lundi 11 novembre 2019

Sujet du JEUDI 14/11/2019 : Est-ce que Nietzsche ou Woody Allen peuvent nous aider, quant à notre perception de l’Homme ?


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Est-ce que Nietzsche ou Woody Allen peuvent nous aider,
quant à notre perception de l’Homme ?
Nietzsche en 1887 écrit « généalogie de la morale » où il tente de comprendre quelle est l’origine de la morale qu’il affirme comme étant un héritage judéo-chrétien dont on ne peut pas se défaire. En recherchant les fondements de la morale il reste dans un exercice très ancien des philosophes dans leurs réflexions sur le bien et le mal, tel Socrate ou Spinoza.

Socrate dit : « personne ne fait le mal volontairement » Ce qui parait une thèse paradoxale puisqu’elle semble aller à l’encontre de l’expérience immédiate. En fait il ne nie pas que les hommes puissent commettre des actes mauvais, donc nuisibles aux autres, mais conteste le fait que de tels actes soient intentionnels ou volontaires.  Donc l’homme qui ferait du tort à un autre ne le ferait pas volontairement dans la mesure où il ne se rend pas véritablement compte de ce qu’il est en train de faire. Il pense qu’il le fait pour un bien. Un voleur pourra profiter de son indélicatesse en pensant que ce n’est pas vraiment un mal, ou un si grand mal, en estimant qu’il a de bonnes raisons d’agir. Ou même que sa victime n’est pas sans reproches. Ou encore, qu’il a l’impression de vivre dans une société injuste. 
  

Le cinéaste Jean Renoir disait : « le problème c’est que tout le monde à ses raisons »     
Donc Socrate nous dit que la cause vient d’un défaut de raisonnement ou d’une justification erronée. Et il ne faut pas oublier que la démarche philosophique vient d’une tentative de comprendre par la raison notre environnement et la société, en alternative à l’explication religieuse, qui pour le coup impose belle et bien une morale arbitraire.     
Maintenant revenons à Nietzsche et sa démonstration nettement plus approfondie. Il part du principe qu’à l’origine, c’est une morale d’esclaves. Dans un premier temps il explique que le « BON » s’oppose à mauvais, puis « bon » va plus tard s’opposer à méchant. Et donc il y voit un changement de sens très sensible du mot BON à cause précisément de cette opposition différente. Mais si le bon s’oppose à méchant, bon devient un ressentiment.   
Spinoza nous dit la même chose sur le glissement de sens du mot « bon » et Nietzsche l’a remarqué.        
Donc la source de la morale n’est autre, que le ressentiment des faibles face aux forts, en leur faisant croire qu’ils sont méchants. Ressentiments uniquement animés par une « haine inassouvies ». Les faibles selon Nietzsche contaminent les forts en leur faisant croire qu’ils sont méchants.            
En effet les forts assument complètements cette logique, les fautes et les phénomènes apparentés se transforme en mauvaises consciences : Ils se sentent et se croient coupables. 
   

D’où cette intériorisation qui peut prendre la forme la plus aboutie d’un idéal ascétique. Cette extrémité il va l’appeler le nihilisme qui pour lui n’est autre qu’un rejet de la vie. Concrètement, Nietzsche ne prend comme exemple que la religion chrétienne et cela nous aide à comprendre où il veut en venir. Car il est facile de démontrer que cette religion repose sur la faute, la culpabilité, le péché originel de toute l’espèce humaine et voit la rédemption dans un idéal ascétique. C’est bien l’hypothèse de départ du christianisme, l’homme est mauvais il n’y a que la morale religieuse qui peut l’améliorer. Mais il nous avertit que même dans une société athée ou laïque la problématique ne changera pas, cette perception va perdurer.              
Personnellement je vais retenir que la morale est animée par une haine inassouvie qui serait adoptée par toute la société sans différences de classes.   
  

