d’inconscients actifs et discrets.

   L’être humain par rapport aux autres animaux est caractérisé par son incomplétude. C’est parce qu’il y a des pages blanches, vierges, dans notre livre charnel, la tabula rasa, à la naissance, que nous pouvons écrire notre histoire. La conscience est synthétique ; elle ne peut être consciente que parce que l’essentiel de ce qui se passe dans le corps est inconscient. Le silence de la plupart des neurones nous permet d’entendre la parole signifiante de la conscience. Nous avons accès à la conclusion, au résultat attendu, et non pas à toutes les activités qui participent à son élaboration. La chair est la porte-parole et la conscience : sa parole. Autrement dit, c’est parce qu’il y a une conscience non communicante, silencieuse, que la conscience unifiante devient audible. Le corps entier aux pouvoirs spiritualisants devient communicant grâce à tous ses langages charnels.

   Parmi les cent milliards de neurones du cerveau, il faut distinguer trois types : sensoriels, intermédiaires et les moteurs. La conscience est le résultat d’une collaboration organisée entre ces trois catégories de neurones ; ce sont les neurones intermédiaires qui sont le plus importants chez l’homme. Les animaux ont souvent des capacités sensorielles et motrices beaucoup plus sensibles que les nôtres. Les biologistes ont mis en évidence les corrélats neuronaux de la Conscience. L’arrière du cortex est dédié surtout à la réception sensorielle, l’avant à la commande et entre les deux se situent les aires d’association qui, comme leur nom l’indique, les mettent en relation. Ces aires d’associations sont très développées chez l’homme par rapport aux animaux non humains.

   On peut résumer la conscience en disant que ce sont les aires du cortex cérébral situées à l’avant du cerveau qui regardent les aires sensorielles situées à l’arrière ; l’avant est le porte-parole de l’arrière. Le lobe frontal contrôle nos comportements complexes, la prise de décision, la planification, la coordination motrice volontaire, la maîtrise du langage et la créativité. L’arrière du cerveau informe l’avant et le lobe antérieur traite cette information pour prendre les décisions adaptées conscientes.

   Toute prise de conscience est générée par une coalition de neurones, une constellation, un réseau spécialisé qui constitue un encodage.

   La conscience est une création de l’inconscient. L’inconscient est soit en résistance contre la conscience, soit il abonde en sa faveur. Il faut utiliser notre conscience comme un levier pour activer l’inconscient qui nous est favorable et nécessaire.

   Pour Francis Crick, découvreur de la structure de l’ADN et son collègue Christof Koch, la conscience serait un phénomène de seuil atteint grâce à la coalition de neurones capables d’atteindre le seuil.

   L’Américain Gerald M. Edelman, désigne la sélection des neurones de darwinisme neuronal, le Français Jean-Pierre Changeux, parle de darwinisme des synapses. On peut parler aussi de darwinisme mental. C’est un processus d’évolution darwinienne du comportement car l’individu réagit au hasard puis l’environnement sélectionne les comportements adaptés.

   La conscience émerge d’un processus neuronal qui est à l’origine de la mémoire. Les neurologues ont constaté que des interactions réciproques de groupes de neurones localisés entre le cortex et les thalamus, dans les deux sens, jouent un rôle important.

   La conscience nous permet de comprendre l’intuition, la simplexité, les compétences des autistes Asperger, gestion mentale : Comme pour la conscience beaucoup de philosophes se plaisent à croire que l’intuition est une pensée mystérieuse, métaphysique qui ne pourrait être qu’un don d’origine divine. En réalité c’est une pensée complexe essentiellement traitée et mijotée par l’inconscient et qui surgit comme par magie dans notre conscience en s’exprimant en toute simplicité. La simplexité est la capacité de réaliser simplement un processus complexe.

   Les autistes Asperger fonctionnent essentiellement de façon inconsciente.

   La gestion mentale étudiée par Antoine de La Garanderie permet de comprendre les gestes mentaux, visuels, auditifs, kinesthésiques.

   Le travail inconscient des rêves joue un rôle fondamental pour l’imagination, la mémorisation et l’élaboration d’une conscience efficiente et préventive.

   L’inconscient est à l’origine des archives mémorielles de la pensée dans lesquels la conscience puise l’information nécessaire pour la compréhension des activités du présent.

   La solution c’est la CONFIANCE en notre INCONSCIENT !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

1 - Tout commentaire anonyme (sans mail valide) sera refusé.
2 - Avant éventuelle publication votre message devra être validé par un modérateur.

Sujet du Mercredi 11 Juin 2025 : La justice peut-elle faire évoluer l’esprit de vengeance ?

  La justice peut-elle faire évoluer l’esprit de vengeance ? ·        Les philosophes et le rôle de l’État, du droit et de la justice Da...