mardi 2 avril 2024

Sujet du Merc. 03 Avril 2024 : Notre société est-elle trop individualiste ?

 

Notre société est-elle trop individualiste ?


Notre société serait celui du règne de l’individualisme. Ainsi sont pointées du doigt la précarisation de nos liens et une prétendue fragmentation de la société. Mais quand est-il vraiment ?

L’individualisme serait souvent perçu comme le mal fondamental de notre monde occidental d’aujourd’hui. Mais qu’est-ce que l’on entend par ce mot ? Est-ce que cela signifie un pur renfermement sur soi ou bien l’individualisme vient-il révéler notre personnalité ? Si c’est le mal du siècle de quelle sorte de liens s’agit-il, liens communautaires, liens religieux, liens familiaux ou liens militants ?

En penseur du XIXe siècle, Tocqueville s’interroge sur l’affaiblissement des liens traditionnels dans le nouvel ordre social que représente la démocratie.

Pour lui, la démocratie favorise l’émergence d’un individu émancipé de ses attaches traditionnelles. Celui-ci se préoccupe avant tout de lui-même, de sa famille et amis proches au préjudice de la société dans son ensemble. Ce repli des individus sur la sphère privée et le désintérêt pour la chose publique qui en découle sont deux caractéristiques majeures de la démocratie.

 

Ainsi, l’individualisme est un sentiment spécifique aux systèmes démocratiques. Tocqueville définit l’individualisme comme le « sentiment qui dispose chaque citoyen à s’isoler de la masse de ses semblables et à se retirer à l’écart avec sa famille et ses amis ».

Pour Tocqueville, l’individualisme se développe d’autant plus que les conditions s’égalisent. Un tel constat l’amène à voir dans la démocratie un régime qui s’autodétruit de l’intérieur. La démocratie nourrit des idéaux qui sont les germes de sa propre destruction.

Pour autant, l’individualisme est un « sentiment réfléchi ». Tocqueville différencie égoïsme et individualisme. Le premier constitue un « sentiment dépravé », qui consiste en une passion exagérée de l’individu pour lui-même. L’individualisme est le résultat de l’égalisation des conditions, grâce à laquelle l’individu peut se suffire à lui-même ; en cela il est un « sentiment réfléchi ».

 

Mais placer l’individu au centre ne permet-il pas d’être plus attentif à nos droits, et donc à la réflexion politique qui en découle ?

 

En fait la perception de l’individualisme varie d’une personne à l’autre et d’une société à l’autre. Et il est difficile à vrai dire de sortir d’une subjectivité voire d’une sensiblerie mal placée

 

Une autre source de confusion, l’individualisme est bien souvent le moyen de dénoncer une vision de la société très négative comme une compétition acharnée. Or quand nous avons besoin du collectif, nous avons surtout besoin des autres individus qu’ils s’adressent à nous pour nous créer comme individu, et pour que nous existions.

 

L’individualisme n’est pas une guerre des uns contre les autres c’est le résultat des relations humaines les plus riches. Il peut encourager l’innovation, la créativité, l’autonomie individuelle et l’entreprenariat. Certains estiment que l’individualisme est inhérent à la nature humaine et qu’il est difficile, voire impossible de revenir à des modèles collectivistes plus traditionnels.

 

C’est une erreur, une nostalgie d’une époque qui n’a jamais existée de croire dans une société collective qui serait le bien absolu de l’humanité dans son ensemble. Nous dépendons des autres pour exister comme individu.

 

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