La
place des médias dans notre société.
Commençons par un extrait de l'excellent film "Les nouveaux chiens de garde"
C’est en 2006 que naissait un journal sans pub financé par ses lecteurs : Le Plan B. Il entend combattre (et détruire) le « Parti de la Presse et de l’Argent (PPA) »5. Le Plan B « informe sur l'information, son fonctionnement, ses dévoiements, ses cadors. Il n'épargne ni les artistes tirelire, ni les intellectuels à gages, ni les chefs narcissiques de la contestation »
« Il n'est lié à aucune organisation politique et s'oppose à la fois aux patrons qui plastronnent, à la droite qui les engraisse, à la gauche qui les courtise ». . Issus d'un travail collectif, les articles du Plan B ne sont pas signés.
Commençons par un extrait de l'excellent film "Les nouveaux chiens de garde"
C’est en 2006 que naissait un journal sans pub financé par ses lecteurs : Le Plan B. Il entend combattre (et détruire) le « Parti de la Presse et de l’Argent (PPA) »5. Le Plan B « informe sur l'information, son fonctionnement, ses dévoiements, ses cadors. Il n'épargne ni les artistes tirelire, ni les intellectuels à gages, ni les chefs narcissiques de la contestation »
« Il n'est lié à aucune organisation politique et s'oppose à la fois aux patrons qui plastronnent, à la droite qui les engraisse, à la gauche qui les courtise ». . Issus d'un travail collectif, les articles du Plan B ne sont pas signés.
En 2010, dans le silence général des médias, Le Plan B
cessait sa parution. Il faut dire que
lorsque des journalistes osent parler de l’intérieur des médias, sur les
médias, contre l’emprise du politique et de la finance sur les médias –
démocratiquement parlant – ils doivent ….. s’effacer. Le texte suivant, donne
leur ton, insupportable, on le constatera tout de suite, mais qui révèle … la
place des médias dans notre société….
Terrorisme et pains au chocolat
« Le Plan B : jeudi 25 juin 2009 :
Des victimes, un coupable, du suspens : les « séquestrations » de patrons ont enchanté les médias. On en recense moins d’une douzaine ? Aucune importance. Leur mise en scène permet de cacher la violence économique ordinaire derrière un faux débat sur la violence ouvrière.
Des victimes, un coupable, du suspens : les « séquestrations » de patrons ont enchanté les médias. On en recense moins d’une douzaine ? Aucune importance. Leur mise en scène permet de cacher la violence économique ordinaire derrière un faux débat sur la violence ouvrière.
Le
31 mars, le Parti de la presse et de l’argent (PPA) déplorait un nouveau cas de
« séquestration ». Après les dirigeants de Sony, 3M Santé et FCI,
premiers martyrs de la « radicalisation des luttes », c’était au tour
de François-Henri Pinault, PDG du groupe Pinault-Printemps-Redoute (PPR), de se
faire chahuter par son personnel, qu’il venait de gratifier d’un plan
d’économies de 1 200 licenciements. La troisième fortune de France est retenue
une heure dans son taxi sur un parking du XVe arrondissement de Paris, pendant
que ses employés scandent « Pinault, sale escroc, la crise elle a bon
dos ». Non loin de là, son attaché de presse, Bernard-Henri Lévy, affûte
déjà son plumeau pour faire barrage à la « chasse aux patrons ».
Septembre noir à Grenoble
« Il n’y a qu’un pas entre les séquestrations
sages d’aujourd’hui […] et le passage à la “vraie” violence, braille
l’hyper-philosophe dans Le Point,
propriété de Pinault. Puissent-ils [ceux qui refusent de condamner
les séquestrations] méditer l’aventure d’une génération qui […] sut
comprendre – juste à temps – l’irrésistible enchaînement qui mène de la
“compréhension” pour les formes sauvages de la colère sociale à la célébration,
étape par étape, de la délation, de la terreur dans les mots et, un jour, à
Munich, du passage à l’acte et au sang » (Le Point, 16.4.09).
