dimanche 24 novembre 2019

Sujet du Merc. 27/11/2019 : Comment vivre sa mort

Comment vivre sa mort

Et si la mort n’existait pas ?

En citant Epicure : « la mort n’est rien pour nous : quand nous sommes, la mort n’est pas là et quand la mort est là, c’est nous qui ne sommes plus » ; en passant par Montaigne : « nous troublons la vie par le souci de la mort. C’est une perfection absolue et pour ainsi dire divine que de savoir jouir de son être. Qui a appris à mourir, a désappris à être un esclave. » Et jusqu’à Spinoza : « l’homme libre ne pense à rien moins que la mort et sa sagesse est une méditation non de la mort mais de la vie. »

   L’éternité est dans l’instant, le présent qui lui n’est pas immortel.   Plus nous comprenons  la vie et plus nous nous comprenons nous-mêmes et plus nous vivons dans un espace d’éternité.  Alors la vie devient une aventure extraordinaire et la mort n’existe plus.

De mutation, en mutation : des vertébrés aux invertébrés, des bactéries aux algues, des poissons puis aux oiseaux puis aux mammifères. Quand je dis que la mort n’existe pas ce n’est ni une bêtise ni une théorie c’est la raison et la réalité.

Parce que je vis avec Épicure, Montaigne et Spinoza ; mais aussi avec Beethoven, Mozart et les Beatles ; mais aussi avec les chansons de Brel,  de Barbara  ou de Brassens mais encore avec les cathédrales et les pyramides et les myosotis qui renaissent chaque année et les arbres centenaires ; mais encore avec les 1000 dessins de la grotte Chauvet, mais aussi avec ma mère avec mes ancêtres et d’autres amis et amours que j‘avais de si prés tenus.

Comme le dit Edgar Morin : « c’est Spinoza le plus grand de tous qui a rejeté le dieu créateur du monde pour la nature créatrice. » Oui, nous sommes avant tout dans la vie et cette vie continuera avec ou sans nous. Le dérèglement climatique qui nous inquiète tant ne concerne en rien le cosmos quand nous constatons l’infime infinitésimal que nous représentons. Il faut arriver à admettre que nous ne sommes pas éternel . 

Le problème que pose la mort c’est celle qui advient par une guerre, un attentat ou un crime; et nous pourrions aussi réfléchir à celles qui sont provoquées par l’alimentation ou la mal nutrition, par les pesticides, par les vaccins ou l’absence de vaccins, par les industries mais sachons et avouons que toutes ces morts sont provoquées par l’homme et son comportement. Je préfère vous dire les premiers mots d’Ovide dans « les métamorphoses » : « laissez-moi vous chanter comment les humains se transforment en d’autres créatures ». 

Michel Onfray  nous démontre que la mort est décomposition de ce qui fût composé et rien d’autre. Nous sommes un amas d’atomes. Les atomes sont immortels parce que systémiques.
Mais on ne peut pas nier, chez les  humains la peur de la mort qui peut dégénérer en angoisse. D’abord la mort quant elle advient dans la famille, surtout si elle atteint un plus jeune ou un enfant elle est vécue comme une profonde injustice et cause un immense chagrin .

La mort devient douleur pour le vivant   même s’il croit au paradis ! Il n’est jamais évident d’assumer qu’on cesse d’être et que c’est un point final à nos objectifs et nos projets. On peut avoir peur de se perdre dans le néant alors comme l’enseigne Freud face à notre impuissance la peur peut se transformer en angoisse et entraîner névroses et même psychose.

Je me rappelle le comportement de ma belle-sœur qui a la mort de sa mère est devenue muette et on ne l’a plus entendue parler jusqu’à son décès. Elle a vécu encore une dizaine d’année dans une tristesse absolue.

Michel Onfray  préfère nous citer  Catulle (contemporain d’Ovide, de Cicéron, de César) qui nous dit que la mort est un grand sommeil : alors si la mort n’est qu’un sommeil pourquoi pleurer, pourquoi avoir peur, au contraire elle nous permet de quitter toutes nos souffrances, nos inquiétudes, oublier ce monde si imparfait et si difficile.  Comme nous le conseille Spinoza la seule chose que nous pouvons faire c’est cultiver la joie de vivre.

 Et voilà le poème que nous offre Catulle  60 ans avant notre ère :

« Vivons, aimons-nous et tous les grondements des vieillards sévères n’en donnons pas un sou. Les soleils  peuvent mourir et revenir : nous une fois qu’est morte la lumière brève, il nous faut dormir une même nuit éternelle. Donne-moi 1000 baisers, puis cent puis mille encore, puis cent de nouveau puis encore mille autres, puis cent… »  .

Vivre dans la joie : un sage doit s’occuper du bonheur. On peut toujours trouver du bon dans les épreuves les plus sombres et les plus difficiles.
Revenons encore et terminons avec Platon et Montaigne : « philosopher est apprendre à mourir »  donc apprendre à vivre.

Nous devons alors raisonner sur nous-mêmes, sur nos pratiques, réfléchir sur nos désirs et les mettre en action, tenter de se connaître et s’accepter avec nos limites et nos compétences, savoir se remettre en question et peut-être avoir la prétention d’apporter à l’humanité le meilleur de nous en s’appuyant sur notre responsabilité et notre engagement.

 Alors nous pourrons penser que la mort n’est qu’un passage comme la vie d’un myosotis ou d’un papillon qui n’ont comme objectif que de continuer la vie.

Repenser aux premières phrases des métamorphoses d’Ovide quand il nous dit  « comment les humains se transforment en d’autres créatures ».  Aussi restons plus modestes et devenons plus raisonnables pour ne pas dire sérieux. La philosophie n’est pas  unique pour répondre à notre questionnement sur la mort.

Il faut s’informer sur les recherches de la biologie, de la biochimie donc de la biodiversité.
Et  mourir paisiblement si notre corps le permet et laisser place à la vie !

J’avais écrit un poème dans ma jeunesse : « et mourir que la vie est un rêve… ». J’avais trouvé bien plus tard un poème de Calderon de la Barca : « la vida es sueno y los suenos, suenos son »(la vie est rêve et les rêves, rêves sont)


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