samedi 19 novembre 2016

Sujet du Merc. 23/11/2016 : QU'APPORTE L'ART ?

                                   QU'APPORTE L'ART ?

S'il est possible de mettre en perspective l'art, le mythe, la science, la philosophie et la métaphysique, qui inclut la théologie, c'est qu'on s'accorde pour penser qu'ils sont des formes d'appréhension du monde ayant une prétention commune au sens et à la vérité. L'être humain est si divers. La philosophie permet d'envisager l'apport de l'art comparé au sien, mais aussi son rapport aux autres modes d'appréhension du réel. Prenons néanmoins garde, voilà que ça démarre! 

Globalement, la philosophie distingue avec clarté les choses réelles les unes des autres mais – contrairement à la science qui est indifférente -- elle le fait en leur donnant sens pour les hommes. Si bien qu'elle se distingue aussi de l'art, du mythe et de la métaphysique en ce que les deux premiers s'épanouissent dans l'expressivité subjective, toute personnelle pour le premier mais commune à un groupe d'hommes pour le second. Tandis que la métaphysique raisonne avec une parfaite rigueur, bien que strictement à partir d'une hypothèse considérée d'emblée comme vérité absolue. Hum ! Relisons bien tout cela, pour ne pas sombrer dans la confusion par la suite.

Par ailleurs, à côté des différences qui les séparent, ces entités n'ont-elles pas aussi quelques similitudes ? A néanmoins nuancer par ce qui radicalement les distingue les unes des autres. Ces distinctions et similitudes, qu'éclaire la philosophie, permettent d'expliciter le rôle spécifique que chacune d'elles joue dans la vie des hommes.

L'art ne dévoile-t-il pas une vérité sensible et symbolique aussi rebelle à la généralisation conceptuelle qu'à la formalisation scientifique ? N'est-ce pas ce qui le rapproche du mythe ? Et n'est-ce pas de son impossibilité à se réduire à l'une comme à l'autre que l'art tire toute l'originalité de sa démarche ? Ainsi, ne donne-t-il pas forme à l'invisible et voix à l'indicible en suggérant que le réel dispose toujours d'une réserve de sens qui déborde les contextes pragmatiques où nous avons l'habitude de l'enfermer ? L'art enrichit notre perception du monde parce qu'il est toujours plus que ce qu'il paraît. 

En ce sens le mythe et la philosophie eux aussi semblent nourrir cette ambition puisque l'un et l'autre se proposent de dépasser le monde des apparences pour rendre compte, comme l'art, de la totalité de l'expérience possible. Bien sûr, leurs moyens divergent même si leur fin les rapproche: le mythe unit des images que la philosophie sépare dans des concepts. Mais l'un et l'autre partagent une même volonté explicative du monde. Au même titre que l'art qui, lui, propose cela par des perceptions sensibles particulières à chacun et donc différentes entre elles.

Or cette volonté ne fait-elle pas problème ? A la différence de l'art, qui montre ou suggère mais ne démontre pas, le mythe et la philosophie ne se bornent pas à donner un sens au monde. Non, ils prétendent encore en fonder l'intelligibilité. Sur des principes fabuleux pour le mythe mais assez rationnels pour la philosophie. Si bien qu'elle se sent en droit de revendiquer le titre de « science » dès lors qu'elle devient métaphysique. 

Mais la science n'a en fait rien de commun avec ce que la métaphysique désigne ainsi, car la science n'est pas qu'un domaine cohérent de description du monde. En effet si ce que la science dit est vrai, c'est parce que son discours est inséparable de procédures de vérifications qui supposent de pouvoir tester, contrôler et corriger ses hypothèses. Cela ne fait-il pas complètement défaut tant à l'art, qu'au mythe et qu'à la métaphysique... ?
Mais pas à la philosophie quand elle adopte la démarche de la science, pour ensuite donner du sens. Ce que la science ne fait pas, elle qui reste indifférente aux hommes. C'est pourquoi au regard de la science, l'art, le mythe et la métaphysique se rejoignent pour confondre sens et vérité. Les perceptions des deux premiers et les explications de la dernière ont bien un sens en ceci qu'elles satisfont notre besoin d'intelligibilité. 

Cependant la satisfaction d'un besoin ne garantit pas la vérité, ni celle de propositions rationnelles pas plus que celle de perceptions sensibles qui apaisent, les unes notre curiosité, les autres notre angoisse existentielle. En fait, ces trois démarches ne font que traduire nos besoins en réassurance et en « connaissances ». Loin d'être les savoirs qu'elles ambitionnent d'être, elles ne seraient que « des témoignages émouvants de l'enfance de l'esprit humain » (Auguste Comte), ou encore des perceptions humaines plus ou moins inconscientes.


Le triomphe de l'esprit philosophico-scientifique n'a pourtant ni fait disparaître les mythes ni persuadé les métaphysiciens à renoncer à leur conception du sens et de la vérité. La science elle-même en est-elle totalement immune ?

 Elle qui use de présupposés métaphysiques constitutifs de sa manière « à la Karl Popper » depuis les années 50 d'interroger le monde et de le croire tel, jusqu'à preuve du contraire. Dire cela ne réduit-il pas l'écart entre art, mythe, métaphysique, science et philosophie ? Reste alors à savoir :        
1) si l'art, le mythe et la métaphysique ont les moyens de leurs ambitions et
2) si la science et la philosophie doivent nécessairement s'achever en métaphysique ?

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