Une allusion à la prise d’otages perpétrée à Munich en septembre 1972 par le
groupe palestinien Septembre noir, qui s’était soldée par la mort de 11
athlètes israéliens. Les salariés qui bousculent leurs patrons ont-ils
conscience de l’héritage atroce qu’ils perpétuent ?
Le Plan B a voulu interpeller à ce sujet Alexis
Mazza, délégué CGT de Caterpillar à Grenoble. Au soir du 31 mars, après
l’annonce de la suppression de 733 emplois, les ouvriers de l’usine ont invité
quatre de leurs dirigeants (dont le patron de Caterpillar-France) à dormir dans
leur bureau afin que la nuit leur porte conseil, avant de les relâcher au matin
avec des pains au chocolat. Nous interceptons Alexis Mazza dans l’enceinte de
la Maison de la culture, où il espère une entrevue avec son patron confédéral,
Bernard Thibault. Lequel préférera annuler sa visite, sans doute accaparé par
les commandes de merguez pour sa prochaine « journée d’action »
bimestrielle . La comparaison béachélienne avec Munich arrache à Mazza un
soupir de lassitude. « Ces gens-là ont-ils connaissance du monde du
travail ? Est-ce qu’ils savent que, tout au long de l’année, la plupart
de nos directeurs des ressources humaines harcèlent moralement et même
sexuellement certains de leurs salariés ? Connaissent-ils les risques
psycho-sociaux qui existent dans les entreprises ? Il y a des salariés
qui ont failli se suicider à cause de ces dirigeants qu’on a légèrement
retenus. Cette violence-là, est-ce que les philosophes en
parlent ? »
Journaliste
aux Échos, Gabrielle Serraz a examiné de près la « violence
inédite du conflit Caterpillar ». Ses révélations font froid dans le
dos : « […] sur fond de musique rap, d’insultes, de crachats, de
vexations », une bande de « “gros bras” devenus
incontrôlables » ont « paralysé les négociations » et
terrorisé les délégués syndicaux plus conciliants envers la direction, qui
auraient « même demandé à être protégés jour et nuit par des gardes du
corps ». Ces lumpen-grévistes, « issus pour la plupart des
programmes d’intégration sociale, récemment sortis de prison pour certains, ont
pour seule stratégie l’augmentation de la “prime à la valise” »,
suffoque la journaliste (Les Échos, 26.5.09). Alexis Mazza se reconnaît
dans ce portrait. Ouvrier depuis treize ans à l’usine de Grenoble, il ne sort
pas de prison mais fait partie des 19 « gros bras » assignés
par le TGI de Grenoble pour – appellation piquante s’agissant d’une grève
déclenchée par 733 licenciements – « entrave à la liberté du
travail ». « Une grande première en France, note-t-il. J’ai
été dénoncé par des collègues, probablement des cadres, en raison de ma
réputation. Ça fait trois semaines que je n’ai pas touché de salaire et je ne
sais pas comment je vais pouvoir nourrir mes filles. » La journaliste
des Échos le concède : les « Cater » ont « réalisé
des prouesses en termes de productivité » et se sont pliés à maintes
reprises aux desiderata de la direction. Au point que les actionnaires ont vu
leurs dividendes tripler en cinq ans tandis que les bénéfices du groupe
crevaient le plafond (3,86 milliards d’euros en 2008), un détail que Gabrielle
Serraz omet de signaler dans son « reportage ». Il est vrai que les
rentiers qui pompent les profits de l’usine grenobloise n’écoutent pas
tellement de musique rap.
