dimanche 29 juin 2014

Sujet du Merc. 02/07/2014 : " La croyance que rien ne change provient soit d'une mauvaise vue, soit d'une mauvaise foi." Nietzsche

" La croyance que rien ne change provient soit d'une mauvaise vue, soit d'une mauvaise foi. La première se corrige, la seconde se combat."      Nietzsche

 

Question : les choses changent-elles ou pas ?  Réponse : tout change, se transforme, continuellement. L'analyse des faits quotidiens, l'évolution des sciences ont définitivement détruit les anciennes certitudes. Les végétaux, les animaux naissent, évoluent et disparaissent et il en est ainsi depuis des millions d'années. Paléontologie et géologie viennent compléter les découvertes de la biologie. Les océans et leurs sédiments sont le creuset des montagnes à venir …
La nature implique le changement, l'enchaînement de processus. Et dans tout cela l'homme, lui, serait à part ?
D'aucun nous disent que "l'homme est un loup pour l'homme", qu'il y a des forts et des faibles ( corollaire souvent non explicité : les faibles: tant pis pour eux !). Qu'il y a des riches et des pauvres et que seul notre égoïsme en est responsable. Aux vieilles catégories des anciennes religions se sont substituées peu à peu des "valeurs" modernes. Et même la philosophie est devenue la servante de ces nouvelles idéologies de la "fin de l'histoire", de l'acceptation "du meilleur des mondes". De critique, elle est parfois devenue consolation, excuse, justification …

Quelle est donc la place de l'homme dans son contexte ? Serait-il sur-naturel ? Prétendrait-il échapper aux lois de l'évolution ?
L'homme a le langage, et la conscience. Il se sait mortel. C'est un être pour lequel le temps "compte". Peut être est-ce ce qui le rend  plus fragile et/ou présomptueux. Tout change autour de lui et lui-même est rivé à la chaîne de son "destin", persuadé de sa "nature humaine", il se fabrique ainsi une sorte de certitude. Il est cerné par sa mortalité matérielle et un "ordre des choses" immanent et transcendant. Les hommes sont ainsi et rien ne les changera.
Il est temps de revenir à Nietzsche. D'après lui, soit nous aurions une mauvaise vue, soit une mauvaise foi de considérer que rien ne change.
La mauvaise vue nous dit Nietzsche "se corrige". Encore faut-il vouloir et … pouvoir. Vouloir, pose-t-il un problème ? On connaît des cas de personnes qui refusent de se soigner, qui refusent de savoir, mais refuse-t-on vraiment de voir les choses en face ou bien sommes nous hypocrites ? Revendiquer la maladie parce que le sirop a mauvais goût est quelque peu puéril ! Quand à pouvoir se corriger, nous le pouvons tous. Nous disposons tous (j’insiste sur le NOUS ), si nous unissons nos efforts, de la capacité de soulever le monde. Le point d'appui est notre volonté, la masse nécessaire à cet effort pourrait être, par exemple, la somme de ces mêmes volontés assemblées.
Mais écoutons Nietzsche, car notre quête est pleine d'embûches. " La croyance que rien ne change provient ….. D’une mauvaise foi". Nous pouvons aussi, en effet, continuer à nous mentir à nous-mêmes, nous rassurer, faire des signes de croix pour conjurer la maladie. Mais au bout du compte c'est la maladie qui l'emportera et cette "foi", cette mauvaise foi, n'aura été qu'un "emplâtre sur une jambe de bois". Certains en font leur métier. Des charlatans de tous horizons disent aux hommes qu'ils sont malades, même s'ils n'en sont pas conscients. Que tous nos maux viennent de notre prétendue exceptionnalité d'êtres pensants et sociaux.
Et si l'homme n'était pas si exceptionnel que ça ? Et si par vanité et intérêt, quelques petits malins avaient inventé un moyen d'arracher l'homme à la nature ? "Voyons, tu n'es pas un caillou, une plante, un chien …."  susurrent nos théologiens modernes, comme les anciens. Sauf que les anciens avaient "l'excuse" de l'ignorance.

Il faudra donc, peut être, devenir modestes. A nouveau nous percevoir comme une parcelle de cette nature dont nous faisons partie intégrante. Et nous dire, en admirant un coucher de soleil ou la brève vie d'une rose, qu'il est particulièrement réconfortant de savoir que des milliers de couchers de soleil et des millions de roses attendent l'avenir. Somme toute, tout change et c'est une chance pour ceux qui nous ont précédé et ceux qui viendront après nous.
La croyance que rien ne change nous dit Nietzsche doit être corrigée. La philosophie n'en serait elle pas le remède le plus sûr ? Mais si elle provient d'une mauvaise foi continue-t-il, elle doit être combattue. Pourquoi ? :

" Simplement le goût de l'existence à critiquer, la dure joie des vérités à desceller et la nécessité impérieuse du monde à repeindre. Si vous ne
pouvez être des saints de la connaissance, soyez-en au moins les guerriers." F. Nietzsche, fragments inédits.

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