dimanche 12 janvier 2014

Sujet du Mercredi 15/01 : l'amitié vaut elle mieux que l'amour ?



              L’AMITIÉ VAUT-ELLE MIEUX QUE L’AMOUR ?

Il n’est pas aisé de tracer une ligne de démarcation entre l’amitié et l’amour. Ce n’est là qu’une difficulté du sujet parmi beaucoup d’autres. Mais l’on peut cependant trouver quelque intérêt à tenter malgré tout un effort d’analyse. L’amitié est une valeur tellement reconnue, tellement admise tout au long de l’histoire des hommes et des femmes qu’il n’est en effet guère nécessaire d’en faire l’éloge, ni même de démontrer qu’elle en est une. Mais quel est le contenu de cette valeur ? L’amitié est assez généralement vécue comme un lieu non passionnel, dépourvu d’ambiguïté parce que non sexualisé, contrairement aux rapports amoureux. En apparence la relation amicale serait libre et volontaire. On choisit ses amis et le lien ainsi créé, apparaitrait alors comme l’effet de ce choix, ceci en connaissance de cause !
 
Quand n’est-il de l’amour considéré comme le plus grand des sentiments ? Trop souvent ne nous amène-t-il pas à nous surpasser ou à la dépression ? Ceci dit quand il se présente, il est souvent le révélateur de l’individu qui sommeillait jusqu’alors en nous. Savons-nous vraiment ce qu’est l’amour ? Serait-il d’abord tourné vers soi pour répondre à la peur du manque ? Mais au fait de quel amour parle-t-on et pour quel objet ? On le dit multiple, on peut aimer l’argent ou le pouvoir mais aussi ses amis, cet homme ou cette femme dont on est amoureux mais aussi ses enfants, ses parents voir n’importe qui : celui qui est là ou pas, celui qu’on appelle son prochain. On peut aussi aimer Dieu, si l’on y croit. Et aussi s’aimer soi si l’on croit un peu en soi, c’est l’amour propre ou amour de soi disent certains, consistant en un respect de soi-même comme un être digne d’être aimé et d’aimer car peut-on aimer l’autre si l’on ne s’aime pas soi-même ?
L’unicité du mot amour pour autant d’objets différents peut être souvent source de confusions, d’autant que le désir s’en mêle presque toujours et c’est alors l’équivoque du mot amour qui occupe le terrain de notre quotidien. Ne nous racontons pas d’histoires, s’il vous plait, pour faire semblant d’aimer autre chose que nous-mêmes. Et que dire de l’amour de la Vérité ? En sommes nous capables. 

Bref il faudrait des mots différents pour des amours différents : tendresse, amitié, passion, attachement, sympathie, adoration, charité, concupiscence.
Tout cela reste cependant bien embarrassant pour exprimer avec objectivité ce que nous pouvons ressentir à un instant donné ! Embarras que n’avaient pas les philosophes grecs et leurs contemporains qui plus synthétiques ou plus simplement lucides se servaient principalement de trois mots : éros, philia et agapè. Eros c’est le manque, la passion amoureuse souvent éphémère. Comment ne pas aimer ce qui nous manque ? Philia traduisait ordinairement l’amitié, cette bienveillance joyeuse, ce souci de l’autre ‘parce que c’était lui et parce que c’était moi’ disait Montaigne parlant de son ami La Boetie. Agapè enfin évoque l’amour du prochain, de celui qui ne nous manque ni ne nous fait du bien. Au-delà de la charité ne s’agirait-il pas plutôt de redonner aux hommes l’ambition d’une amitié universelle libérée de l’égoïsme. L’amour pourrait-il avoir une dimension éthique bien moins individuelle qu’il n’y parait ? 

Si les philosophes ont été très prolifiques au sujet de l’amitié et de l’amour, il en est de même pour les artistes, peintres, auteurs, romanciers. Nombreuses sont les œuvres qui nous sont données à découvrir, à questionner. Mais encore, les scientifiques ont étudié ce phénomène étrange qu’est l’amour,  qui nous pousse parfois aux extrêmes. Les chercheurs ont étudié les réactions cérébrales durant l’état amoureux, les psychologues aussi se sont mêlés d’étudier l’amour enfin les sociologues ont mis en avant l’importance du contexte socioculturel dans les liens entre amis et entre amants.

L’amitié vaut-elle mieux que l’amour ?

Pour autant, qu’on ne se dépêche pas trop, entre les trois mots éros, philia, agapé de choisir, de vouloir choisir, s’il faut les questionner une nouvelle fois, c’est pour peut être mieux comprendre qu’ils sont tous les trois liés, tous les trois inscrits dans un même processus, celui de mieux vivre sinon de survivre.

Schopenhauer n’a-t-il pas écrit « que l’amour est un piège tendu à l’individu  pour perpétuer l’espèce ».

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