samedi 9 décembre 2023

Sujet du Merc. 13 Déc.. 2023 : Le jeunisme et le ludique, deux dogmes modernes ?

                               Le jeunisme et le ludique, deux dogmes modernes ?   

Comme nous le dit, notre Rastignac couronné par le suffrage universel " Enfin le Tragique s'invite dans notre Histoire". Alors parlons de Fêtes et et de jeunesse, ça nous détendra un peu.

Sans remonter à des siècles de références, depuis toujours la jeunesse et la fête ont été soit glorifiées, majoritairement, soit diabolisées. 

La fête, par un de ses aspects, le Carnaval, paisible, a pu aussi quelquefois "secouer" l'ordre social, et sombrer dans le bain de sang. Pour exemple, le Carnaval de Romans en 1580, verra les notables et les artisans passer de l'épée de bois, aux armes réelles, et se massacrer après 15 jours de fêtes danses, et théâtre. On relèvera des dizaines de cadavres. Sur cet épisode, oublié de nos jours, lire l'œuvre magistrale de Leroy- Ladurie  .Romans,7000 habitants en 1580,est une ville riche, au cœur d'une région ravagée par les Guerres de religion, dans un pays dirigé par une reine autoritaire et vieillissante, Catherine de Médicis ,et son fils, Henri III, faible et sans grandeur. Au cours du Carnaval, les artisans et paysans, accablés d'impôts, vont affronter les notables, dans une révolte qui va s'étendre jusqu'à Montélimar. Les notables et la bourgeoisie régionale triompheront, en assassinant le chef populaire, et allant jusqu'à exhumer son cadavre enterré, et le juger, pendu par les pieds.

 Au II me siècle avant l'ère chrétienne, une Bacchanale va dégénérer à un point tel, que le Sénat romain va procéder à des arrestations et des enquêtes. La fête est toujours un instant porteur de nombreuses interprétations. Elle peut inquiéter l'ordre établi, car elle le tourne en dérision, sous couvert de conciliation provisoire, et appelle à l’irrespect ; quelquefois première marche de la révolte. Ainsi, les images de l'effigie de notre Président de la République, pendu, lors d'une marche festive a choqué, d'autant plus qu'une parodie de Tribunal populaire avait auparavant procédé à cette "sentence "Mais n'étions-nous pas, déjà là, dans cette exécution fictive, au-delà de la "Fête"?. Mais plutôt dans la mise en scène d'une réelle volonté.

La fête peut aussi témoigner d'une volonté de prosélytisme (Marche des Fiertés, Gay Pride, Love parade, Fête de l'Huma….).De nos jours, l'identité sexuelle, semble rejoindre le social, en tant que revendication et même l'occulter, au nom de l'écrasement de la question sociale par l'affirmation identitaire et "sociétale" tout cela habilement orchestrée par l'Idéologie dominante. Pour preuve, la campagne actuelle qui s'affiche sur les panneaux publicitaires, dans Paris "Mon papa est gay et j'en suis fier "....A Montpellier, pas une Love Parade sans la présence de notre Maire, où d'une figure politique d'importance …Vous avez dit "récupération" ?....

En quoi, les choix géographiques de nos  pénétrations peuvent-ils devenir un sujet de "fierté"? En quoi, une forme de sexualité peut-elle faire l'objet d'un prosélytisme, là où l'on attendrait l'INTIME et un "OBSCUR OBJET DU DESIR?..comme aurait dit Bunuel….La question mérite d'être posée. 

Présenté comme un outil de subversion, le Ludique peut l'être aussi à des fins de soumission ou d'apaisement d'un ordre social inique.

