samedi 5 août 2023

Sujet du Merc. 09 Aout 2023 : L'apport d'Averroès ?

 

       L'apport d'Averroès ?

 

Averroès  (Ibn Rushd) est né à Cordoue en 1126 ( 520 de l’ Hégire). Il est successivement Cadi de Séville puis de Cordoue. En 1195 il est banni de cette ville par les autorités royales car des soupçons pèsent sur sa pratique religieuse.

 

Ses fonctions politiques dans les cités de l’Espagne conquise par les arabes ne sont qu’un des aspects de son œuvre et de sa curiosité. Il étudiera la médecine et surtout la philosophie. Il ne faut toutefois pas se méprendre ou faire des contresens historiques. Ibn Rushd est un  penseur de son temps, c'est-à-dire un homme qui utilise les outils intellectuels et conceptuels de son époque.

Mais il reste intransigeant sur une chose la primauté de la philosophie sur toute interprétation littérale des textes sacrés, révélés et en particulier le Coran.

 

Il est connu pour, en qualité de Cadi, avoir rendu des jugements au nom du Coran mais en se déprenant de l’interprétation littérale du texte.

 

Cette méthode qu’il érigea contre des théologiens classiques qui traitaient son œuvre « d’incohérente » ( ce qui aurait pu lui couter la vie !) elle lui vient de l’héritage antique. Ibn Rushd (Averroès) est essentiellement le grand commentateur d’Aristote, c’est lui aussi qui fit connaître Platon dans le monde arabo-musulman.

 

«  Nous disons donc : quant aux philosophes, ils s'attachent à la connaissance des êtres en faisant usage de leur intellect, sans s'appuyer sur les discours de ceux qui les invitent à y adhérer sans démonstration. Ils vont parfois même à l'encontre des choses sensibles. Car ils se sont aperçus que les choses sensibles qui se trouvent sous la sphère [de la lune] se répartissent en deux sortes : les choses animées et les choses inanimées. Et ils ont trouvé que toutes celles d'entre ces choses qui sont générées l'étaient par  quelque chose, qu'ils ont nommé « forme », qui est l'entité par laquelle [la chose] devient existante après qu'elle a été non existante ; et de quelque chose qu'ils ont nommé « matière », qui est ce de quoi [la chose] est constituée. Car s'étant aperçus que tout ce qui est généré ici-bas est généré d'autre chose, ils ont appelé cela « matière », et s'étant aperçu aussi que [tout ce qui est généré] l'est par l'action de quelque chose, ils l'ont appelé « agent » ; et en vue de quelque chose, ils l'ont appelé « fin ». Ils ont donc ainsi prouvé qu'il y avait quatre causes. Et ils ont trouvé que ce par quoi se constitue la chose, à savoir sa forme, et ce par l'action de quoi elle se constitue, à savoir son agent prochain, étaient une seule et même chose, soit en espèce, soit en genre : en espèce, comme dans le cas où un homme engendre un homme, ou un cheval un cheval ; en genre, comme lorsqu’un mulet est engendré à partir d’un cheval et d’un âne. » Grand Commentaire de la Métaphysique d’Aristote.

 

Naturellement, le message d'Ibn Rushd, la relégitimation de la Lettre contre l'abus interprétatif (l'« innovation blâmable »), ne saurait, sans contradiction, être directement adressé à la foule : celle-ci en est la bénéficiaire, non le premier destinataire, autrement dit l'agent ou l'instrument. Le message ne peut être adressé qu'au souverain politique, capable de l'imposer aux théologiens sectaires ou, du moins, d'agir désormais contre eux en pleine connaissance de cause, les réduisant au silence pour de bonnes raisons, s'il ne peut les contraindre à opter intimement pour la « voie moyenne ».

 

La justification théorique de la croyance est une justification politique de la réforme. L'objectif du philosophe intervenant en théologie, une fois posé le diagnostic selon lequel, interprétant ce qu'il n'y a pas lieu d'interpréter, la théologie sectaire éloigne les masses de la croyance et les pervertit – ce qui, bien sûr, n'est pas son seul défaut, puisqu'elle interprète aussi ce qu'il y a lieu d'interpréter, mais sans avoir les moyens de l'interpréter correctement, ne peut être que, du même geste, politique et religieux. En exposant et en argumentant une théologie de la « voie moyenne », Ibn Rushd réalise le tour de force dont son œuvre avait proclamé l'urgence et la possibilité. En ce sens, la théologie proposée par Averroès est, dans la tradition musulmane, le prototype d'une théologie qu'on pourrait dire aussi bien « forte » que

« réformée ».

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