" La croyance que rien ne change provient soit d'une mauvaise vue, soit d'une mauvaise foi. La première se corrige, la seconde se combat." Nietzsche
Question : les choses changent-elles ou pas ? Réponse : tout change, se transforme,
continuellement. L'analyse des faits quotidiens, l'évolution des sciences ont
définitivement détruit les anciennes certitudes. Les végétaux, les animaux naissent, évoluent et disparaissent et il en
est ainsi depuis des millions d'années. Paléontologie et géologie viennent
compléter les découvertes de la biologie. Les océans et leurs sédiments sont le
creuset des montagnes à venir …
La nature implique le changement,
l'enchaînement de processus. Et dans tout cela l'homme, lui, serait à part ?
D'aucun nous disent que
"l'homme est un loup pour l'homme", qu'il y a des forts et des
faibles ( corollaire souvent non explicité : les faibles: tant pis pour eux !).
Qu'il y a des riches et des pauvres et que seul notre égoïsme en est
responsable. Aux vieilles catégories des anciennes religions se sont
substituées peu à peu des "valeurs" modernes. Et même la philosophie est devenue la servante de ces nouvelles
idéologies de la "fin de l'histoire", de l'acceptation "du
meilleur des mondes". De critique, elle est parfois devenue consolation,
excuse, justification …
Quelle est donc la place de l'homme dans son contexte ? Serait-il
sur-naturel ? Prétendrait-il échapper aux lois de l'évolution ?
L'homme a le langage, et la
conscience. Il se sait mortel. C'est un être pour lequel le temps
"compte". Peut être est-ce ce qui le rend plus fragile et/ou présomptueux. Tout change
autour de lui et lui-même est rivé à la chaîne de son "destin",
persuadé de sa "nature humaine", il se fabrique ainsi une sorte de
certitude. Il est cerné par sa mortalité matérielle et un "ordre des
choses" immanent et transcendant. Les hommes sont ainsi et rien ne les
changera.
Il est temps de revenir à
Nietzsche. D'après lui, soit nous aurions une mauvaise vue, soit une mauvaise
foi de considérer que rien ne change.
La mauvaise vue nous dit
Nietzsche "se corrige". Encore faut-il vouloir et … pouvoir. Vouloir,
pose-t-il un problème ? On connaît des cas de personnes qui refusent de se
soigner, qui refusent de savoir, mais refuse-t-on vraiment de voir les choses
en face ou bien sommes nous hypocrites ? Revendiquer la maladie parce que le
sirop a mauvais goût est quelque peu puéril ! Quand à pouvoir se corriger, nous
le pouvons tous. Nous disposons tous (j’insiste sur le NOUS ), si nous unissons
nos efforts, de la capacité de soulever le monde. Le point d'appui est notre
volonté, la masse nécessaire à cet effort pourrait être, par exemple, la somme
de ces mêmes volontés assemblées.
Mais écoutons Nietzsche, car
notre quête est pleine d'embûches. " La croyance que rien ne change
provient ….. D’une mauvaise foi". Nous pouvons aussi, en effet, continuer
à nous mentir à nous-mêmes, nous rassurer, faire des signes de croix pour
conjurer la maladie. Mais au bout du compte c'est la maladie qui l'emportera et
cette "foi", cette mauvaise foi, n'aura été qu'un "emplâtre sur
une jambe de bois". Certains en font leur métier. Des charlatans de tous
horizons disent aux hommes qu'ils sont malades, même s'ils n'en sont pas
conscients. Que tous nos maux viennent de notre prétendue exceptionnalité
d'êtres pensants et sociaux.
Et si l'homme n'était pas si exceptionnel que ça ? Et si par vanité
et intérêt, quelques petits malins avaient inventé un moyen d'arracher l'homme
à la nature ? "Voyons, tu n'es pas un caillou, une plante, un chien
…." susurrent nos théologiens
modernes, comme les anciens. Sauf que les anciens avaient "l'excuse"
de l'ignorance.
Il faudra donc, peut être,
devenir modestes. A nouveau nous percevoir comme une parcelle de cette nature
dont nous faisons partie intégrante. Et nous dire, en admirant un coucher de
soleil ou la brève vie d'une rose, qu'il est particulièrement réconfortant de
savoir que des milliers de couchers de soleil et des millions de roses
attendent l'avenir. Somme toute, tout change et c'est une chance pour ceux qui
nous ont précédé et ceux qui viendront après nous.
La croyance que rien ne change
nous dit Nietzsche doit être corrigée. La philosophie
n'en serait elle pas le remède le plus sûr ? Mais si elle provient d'une
mauvaise foi continue-t-il, elle doit être combattue. Pourquoi ? :
" Simplement le goût de l'existence à critiquer, la dure joie des vérités à desceller et la nécessité impérieuse du monde à repeindre. Si vous ne
pouvez être des saints de la connaissance, soyez-en au moins les
guerriers." F. Nietzsche,
fragments inédits.
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