lundi 4 janvier 2016

Sujet du Mercredi 06/01/2016 :« Le pire ennemi du peuple, c'est son gouvernement » St Just



« Le pire ennemi du peuple, c'est son gouvernement » St Just

Si sa jeunesse et sa fougue ne l’avait pas entraîné dans de sordides exécutions politiques, Louis Antoine de Saint-Just aurait pu être considéré comme un père fondateur de l’éducation Nationale… dans la lignée de Louis-Joseph Charlier. Ses idées sur l’apprentissage n’étaient pas celles que Jules Ferry imposa au peuple dans un souci de normalité et d’uniformité. 

Saint-Just était soucieux d’un regard démocratique, même (surtout) de l’éducateur vis-à-vis de l’enfant.
Mais la société se veut hiérarchisée, pour le bien du peuple, à ce qu’en disent les tyrans.
Saint-Just, fut guillotiné à 26 ans pour avoir surtout pensé avec Gracchus Babeuf qu’il était de bon ton d’utiliser l’argent de l’État afin de nourrir le peuple qui avait faim…
Mort à 26 ans, et cependant déjà de sa courte vie, beaucoup de réflexions philosophiques seraient à étudier… comme cette citation étonnante : « Le bonheur est une idée neuve en Europe », même si trop peu de ses œuvres écrites subsistent.
Sur l’échafaud, il aurait dit aussi « Peuple, ton pire ennemi, ce sont tes dirigeants ! ».
Oui, selon ses propos, « nul ne peut régner innocemment » !
Saint-Just s’intéressait à la philosophie grecque et fut aussi fortement influencé par Montesquieu et Rousseau. Sa soif d’égalité était intimement liée à la démocratie, non à l’illusion que la Révolution Française pouvait en donner, toujours soucieuse d’une oligarchie.

La France est-elle une démocratie ?
1. Dans une démocratie le peuple est souverain et gouverne dans l’intérêt général.
2. La constitution de la cinquième République transfère le pouvoir du peuple à des représentants.
3. L’intérêt général n’est pas défendu par les représentants.
4.  La constitution ne prévoit pour le peuple aucun moyen légal de contester l’action de ses représentants
5. On doit donc logiquement renoncer au mot “démocratie” pour décrire le régime français.

Saint-Just a échoué dans sa quête, mais « au moins, on aura fait quelque chose », dit-il en désignant Les droits de l'homme et du citoyen, peu avant de mourir.
Pour Saint-Just, « la révolution est glacée, tous les principes sont affaiblis, il ne reste que des bonnets rouges portés par l'intrigue. L’exercice de la terreur a blasé le crime comme les liqueurs fortes blasent le palais ».
« La tragédie, aujourd'hui, c'est la politique... » et ne voulant être d’aucun parti, pour éviter la désunion qui sépare le peuple en lui faisant croire en des idéologies différentes, qui se rejoignent finalement pour mieux l’asservir, il s’est voulu au dessus du système : « Je ne suis d'aucune faction, je les combattrai toutes ».
Peut-être est-ce là la faiblesse de Saint-Just ?
Il est entré dans le combat, au lieu de poursuivre une quête éducative !
La guerre n’apporte jamais la paix… et « combattre est toujours une défaite » nous rappelle un maître du Karaté.
Saint-Just aurait été davantage productif en continuant à inciter le peuple à apprendre par lui même.
La liberté était cependant sa raison d’être, avec ses contradictions, lorsqu’on lui attribut ces propos : « pas de liberté aux ennemis de la liberté » mais on retrouve son souci d’équité, de respect et de considération, même pour la gente féminine, regard évolutif, qu’il ne verra pas en œuvre de son vivant : « Chez les peuples vraiment libres les femmes sont libres et adorées ».
Le gouvernement, pour Saint-Just, c’est le berger qui garde le troupeau, qui le protège certainement des loups… mais qui tôt ou tard, le mènera à la mort !

Nous sommes tous les prisonniers d’un système fort complexe que Georg W. Friedrich HEGEL a tenté d’expliquer dans La Phénoménologie de l'Esprit, avec la dialectique du Maître et de l'Esclave.
Un peu moins de cent ans après la mort de Saint-Just, le Léopard du Panthéon placardait sur les murs de Paris ces propos lapidaires :
« Peuple de France, ne vote pas pour un gouvernement » !
Le Léopard du Panthéon, groupe de penseurs anarchistes éveillés semble-t-il, dès les années 1860, qui tentait de donner au peuple l’énergie, la volonté et l’audace de vivre libre… Après une suite de rois, de révolutions, de coups d’État, de présidents et d’empereurs… n’est-il pas temps ?
Le XIXème siècle est le siècle de tous les massacres, où le peuple s’inscrit vraiment dans la douloureuse vision des « Misérables » de Victor HUGO, même si Adolph THIERS, celui dont Georges CLEMENCEAU dira, « THIERS, le type même du bourgeois cruel et borné qui s’enfonce sans broncher dans le sang », revisitera l’histoire de France avec des certitudes d’une époque de progrès et d’unification autour de la patrie, qui sont toujours les grandes vérités enseignées !
Malgré tant de lois scélérates, en placardant comme savait le faire Jonathan SWIFT des incitations à se réveiller, le Léopard du Panthéon ne mentait pas lorsqu’il disait : 

« Ne votez pas, car voter c’est se soumettre,
c’est désigner soi-même son maître ;
c’est dire : je suis une bête incapable de me conduire »…

Octave Mirbeau est dans la même idée avec « La grève des électeurs » :

« Il a voté hier, il votera demain, il votera toujours. Les moutons vont à l'abattoir. Ils ne se disent rien, eux, et ils n'espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l'électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des Révolutions pour conquérir ce droit ». 

Peut-être que le peuple aime son pire ennemi, tant qu’il lui donne du pain et des jeux ?

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