Ni dieu, ni maître : sans foi, ni
loi ?
C’est
au début du 19Ième siècle que le slogan « ni dieu ni
maître » vit le jour. L’évolution des idées politiques dans le peuple et
la classe ouvrière de l’époque a laissé à penser que les sociétés à venir ne
pouvaient se concevoir que sans dieux ni maitres.
Il
s’agit d’une évolution majeure de la pensée politique dans la mesure ou
l’histoire des hommes avaient été gravée jusque là par l’omniprésence des
pouvoirs cléricaux d’une part et d’institutions soit ouvertement représentées
par un seul homme (le roi, le prince) ; ou des représentants, élus ou pas,
de certains éléments de la société.
Aussi
rejeter du même coup toute représentation divine (ou croyance religieuse) et
toute autorité autre que démocratique (au sens strict) était à proprement
parler révolutionnaire.
Cela
ne pouvait qu’attiser la haine de tous les opposants qui virent dans ce slogan
la décomposition de tout ordre social : l’anarchie (absence de
gouvernement).
Depuis
ce sont tous les utopistes, rêveurs, communistes ….. qui, tout en vrac se font
taxer « d’anarchistes ». Mot valise qui permet de s’affranchir de
toutes analyses. Tous ceux là ce sont des gens qui veulent casser, détruire,
n’ont aucun projet.
Si
l’histoire de l’humanité nous montre un constant détachement des « vérités
révélées » imaginées par les
inventeurs des dieux (progression de l’athéisme et de la mentalité laïque). Si
l’humanité nous montre des pouvoirs politiques (régimes) évoluant graduellement
vers des systèmes tendant vers des représentations de plus en plus ouvertes
(sans toutefois céder le pouvoir au peuple !). Nous sommes,
toutefois, encore loin de la réalisation
du fameux « ni dieu, ni maître ».
Mais,
au demeurant la chose est elle bien formulée ? Dieu étant une abstraction
pure il serait bien difficile d’en chasser l’idée de la tête des hommes. Quant
aux maîtres autrefois facilement identifiables, ils sont maintenant
« partout et nulle part », à l’image de ce Big Brother qui
façonnerait nos habitudes et nos modes de vie.
L’idée
de « foi » est elle synonyme de croyance en un dieu ? Ce serait
denier aux non croyants la possibilité de vivre avec une certaine morale ou une
éthique. Sur le plan politique, dans lequel s’inscrit le « ni dieu, ni
maître » bon nombre de militants, de révolutionnaires, d’utopistes,
partagent un idéal (sans cela être idéalistes au sens philosophique du
terme !). Idéal de justice, de liberté, d’égalité, etc …. Il faut bien
avoir une sorte de foi dans l’homme et être porteur d’un idéal si on veut
envisager un avenir commun.
Quant
aux maîtres, on peut là aussi faire des distinctions nettes fondées sur
l’utilité générale. Ne peut-on envisager des postes dans la société, et même
une hiérarchie qui n’entraineraient pas la soumission des hommes à d’autres
hommes.
Lorsque
je prends l’avion, il ne me vient pas à l’idée de me révolter contre le pilote
dont pourtant je suis entièrement tributaire. N’est-il pas imaginable de
concevoir une société, un lieu de vivre-ensemble, dans lequel seule l’utilité
commune et réciproque serait la règle. Dans lequel nul enclos (comme dit
Rousseau) ne viendrait borner l’usage des richesses naturelles par tous en
interdisant l’accaparement pour quelques uns ?
Des
lois simples, donc, et de bons sens,
faciles à mettre en pratique car soumise à une démocratie directe et immédiate
(les outils modernes du style d’internet permettant dans ce sens beaucoup de
choses).
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