La
sauvagerie des ouvriers français ne passe pas non plus inaperçue de l’autre
côté de l’Atlantique. Le 23 mars, alors que le patron français de 3M Santé
ayant son siège dans le Minnesota, Luc Rousselet, déguste les croissants que
lui ont apportés ses employés après trente-six heures de rétention dans son
bureau, l’angoisse enfle dans les rédactions américaines. 3M Santé ayant son
siège dans le Minnesota, la grève déclenchée à Pithiviers pour s’opposer au licenciement
de 110 salariés n’est-elle pas assimilable à un acte de terrorisme contre les
États-Unis ? Sur le site d’informations ABC.com, un confrère installé à Paris témoigne : « Lorsque
des travailleurs sont mécontents dans la France révolutionnaire, les lois de la
République sont suspendues. […] Ils peuvent kidnapper ou faire tout ce qu’ils
veulent, la police n’interviendra pas parce qu’il est admis que les
travailleurs ont tous les droits. Cela explique pourquoi ils peuvent tout à
fait retenir quelqu’un en otage, alors que, dans n’importe quel autre endroit
du monde, cela serait considéré comme un acte terroriste » (ABC.com,
25.3.09).
Cet
observateur des réalités françaises n’est pas un inconnu du Plan B :
il s’agit du journaliste américain Ted
Stanger, essayiste à succès, chroniqueur sur RTL et pilier assidu des débats télévisés sur France 2. Qu’attend
Barack Obama pour inscrire la France sur la liste noire des États voyous qui
encouragent le terrorisme ? Le Plan B se dépêche d’interroger
l’expert. La dernière fois, il nous avait raccroché au nez . Cette
fois-ci, se méprenant sur notre identité, le « plus français des
Américains » (selon son éditeur, Michalon) accepte d’approfondir son
analyse. Oui, dit-il, « les séquestrations, c’est synonyme de
terrorisme. Or la politique de Washington consiste à boycotter les États voyous
qui pratiquent ce genre d’exercice ! [sic] Donc on voit un très vieil
allié qui pratique sur son sol le terrorisme. Ça inquiète
beaucoup ! »
L’Otan libère Pithiviers
Quand
on lui rappelle que 3M est la seule société américaine – avec Colgate et
Coca-Cola – à avoir augmenté ses dividendes aux actionnaires pour le premier
trimestre 2009, le chouchou d’Yves Calvi
s’étrangle : « C’est la naïveté économique des
Français ! On dit : une société qui fait des bénéfices n’a pas le
droit moral de licencier. Moi je réponds : ce n’est pas aux salariés de
gérer l’entreprise. Si vous voulez avoir une espèce de Yougoslavie où les
ouvriers prennent part aux décisions, d’accord ! Mais pour l’instant,
vous n’avez pas ça… » On lui suggère alors de se rendre à Grenoble ou
à Pithiviers pour expliquer aux ouvriers la meilleure attitude à adopter. « Bien
sûr que non, je serais lynché ! » se récrie Teddy dans un éclat
de rire. Puis il se met à hurler : « Il n’y a pas de débat en
France ! Les patrons qui travaillaient avec les Allemands sous Vichy, on
ne leur a pas encore pardonné ! C’est un tabou ! Les salariés ont
tous les droits ! » Le fait que des ouvriers jetables soient
parvenus à conquérir des indemnités moins dérisoires – 30 000 euros au moins
pour les licenciés de Pithiviers – que le pourboire initialement consenti fait
pâlir d’envie les clones français de Ted Stanger. « Quand l’usine ferme,
il semble que les acteurs engagés dans des conflits violents revendiquent
beaucoup moins un reclassement que des indemnités conséquentes. […] Ils se
sentent dos au mur et veulent de l’argent : solde de tout
compte ! » persifle l’éditorialiste Jean-Louis Gombeaud dans Nice-Matin (1.4.09). Plus
inquiétant encore, pour son collègue de L’Expansion :
« Si l’on tient à nos valeurs libérales, il faut être vigilant, à
l’heure où l’on peut lire, placardé sur nombre d’usines en grève, ce funeste
slogan : “Le capitalisme est malade, achevons-le !” »
(1.6.09). Et le PPA avec !
Paru
dans Le
Plan B n°19, juin-septembre 2009 »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
1 - Tout commentaire anonyme (sans mail valide) sera refusé.
2 - Avant éventuelle publication votre message devra être validé par un modérateur.