Mais je remarque qu’il est le seul penseur à nous expliquer un mystère qui dépasse la raison. Pourquoi tant de gens  riches, qui ne souffrent pas directement de leur situation sociale, vont adopter et argumenter dans une apparente sincérité, une idéologie de gauche la plus radicale. (Georges Soros, Mathieu Pigasse, ou des cinéastes populaires : David Fincher et Steven Soderbergh, Michael Man et beaucoup d’artistes…)

Il y a également l’explication des comportements contradictoires les plus flagrants d’individus qui vont mal agir en toute bonne conscience pour leurs intérêts personnels, et qui se permettent des jugements de valeurs sur leurs contemporains, au nom d’intérêts supérieurs. Un extrait de ce livre, où il dénonce la logique et l’attitude des tenants de la morale, nous permet de comprendre jusqu’où Nietzsche est convaincu de la violence de ce qu’il perçoit : « Ici grouillent les vers de la vengeance et du ressentiment ; ici l’aire empeste des choses secrètes et inavouables ; ici se trame constamment la conspiration la plus méchante, la conspiration de ceux qui souffrent contre ceux qui sont réussis et vainqueurs, ici la simple vue du vainqueur excite la haine. Et que de mensonges pour ne pas reconnaitre que cette haine est de la haine ! Quel étalage de grands mots et de façons, quel art de la calomnie « honnête » ! Ces malvenus : quelle noble éloquence coule de leurs lèvres ! Quelle soumission mielleuse, visqueuse, obséquieuse, flotte dans leur regard ! Que veulent- ils au juste ? Représenter tout au moins la justice, l’amour, la sagesse, la supériorité. Voilà l’ambition de ces malades ! Et comme cette ambition rend habile ! On admire notamment l’habileté du faux monnayeur avec laquelle est imitée ici la frappe de la vertu. […………) Comme si la santé, la chance, la force, la fierté, le sentiment de puissance étaient en soi déjà des vices qu’il faudrait un jour expier. »             
Donc voilà, nous avons le point de vue extrême d’un grand philosophe du XIX° qui remet totalement en cause la morale dans sa totalité. Les faibles, en affirmant que les forts sont méchants, vont prendre le pouvoir de la pensée et imposer leur logique. L’efficacité est redoutable car il suffit de mettre en évidence une inégalité quelconque pour conclure à une discrimination ou une injustice, sans apporter la moindre démonstration. Et ainsi mettre à jour le retournement qui s’est produit dans le langage et les esprits.
Réponse possible.        
Woody Allen a un thème récurrent dans la majorité de ses films, ils démontrent que la souffrance humaine est dû au fait que l’homme n’arrive pas à se résoudre au fait que dieu n’existe pas, et surtout que la vie n’a pas de sens. Exception faite pour quelques-uns qui vont passer à la postérité ou changer le monde, tels Victor Hugo, François Mitterrand, Claude Lévi-Strauss, Winston Churchill, Coluche ….        
C’est tout le génie de Woody Allen de dénoncer par la comédie, une souffrance existentielle bien réelle. (Un bon exemple nous est donné dans son film « l’homme irrationnel »).          
Donc je vais partir de son hypothèse pour vraie, pour poursuivre mon raisonnement.    
Il reste une possibilité aux individus pour se distinguer, c’est de critiquer ce qui fonctionne ou ce qu’ils n’aiment pas, de remettre en cause les fondements du monde contemporain, ainsi ces personnes auront l’impression d’exister, de donner un sens à leur vie. Quoi de plus gratifiant pour l’égo que de prétendre sauver le monde d’un destin fatidique si on laisse trop de libertés à des hommes irresponsables. 
 

Mais ce n’est pas fini, si je critique la nature humaine pour sa violence et son égoïsme je me positionne comme un esprit supérieur. Je vais pouvoir inverser la logique : l’homme est mauvais sauf moi, grâce à ma pensée et ma raison je suis bon. Ce raisonnement individuel extrêmement facile et confortable, s’il est partagé par la majorité, évolue en morale dominante. Cela devient un « surmoi », une conception de la perception du bien et du mal ancrée dans notre psychisme. Même si pour un honnête homme il ne le ressent pas comme une morale arbitraire, la confusion est faite, et est suffisante pour stigmatiser tout ce qu’il ne comprend pas ou qui le choque. (Ici la simple vue du vainqueur excite la haine.) Pour l’intellectuel fixé dans cette posture, Il restera toujours une objection possible de donneur de leçon de morale, mais cette riposte, peut facilement se contourner par la rhétorique et le sophisme pour surmonter l’obstacle. (« Quel étalage de grands mots et de façons, quel art de la calomnie « honnête » ! Ces malvenus : quelle noble éloquence coule de leurs lèvres ») (On admire notamment l’habileté du faux monnayeur avec laquelle est imitée ici la frappe de la vertu.). Pour Nietzsche les défenseurs de la morale sont les véritables nihilistes, ils détestent la vie.

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