Depuis des années, se multiplient les "piques nique citoyens", les "espaces festifs alternatifs" .Retardant par une volonté de créer des ponts entre les antagonismes, l'effondrement qui vient, et qui a commencé (10 millions de pauvres en France, un tiers de la population européenne).N'affrontons t on surtout pas le "vieux Monde", mais essayons de le contourner...…Stratégie dérisoire dans une société dominante ,qui depuis des décennies a intégré sa propre contestation, et mis en scène ses "rebelles "officiels.   
 Les "Gilets jaunes", avec rudesse ont rappelé les dures réalités de la lutte pour l'émancipation sociale. Le Pouvoir inquiet de ces fameux samedis marqués par la violence, y répondant par la force, et la ruse de la fameuse" parole libérée dans l'illusion d'un "Grand Débat", se serait très bien accommodé de Carnavals et de marches festives, peut être subversives, mais sûrement inoffensives.    
L'exécution fictive du "monarque républicain" renouant avec l'acte fondateur de notre Histoire moderne, la marche sur le "Palais" de l'Élysée, et sur l'Assemblée nationale, sauvagement réprimées, ont marqué la fin d'une séquence dans laquelle, des citoyens n'avaient plus "envie de rire". Même si la concentration de la haine sociale sur une personne, un nom, fait oublier que les forces en présence, les antagonismes de Classe, dépassent et de loin la réduction à un jeu de "pathos".
Depuis des années, très instrumentalisé, le Ludique a envahi l'espace de la contestation. Fin de l'"Internationale" chantée dans les cortèges syndicaux. Nous n'en sommes plus à ces cortèges graves et conscients des enjeux, comme en témoignent les documents photos du Passé ! Un temps oû les chefs du mouvement ouvrier mettaient un point d'orgueil à porter le costume, un temps où l'on montait à l'affrontement en cravate. Non pas comme une marque d'élégance, mais de gravité.       
Place à l'incontournable camion -sono, et au non moins incontournable Zebda, et ses "Motivés", balayant tout de la force de ses décibels, et transformant la gravité de l'engagement social, en un simple concert déambulant et gentiment contestataire. Il y a aussi l'omniprésente fanfare qui est là, qui plombe de son vacarme toute velléité de scander le supposé archaïsme des slogans de classe.

Qui oserait chanter l'"Internationale "ou les chants communards après U2 et Madonna ?....".Franchement, camarade, tu ne vas pas chanter le "Temps des cerises" et l'Internationale",  on est  au XXI siècle!....          
La Fête comme acte d'intégration à la Pensée dominante, est devenue un dogme. Fêtes des voisins, Fanfare de quartier, et autres, instrumentalisées par tout édile digne de ce nom, pullulent dans nos cités. Quand un Maire déclare face à des citoyens excédés par le désordre urbain" je ne veux pas d'une ville aseptisée", tout est dit de l'émergence du concept de décadence, en lieu et place du légitime souci de retisser un lien social convivial, respectueux de tous. Évidemment, inutile d'ajouter que ce Maire, comme le Directeur de l'Office HLM ne vivent jamais dans les lieux qu'ils glorifient, et que dans leurs banlieues cossues, la "mixité sociale" qu'ils prônent tant, inexistante, ainsi que le "vivre ensemble" n'affectent pas le calme et le niveau social de leur quartier.

Cela dans une ville où les canettes de bières, tiennent lieu de revêtement urbain et ou l'ivrognerie est célébrée,

 

. Une ville dont les arrêts de TRAM, célèbrent dans leurs panneaux publicitaires, l'ode à l'alcool.

De plus en plus, la "Fête" est institutionnalisée par les municipalités, à défaut de rétablir les combats de gladiateurs, aujourd'hui les "mises à morts "symboliques sont ailleurs, se faisant sur le Net, Facebook et autres. Mais le "pain et les jeux " de la Rome antique y est. Cela n'est pas nouveau, chacun a connu la fête de village dans laquelle l'ivrognerie sacralisée par Ricard et son club Taurin était la valeur. Couronnée par dans les années 70 ,la traditionnelle "ratonnade". 

