vendredi 29 décembre 2023

Sujet du Merc. 03 Janvier 2024 : POURQUOI ARISTOTE CRITIQUAIT IL PLATON ?

 

POURQUOI ARISTOTE CRITIQUAIT IL PLATON ? 

Aristote (-384-322 de notre ère) , élève de Platon (-428  -348 de notre ère) , représente comme son maître un des plus important philosophe métaphysicien de l’histoire de la philosophie. Toutefois d’importants points de divergence séparent les deux auteurs essentiellement sur l’approche de la nature de la réalité, de la connaissance et de l’être.

Pour Platon, le monde sensible que nous percevons avec nos sens est changeant, éphémère et imparfait. Ce que nous voyons, touchons ou entendons dans le monde physique n'est qu'une copie imparfaite des Formes éternelles et immuables.

Les Formes, en revanche, représentent la véritable réalité. Elles sont éternelles, immuables et parfaites. Par exemple, alors que nous pouvons voir de nombreux objets ronds dans le monde physique, ils ne sont que des manifestations imparfaites de la Forme parfaite et éternelle de la rondeur.
Les formes existent indépendamment du monde sensible. Alors que les objets que nous percevons dans le monde physique sont changeants, imparfaits et éphémères, les Formes sont stables, parfaites et immuables.

Les objets du monde sensible, tels que les tables, les arbres ou les chevaux, ne sont que des manifestations imparfaites et changeantes des Formes éternelles. Par exemple, tous les chevaux que nous voyons dans le monde physique ne sont que des copies imparfaites de la Forme éternelle et parfaite du cheval.

Fonction des Formes :

Les Formes servent de modèles ou d'archétypes pour les choses que nous observons dans le monde sensible. Elles sont la cause de l'existence et de la nature des objets du monde sensible. C'est grâce à la participation (ou imitation) des objets du monde sensible aux Formes qu'ils acquièrent leur réalité et leur caractère.
Platon pensait aussi que la connaissance véritable ne peut être atteinte que par la raison et l'intellect, et non par les sens. Puisque les Formes représentent la véritable réalité, la connaissance des Formes est la connaissance la plus élevée et la plus pure.

Par conséquent, pour Platon, la philosophie est une quête de la connaissance des Formes. Le monde sensible, bien que réel dans un sens, n'offre que des opinions ou des croyances (doxa). Seule la connaissance des Formes peut fournir une véritable sagesse.

 Cette théorie des Formes influence également la conception platonicienne de l'éthique. Platon croyait que la vertu et le bien étaient liés à la connaissance des Formes. Par exemple, la vertu est une forme de connaissance, et le vice est une forme d'ignorance.

 En cherchant à connaître les Formes, notamment la Forme du Bien, un individu peut atteindre la vertu et mener une vie juste et équilibrée.

En conséquence, dans la philosophie de Platon, l'ontologie (étude de l'existence) est étroitement liée à sa théorie des Formes. Les Formes sont des entités ontologiques distinctes et séparées des objets du monde sensible. Elles existent indépendamment des choses particulières et sont la cause de leur existence et de leur nature.

 En somme, la théorie des Formes de Platon offre une perspective métaphysique, épistémologique et éthique sur la nature de la réalité, la connaissance et la conduite morale. Elle souligne l'importance de la raison, de la contemplation et de la quête de la vérité pour parvenir à une compréhension plus profonde de la réalité ultime.


Platon croyait en une réalité supérieure, accessible par la raison et non par les sens. Pour lui, la connaissance véritable est la connaissance des Formes, et le philosophe aspire à cette connaissance pour comprendre la réalité ultime.

« Le monde est le résultat de l'action combinée de la nécessité et de l'intelligence. L'intelligence prit le dessus sur la nécessité, en la persuadant de produire la plupart des choses de la manière la plus parfaite ; la nécessité céda aux sages conseils de l'intelligence ; et c'est ainsi que cet univers fut constitué dans le principe (Platon, Timée, 48 a.) »

Plus de trois siècles avant le christianisme on retrouve dans ces conceptions les fondements de la métaphysique religieuse qui va jouer un rôle si néfaste sur l’avancée des connaissances scientifiques.

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Contrairement à Platon, qui accordait une priorité à la raison pure et à la connaissance des Formes, Aristote valorisait l'observation empirique et l'expérience sensorielle comme moyens d'acquérir des connaissances sur le monde.

Pour Aristote, la connaissance commence avec les sens, et la raison s'appuie sur ces données sensorielles pour comprendre la réalité.

En conséquence pour Aristote, la réalité est une combinaison de forme et de matière, et les Formes existent dans les choses mêmes plutôt que dans un monde séparé. Pour lui, la réalité est accessible par l'expérience et l'étude du monde naturel.

Aristote avait une vision plus téléologique (étude, doctrine, des causes finales, de la finalité de la nature, croyant que tout dans la nature avait une fin ou un objectif intrinsèque. Cette perspective est reflétée dans sa notion de "cause finale". Ainsi, distingue-t-il dans sa « Métaphysique », quatre causes dans la formation des choses :
la cause matérielle (matière de la chose),
la cause formelle (essence de la chose, eidos),
la cause efficiente (force motrice, kinèsis)
et la cause finale (ce en vue de quoi la chose est faite, telos).


Dans le premier chapitre des « Parties des animaux », il fait de la cause finale la première des causes. Sa vision est donc téléologique. Elle est appuyée par une conception de la nécessité.

Platon comme Aristote, s’opposent, chacun avec leurs spécificités (mais leurs convergences idéologiques) aux penseurs matérialistes et atomistes (comme Démocrite) de leur époque pour lesquels tout dans l'univers était composé d'atomes - des particules indivisibles et éternelles, formant ainsi la matière et les objets que nous observons.

 Pour ces philosophes, il n'y avait pas de finalité ou de but ultime dans la nature. Les mouvements et les interactions des atomes étaient le résultat de causes et d'effets mécanistes, sans intervention divine ou finalité.

L’arrivée du christianisme, puis les traductions très orientées qui se développèrent au XIIème siècle, dans les trois religions monothéistes, menèrent directement à l’édification d‘une doctrine : le thomisme qui figea pour des siècles la pensée occidentale sur les plans scientifiques et philosophiques.
Il fallut attendre  Pierre de la Ramée (1515-1572) qui déclara dans sa thèse : « quaecumque ab Aristotele dicta essent commentitia esse », « tout ce qu’a dit Aristote n’est que fausseté », pour qu’une brèche critique apparaisse. Elle ne cessa de s’ouvrir grâce aux travaux de Galilée, de la Réforme Protestante…

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