 

 Mais le phénomène apparait de plus en plus prégnant. Dans une société mondialisée, et en perte de repères, la fête peut être aussi un marqueur identitaire très fort.         
Autrefois, se jeter contre un mur avec un vélo, nous aurait fait apparaitre pour un parfait abruti. De nos jours, cela s'appelle le FISE, et a rendu richissime son créateur. De nos jours le mot "CONCEPT", nous lave de tout soupçon de connerie, et permet d'intégrer le consternant dans le champ de la Philosophie. De nos jours, tout est concept, du Matérialisme d'Héraclite, du Thomisme, à l'emballage biodégradable du Kebab. Aujourd'hui, le pressing "responsable"(?),au bout de ma rue est devenu un "concept".    
Comment écrire sur la "fête" sans parler de la jeunesse,  ?…..Détruire l'esprit critique dans la jeunesse, est une des fonctions de tout pouvoir, déjà, il y a 25 siècles, par l'empoisonnement du Philosophe, aujourd'hui,  par la réduction de l'étude de la Philosophie à une portion congrue, par l'incitation au consumérisme. (Nous avons vu apparaitre dans certaines grandes surfaces, les caddies pour enfants), par l'éloge de l'alcool s'étalant sur de somptueuses affiches et arrêts de Tram. A Montpellier, les "assommoirs "se multiplient, dans lesquels à travers les "Afters " les " Before" et autres, toute une jeunesse célèbre le culte d'un Dionysos, qui a très bien résisté à la chute de l'Olympe. Un "Dionysos" qui s'est adapté : comment se dit" rouler un joint en grec classique ?"     
Mais, ne gardons pas de nos "successeurs" et enfants, uniquement l'image d'adolescents titubants ou hystériques.
Une diabolisation commune de l'Ancien Monde, celui des droits et de sa vision progressiste (les droits sociaux sont devenus des "privilèges"), sont les marques d'une jeunesse symbolisée au plus haut sommet du Pouvoir.
Il y a loin pourtant du symbole à la réalité d'un chômage qui ravage ceux nés dans les années 95. Ajoutons qu'il n'y pas de sentiment d'appartenance à une génération, sans le langage qui convient. Mais sous le masque de l'entreprise devenue" Start Up",du grand patron devenu "manager", d'un Président qui "tombe "la veste", de la clientèle, devenue "communauté", et d'un jeunisme devenu un dogme, une autre réalité sommeille. Celle d'un monde où les "pauvres" et les "riches" ont laissé la place aux "faibles" et aux "forts"....Une conversion biologique  beaucoup plus sommaire et pratique que l'ingestion de l'étude du Matérialisme historique. La dévalorisation et l'éloignement du Paradis, ont même privé les "pauvres" de l'illusion d'une souffrance récompensée post-mortem...     
En dehors de son aspect polémique, ce petit texte n'a d'autre but que de faire appel à la Philosophie pour clarifier ce champ où s'oppose une Modernité profondément réactionnaire, dans ses fondements idéologiques, à un Passé qui fut ancré dans l'idée de Progrès social.            
Il ne s'agit pas non plus, d'une mise en accusation de la jeunesse, mais de ce que l'on en a fait, et de ceux qui en manipulent le fil. Les valeurs supposées de la jeunesse, peuvent parfois et sournoisement sommeiller dans l'antre des Anti-Lumières.

A jp

" Ce qui me rend optimiste, c'est que l'histoire que nous vivons redevient tragique. L'Europe ne sera plus protégée comme elle l'a été depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce vieux continent de petits-bourgeois se sentant à l'abri dans le confort matériel entre dans une nouvelle aventure OU LE TRAGIQUE S'INVITE"... Emmanuel Macron

 (Nouvelle Revue française (NRF) no 630, mai 2018)

Depuis 2018, le Covid, les Gilets Jaunes et Poutine, et les 10 millions de pauvres, ont comblé ses vœux et cette aspiration au tragique

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